- 9 – Jean Louis MURAT … Ses premiers pas sur le Web … « jlm.com » … 1998 …
Les « Inrockuptibles » (Mars 1998 n° 143) titrent : « Un web à la campagne » … Il s’agit du nouveau site de Jean-Louis MURAT … La vedette ???
Une vache de race « Salers » !!! voilà qui ressemble au personnage qui ne fait rien comme les autres … Dans cet article on peut lire :
« MURAT est aussi un homme de son temps : technologique, informatique, branché sur internet. Depuis quelques semaines, on peut arpenter les plaines de sa campagne sur un site – à l’adresse – www.jlm.com – que le chanteur présente comme : « un paysage considéré du point de vue de l’harmonie et du pittoresque ». Très pittoresque en effet, les pages très bovines de ce site qui : « vient rendre aussi hommage à une paysannerie de légende dont mi-homme, mi-animal, je serais le fils ». Le journaliste termine son article par ces mots : « Détour fortement conseillé … ». Pleine page un écran web … une vache en son centre …
Jérôme BRAQUE, musicien, dessinateur et concepteur multimédia explique à « RFI » les raisons du choix délibéré de l’artiste : « Jean-Louis était plutôt contre à ce moment là parce qu’il avait vu ce que faisaient les maisons de disques. Mais comme il est amoureux de la « Salers », je lui ai suggéré de faire un site anthropomorphique autour de l’Auvergne et des vaches. Les journalistes évoquent toujours cette image de l’Auvergnat reclus, et j’ai pensé que ce serait drôle d’enfoncer le clou ».
Murat précise dans le même article : « C’est un truc de couple. Ma copine s’en occupe, on fait ça ensemble, ça nous fait une activité commune. Ça m’est extrêmement utile et c’est très positif ».
Toujours pour « RFI » le journaliste complète : « Si le travail se fait en duo pour le contenu, l’amas d’informations et la rédaction, c’est plutôt Laure qui prend la partie technique en main ».
Jérome BRAQUE précise : « Je lui ai montré les rudiments et la manière de structurer le travail. (…) J’ai fait la préparation et le développement du site et j’ai gardé Laure sur les différentes étapes jusqu’à la mise à jour. Ça devait être au départ quelque chose de modeste mais c’est mal connaître le caractère perfectionniste de Jean-Louis qui bien évidemment, à transformé l’affaire en projet pharaonique au bout d’un mois ».
Pharaonique mais sobre précise le journaliste dans son « papier ». Il rajoute : « Chez MURAT point de débauche technologique ». MURAT lui-même renchérit : « Je crains comme le feu non pas la modernité mais tous les trucs qui en mettent plein la vue. Je préfère rester sobre, prendre des options amateur qui ne snobent pas les gens souvent peu équipés. Ce n’est pas une exposition technologique. C’est juste le fond ». Jérôme BRAQUE précise : « Le choix de départ était que la ligne graphique soit désuète, c’est-à-dire à l’opposé du high-tech, de tous ces sites qui on beaucoup de forme et peu de fonds, de plus c’est un des rares sites sans frame ». Et Murat d’asséner : « Je ne vais jamais voir les sites des autres artistes. J’aurais trop peur de voir que le mien est ringard. Je préfère rester dans mon esthétique à moi, rester simple. Mais il n’est pas trop simple quand même ? ». Le chroniqueur précise que la maison de disques n’a pas eu son mot à dire, ce que confirme BRAQUE : » Jean-Louis a assez de caractère pour imposer ce qu’il veut. On voit bien que c’est le site d’un homme libre ». Et MURAT lui même de conclure : « Je me bagarre avec la maison de disques parce qu’elle veut récupérer le site. Le mien, je le finance de A à Z et je n’ai pas envie qu’il soit récupéré par Virgin ou labels. J’en fais un promotionnel mais honnête, rien à vendre, pas d’épate ».
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1998/2000 … pour les « Muratiens » ce sont les années bonheur. Le nouveau site de J.L.M. y participe. Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais eu la chance de me promener sur le site du Brenoï comme il aime à s’appeler lui-même …
Je vais tenter de vous en faire le descriptif au travers d’un fichier en ma possession … Je peux me tromper … dans ce cas, qu’on me le dise … je me ferai un plaisir de rectifier. Inutile de m’adresser des messages d’insultes qui plus est anonymes (signés Didier 144 ou Lulu x) comme celà a été le cas dernièrement. Sur la page « Charles et Léo » … je m’étais trompé … attribuant à BAUDELAIRE une chanson écrite par Léo FERRE … ça arrive … depuis j’ai réparé cette erreur. J’ai eu le droit à un message (signature inconnue) m’indiquant que ce Blog : « était truffé d’aproximations et constituait une honte » … Je vous laisse juges. Je n’y ai pas répondu bien évidemment. Tout ceci pour vous dire que « certains » sont animés d’une « haine puérile » … ils sont : … « tout ce que MURAT déteste ».
Mais revenons à nos … vaches … l’odeur de la bouse est bien plus saine que celle … humée précédemment …
Sur la page d’accueil vous avez ce type d’information :
- G U I DE -
Remise à jour du 01 12 1998 – sommaire détaillé sur cette page.
Vous êtes perdus ? Vous ne savez pas où aller ? Quelques explications …
« HOME » : En cliquant sur ce bouton, Brenoï, ou que vous soyez dans le site, vous ramène à l’étable.
« LE MONDE DU BRENOÏ ET SES BÊTES « : Sur toutes les pages du site, en cliquant sur ce bouton, vous accédez aux pages d’informations, textes, littératures, poèmes et dessins sur les bêtes.
Nouveau !Le Brenoï vous propose tous les 15 de chaque mois, sur la page « Rendez-vous« , un inédit, réservé aux visteurs du site, à écouter au format realaudio ou à télécharger en MP3.
Ce mois ci une reprise des « Tindersticks » … « Plus de liaisons »
– LE LAIT DES BÊTES -
« LE LAIT DES BÊTES »: Calendrier, l’actualité de MURAT, info, prochain album « Live in Dolores ».
« LES VACHES AUVERGNATES » : Description, présentation de chaque album (single, musiques de film, etc.) listes des titres, crédits, pochettes.
« LE PARLER DU BRENOÏ – MEUH! : Textes des chansons, tous les textes de MURAT, illustrés et classés par albums.
– LES DESIRS DES BÊTES -
« LA REPRODUCTION DES BÊTES » : Rendez-vous … l’inédit du mois à écouter ou à télécharger en MP3, le mailing liste DOLORES ; inscription, renseignements, etc.
« La fabrication du St Nectaire « : Fantasmes- poésies – 4 poèmes du « Voleur d’amour » de Bilhana – 52 l’An : un nouveau texte pour chaque semaine de l’année – ce mois ci : « Novembre règlement de compte ».
- LES ALIMENTS DES BÊTES -
Lectures : le livre du mois …
Musique et cinéma : les disques et films du Brenoï
Sport : le ski au Mont Dore
Crapoutche : une recette de cuisine – ce mois ci : recette Québecoise « Les fèves au lard ».
- LES IDEES DES BÊTES -
Correspondances – E-mail de JL MURAT – l’humeur du mois du Brenoï (Edito : Les loups) – les réponse (FAQ) à vos mails …
D CLAVAIZOLLE E-mail, petites annonces, partitions, matériel.
Portraits de vaches, expo des dessins de vaches que vous envoyez au Brenoï
La foire aux bestiaux, foires, promenades sur le net et en Auvergne.
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Si je comprends bien tout le monde est assimilé à une SALERS … La relation avec MURAT est directe … quel bonheur !
Il nous reste à ouvrir chacune des feuilles … notamment … « Les désirs des bêtes » pour voir ce qui s’y cache dans le détail. J’ouvre donc la première … « Rendez-vous » …
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RENDEZ VOUS
Nous sommes le 1er décembre 1998 … voici ce que l’on peut trouver sur la page « Rendez-vous » du site jlm.com (copie intégrale) …
Nouveau ! Le Brenoï vous propose ce mois-ci la reprise du titre « Plus de liaisons » des « Tindersticks ».
Un inédit (en exclusivité pour les visiteurs du site).
Ce titre est dans l’album « Donkeys 92 – 97″ (C) Island records 1998.
Vous pouvez également lire les paroles.
Nous vous proposons :
- de l’écouter maintenant au format real audio.
Écouter maintenant
Si vous ne pouvez pas lire le fichier son ci-dessus, vous pouvez télécharger gratuitement le programme real player (5.0) sur le site real audio.
- de télécharger en mP3 (meilleure qualité sonore, durée : env. 15 minutes)
Télécharger l’inédit en MP3 …
Pour lire le fichier MP3, vous pouvez télécharger gratuitement le lecteur MP3 (Winamp pour PC ou Macamp popur Macintosh) sur le site : www.mp3.com
NB : Sur Macintosh, pour télécharger le fichier : maintenez le doigt appuyé sur le lien ci-dessus et sauvegardez le fichier sur votre disque dur mais attention ! spécifiez le format sous lequel vous l’enregistrez : « source »" et non pas « texte ».
Si vous souhaitez participer à des débats et échanges vos sentiments sur le Brenoï, un forum de discussions a été mis en place : inscription en ligne sur le site : http//www.coollist.com(rubrique « suscribe a cooling mailing list »)
Nom de liste : dolores
Renseignements : doloreslist@hotmail.com
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En rédigeant ces pages je perçois mieux le fonctionnement du site. je vous proposerai plus tard le transcript d’autres pages du site à la date du 01 12 1998. Je veux parler de la page « Les désirs des bêtes ». C’est l’occasion pour Murat et son équipe de parler de l’Auvergne, de ses fromages et de ses vaches …
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Dans un article signé Marita CALVEZ pour le compte de « Computer Music »(n° 5 novembre 1999) MURAT nous parle de la passion qu’il voue à ce site internet : « Comme quand je fais un album, j’aime faire partager mes lectures, mes préoccupations, mes passions. Pour cela, il faut s’investir. C’est un site vraiment perso, pas « cerné » par les maisons de disques. Et il en n’est hors de question ! L’idée de départ est justement d’éviter les maisons de disques, comme le font les américains. En France, y mettre un inédit en MP3 pendant un an m’a déjà valu quelques remarques mais j’i bien l’intention de continuer … C’est un cadeau aux internautes, personne ne peut me l’interdire ! Dans un sens égoïste, c’est un espace de création où je peux m’éclater et être généreux avec les gens. C’est un réel échange qui te motive, te donne de la force. Avant Mustango, j’étais hyper démotivé. Sans internet, je n’aurais peut-être pas fait ce disque là. Les gens viennent naturellement sur le net me redonnent de l’énergie et au final, ils ont été extrêmement positifs pour moi. Ils sont formidables et assez fins, sans oublier d’être exigeants. Dès que je dis des conneries en interview, ils me sanctionnent ce ne sont pas seulement des rapports mielleux. Ils savent me balancer le vinaigre au bon moment et ça ne me fait pas de mal ! ».
Le titre de ce paragraphe ???
LIBRE D’OFFRIR …
TOUT EST DIT …
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LES DÉSIRS …
DES BÊTES
Nous sommes toujours le 1er décembre 1998 … voici ce qu’on peut lire sur cette page …
La reproduction
(A propos des Limousines)
« La fécondité de nos vaches est telle qu’elles reçoivent le mâle aussitôt qu’elles ont nourri leurs veaux pendant trois mois, et entrent en chaleur dans toutes les saisons de l’année, régulièrement tous les mois, jusqu’à ce qu’elles aient conçu » …
… mais il est très rare que l’accouplement reste sans effet, la majeure partie continue même à donner du lait jusqu’à ce qu’elles aient passé le mi-terme, de façon qu’une vache, qui ne serait pas excédée de travail, donne un veau chaque année, jusqu’à l’âge de vingt ans »
D. MEILLER & P. VANNIER (Les limousines – Biblio).
« Une vache peut être mère et se reproduire dès 15-16 mois, mais le premier vêlage a le plus souvent lieu entre 24 et 30 mois.
En période de rut, elle devient agitée et peut même chevaucher ses voisines de la prairie. On dit aussi qu’elle est « en chasse » ou « en chaleur », elle peut encore entamer des jeux de tête avec une collègue de prairie ou poser la tête sur sa croupe, mais c’est seulement 6 à 10 heures avant l’oestrus qu’elle accepte le taureau. Après la monte naturelle en plein champ ou l’insémination artificielle, la durée de gestation dure environ 9 mois, soit 280 jours. Le vêlage désigne la mise à bas du veau, qui pèse de 30 à 50 kg.
Le déroulement du vélage :
Coup de langue, mufle en avant, la vache tisse des liens avec son nouveau-né dès la mise à bas ; ils vont durer au moins un an, jusqu’au temps de sevrage, quand le jeune sera broutard. Le choix de bons reproducteurs (vache et taureau) détermine les qualités d’un élevage ; dans les régions d’embouche comme Le Charolais ou Le Limousin, les mâles les mieux conformés héritiers des meilleures lignées, règnent sur des harems de 20 à 30 vaches. Ici comme ailleurs, l’inséminatrion artificielle a remplacé la monte naturelle afin d’otenir les accouplements les plus importants.
Le premier centre d’insémination artificielle a été créé à La Loupe (Eure et Loir) en 1945. Un an plus tard, près de 10000 vaches étaient inséminées, le record sera franchi en 1970 avec 7,5 millions de vaches ainsi croisées, soit plus de 75 % de laitières. Une nouvelle étape sera franchie en 1965 avec la congélation de la semence pour mieux la conserver.
Depuis la génération de l’insémination artificielle, les biotechnologies de la reproduction n’ont cessé de progresser. La France occupe le premier rang européen pour la transplantation embryonnaire avec 35000 cas en 1990 ; cette année là l’évènement eût lieu à DOUAI avec la naissance de Gédéon, le premier veau éprouvette de la race Prim’Holstein. Et déjà les généticiens songent au sexage des embryons et à la transgénèse qui consiste à établir la carte génétique de chaque vache …
La recherche des animaux les mieux adaptés à la demande du moment a provoqué la disparition d’un certain nombre de races (comme la Bessarde, Salers du puy de Dôme de la région de l’Artense, disparu entre 1970 et 1980. Contactez-moi si vous avez des informations sur cette race) et une très forte régression des effectifs de beaucoup d’autres (ex : les Ferrandaises). C’est pour faire face à de tels risques de disparition que les actions de sauvegarde des races les plus menacées ont été mises en place dans les années 70. Aujourd’hui, chaque race de petit effectif fait ainsi l’objet d’un programme de gestion génétique (planification des accouplements pour limiter l’évolution de la consanguinité), les plus menacées d’entre elles bénéficient de mesures de conservation (aide aux éleveurs pour maintenir les reproducteurs, congélation de semences et d’embryons, etc).
A. RAVENEAU : extraits « du libre de la vache », « Le grand atlas de la France rurale » (Biblio).
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Les désirs des bêtes
Rendez-vous …
Fantasmes : 52 l’An
« Ma chair
Ma chair
Ma boue
Que veux-tu ?
Ne vois-tu pas que je
Chante bien avant que tu
Ne sois en forme ».
(Manuel CABRAL- Les hôtes secrets – 1974)
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Que n’ai-je connu une femme
Qui serait comme un feu rouge dans l’âtre
Rayonnante après les agitations du jour
Ainsi l’on pourrait s’approcher d’elle
Dans la rouge quiétude du crépuscule
Et trouver sa joie en elle
Sans avoir à faire l’effort poli de l’aimer
Ou l’effort mental de faire sa connaissance
Sans avoir à prendre froid en lui parlant.
DH LAWRENCE 34 poèmes (ed. Obsidiane, 1985).
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Les fromages
Les fromages d’Auvergne, le Saint-Nectaire.
Secrets de fabrication recueillis par H. DURIL à la fin du XIXè.
Le fromage de Saint-Nectaire.
« Comme le bleu d’Auvergne, le Saint-Nectaire est originaire des Dores ; mais il n’a pas pris la même extension. Sa fabrication est très ancienne ; s’il tire son nom de la pittoresque petite ville d’eau, c’est semble-t’il à cause de la spécialisation du bourg de Saint Nectaire dans l’affinage du fromage ; ses caves ont toujours été réputées. Legrand d’Aussy (biblio) signale que « les Senecterre » eurent une grande vogue à la cour vers la fin du XVIIè siècle : « un maréchal de France, seigneur de cette terre dont il portait le nom, leur avait donné à Paris un moment de célébrité en les faisant servir sur sa table ».
(…)
Saint Nectaire n’a guère de pâturages dans ses alentours pelés, arides, hérissés de rochers et de lâves noirâtres. Par contre, la région de Besse, avec ses herbagés réputés, a toujours été ler grand centre de production. De là celle-ci s’est étendue à une grande partie des Dores : un peu vers l’Est Murols) et surtout vers le Sud Est et le Sud Ouest (Picherande, Egliseneuve, Compains, Chartreix, Saint-Donnat, Bagnols, Cros, La Roddes, Tauves), quelques paysans confectionnent aussi du Saint-Nectaire dans les environs de Latour et d’Espinchal, et dans le Nord du Cantal (canton de Champs, commune de Saint Bonnet et de Lugarde) ».
(…)
La fabrication est très aisée comparée au cantal : caillage, pressage, salage n’exigent pas un long apprentissage et ne sont pas fatigants. De grandes caves en sont pas nécessaires car on porte les pains tous les 8 jours au marché, par colis de 6 attachés avec de la paille. Le Saint-Nectaire a la forme d’un cylindre très aplati et la douzaine pèse environ 20 kg.
Il a peu de croûte, mais quand il est bien mûr, il se couvre de colonies de moisissures jaunes ou rouges (l’oïdium auriantiacum et le sporotricum aureum). La pâte, blanche ou légèrement jaune, est très onctueuse, un peu coulante parfois ; elle ne doit jamais avoir un goût piquant.
Les cultivateurs pratiquent rarement eux-mêmes l’affinage ; il est le fait de marchands en gros, dans leurs caves d’Egliseneuve, de Besse et de Saint Nectaire, surtout de Clermont-Ferrand. Il faut une température basse et égale ; les pains doivent être fréquemment retournés et lavés à l’eau salée »
(…)
A. DURAND - »La vie rurale » (Biblio).
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Ainsi, ont été évoqués, sur cette page réservés aux « désirs des bêtes » … tous les plaisirs … celui de l’amour … de l’esprit … et pour finir celui du manger. MURAT fait parler « les vaches » … mais vraisemblablement il parle de lui … de nous …
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Avant de poursuivre notre découverte du (site jlm.com) … faisons une halte et laissons parler MURAT de son site (Extraits d’une interview exclusive datée du 9 février 1999 … dont je n’ai hélas pas les références) :
Question : Es-tu utilisateur d’internet ?
JLM : Non, je m’en sers uniquement pour créer mon site. Je n’ai pas la curiosité d’aller voir les sites de mes collègues, ça ne m’intéresse absolument pas.
Question : C’est par manque de temps, par choix philosophique ?
JLM : Je n’ai pas envie d »être influencé. Je sais qu’ils ont toujours des trucs hyper épatants mais j’ai envie de faire le site d’un mec qui ne va jamais se balader. A la maison on se sert du net de façon strictement pratique : pour les voyages, les locations … ou pour enregistrer l’album. Mais les sites d’artistes ne m’intéressent pas.
Question : Pourquoi as-tu créé ton site ?
JLM : Pour lire des messages tous les matins.
Question : As-tu des projets de CD extra ?
JLM : Non, mais sur mon site il y a un nouveau MP3 presque tous les mois. Ça va reprendre bientôt.
Question : Qui t’a poussé à créer ton site ?
JLM : Moi-même. J’avais envie de m’amuser net de faire des choses à moi, à ma façon. Ma motivation c’était de communiquer avec les fans qui surfent. De prendre en charge moi-même ma communication sur le net.
Question : Mais pas uniquement en tant que musicien : tu consacres des pages aux vaches, à l’Auvergne … ?
JLM : Oui, j’essaie de communiquer ce qui me branche dans la vie, et de donner des explications. En l’occurrence, le nouveau c’est aussi pour donner pas mal de pistes aux journalistes et aux fans sur mes motivations pour « Mustango ».
Question : Es-tu content ou déçu des retombées de ton site ?
JLM : Ce qui me plaît, c’est tous les sites parallèles. Il y en a quatre ou cinq dont un en anglais « The incredible Jean-Louis MURAT » (rires) J’aime beaucoup … C’est une version totalement « inouïste » d’internet.
Question : Tu les consultes ?
JLM : Non, les fans me préviennent quand ils en font un. Ma copine va se balader dessus et elle m’en parle après. On se communique chacun toutes nos infos. C’est très convivial la communication sur moi. On ne se tire pas dans les pattes. J’essaye de faire un site généreux, en fait c’est ça que je dis tout le temps à ceux avec qui je travaille dessus : ce qui m’importe c’est la générosité.
Question : Internet favorise ta retraite en Auvergne ?
JLM : Tout à fait et c’est très important parce qu’avec Internet tu es le roi du monde chez toi. Je fais ce que je veux … en vie pratique, entendons nous. Sans Internet je me serais quand même installé en Auvergne mais cela aurait été beaucoup plus difficile. Par exemple, Denis, le musicien avec qui je bosse et qui a lui aussi un site, on habite à quarante kilomètres et on s’échange des infos. On peut même s’envoyer des fichier sons.
Question : Es-tu excité par toutes les perspectives ? Ou plutôt effrayé par les dérives ?
JLM : Moi je pense que le web va finir par un truc à la con, comme toutes les créations humaines. Ça va finir par le bordel mais en attendant il nous reste quatre ou cinq ans pour nous amuser un petit peu.
Question : Et l’idée qu’un jour on achètera des fichiers sons au lieu de disques … ?
JLM : Ça ne me fait pas peur. (…) Mais pour moi Internet c’est uniquement un moyen de communication avec les fans, basé sur l’honnêteté et la générosité. J’essaye de ne pas les prendre pour des imbéciles et j’espère qu’en retour ils font pareil. Mais la vertu numéro un c’est qu’ils me remontent le moral.
Question : Tu ne reçois jamais de messages désagréables ?
JLM : Non, ma copine les filtre et je n’ai que les messages bons pour le moral.
Question : Parce que tu ne supporterais pas ?
JLM : Parce que je ne vais pas me faire chier à lire des trucs … Les imbéciles tu ne peux pas passer ton temps à t’énerver dessus. Ça doit être quelque chose de positif : si ça tourne au négatif on filtre. On est grands maintenant, on le sait qu’il y a des imbéciles sur terre.
(…)
Les autres aspects de cette interview ayant déjà été abordés, j’en fais abstraction. Les réponses de MURAT sont prémonitoires … la pertinence sur les « imbéciles » est toujours d’actualité …
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MURAT a toujours laissé plané la confusion sur son âge. Le 22 janvier 1999, il est né le 28, sur son site personnel il fait porter cette mention relative à sa date de naissance : « Né à quelques jours de la mort du dernier loup de France ». Je trouve la formule fort belle …
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Le 18 février 1999, le monde de la « Muratie » est dans l’expectative, MURAT est aux Etats-Unis, il peint plus qu’il ne fait de musique. Les fans s’interrogent. Pour les rassurer sans doute, sur le site du Brenoï on peut lire : « Avis ! Je suis dans l’enregistrement du prochain album et n’aurai désormais plus le temps de répondre individuellement à vos nombreux mails. Je les lirai cependant avec plaisir … en attendant voici quelques réponses … merci et à bientôt. Brenoï ».
Suivent ces renseignements :
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L’inédit « La femme à barbe » sera bientôt en MP3 sur le site.
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« Live in Dolorès » ressort en France … Il est déjà sorti en Belgique, Suiise et au Québec.
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Prochain disque studio : août 1999.
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Prochaine tournée : Automne 1999.
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Mes anciens enregistrements, 45 T, inédits, etc … « Aux puces ».
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Le film « Mademoiselle Personne » verra le jour dans quelques années.
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Je suis verseau ascendant verseau.
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Bergheaud est mon nom de famille.
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Brenoï veut dire : Guerrier généreux qui parcourt l’univers en chantant.
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Le 19 février 1999 sur la page « Almanach » on peut lire :
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Météo :
Chandeleur claire, l’hiver derrière; chandeleur trouble, l’hiver redouble.
Quand il fait soleil pour la chandeleur, le loup de 40 jours, ne quitte pas sa tanière.
Eau qui court à Saint Agathe (5 février) mettra du lait dans la baratte.
Si le soleil rit pour Saint Eulalie (12 février), pommes et cidre à la folie.
Pluie d’hiver en montagne :
(…) « Louise la bergère garde son troupeau en montagne par mauvais temps … C’était un de ces brusques retours de l’hiver, lequel ne nous abandonne jamais complètement. Pendant la nuit une tempête de neige avait sévi sur les hauteurs, et la ligne des Puys, dans le lointain; était toute blanche, pareille à une immense fleur éclose entre la terre et le ciel. Mauvaise journée pour les gardeurs de troupeaux, car battues par la pluie, tourmentées par la violence des rafales, les bêtes s’arrêtent et se dispersent. Elles s’égarent dans les bruines. A tout instant, il faut que le berger laisse l’abri d la roche ou du vieux tronc, il faut qu’il coure pour les rassembler, en traînant aux épaules sa limousine lourde d’eau. Et lorsque, à force de ris et de coups d’aiguillon, il a obtenu un peu de repos, c’est l’ennui qu’il doit vaincre, l’ennui mortel des heures de solitude, ternir la désolation, sous le flagellement des averses. Prisonnier du brouillard, à dix pas sesregards se heurtent à cette masse mouvante, qui l’enveloppe, l’enserre de des mailles toujours fuyantes et toujours renouvelées. Sommets superbes, rocs hardis, bois, vallées profondes, pentes vertigineuses, le ciel même, tout a disparu. Rien ne demeure, que ces voiles flottants, dans les bruits desuqles les bruits de la terre sont étouffés …
… Soudan la-haut, dans la masse des nuages que le vent pousait vers l’Est, un espace s’ouvrit. Un rayon de soleil glissa, qui alluma la lande, sur les haies et sur les arbres, un scintillement de pierreries, de flamboyantes guirlandes d’émeraudes, de rubis, de topazes, de saphirs. le ent se calmait. le brouillard se dispersait.
Alors, rejetant les bords de sa cape, Louise prit l’ouvrage auquele elle devait travailler : un tricot de laine blanche. Elle commença de manier prestement les aiguilles d’acier; mais ses doigts, s’engourdirent vite, car le rideau de nuages se referma bientôt. Le paysage de féérie disparut. Une rafale passa qui fit gémir les taillis, de nouveau couvrit les champset la pluie tomba ».
Extrait de « Jean et Louise » par Antonin DUSSERRE.
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Le 24 avril 1999, MURAT féru de peinture invite les internautes à lire : « Lettres illustrées Paul GAUGUIN choisies et commentées par Paul DENVIR« …
Le 1er mai 1999, le livre du mois concerne MATISSE …
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Le 6 mai 1999 sur la page « Almanach » JLM nous renseigne sur la lune …
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Samedi 1er mai :
Le 1er jour du moi ou la végétation est en pleine croissance, les adolescents Romains plantaient des arbres de Maïa en l’honneur de cette déesse de le terre et de la fécondité, à qui le mois est consacré. C’est l’origine de Mai ou des arbres de Mai.
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Mercredi 5 mai :
La lune est décroissante depuis quelques jours. La période est bonne pour tondre les moutons.
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Mercredi 12 mai :
Les 11 – 12 et 13 mai (autrefois Saint Servais – Saint Pancrate et Saint Mamert) sont les saints de glace et, cette année ils coïncident à peu près avec la nouvelle lune, dates ultimes des gelées de printemps en altitude.
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Lundi 24 mai :
Durant cette phase croissante de la lune, en constellation de « terre » balance, récoltez les racines des plantes médicinales : elles ont alors davantage de vertus thérapeutiques.
L’avis de PANTAGRUEL :
Dans sa pantagruéline Pronostication pour l’air perpétuel, RABELAIS fustige les supersticieux qui glosent sur lr nombre de lunes nouvelles par moi et par an : « En toute cette année, ne sera qu’une Lune, encore ne sera-t’elle point nouvelle. (…) Mais allez vous faire pendre ! Jà ne sera autre lune que celle Dieu créa au commencement du monde (…) et plus pour elle ne priez que Dieu la garde des loups, car ilz n’y toucheront de cest air, je vous affre ».
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Le 1er Août 1999, le site campagnard de Jean-Louis MURAT laisse place à un nouveau site aux couleurs « Mustango ». Ce n’est pas du goût de tous les fans …
Pour « RFI » le chanteur s’en explique : « C’est indispensable ! Ah, ces sites qui ne changent jamais ! L’idéal, serait de changer tous les ans. Mais un nouveau site c’est au moins six mois de boulot, des recherches, des lectures ».
Sa rencontre avec Laure lui fait découvrir et aimer la peinture. Aux Etats-Unis, il s’adonne aux pinceaux avec passion et enthousiasme. Le nouveau site devient donc une « galerie naturelle ». Les deux clichés ci-dessus avec des autoportraits en sont le meilleur exemple et valent mieux qu’un long discours …
Toujours à « RFI » MURAT déclare : « Pour que je m’éclate il faut que ce soit un truc artistique. On peut y faire des choses qu’on ne pourrait faire nulle part ailleurs. C’est vraiment particulier comme média et il faut en profiter ».
Sur ce nouveau site, dans le forum ouvert aux visiteurs, des compliments bien sûr, mais également des regrets. MURAT tempête : »Les gens trouvent toujours qu’avant c’était mieux. Mais je ne vais pas faire un sondage pour savoir ce que je dois faire. Dans un an et demi, il y en aura un nouveau et certains regretteront le site Mustango. Il faut changer. Je ne vais pas passer ma vie à faire un site avec des vaches ».
Dans le même article que celui cité précédemment, consacré par « RFI » au « phénomène Internet » on peut lire ceci :
Quand on demande à MURAT quel plaisir il tire de son site, il prend un air d’enfant heureux de récupérer un cadeau et confesse : « Avoir des messages. Surtout quand ça va mal. Ça me requinque. C’est un peu enfantin mais c’est comme ça. je vis un peu isolé et parfois, je ne sais même plus si les gens savent encore qui je suis ». (…) « Lire que des gens ont écouté ci ou ça, sentir qu’on ne fait pas des disques pour rien me fait très plaisir. Par exemple, j’adore qu’on me dise qu’on s’est rencontré sur mes chansons. c’est sûrement un peu bébête mais très réjouissant ».
Sur le nouveau site il faut distinguer la boîte courrier du forum. Concernant le courrier MURAT déclare : « Je n’y réponds pas tout le temps. je dirais presque que je réponds un minimum. J’essaie d’être assez précis dans mes réponses quand il s’agit de problèmes discographiques par exemple, comme c’est le cas la plupart du temps. Sinon il s’agit de sollicitations. Mais j’essaie de montrer sans agressivité que le site, n’est pas un fan club, un truc pour demander des photos dédicacées. J’essaie de me faire une haute idée des gens et dans ce dernier cas, je ne réponds pas ».
Le journaliste précise que MURAT ne répond jamais sur le forum. En revanche il s’en sert comme plate-forme de réflexions en y posant des questions comme : « Trouvez-vous judicieux que j’intervienne dans les médias sur les sujets délicats de l’actualité ? » ou « Quel serait votre choix pour le prochain 45 tours extrait de Mustango ? »
La conclusion nous la trouvons dans un article signé Manuel PLAZA daté du 16 janvier 2000 où MURAT parlant d’Internet déclare : « Ça me permet d’équilibrer l’image que je me traîne de mauvais coucheur, de mec qui fait tout le temps la gueule, de pleurnichard, limite suicidaire … cette image là, plus je vais dire qu’elle me fatigue, plus ça va la renforcer, alors j’ai arrêté de me battre contre ça ».
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A la fin de la tournée « Mustango » MURAT et les musiciens qui l’ont accompagné se présentent individuellement sur le site (jlm.com) … ce qu’ils ont fait … et disent leur perçu d la tournée :
A tout seigneur tout honneur …
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Jean Louis MURAT : « Sur scène je joue d’une guitare Gibson demi-caisse, d’une Gretshe New Yorker et d’une Takamina 12 cordes. J’ai un ampli twin reverb Fender. Je contrôle les rythmiques avec une console Mackie. J’envoie au pif quelques samples, que je trafique avec un Kaospade. Je joue de l’harmonica et du piano. Je dirige des planeurs dans un noir bleuté. Nous cherchons à prendre du plaisir. J’en prends en chantant.
Mes deux meilleurs souvenirs sont à l’Olympia à Paris et Benicassim en Espagne. J’aime me sentir par instants dans la peau d’un terroriste noyé ».
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Alain BONNEFONT : Mon matériel sur scène : Clavier T3 KORG – SE-1 (basses) – sampler S 2000 – guitare epiphone – lapsteel.
« Je m’occupe des basse sur « Jim », « Washington », « Belgrade » et une partie du « Fier amant » de la batterie sur « Les hérons », de différents samples sur l’ensemble du concert ainsi que des pianos et des nappes sur certains titres (« Polly Jean », « Bang Bang » etc.). En début de tournée, je jouais du lapsteel sur « Les gonzesses et les pédés ». Sur « Au pays de Giscard », je jouais de la guitare et je fournissais à Jean-Louis une estimation, régulièrement mise à jour, du dépassement du budget Vulcania ».
Mes meilleurs souvenirs sur scène :
- Bordeaux « Rock school Barbey » le 29 10 1999 (notamment un discours légendaire de Jean-Louis sur les rats taupiers).
- Paris Le Trianon le 10 11 1999.
- Montpellier le 18 02 2000.
- Bruxelles – l’Ancienne Belgique – le 08 03 2000.
- Jim à « Nulle part ailleurs » avec Jennifer CHARLES.
Mes meilleurs souvenirs hors scène :
- Tous les musées visités avec Jean Louis au cours de la tournée dans quasiment toutes les villes.
- Un cassoulet avec Jean Louis et Denis en face du musée Toulouse Lautrec à ALBI.
- Une rencontre avec des SDF fans de Jean-Louis sous un tunnel à La Boca.
- Le voyage au Québec.
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Denis CLAVAIZOLLE :
Mon meilleur souvenir de la tournée :
- Le concert aux francofolies de SPA « son parfait, bonne énergie, bon public ».
Mon plus mauvais souvenir :
- Ma chute de scène du Zénith de Caen à 14 h 00 le jour du concert – fracture pied droit – 1 mois 1/2 de plâtre.
« Je m’occupe en général des harmonies des morceaux (mélanges de synthés, piano, horgue Hammond) ainsi que des lignes de basse avec un pédalier (sur « Jim », « Bang Bang », « Les hérons »; « Le fier amant », « Nu dans la crevasse »). Le pédalier sert pour des sons et effets synthétiques pour d’autres titres (« Washington », « Polly Jean », « Belgrade »). J’ai un synthé pour des sons technoïdes (le noerlead) et un synthé qui sert uniquement à faire des harmonies qui alimentent le micro de Jean-Louis (« Washington » et « Nu dans la crevasse »). Les parties harmoniques des morceaux sont faites à partir d’un JD800 couplé d’un sampleur EMU et d’un Hammond XB2 couplé avec un expandeur. Le sampleur EMU me permet d’avoir des samples sur des notes précises du clavier, ce qui me permet tout en faisant les harmonies de déclencher des sons (voix féminine dans « Jim », harmonica dans « Bang Bang », rhinocéros dans « Polly Jean »). Les sons de pédalier de basse sont réalisés à partir d’un expandeur EMU Vintage Keys. J’ai un autre sampleur EMU IV, qui est alimenté par un Macintosh, dans lequel j’ai programmé des rythmiques à base de samples (avec des trains, oiseaux, tôle ondulée, lyre japonaise, bacon qui grille, etc). Les 8 sorties de ce sampleur sont envoyées dans la console de mixage de Jean-Louis qui agit comme un DJ en choisissant les mélanges des voies (donc différent chaque soir et très intéressant). Je joue de la basse sur « Calexico » et « Au pays de Giscard ».
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Régis OOMIAQ :
« Je suis né le 15 avril 1971. J’habite à Bezaudin les Alpes, près de Vence. Quand mon travail s’adresse aux yeux, je signe OOMIAK pour les oreilles c’est OOMIAQ. L’Oomiak est un genre de kayak très grand qui transporte une famille entière sur l’eau et devient une maison à terre. Il suffit de le retourner. Une chanson OOMIAQ est parue sur le disque « Source Rocks » chez « Source ». Après la tournée un album est prévu chez « Source Rekordmaker »
« Le Mustango Tour est ma 1ère tournée … Je ne pouvaus rêver un meilleur baptême de l’air : c’est un survol de toutes les salles imaginables, du théâtre d’ALBI, au gymnase de SIN LENOMBLE, de l’Olympia au cabaret « Sheerbrooke » à MONTREAL, et puis le chapiteau d’HENIN BEAUMONT, le festival d’Evreux, une palette de lieux …. »
« Ce que j’apprends : l’improvisation mais avec des bases solides, la concision, la pédale de volume, jouer avec les autres, donc l’écoute. Sortir de son studio maison, pour jouer en groupe, c’est parfois laisser un jeu de foot « Nintendo » pour jouer sur un stade en équipe ».
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Mieux qu’un long discours … voici le scan d’un document reçu de Manteau de Pluie, le 29 janvier … qui était distribué à l’occasion de la tournée Dolores lors du concert donné le 2 février 1998 au DEJAZET. Dans le texte … vous avez tout l’esprit du site (jlm.com) … Merci MDP … c’est pour moi aussi l’occasion de faire participer, d’intégrer à ce modeste travail de mémoire, ceux qui, comme MANTEAU ou d’autres, vivent … JLM … tous les jours.
A partir de 2000 le site (jlm.com) va perdre de son attrait, de son originalité. Je ne sais à partir de quelle période exactement le forum s’est arrêté. C’est bien dommage. J’ai lu un « papier » où MURAT désabusé … disait être déçu du manque de réactivité des internautes … Ce ne sont pas les termes exacts. Sans doute trop de travail pour trop peu de satisfactions … J’avais classé cet article … tant et si bien que je ne le retrouve plus. Le site officiel actuellement en place … est peu engageant … c’est le moins que l’on puisse dire. En 2009 MURAT annonçait la fin de mise à disposition des inédits … Eh oui, 1998/1999 … la belle époque !!!
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L’une des rares causes politiques que MURAT ait défendu a pour nom ce petit pays du TIBET souffrant sous le joug tyranique de son voisin Chinois. Jean-Louis et Laure sont particulièrement actifs dans ce combat perdu d’avance. Ils participent à des pétitions ainsi qu’à des marches. Lors de leurs concerts des affichettes invitant les « humanistes » à d »éfendre la cause de Nwagang CHOEPEL sont distribuées. Le site de MURAT participe également à cette défense des Tibétains. C’est ainsi que le 17 août 2000 on peut lire ce qui suit :
Pourquoi ces affiches dans les salles de concert?
« .. Pour demander la liberté de Ngawang Sangdrol et Ngawang Choephel … En signe de solidarité avec le peuple tibétain opprimé par l’armée chinoise … pour protester contre le non-respect des Droits de l’Homme et du Droit International par les occupants chinois ».
Suivent des nouvelles des prisonniers …
DES NOUVELLES DE NGAWANG CHOEPHEL par France Tibet :
« Les 5 ans de lutte de la mère de Ngawang Choephel ont porté leurs premiers fruits. Les autorités chinoises, sous forte pression internationale, ont finalement rencontré Sonam Dekyi et lui ont demandé de visiter son fils, conformément à sa demande. Ngawang Choephel, qui ignorait les efforts incessants de sa mère, fut informé de sa visite une heure avant de la voir le 3 Août. Sonam Dekyi arriva à Lhassa le 1er Août, et fut immédiatement conduite à la prison de Chengdu en Chine. Durant son séjour qui dura jusqu’au 8 Août, elle put rencontrer son fils 2 fois 1 heure. » La première fois que je vis mon fils, après 5 ans de séparation, j’ai pu à peine le reconnaître. Très maigre, il n’a plus que la peau sur les os « . Séparés par deux niveaux de barreaux, et sous haute surveillance. Elle dit » Etes vous mon fils « , et ce n’est que lorsqu’il lui répondit qu’elle le reconnu à sa voix. Ils pleurèrent un instant tous deux, mais durent s’arrêter, les gardiens menaçant d’interrompre l’entrevue s’ils continuaient de pleurer… La santé de Ngawang Choephel est très préoccupante, un médecin chinois a admis qu’il souffrait de maladies graves ayant atteint le foie, les poumons et l’estomac. Les autorités chinoises refusent de le libérer, arguant qu’il ne veut pas confesser être un espion. Et pour cause, il réalisait en fait un reportage sur la musique et la danse traditionnelle tibétaine.Sonam Dekyi est rentrée à New Delhi, et continue sa campagne. Elle demande un soutien de la communauté internationale pour obtenir la libération de son fils pour raison médicale. Ngawang Choephel souffre de graves affections gastrique, pulmonaire et hépatique. Il a déjà effectué 5 ans de prison, mais risque de ne pas supporter une peine de 18 années ».
Merci d’écrire à toutes les autorités politiques françaises, américaines et chinoises.
Nwagang CHOEPEL …
Vous pouvez en particulier écrire à l’ambassade de Chine à Paris.
S.E.M. WU Jianmin
Ambassadeur de Chine en France
11, Avenue George V
75008 Paris
Fax : 01 47 20 24 22
Tél : 01 47 23 36 77
e-mail : xinwen@amb-chine.fr, webmaster@xinhua.org
LIBERTE POUR NGAWANG SANGDROL
Voilà plus de sept ans que Ngawang Sangdrol, religieuse bouddhiste devenue le symbole de la résistance non-violente tibétaine, est maltraitée dans la prison de Drapchi où elle a connu la torture, les bastonnades et les cellules d’isolement… Elle n’en sortira pas avant 2012, à moins que sa peine ne soit alourdie comme en 1993 pour avoir chanté la liberté…
Nwagang SANDROL …
Pour en savoir plus:
. le CSPT: Comité de Soutien au Peuple Tibétain, qui aide sa famille réfugiée à Dharamsala et multiplie les actions depuis 1993 afin d’obtenir sa liberté.
Vous pouvez demander un dossier auprès de : Cyrille Beerens
CSPTF – 130, rue de Verdun – 92800 Puteaux – FR
Fax: 01 47 28 00 59
CSPTF@francenet.fr
. http://www.tibet-info.net/temoignages/index.html
. lire l’article de Philippe Broussard, le Monde du dimanche 24/lundi 25 octobre 1999 (p.14)
LIBERTE POUR NGAWANG CHOEPEL
Ngawang Chophel, un jeune professeur de musique tibétain enseignant aux Etats-Unis, a été arrêté en 1995 au Tibet. Il y faisait alors un reportage vidéo sur les musiques et les danses traditionnelles au Tibet. Il a été condamné à une peine de 18 ans pour espionnage, alors que tous les témoignages attestent de son intérêt exclusif pour la musique… Aucune preuve d’espionnage n’a été apportée. Il est maintenant incarcéré dans le camp de travail de haute sécurité de Powo Tramo, extrêmement dur, où les autorités chinoises tentent de le soustraire à l’attention internationale. Innocent, Ngawang Choephel a fait appel, alors qu’il était très malade (il souffre de la tuberculose), à la haute cour de la région autonome du Tibet. Il n’a reçu aucune réponse
Pour en savoir plus:
http://perso.wanadoo.fr/france.tibet/
France-Tibet, 10 rue Jean Macé, 75011 Paris
france.tibet@wanadoo.fr
IL EST URGENT D’AGIR pour sauver ce jeune musicologue innocent et cette jeune femme, symbole de la résistance non violente du peuple tibétain. Voici les actions possibles : mobiliser les personnes autour de vous, vos élus; solliciter les ONG, les associations ; écrire au directeur de la prison de Drapchi, au président de la Région Autonome du Tibet, à Hubert Védrine, à Jacques Chirac, à Lionel Jospin …
Quelques adresses :
Mrs Mary Robinson
Haut Commissaire pour les Droits de l’Homme
U.N. Office at Geneva
CH-1211 Geneva 10
Monsieur le Président de la Région Autonome du Tibet
Xizang Zizhiqu Renmin
Zhengfu 1 Kanq’anqdonqlu
Lhassa 850 000 – Tibet Rép. Populaire de Chine
Monsieur Jianyuzhang
Directeur de la prison de Drapchi
Xizang Zizhiqu Di Yi Jianyu
Lhassa 850 000 – Tibet Rép. Populaire de Chine
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Le 10 novembre 2000, sur le site jlm.com cette photo tirée par MURAT lui-même est le prélude d’un formidable voyage au royaume du Mustang …
Dans l’Himalaya avec GERONIMO …
« Dans l’Himalaya avec Geronimo j’ai passé les meilleurs moments de mon enfance. » JLM
A - AU ROYAUME DE MUSTANG …
1° – Le Mustang un petit royaume au pays des Neiges…
Le Mustang est le royaume le plus élevé du monde avec une altitude moyenne de 5000 m. Enclave tibétaine au nord du Népal, ce petit pays (3800 km2) compte 7000 habitants et 24 villages. Il est encadré à l’Est par la chaîne de l’Annapurna (8091 m) et à l’Ouest par le Dhaulagiri (8167m).
… « une région au bout du monde, un désert d’altitude où les seuls vrais maîtres sont le vent, le minéral et la Sagesse »…
Le climat est très sec, continental et désertique, il neige peu pour une altitude aussi élevée et il y a beaucoup de vent, un vent terrible qui s’engouffre dans le canyon de Kali Gandaki. Les lobas, habitants du pays de Lo, le Mustang, s’en protègent derrière des remparts et des murs de pierre, encerclants villages et prairies.
Le compagnon de voyage de Michel Peissel notera le premier jour, lors de leur première expédition en 1964: « Seuls les dieux peuvent vivre ici, car seuls les dieux peuvent se nourrir de pierres (…)« ; et M. Peissel, quelques jours après, « Sans le savoir, comme mes recherches allaient le prouver par la suite, je venais de pénétrer dans un musée vivant des traditions himalayennes, un lieu privilégié où survivait le passé le plus ancien de l’Himalaya, un royaume intact, surgi tout droit semblait-il des fantaisies de l’imagination« .
… la source de Kaligandaki, la rivière sacrée de Kali la Noire, au creux du plus grand canyon du monde…
Au Mustang était autrefois la mer de Téthys, dont les eaux sont parties il y a 65 millions d’années lorsque la plaque eurasienne a télescopé l’Inde. Elle a laissé des sables très épais et friables formant de multiples canyons. Aux creux de cette faille himalayenne restent des fossiles, ammonites noires, formant un lit noir à la rivière de Kali la noire.
La première référence européenne relative à ce royaume date d’une lettre d’un moine capucin, le 26 Octobre 1756. Ces moines visitant le Tibet mais venant d’être expulsés, souhaitaient établir une nouvelle mission au Mustang : « Un royaume du grand Tibet, mais indépendant du roi de Lhassa »… « D’après ce que l’on m’a dit, la route est de seize jours jusqu’à la crête des montagnes, après quoi on atteint (le Mustan) en deux ou trois jours ». Cette lettre était accompagnée d’une carte montrant plus ou moins le Mustang.
L’anglais W.J. Kirkpatrick, le premier occidental à visiter le Népal, signale qu’on lui avait parlé de la rivière Kali Gandaki « située au nord de Muktinath, dans la direction du Mustang (…) ». Aucune suite ne fut donnée à cette lettre du moine capucin mais grâce à la note de Kirkpatrick, l’italien Giuseppe Tucci atteint le Mustang en 1952, suivi du suisse Hagen. Dix ans plus tard, le français Michel Peissel pût à son tour se rendre dans le territoire interdit et y séjourna plusieurs mois.
2° – Au Mustang, règne toujours un descendant d’Ame Pal…
… le fondateur du pays de Lô en 1380 …
D’anciennes cités troglodytes dans les parois des gorges de Kaligandaki, attestent que cette région fut peuplée dés le VIe s avant JC. Le pays ne fut véritablement fondé qu’au XIVe siècle.En 1380, Ame Pal fonde la capitale de Lô Manthang – d’où le nom de pays de Lô pour le Mustang -. Moine bouddhiste, dévot de la secte Sakya, il construit des monastères, qu’il fait consacrer par le grand Lama Sakya du Tibet, Ngorchen Kungpa Sangpo. Au XVe s., le Mustang devient le plus grand centre de bouddhisme tibétain après Lhassa et connaît une activité religieuse intense pendant plusieurs siècles.
Contrôlant le commerce lucratif du sel entre le Tibet et l’Inde, le Mustang fut attaqué au Nord par les Mongols puis au Sud par les rois du Jumla (anciens chefs du Népal occidental), qui voulaient l’annexer. Vers la fin du XVIIIe s. le Mustang passe sous la suzeraineté des rois du Jumla. Ainsi, quand les rois Ghurka du Népal conquirent le Jumla, le Mustang transféra au Népal le tribu symbolique (un cheval et sept cent soixante-huit roupies) qu’il payait au Jumla. En même temps pour se concilier avec le Nord, les rois du Mustang siégèrent à l’assemblée tibétaine et acceptèrent d’épouser systématiquement une femme de l’aristocratie tibétaine. En payant ainsi un tribu à ses deux voisins, le Mustang conserva son indépendance.
… le Mustang interdit…
A partir de 1950, suite à l’invasion du Tibet par les Chinois, la résistance tibétaine trouve en partie refuge au Mustang, qui accueille 6000 guerriers khampas – les Khampas sont d’anciens bandits qui attaquaient les caravanes au Tibet, et craints de ce fait par la population, puis ils sont devenus les derniers défenseurs du Tibet contre les Chinois. Le Mustang devient alors une zone de tension entre la Chine et le Népal – les accords de 1961 entre ces deux pays sur la frontière de l’Himalaya, stipulent pourtant que le Mustang est dans le territoire du Népal -. Le Mustang est « interdit », ses frontières sont fermées aux étrangers; elles ne seront réouvertes qu’en 1992, sous surveillance, avec un système de quotas. De fait, en raison de son isolement, le Mustang a gardé son indépendance et son roi mais en droit international le Mustang fait officiellement partie du Népal – le Raja Act du Népal en 1962 reconnaît au roi du Mustang son titre de rgyal-po de Lo (roi de Lo) et le droit de le transmettre à ses héritiers mâles directs.
… une « féodalité familiale »…
Le Mustang est divisé en sept régions, composées de deux à quatre villages, dont les chefs siègent à un conseil de district, constituant par leur réunion une sorte de parlement qui administre le Mustang aux côtés du roi. Lo Gyelpo, Jigme Dorje Trandul, 25ème roi en ligne directe depuis Ame Pal, entretient les rapports avec les familles depuis des siècles. On pourrait parler de « féodalité familiale ». Il n’y a ni police ni armée. Le roi participe aux travaux des champs; sa souveraineté repose simplement sur la perception d’un impôt en nature, attaché à la terre elle-même et non pas à l’individu en particulier, une sorte d’impôt foncier. Dix sept familles constituent la noblesse du pays; elles ont une activité commerciale et sont chargées de lever l’impôt pour le roi, de tenir les archives, etc. Les paysans sont propriétaires de leurs terres mais ne peuvent ni les céder ni les agrandir; ils peuvent néanmoins louer des terres aux nobles et au roi pour cultiver davantage. Contrairement aux paysans et serfs du Moyen-Age européen, ils disposent de leur personne et de leur biens.
3° - Au Mustang claquent les « chevaux du vent »…
Sur le haut de chaque chorten, maison, monastère, claquent les chevaux du vent, ces drapeaux multicolores couverts de mantras, qui emportent dans le vent l’offrande des prières des hommes. Le chorten (ou stupa) est un édifice profondément symbolique du bouddhisme illustrant les 5 éléments (la terre, l’eau, le feu, l’air, l’éther) par lesquels nous percevons le monde. Reproduisant la tombe du Bouddha, il est construit en pierre près des villages, des monastères et aux cols importants, et doit guider l’esprit vers l’Illumination.
Le mantra le plus fameux est « Om mani pême hûm »: « le joyau caché au coeur du lotus ».
« En lotus sous la lune, revêtu du grand manteau… » Mustang, Mustango
Bouddha, l’Eveillé, est né (six siècles avant Jésus Christ) à Lumbini, au Népal, non loin des frontières du Mustang… Le bouddhisme tel qu’il est pratiqué au Mustang et plus généralement dans l’Himalaya est dit bouddhisme tantrique ou lamaïsme. Basé sur la doctrine d’origine, il s’est compliqué et a donné lieu à de multiples sectes de traditions différentes, Nyingma, Kagyu, Sakya (au Mustang) et Gelug. Ces différences dans les pratiques n’altèrent pas la croyance fondamentale, basée sur l’enseignement du Bouddha, de la Sagesse et de la Compassion Universelle, le Dharma, grâce auquel l’homme doit se dégager de l’illusion des sens imparfaits pour atteindre la perfection, le Nirvâna.
Longue est la nuit pour celui qui veille, longue est la route pour celui qui est las de marcher; long est le cycle des naissances et des morts pour les insensés qui ne connaissent pas la Vérité Sublime. »
Le karma est l’ensemble des énergies, positives et négatives, développées lors de nos vies passées. Il détermine la renaissance de l’individu et la qualité de sa vie présente.Chaque être chemine de vie en vie dans les six mondes, des hommes, des animaux, ou des esprits subtils, décrits par la Roue de la Vie. Quel que soit son karma, chaque être porte en lui le potentiel qui lui permet de se détacher de l’emprise du Samsara, du monde des phénomènes, et de connaître l’Eveil, débarrassé de toute souffrance. Tout dépend de sa volonté de se détacher de l’emprise des trois maux principaux: l’ignorance, la passion impulsive, et le désir irraisonné. Il faut pour cela emprunter « les huit chemins » du Noble Octuple Sentier: bien croire, bien désirer, bien parler, bien se conduire, bien vivre, bien travailler, bien penser, bien méditer.
La plupart des lobas ont naturellement l’ambition de devenir moine et de consacrer leur vie à la recherche de la Vérité. Beaucoup concilient une vie laborieuse sous le toit familial avec cette recherche guidée par un saint Lama, un Bodhisattva – un lama réincarné ayant renoncé au Nirvâna pour enseigner aux hommes comment sortir ds cercles infernaux de la Roue de la Vie
4° - Au Mustang, travaillent les Dzos aux côtés des lobas…
Les Dzos sont les « Salers » du Mustang. Très résistants, ils sont adaptés au manque d’oxygène des plateaux d’altitude et vivent au-dessus de 3000 m. Croisement entre la vache et le yack, le dzo supporte mieux la basse altitude que le yack et donne plus de lait. Signe extérieur de richesse, il est très apprécié pour son travail de labour mais aussi pour sa viande et son lait, dont on fait du beurre (le fameux beurre salé dans le thé, offert au visiteur), et de l’huile pour s’éclairer et fabriquer des cosmétiques. Avec sa laine, les lobas, confectionnent des tentes et des sacs imperméables pour le transport des marchandises.
… les paysans du Mustang…
Les champs, gagnés sur un désert de pierres, sont divisés en une multitude de petites parcelles étagées en terrasses, abritées du vent par des murets, et irriguées par les torrents de la montagne grâce aux canaux d’irrigation, entretenus par toute la communauté. Une seule récolte est possible, en semant au printemps et en récoltant à la fin de l’été. Jusque très récemment, on ne connaissait dans ce pays reculé ni la roue, ni la bicyclette, ni la voiture. Les paysans travaillent la terre avec les outils, fabriqués au village, bêches, râteaux, binettes à longs manches… Ils pratiquent l’assolement des cultures et alternent l’orge, le blé et le lin. La principale culture est l’orge, qui constitue la base de l’alimentation avec les tsampas (galettes d’orge) et le Tchang, boisson alcoolisée (d’orge fermenté). Le mode de vie est pratiquement resté inchangé depuis le Moyen-Age. Autre particularité, la terre se mesure en volume de grain nécessaire pour l’ensemencer, un demi litre de terre est un terrain ensemencé avec un demi litre d’orge. « Lo-Mantang, la capitale du Mustang, personnifiait tout le charme mystérieux d’un monde qui évoque la lutte à la fois contre les éléments et contre les empiétements du temps (…) L’isolement du Mustang explique en grande partie qu’il n’a subi aucune influence de l’occident mais il faut aussi y ajouter la réticence caractéristique des gens de l’Himalaya à adopter les façons occidentales(…) « raconte Michel Peissel en 1964.
… les fermes du Mustang…
L’agriculture est maintenant la base de l’économie depuis la fermeture de la route transhimalayenne. Le bois est quasiment introuvable et l’arbre, une denrée extrêmement rare, quelques saules, acacias, aulnes, pins de la plaine et genévriers. Signe extérieur de richesse, il est placé sur le toit des maisons (bûches empilées en petits murets), et uniquement utilisé pour les rites funéraires. Les excréments des animaux séchés (bouse de yack) sert de combustible principal. Les terres planes étant réservées à l’agriculture, les maisons sont souvent accrochées aux montagnes sur différents étages avec des murs en adobes et galets de rivière, enduits de terre pigmentée. Entre chaque pièce, des dédales de petits couloirs et des portes pour isoler du froid. Les maisons sont construites sans fenêtre en raison du rude climat, avec juste un trou dans le plafond, pour le feu, dans le yokhang, où vit toute la famille en hiver au rez-de-chaussée, entourée par les étables.
5° – Au Mustang, une femme est souvent l’épouse de plusieurs hommes …
Les lois anciennes du Tibet toujours en vigueur au Mustang, divisaient la terre arable en parts égales entre les paysans et ordonnaient qu’elle ne pourrait être ni vendue, ni achetée, ni partagée. Cela était destiné à garantir au fermier un récolte suffisant à sa subsistance, et à éviter les problèmes d’héritage ou de concentration par de riches seigneurs. La maison et les terres forment une unité sacrée, intouchable, qui appartient à une famille. C’est autour de cette loi fondamentale que s’organise toute la vie familiale et sociale du Mustang.
… une polyandrie fraternelle…
Les terres reviennent à l’aîné des fils (ou fille si il n’y a pas de fils) de la famille; qui doit alors prendre une femme et ses parents sous son toit. Les frères cadets deviennent caravaniers ou moines; si ils restent dans la maison familiale, ils doivent partager la femme de leur aîné. Les jeunes filles doivent, elles, ou épouser un aîné ou devenir moinesse à l’âge de 9 ans.
La polyandrie met en valeur le rôle de la femme, la seule sous le toit familial; elle jouit d’un grand prestige et bien sûr de l’égalité des droits avec les hommes. Cependant beaucoup de célibataires s’y opposent aujourd’hui car ils ne veulent pas partager leur femme. Cette polyandrie fraternelle apparaît plus comme une nécessité économique. Tout le pays est structuré autour de l’économie, économie des matières premières (quasi inexistantes), économie des terres cultivables (dont la superficie ne peut pas augmenter), économie des constructions (les villages doivent être gagnés sur la montagne)… et la première nécessité est donc un contrôle strict de la démographie. Cette polyandrie fraternelle participe de fait à la limitation des naissances comme le climat très rude et la mortalité infantile élevée; la durée de vie moyenne est de 50 ans et la population n’a pas augmenté depuis des siècles.
« J’ai soulevé la mantille, aspergé de citron, l’âme grise qu’on aspire… » Polly Jean, Mustango.
La moralité sexuelle est plutôt relâchée, on ne fait pas grand cas de la virginité et les jeunes gens doivent être tous deux consentants pour se marier (de même pour les frères du futur mari si ils font un mariage en commun). « Les hommes et les femmes ont entre eux une grande liberté d’allure et de langage », « ils se rencontrent souvent (…) et raffolent des plaisanteries osées » notera M. Peissel lors de son séjour à Lo Mantang.
6° - Au Mustang, jouent des enfants, instruits par les moines…
« l’enfant ne peut survivre sans les soins des autres, l’amour est la nourriture la plus importante » Sa Sainteté le Dalaï-Lama
Un enfant qui vient au monde arrive dans sa nouvelle famille avec les bagages de toutes ses vies passées. Chaque être naît avec son karma, hérité de ses vies précédentes, qu’il va améliorer ou dégrader dans cette vie-ci, forgeant ainsi un parcours plus ou moins harmonieux dans ses vies suivantes. Les parents ne sont que les géniteurs d’un être qui fait escale au sein d’une famille. Leur devoir est de l’aider au mieux à s’accomplir en lui procurant suffisamment d’amour, de respect et de confiance. L’éducation des enfants est très importante, l’intelligence étant la première qualité reconnue à un enfant (qu’il soit fils de pauvres gens ou de nobles peu importe, si il est intelligent, il est peut-être la réincarnation d’un lama et digne du plus grand respect…). Les moines se chargent d’apprendre à lire et écrire aux enfants. Les enfants choisis pour être moines (c’est généralement l’honneur des cadets) parviennent à un plus haut degré d’instruction. Le temps de leur éducation, ils vivent chez leurs parents, leur aîné ou au monastère; puis font leurs voeux (chaque voeu correspondant à un mode de vie) : célibat, abstention de certaines nourritures, etc
… l’instruction des moines…
Les moines peuvent aller et venir comme bon leur semble. Chacun règle la dépense de son entretien et de sa nourriture; a un rôle défini dans les activités du monastère: la gestion des biens, l’entretien des terres, les cuisines, etc. Il existe des « examens », séances en public de discussion de textes religieux, questions sur la logique et problèmes concernant la doctrine, qui permettent de changer de degré et de monter dans la hiérarchie des ordres. Les examens ne sont pas une obligation, le moine est avant tout un étudiant et un homme libre; il peut prendre un travail pour payer ses études comme copier des livres ou célébrer de petites cérémonies rémunérées dans les villages.
… après l’invasion chinoise
Au Mustang, presque toutes les familles ont au moins un de leurs membres inscrit aux monastères de Lo Mantang, Namgyal, Tsarang ou Gemi mais la plupart restent chez eux, responsables de la chapelle de leur village. Le niveau d’instruction a beaucoup baissé aujourd’hui, il n’y a plus d’échanges avec les moines de Lhassa et l’université de Dharamsala (la ville refuge en Inde du gouvernement tibétain en exil) est loin… Au Tibet en 1949-50, suite à l’invasion des Chinois, 1,2 million tibétains sont morts, quatre vingt dix pour cent des monastères ont été détruits, les livres ont été brûlés, les statues décapitées… Les grandes universités de bouddhisme tibétain, comme celle de Sera qui accueillait plus de cinq mille moines, ou Ganden, ont été détruites puis grâce aux moines tibétains éxilés reconstruites. Il y a aujourd’hui 83 écoles tibétaines en Inde qui accueillent 23 000 enfants, aidés par les différentes associations d’aide à l’enfance tibétaine. Tenzin Gyatso, le XIVe Dalai Lama, chef spirituel du peuple tibétain, Prix Nobel de la Paix en 1989, dirige le gouvernement à Dharamsala. Dans la non-violence, il milite dans lemonde entier pour la libération du Tibet.
7° - Au Mustang rôde encore aujourd’hui le léopard des neiges…
Si le léopard des neiges, gelis uncia, a quasiment disparu aujourd’hui, il est une figure emblématique du Mustang. Ce fauve solitaire peut grimper jusqu’à 6000 mètres… « Sur la grande place, je croisai un rude paysan, qui portait sur son dos la peau d’un énorme léopard des neiges, dont la dépouille blanc taché de noir mesurait prés de trois mètres de long. Il venait de le tirer avec son vieux fusil et, après l’avoir partiellement écorché et bourré de paille, il allait le porter au nouveau Gumpa. Les moines l’accepteraient certainement et utiliseraient la dépouille pour protéger le temple des démons. Le carnassier semblait particulièrement horrible, avec sa gueule et son pelage encore ensanglantés. Les lobas ne tuent jamais d’animaux pas même les insectes, à moins qu’il ne s’agisse de bêtes qui menacent leurs troupeaux. C’est le cas du léopard des neiges, et celui-ci avait précisément été tué alors qu’il attaquait un troupeau de chèvres paissant sur les collines au-dessus de Lo Manthang.« Micheil Peissel Mustang, Royaume Interdit.
… Au Mustang, on détermine les saisons grâce au vol des oiseaux migrateurs…
Le plus surprenant est la présence d’oiseaux à très haute altitude. Il y a de nombreux oiseaux, l’oie de l’Himalaya (qui niche à 5300m), la grue à cou noir, le chocard à bec jaune, le gypaète barbu, etc. Ces oiseaux suivent la vallée de la Kaligandaki, sur la route entre l’Arctique et la Sibérie : oies, courlis, canards, busards. Il y a aussi des rapaces, milans noirs et royaux, vautours griffons, éperviers et aigles, véritables seigneurs de l’Himalaya. Plus prés des villages, des moineaux, qui sont domestiqués puisque les animaux sont bien traités et respectés en tant que réincarnation plus humble des humains.
8° – Au Mustang, les moines appellent de leurs conques les seigneurs de l’Himalaya …
Au Mustang, les moines appellent de leurs conques les rapaces, milans noirs et royaux, vautours griffons, éperviers et aigles, afin de disperser les morts dans le vent de l’Himalaya. Véritables « seigneurs de l’Himalaya », ils font le lien entre le pays des hommes et les pics enneigés sacrés. Le rite de la mort est un rite de réunification dans le mouvement global de l’univers où tout est interdépendant. Le corps est fait d’eau, de terre, de feu et de vent; le mort est donc rendu à l’un de ses cinq éléments, enterré, brûlé, jeté dans le fleuve ou découpé en morceaux puis offert aux oiseaux pour être dispersé dans le vent. L’enterrement est la forme de funérailles la plus méprisée.
« Les phénomènes de la vie peuvent être comparés à un rêve, un fantasme, une bulle d’air, une ombre, la rosée scintillante, la lueur de l’éclair et c’est ainsi qu’il faut les contempler » soutra
La mort est à la fois la crainte et l’espoir. Elle est vécue plus sereinement car elle est un point de passage vers une nouvelle naissance et offre au défunt la possibilité de passer à une étape supérieure de la Roue dans sa prochaine vie.
9° – Pensées du Mustang
« Ma religion est très simple Ma religion est l’amour » Sa Sainteté le Dalaï-Lama
« Le vainqueur engendre la haine, le vaincu gît, étendu dans la détresse… la paix du Nibbâna. »
« On peut conquérir des milliers d’hommes dans une bataille; mais celui qui se conquiert lui-même, lui seul est le plus noble des conquérants. »
« Soucie-toi bien des pensées qui occupent ton esprit, contrôle et dirige ta vie. »
« Souviens-toi toujours que le bien ou le mal que tu fais aux autres, même sous la forme de pensées, revient vers toi de façon certaine, tel un boomerang, pour bénir ou maudire ta vie. Nourris ton esprit de pensées harmonieuses, paisibles et agréables, et tu seras le témoin de miracles dans ta vie. Change tes pensées et change ta destinée. » Jeewan Vidya
« Je pense que la plus grande contribution à la préservation de notre culture vient des chinois (…) Parce que les chinois ont fait tant de choses négatives à la population, les tibétains au pays ou exilés, ont cessé de leur faire confiance. Ils n’ont plus d’espoir.
Je suis sûr que les chinois n’avaient pas l’intention d’aider les tibétains à se rassembler, mais ils y ont de fait contribué. Dans le bouddhisme, il y a un proverbe : « Votre ennemi est votre vrai professeur. »
Propos de Sa Sainteté le Dalaï-Lama (traduits de l’anglais).
« Notre école se doit de rééduquer les hommes, leur apprendre que le respect de dieu, c’est le respect de l’autre.
- Votre école n’est-elle pas fanatique à vouloir inculquer dieu?
- Ce sont vous les fanatiques, vous êtes devenus fanatiques et prisonniers de votre mode de pensée, de votre mode de vie. Vous ne savez plus ce que signifie le mot liberté. Vous confondez liberté et consommation. Sans le respect de dieu, il n’y a qu’esclavage, servitude de l’âme. Vous prônez le laxisme par l’indifférence, vous niez la variété du modèle humain, la richesse culturelle des êtres en les uniformisant à la consommation. Pour quel devenir? Je vous souhaite du fond du coeur de retrouver le sens de l’angoisse devant le soleil qui meurt. je le souhaite à l’Occident, ardemment. Quand le soleil meurt, aucune certitude scientifique ne doit empêcher que l’on pleure, aucune évidence rationnelle, qu’on se demande s’il renaîtra. Vous vous mourez lentement sous le poids de l’évidence. Je vous souhaite cette angoisse.Comme une résurrection. »
Cheikh Hamidou Khan
B – AU PAYS DES MUSTANGS …
1° – Des mestenas espagnols aux mustangs
… des ancêtres arabes et andalous
Au VIIIe siècle, l’invasion de l’Espagne par les Maures d’Afrique du Nord permit aux Espagnols d’acquérir des chevaux légers, résistants et fougueux. Pendant les huit siècles qui s’écoulèrent, de l’invasion arabe en 711 à la fin de la Reconquête en 1492, les Espagnols développèrent une race de chevaux de selle issue principalement des races ibériques, le sorraia et le garrano, et des chevaux du désert d’ d’Afrique du Nord, le barbe et l’arabe.
… un poulain échappé de l’expédition Cortès?
D’après la tradition colportée par les explorateurs, le premier poulain féral fut celui de la jument qui mit bas sur le navire de Cortès. Lors du long trajet des conquistadores, le poulain, ne pouvant soutenir le rythme de la marche, se serait égaré dans les montagnes en suivant un troupeau de daims qui pâturaient. Capturé par un propriétaire terrien, il fut intégré à son troupeau. La légende raconte que les hommes ne réussirent jamais à en faire un animal docile et qu’il finit par rejoindre les animaux sauvages avec lesquels il avait grandi. Ce mustang, devenu légendaire, continua à hanter les montagnes et le voyageur qui croyait apercevoir sa robe blanche y voyant toujours un heureux présage.
… le mustang
Le terme « mustang » est un anglicisme dérivé du mot espagnol mesteno, ou mestena. En 1273, en Espagne, le gouvernement espagnol autorisa la création d’une organisation de propriétaires ovins appelée Mesta.. Lors des longues transhumances, certains animaux s’égaraient, on les appelaient des mestenos, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à la Mesta. En Amérique du Nord, les chevaux échappés des expéditions et des élevages étaient appelés caballeda mestena ou mestenada. On trouve le mot « mustang » écrit la première fois sous la plume du lieutenant américain Zebulon Montgomery Pike, dans le journal de son voyage vers le Texas : « le 20 juin 1807, sur les prairies à l’ouest de la rivière Trinity, passent plusieurs troupeaux de mustangs » (The Expedition of Zebulon M. Pike, 1805-1807, ed.by Elliot Coues, New-York, 1895). Ce terme fut couramment employé après 1807 pour définir des chevaux féraux, c’est à dire des chevaux qui retournent à l’état sauvage.
2° – Des mustangs et des couleurs
Le poney indien (ou mustang) est le nom couramment, quoiqu’ improprement, donné aux chevaux des Indiens. Il ne définit pas une race, mais un type de monture associé à un peuple. De petite taille, l’authentique poney indien était le fruit des croisements anarchiques des chevaux des colonisateurs espagnols, et celui de leur adaptation à l’environnement. Bien que ne correspondant pas aux canons de la beauté et de la puissance physique célébrée chez les Européens, ces petits chevaux à l’aspect trapu l’emportaient largement en robustesse et en vélocité sur les spécimens incarnant l’idéal des colonisateurs. Les indiens connurent la gloire sur des coursiers multicolores, dont ils appréciaient la robe tachetée alors que les Espagnols marquaient une nette préférence pour les montures à robe unie.
le Pinto
Le pinto était très prisé chez les indiens, qui attribuaient probablement des valeurs symboliques à leurs tâches de couleurs. Le pinto indien descend des genets espagnols, mesure en moyenne 1,52m au garrot mais ne fait pas partie des « races tachetées », comme le sont les fameux apaloosas.
L’apaloosa
Chevaux tachetés introduits par les Espagnols au Mexique vers les années 1660 . Ils se dispersèrent vers le nord jusqu’au pays des Nez-Percés au XVIIIe s., dans le bassin du fleuve Columbia. Ils y trouvèrent un pâturage idéal et naturellement clos par les montagnes Wallowas, les prairies étaient traversées par des rivières – comme la Palouse, dont leur nom est issu -. Les Nez-Percés sélectionnèrent les apaloosas pour obtenir les robes souhaitées (la couleur et la forme des tâches étaient très importantes) et des bêtes plus robustes. L’apaloosa mesure entre 1,47 m et 1,57m au garrot et pèse autour de 500 kg. La pigmentation de la robe est variée et aujourd’hui le stud-book des apaloosas en reconnaît six dont le blanket, le marble, le frost, le snowflak et le léopard.
le chickasaw et le séminole
Aujourd’hui disparus, ces chevaux élevés par les tribus chikasaw et séminoles, furent les plus recherchés des européens au XVIII et XIX e s. Provenant des troupeaux des missionnaires franciscains installés en Géorgie et en Floride au XVII e s. et destinés aux travaux agricoles. Les Chikasaws sélectionnèrent petit à petit pour en faire des animaux plus rapides, aptes aussi bien au travail qu’à la guerre. Ils furent longtemps célébrés pour leur rapidité. Croisés par les colons avec des étalons plus grands ou avec des chevaux de labeur, il ne reste plus aujourd’hui de chikasaws purs.
le medecine-hat
Ce cheval, aujourd’hui très rare, jouait un rôle important dans la religion des indiens des Plaines. Le medecine-hat était un cheval pie de sang espagnol pur, dont la robe blanche présentait des marques de couleurs précisément localisées. Sur les oreilles il portait comme une coiffe sombre; sur le poitrail, les flancs, autour des yeux et au-dessus de la queue, des taches ovales en forme de boucliers. Les teintes de ces coiffes variaient de la couleur rouan bleu à bai ou alezan brûlé, mais toujours avec un ton prédominant roux. Les yeux sombres avaient la sclérotique claire et les sabots étaient noirs, striés verticalement. Il était extrêmement difficile de trouver des chevaux réunissant toutes ces caractéristiques. Les Sioux, les Cheyennes, les Blackfeet et les Comanches réservaient ces chevaux sacrés aux cérémonies religieuses. Exceptionnellement il pouvait être monté par un chef sur le chemin de la guerre, le rendant ainsi invincible aux flèches et aux balles.
3° – Des mustangs et des tribus nomades
Avec l’avènement du cheval, l’horizon des Indiens nomades, jusqu’alors limité par la lenteur des déplacements, se trouva soudainement élargi. Pour tous, le cheval fut d’abord un animal de labeur. Moyen de transport plus efficace et plus rapide que le chien, il encouragea les longs déplacements, que ce soit pour se procurer de la nourriture (ils suivaient les bisons) ou des biens matériels (« rendez-vous » de trappeurs). Le cheval, indispensable à la chasse et à la guerre, permit aux Indiens d’accroître leur mobilité et leur pouvoir.
« La beauté devant moi fasse que je marche
La beauté derrière moi fasse que je marche
La beauté au-dessus de moi fasse que je marche
La beauté au-dessous de moi fasse que je marche
La beauté tout autour de moi fasse que je marche »
strophe du Kledze Hatal, chant shaman Navajo
En général, il y avait quatre grandes migrations annuelles chez les tribus nomades : le campement d’hiver, la chasse et la cueillette de printemps, la grande chasse d’été et la cérémonie de la Danse du Soleil, puis la chasse d’automne et la récolte des baies sauvages en prévision de l’hiver. Le besoin de trouver, été comme hiver, de la nourriture pour leurs troupeaux de chevaux fut une nouvelle cause de migration des nomades. La fréquence des mouvements, sans parler des grandes transhumances annuelles, était dictée par la nécessité de gérer l’équilibre écologique de l’endroit pour ne pas en épuiser les ressources. Élevés en liberté, les chevaux paissaient à la recherche des meilleures herbes et le campement se déplaçait en fonction de l’avancée progressive des chevaux. En hiver, les déplacements étaient encore plus fréquents car la nourriture était rare. Les grandes tribus unies durent alors se scinder l’hiver en petites unités, souvent familiales, les clans, pour limiter l’épuisement des ressources naturelles. Ces nouvelles dispositions sociales firent qu’un vaste territoire put être contrôlé facilement par des clans éparpillés d’une même tribu mais les rendirent plus vulnérables car désunis; ce dont profita largement l’armée américaine choisissant donc d’attaquer en hiver…
4° – Des mustangs dans les Grandes Plaines, la civilisation de l’homme cheval…
« Quel que soit notre degré de pauvreté, nous, Sioux, nous en (des chevaux) avons toujours quelques uns à proximité. (…) Même le Sioux le plus occidentalisé est encore à moitié cheval ».
Marie Crow Dog, Sioux Lakota, écrivain.
Avec les Cheyennes et les Blackfeet, les Sioux font partie des peuples des Grandes Plaines. Nomades, ils suivaient à cheval les troupeaux de bisons à travers les immenses plaines de l’Ouest. Les « Sioux » (appellation impropre donnée par les blancs) sont le résultat d’une alliance entre sept nations Lakotas ou Dakotas, géographiquement situées de part et d’autre du Missouri, dont les principales sont les Oglalas, les Lakotas-Tétons, les Mandans,…
Incarnant la culture indienne type, cette civilisation des Plaines, basée sur le cheval et sur la chasse au bison, a connu son apogée entre 1825 et 1875. L’anéantissement des bisons par les Blancs, les épidémies de variole, la tuberculose, la guerre menée contre eux par les Etats-Unis ont eu raison de ce mode de vie. Vers 1800 on compte environ 100 000 indiens répartis en une trentaine de tribus; en 1910, un recensement en dénombrait 50 208 disséminés sur plusieurs réserves.
Dans les régions sauvages du Grand Bassin et du Plateau, les mustangs se développèrent rapidement. Vers 1816, au nord du Plateau, l’explorateur Ross Cox estimait qu’une seule troupe de plusieurs bandes de chevaux comportait 1000 têtes et que sur la terre des Shoshones, des troupeaux plus importants en comprenaient jusqu’à 4000. La Californie abritait approximativement un cheptel de 20 000 mustangs. Ils étaient également nombreux le long de l’Arkansas et dans les Plaines. Mais c’est dans la région située entre la Nueces et le Rio Grande, qui porta le nom de Désert de Mustang, que vivaient les plus grands troupeaux.
5° – L’homme-cheval contre la vie en réserves
« Dieu m’a fait Indien, pas Indien de réserve« Sitting Bull
« La mort est la mort, où qu’elle soit. Autant donner une houe à un Martien qu’ à un Sioux. C’étaient des nomades qui vivaient de la chasse et de la cueillette, pas des fermiers. Les Poncas et les shawnees étaient d’assez bons paysans, mais pas les Sioux ».
Dalva, Jim Harrison, 1987, éd. Christian Bourgois 1989.
Entre 1862 et 1890, les Sioux, qui avaient déjà été déplacés pour certains (les Choctaws et les Chickasaw) de l’est du Mississippi par les premiers colons anglais et hollandais, se sont battus en vain pour garder leurs terres dans les plaines de l’Ouest. En dépit du traité de 1868, les Blancs ordonnèrent aux indiens de partir des territoires de chasse de Powder River, qui leur avaient finalement été attribués car ils venaient d’y découvrir des gisements d’or. La guerre reprit à partir de 1876, date de la bataille de Little Big Horn, à laquelle participa le fameux chef Sitting Bull.
« (…) Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre Mère à tous, la terre, pour eux seuls et ils se barricadent contre leurs voisins; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs rebuts. Cette nation est comme un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. Nous ne pouvons vivre côte à côte. Il y a sept ans seulement que nous avons signé un traité qui nous assurait que les terrains de chasse aux bisons nous seraient laissés pour toujours. Ils menacent maintenant de les reprendre. Mes frères, devons-nous nous soumettre ou devons-nous leur dire : « Tuez-moi d’abord avant de prendre possession de ma patrie ». Tatanka Yotanka dit Sitting Bull.
Les affrontements ne s’achevèrent qu’avec la quasi extermination des Sioux par la violence, la corruption (l’alcool et la drogue), la destruction totale de leur organisation tribale et le massacre des bisons. Après l’exil de Sitting Bull au Canada, Crazy Horse fut assassiné en 1877 dans la prison de Fort Robinson alors que les Sioux étaient déportés dans le Nébraska et le Missouri où ils ne voulaient pas aller.
Les Sioux durent s’incliner en 1887 avec le Dawes Act, qui détruit définitivement leur organisation tribale en les obligeant à devenir fermiers, sous le contrôle d’un gouvernement territorial. Ils furent vite privés de leurs bonnes terres, subtilisées ou mal « vendues » et le Daws Act, indirectement, encouragea ces spoliations si bien qu’en l’espace de trente ans (1865-1895) les Indiens ont perdu cent millions d’ acres sur les cent vingt-cinq qu’ils possédaient à l’origine. 1890, date de la bataille de Wounded Knee, durant laquelle 350 hommes, femmes et enfants, affamés et désarmés, ont été massacrés par l’armée américaine, marque la défaite définitive des Sioux.
Aujourd’hui, soixante mille sioux vivent éclatés sur quatorze réserves dans les « Badlands » (les mauvaises terres), entre les Etats du Dakota du Nord et du Sud. « (…) Beaucoup vivent ou retournent vivre dans les réserves parce qu’ils ont peur de perdre leurs racines, leurs traditions. C’est le vrai dilemme auquel les Indiens sont confrontés. Si vous avez du travail, vous perdez votre identité. Si vous restez prés des vôtres, vous risquez de ne pas pouvoir faire vivre votre famille. Dans les réserves le travail est rare, le chômage effrayant. Il touche trois indiens sur quatre.(…). Nous avons failli perdre notre culture. Longtemps il nous était interdit de pratiquer nos cérémonies et de parler notre langue.(…). Au début des années soixante-dix, nous avons pris conscience que notre civilisation était en danger de mort. Aujourd’hui la situation s’est nettement améliorée. Sur la réserve il y a maintenant une école (sur décision des jeunes) qui enseigne la langue et les traditions ».
James Welch, Blackfeet – auteur de Blackfeet, La Nation Divisée, Terres Indiennes, Albin Michel.
6° – Géronimo né en Arizona …
« En terre humaine, je suis d’Arizona » Viva Calexico, Mustango
Des indiens en Arizona…
Pays de pierre et de sable, le Sud-Ouest (Arizona et Nouveau-Mexique) a été découpé par l’érosion en une multitude de canyons, de plateaux d’altitude (les mesas) et de plaines sablonneuses, traversées par de larges rivières: le Rio Grande à l’est, la Colorado à l’ouest et les rivières Gila et Salt. Des indiens regroupés en villages et en fermes, les pueblos (Hopis, Zuni, Pima et Tohono O’Odham Papago) habitaient le long des rivières et sur les hauts-plateaux du désert, vivant de leurs récoltes et de leur artisanat. D’autres, de langue Athapaskan, les Navajos, Chiricahuas, Mescaleros et Apaches Jicarilla, vivaient de la chasse et du troc avec les pueblos. Habiles chasseurs et guerriers, ils se firent les défenseurs des terres des indiens d’Arizona contre les mexicains, les colons, le chemin de fer et l’armée américaine… Les Navajos et Apaches se sont battus sans répit jusqu’à leur défaite inévitable; en 1864 pour les Navajos face à la troupe de Kit Carson, en 1870 pour les Apaches vaincus par le général Crook. Cantonnés dans des réserves (où l’on mourait de froid et de faim), et sans cesse déplacés, certains Apaches se rebellèrent.
La fuite de Géronimo…
Trois ans après la mort de Cochise – grand chef Chiricahua apache- qui avait réussi à négocier pour son peuple une réserve dans le sud-est de l’Arizona, les Chiricahuas sous les ordres de Geronimo et Victorio fuirent la vie en réserve sur les terres arides de San Carlos pour le Nouveau-Mexique. Ils furent arrêtés et replacés à San Carlos. Victorio organisa en 1879 une surprenante guérilla, qui dura plus d’un an, avec l’aide des Chiricahuas, Mescalero et quelques Comanches mais échoua. Il fut tué le 15 octobre 1888 et ses cavaliers faits prisonniers. Géronimo, ses trois cent cinquante hommes et Naiche, le fils de Cochise, furent poursuivis jusqu’au Mexique puis dans le désert de Sonora et Chihuahua (après un bref retour dans la réserve des White Mountains). Le 4 Septembre 1886, Géronimo fut finalement cerné, pour la quatrième et dernière fois, dans le Skeleton Canyon et fut déporté avec sa troupe de chiricahuas en Floride. Beaucoup moururent de la malaria en prison mais certains furent ensuite déportés en Oklahoma à Fort Sill et y installèrent quelques « villages ». Géronimo devint fermier à la fin de ses jours. En 1913, ses hommes eurent le choix entre un territoire privé en Oklahoma et partager la réserve des Mescaleros au Nouveau-Mexique et ainsi après 30 ans, les 271 Chiricahuas survivants retrouvèrent les montagnes du sud-ouest. « Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu’il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné nous ait créés. Il a donné vie à toute une variété d’espèces d’hommes. Ainsi, pour chaque espèce créée, il désigna un pays particulier. Lorsque Yoséné créa les Apaches, il leur donna un pays qui se situe à l’ouest. Pour nourriture, il leur remit des graines, des fruits et du gibier. Afin de soigner les différentes maladies, il fît croître une multitude de plantes médicinales. Puis il leur enseigna où trouver ces plantes et comment les préparer. Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s’abriter…Cela eut lieu au tout début de la création : car Yoséné créa simultanément le peuple apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s’ écoulera-t-il pour que l’on dise qu’il n’y a plus d’Apaches? »
Goyathlay dit Géronimo, Apache Chiricahua.
7° – Dalva, la créature de Jim…
« Dans mon brouillard, j’ai lu Arizona » Viva Calexico, Mustango
« De retour au camp, j’ai empilé le bois, puis retiré mes vêtements avant de m’asseoir sur le lit de camp pour regarder la nuit descendre sur les montagnes. Le Cabeza Prieta, immense région située juste au-dessus de la frontière entre le Mexique et l’Arizona, est à la fois un parc où les espèces sauvages sont protégées et un champ de tir de l’aviation américaine, ce qui constitue sans doute un message ambigu aux yeux des créatures du désert. J’avais déjà renoncé à m’inquiéter de tels problèmes. A moins d’un mile de la cachette du lit de camp, nous avions trouvé un sentier vieux de plus de mille ans, couvert ça et là de fragments de poterie qui provenaient d’antiques pots à eau, et de l’éclat plus brillant des coquillages marins. Les indiens Hohokams, une tribu qui a disparu voici un millénaire, empruntaient ce sentier pour aller dans le sud, de la rivière Gila à la mer de Cortez afin d’y ramasser des coquillages pour leurs bijoux.(…) Maintenant l’obscurité me semblait pas tant descendre qu’engloutir lentement les montagnes à partir de leur base, comme si la terre elle-même diffusait les ténèbres. J’ai frissonné très légèrement de peur en entendant le premier appel de l’effraie qui vit dans les trous qu’elle creuse à l’intérieur du cactus saguaro. J’avais déjà campé là plusieurs fois, et toujours ce frisson me saisissait quand je ressentais l’immense étrangeté du paysage. Je n’avais jamais rencontré personne ici. Les éléments qui constituaient mon moi étaient livrés au désert, au quartier de lune et aux constellations de l’été qui apparaissaient lentement dans le ciel ».
Dalva, Jim Harrison, 1987, éd. Christian Bourgois 1989, traduit par Brice Matthieussent.
Dalva aimait se retirer dans le désert d’Arizona. elle y séjourna plusieurs fois, chez son oncle, géologue. Ils marchaient ou galopaient de longues heures dans le désert et l’oncle Paul lui enseignait la botanique et la vie..
Les O’Odham du désert de Sonora
Dans le désert de Sonora, à Tucson prés de la frontière du Mexique, brûlant et sec en été, glacial et sec en hiver, vivent les indiens Tohono O’odham. Tirant profit de ce milieu hostile, ils ont appris à se nourrir des fruits des cacti et notamment du cactus saguaro (en forme de chandelier) dont il faisait aussi du sirop utilisé pour les cérémonies religieuses avec le peyotl, qui pousse sous-terre dans le désert. Ils chassaient les quelques animaux du désert et des montagnes, moutons, chevreuils, lapins, oies sauvages. Ils étaient fermiers et par la construction de canaux d’irrigation partant de la Gila River, ont réussi à cultiver du maïs, des haricots et des oranges. Véritables paysans, les O’odham et Pimas, colonisés – en échange de graines et d’animaux domestiques -, nourrirent l’armée américaine lors de la guerre contre le Mexique. A partir de 1860, les colons mexicains ou américains détournèrent les cours d’eau et s’approprièrent l’eau des Pimas en construisant des digues. Vers 1870, les O’odham vendaient et échangeaient des millions de livres de céréales et les champs pima constituaient le garde-manger de l’Arizona. Mais l’eau venant à manquer; en 1895, le gouvernement imposa le rationnement aux O’odham, qui mouraient déjà de faim… Des quatre vingt-cinq mille villages pueblos (indiens sédentaires de cette région) originels, il n’en reste aujourd’hui que dix-neuf, dont les six autonomes de la réserve des Laguna Pueblos (prés des rives du Rio Grande)
8° – Des mustangs et des bisons
Selon la légende c’est l’Aigle qui sauva la seule survivante du déluge originel, l’épousa et eut avec elle deux jumeaux, devenus le père et la mère de la nation sioux. Une autre légende raconte que le peuple Lakota est né grâce au bison qui accueillit comme un frère le caillot-de-sang qui pleurait de faim et de froid dans la prairie, lui donnant sa peau pour en faire des tipis, et sa chair pour qu’il s’en nourrisse. « Toute sorte d’oiseaux chanteurs et de faucons, de centrocerques et de tétras à queue fuselée voletaient devant eux et se sont mis à me filer sous le nez; quand les bisons sont arrivés à un mile de moi, j’ai senti le sol tremblé sous mes pieds. Alors seulement j’ai songé que j’étais sur leur chemin au sommet de cette colline déboisée, si bien que j’ai rangé ma longue-vue et pris mes jambes à mon cou en direction de mon camp, abasourdi de me faire dépasser par des cerfs et des antilopes affolés.(…) De la cime de l’arbre, ma vue s’étendait par-dessus la berge de la rivière et j’ai regardé les bisons envahir ma colline puis obliquer vers le sud, défilant sans discontinuer pendant plus d’une demi-heure sous mes yeux effarés «
Dalva, Jim Harrison
« Qu’est-ce que la vie?
C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit.
C’est le souffle d’un bison en hiver.
C’est la petite ombre qui court dans l’herbe
et se perd au coucher du soleil ».
Crowfoot, chef Blackfeet (1821-1890)
Le bison se distingue du boeuf par le très grand développement relatif de la tête et de l’avant-train. Ses troupeaux abondaient en Europe à l’époque préhistorique, mais le dernier troupeau des forêts polonaises a disparu au cours de la Seconde Guerre mondiale. L’espèce américaine, buffalo, a été systématiquement détruite en vue d’affamer les indiens. « Mon cheval, pauvre hère, n’a plus voulu avancer un peu avant Yankton, et j’ai été secouru par une famille de ramasseurs d’os de bisons, qui gagnait neuf dollars par tonne d’os.(…) Ils avaient été chassés du Kansas par des brigands qui, m’ont-ils dit, ramassaient cinq mille tonnes d’os de bisons chaque été. Ces bandits abattaient les Comanches à vue de peur d’être eux-mêmes assassinés dans leur sommeil.(…) Il est intéressant de noter qu’en une quinzaine d’années, jusqu’en 1883, environ vingt mille chasseurs de bisons ont exterminé entre cinq et sept millions de ces animaux, soit presque toute la population du continent. En 1883 Sitting Bull a organisé le massacre du dernier troupeau d’un million de bisons par mille valeureux Sioux pour empêcher les Blancs de faire main basse sur ces derniers représentants de la race. »
Dalva, Jim Harrison, 1987, éd. Christian Bourgois 1989.
9° – Paroles indiennes…
« Laissez-nous vivre dans la paix et l’harmonie, afin que nous puissions maintenir l’équilibre de la Terre et de toute vie. Seules la prière et la méditation peuvent accomplir cela. » Thomas Banyacya, Hopi
« L’homme croit quelquefois qu’il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être régisseur. L’homme n’a ni pouvoir ni privilèges, seulement des responsabilités. »
Oren Lyons, Iroquois onondaga.
« Quand nous, les enfants, devenions trop turbulents, quand nous creusions des trous partout, arrachions les herbes, les anciens se mettaient en colère. Ils nous disaient Baa-nah, baa-nah - »ça suffit, laissez la terre en paix « -. Cela signifiait que les choses n’ont nul besoin de changer l’ordre du monde, de le bouleverser. Il ne nous serait jamais venu à l’idée de tuer une grenouille ou d’agacer un insecte, une mouche, une fourmi, un serpent. Pour nous, être humains, ces créatures sont des messagers, des esprits bienveillants. Ce respect, profondément ancré dans notre culture, s’étendait aux rochers, à la poussière, à l’eau. C’est ainsi que j’ai appris à voir le monde. (…) » Leslie Silko, Laguna Pueblo.
« Un jour dans les collines du Nebraska, je suis resté assis sur une butte pendant tout un après-midi d’été pour identifier, à l’aide du livre de Van Bruggen intitulé « Fleurs sauvages, herbes et autres plantes des Plaines du nord des Black Hills », l’ensemble des herbes et des plantes passant autour de moi. Je me suis aussi endormi et j’ai vu Crazy Horse, qui m’a aidé à rêver l’héroïne de mon roman encore en gestation, « Dalva ». Je me suis réveillé convaincu comme tant de fois auparavant que tout est lié (…) ».
Jim Harrison, Avril 1999.
« (…) Il faut du temps et de la patience pour comprendre ce que les plantes et les animaux nous disent. La Terre est indivisible. Nous en sommes les gardiens, pour la transmettre intacte aux générations à venir. Elle ne nous appartient pas, c’est nous qui lui appartenons. Pour cela nous avons résisté longtemps et nous avons combattu quand on a voulu nous mettre dans des réserves et faire de nous des fermiers. Le destin m’a jeté dans l’homme blanc. Il a fait de moi une créature de l’ère nucléaire. Le respect de la tradition qui nous unit à la terre, je le dispense à mon peuple, mais aussi aux hommes de pays plus lointains. J’ai voyagé en Europe, en Asie. L’horizon de mon père, c’était la réserve, le mien englobe le monde entier ».
Archie Fire Lame Deer, Homme médecine Lakota.
« - On ne peut pas demander au désert d’incarner une liberté qu’on a pas d’abord organisée soi-même dans sa chambre à coucher ou dans son salon.(…) Nous détruisons le monde sauvage chaque fois que nous voulons lui faire incarner autre chose que lui-même, car cette autre chose risque toujours de se démoder. (…) Quand on voit le désert pour la première fois – et je crois que c’est vrai pour n’importe quelle région sauvage -, ça n’est qu’un désert. Puis on se met à l’étudier, à marcher, à camper dans le désert pendant des années, ce que nous avons fait tous les deux; alors, comme tu l’as dit il devient insondable, mystérieux, stupéfiant, plein de fantômes et de mirages, au point que l’on entend les voix de ceux qui y ont vécu quand on examine le moindre dessin ou fragment de poterie. Il faut ensuite laisser le désert redevenir le désert, sinon c’est l’aveuglement qui nous guette. (…) Mais chaque fois que nous demandons aux lieux d’être autre-chose qu’eux-mêmes, nous manifestons le mépris que nous avons pour eux. Nous les enterrons sous des couches successives de sentiments, puis, d’une manière ou d’une autre, nous les enterrons jusqu’à ce que mort s’en suive. Je peux réduire à néant tant le désert que le musée d’art moderne de New-York, les écrasant sous tout un monceau d’associations qui me rendront aveugle à la flore et aux tableaux. D’habitude les enfants trouvent plus facilement que nous des champignons ou des pointes de flèche, pour cette simple raison qu’ils projettent moins de choses sur le paysage ». Dalva, Jim Harrison, 1987.
C – Visions sacrées en Auvergne …
1° – Les bergers compteurs d’étoiles, les buronniers
En Avril, avec l’arrivée du printemps, les bergers montaient les troupeaux sur les prairies d’altitude, à l’estive, où ils les gardaient jusqu’à l’arrivée des premières neiges à l’automne. Ces bergers, « compteurs d’étoiles » (suivant l’expression de Jean Anglars, écrivain auvergnat) surveillaient les bêtes, attentifs aux moindres signes de la nature, et trompaient leur solitude la nuit en observant la voûte céleste. « Aujourd’hui encore quand les nuits sont belles, je vais faire quelques pas dans un chemin creux pour voir si elles sont toujours au rendez-vous dans le ciel sombre et j’ai toujours eu une conversation intime avec ce spectacle, chaque fois nouveau par son mystère impressionnant… Le chemin d’une autre vie… Loin de mes monts les nuits n’ont plus d’étoiles »
Louis Amargier, ancien buronnier.
… des trous dans la montagne ou des burons?
Pourquoi ces trous dans les prairies, ces tas de pierre à moitié pris dans les pentes des montagnes d’Auvergne? Ce sont les vestiges des abris des bergers à l’estive, les caves des fermiers montagnards.
« Après une heure de marche, j’ aperçus à l’horizon une grosse taupinière, quelque chose comme un toit de grange posé à terre. C’était le « trat », le « masut », le buron, une hutte comme il devait s’en bâtir à l’âge de pierre ».
Au tout début, les gardiens de troupeaux de moutons s’abritaient dans des cabanes précaires de paille mais au XIIIe siècle avec l’arrivée des vaches, les bergers sont obligés de construire des abris plus résistants car il n’est pas question de redescendre dans la vallée pour vendre le lait. Il faut faire les fromages sur place et les garder dans une pièce fraîche. Cette cave à fromage est directement creusée dans la terre, recouverte d’un toit en mottes d’herbe. Juste une petite pièce devant la cave sans fenêtre pour sauvegarder la fraîcheur, un peu de paille en guise de lit, sans doute une table et tous les récipients (baratte, gerle, selle, etc.) pour faire le beurre et le fromage.
Avec la multiplication des troupeaux de vaches au XVIIe siècle et le développement du commerce des fromages, certains prennent l’initiative de construire les burons en pierres sèches avec une voûte fermée pour la cave (comme les premières églises chrétiennes). C’est à cette époque qu’apparaît le nom de « buron » (du germanique « Bûr », hutte, cabane) remplaçant « le chalet » ou « la fromagerie ». Tassés sur eux-mêmes, aux murs épais et recouverts de toits en pierre, les lauzes, ils se fondent toujours dans la montagne mais sont un peu plus grands avec une porcherie (pour les cochons élevés en liberté au petit lait) et une pièce séparée pour le buronnier qui dort avec les jeunes veaux, parfois à l’étage au dessus de la cave. Ces burons étaient appelés » bédélats » .Les burons se sont multipliés au XVIII et XIX e siècles. En 1950, il y en avait plus de mille sur les estives du Puy-de-Dôme et du Cantal, dont la plupart ont fonctionné jusqu’ en 1970. Aujourd’hui, une quinzaine sont encore en activité comme à Anglars-de-Salers, beaucoup sont en ruine abandonnés aux herbes folles mais un regain d’intérêt pour ces bâtisses rustiques pousse à la restauration de certains, souvent reconvertis en gîte de randonnée.
2° – Le trésor de la Roche Vendeix
Le Brenoï aimait chercher le trésor d’ Aymerigot tout en ramassant des framboises avec sa grand-mère au pied de la Roche Vendeix. Longtemps il voulut prendre pour nom d’artiste Aymerigot Marchès, mais face à la désapprobation générale il choisit finalement le nom du Roi des Chevaliers, Murat.
… Aymerigot Marchès
Aymerigot Marchès est né en 1350 dans un château du Limousin. Très jeune il se distingue par sa ruse et son intelligence et prend la tête d’une bande de « routiers pillards », qui sévit dans le Cantal et à Saint-Nectaire. Cherchant un repaire sûr, il s’empare du château de Vendeix, le fortifie et se sacre « roi des pillards » en faisant règner la terreur sur toute la région.
« Nous étions gouvernés et étoffés comme rois et quand nous chevauchions tout le monde tremblait devant nous. Tout était nôtre allant et retournant. » Les habitants du Mont-Dore et des environs étaient dans l’obligation de fournir au château la farine, le pain, les meilleurs boeufs et volailles. Las de cette domination, ils demandèrent aide à Charles VI, qui leur envoya un capitaine, Robert de Béthune, accompagné de deux cents lances. Les chevaliers d’Auvergne et de Limousin vinrent en renfort pour assiéger le château, à quatre cents lances et cent vingt arbalétriers. Aymerigot Marchès après neuf semaines de siège, décida d’aller recruter de nouvelles troupes. Il partit avec sa femme. Il confia le château à un oncle, Guiot d’Ussel. Peu de temps après, celui-ci est fait prisonnier et le château tombe entre les mains des troupes royales. Aymerigot, réfugié chez un de ses cousins, fut livré par celui-ci pour sept mille écus. Transféré à Paris, il fut tourné au pilori, décapité et écartelé le 13 juillet 1391.
… un trésor enfoui à Vendeix…
Lors de son interrogatoire, Aymerigot aurait révélé sous la torture avoir enfoui son trésor composé de 5000 à 6000 écus d’or et de marcs d’argent, coupes, écuelles… prés du ruisseau de Vendeix… Ce trésor n’aurait jamais été retrouvé. Quand le château fut repris par les troupes royales, ce fut une réjouissance dans toute la contrée et les paysans du Mont-Dore et d’ailleurs, s’acharnèrent sur le château à le « désemparer, rompre et briser tant et si bien qu’il n’en reste pierre sur pierre ».
3° – Le cheval d’Auvergne …
Considéré très généralement comme ayant disparu, le cheval d’Auvergne existe toujours!
Les chevaux d’ Auvergne se caractérisent par leur robe baie, cerise ou brûlée, leur beau port de tête, les petites oreilles très mobiles, l’oeil vif en amande, les longs poils noirs ondulés de la crinière. « Cheval auvergnat d’antan, le cheval montagnard au pied si sûr, vif, énergique sobre, rustique… » Gallier.
« Type montagnard léger au tempérament robuste, de taille moyenne et ne dépassant pas 1m60… » Directeur des Haras d’ Aurillac en 1932.
Du Nord au Sud du Massif Central, la race d’Auvergne présente aujourd’hui une étonnante homogénéité de morphologie, de psychologie, d’expression. Ceci caractérise indéniablement la fixation de gênes dominants, résistants aux différents croisements (pur sang anglo-arabe, demi-sang du midi ou normand, lourds comtois ardennais ou bretons…) Aujourd’hui l’Association pour la sauvegarde et la relance du cheval d’Auvergne cherche la reconnaissance officielle de la race auvergnate en tant qu’antique race équine locale menacée. Les membres de l’Association ont réussi à établir une première version d’un standard de la race.
modèle : postier léger
type : chanfrein rectiligne (plutôt concave) médioligne.
taille : 1.45 / 1.55 m
poids : 500 / 550 kg
robe : baie à baie foncé, extrémités noires sans marques importantes, balzanes haut chaussées et listes exclues. Poils fins, crinière simple ou partagée, légèrement ondulée, queue très fournie, fanons fournis.
tête : petite, courte, expressive. Oreilles petites et mobiles, oeil en amande, avec arcades sourcilières saillantes.
corps : Encolure légèrement ronde, épaule, plutôt droite. Garrot un peu noyé. Côtes rondes, poitrail ouvert, poitrine descendue, rein court et bien attaché. Croupe légèrement basculée mais non rabattue. membres : très sains, canons courts. Jarrets secs souvent un peu clos. Beaux pieds ronds bien proportionnés à la masse.
caractère : vif et généreux, bon porteur, sociable
tempérament : rustique, facile d’entretien
4° – La Dent de la Rancune
Dressée au coeur de la vallée de Chaudefour, au pied du Sancy, cette Dent de la Rancune est un dyke, c’est-à-dire un mur de lave, vieux de trois cent mille ans. Il s’est édifié lors de l’éruption originelle, le long d’une cassure. Erodée par les siècles, la Dent de la Rancune est aujourd’hui haute de 100 mètre
5° – La Vallée des Saints
La Vallée des Saints, à cinq kilomètres à l’ouest de Saint-Germain-Lembron, est un chef d’oeuvre de l’érosion, un « Colorado miniature » auvergnat. Vallée rouge et or, crevassée d’un rivière brune, le vent a découpé de curieuses colonnes et des visages cuivrés dans cette roche friable, d’oxyde de fer et d’argiles sableuses. Au lever et au couchant, on distingue des personnages sculptés naturellement dans les parois, qui atteignent plus de dix mètres de hauteur. Ils ressemblent à des moines médiévaux drapés dans leurs bures d’où la dénomination de vallée des Saints.
6° – Notre Dame d’Orcival
Notre-Dame d’Orcival est l’une des cinq prestigieuses églises auvergnates ,du début du XIIe siècle, avec Notre-Dame-du-Port, Saint-Austremoine d’Issoire, Saint-Nectaire et Saint-Saturnin, qui ont fait la renommée de l’Auvergne romane.
… son histoire
La mention d’un prieuré de la Chaise-Dieu à Orcival, simple administration des terres que l’abbaye possédait en ce lieu, apparaît en 1166. En revanche, l’abbaye de la Chaise-Dieu n’est pas fondatrice de l’église, puisqu’elle en accepte la donation partielle en 1166 par le comte d’Auvergne, Guillaume VII, et son vassal Mathieu. L’édification est donc plus sûrement dûe aux comtes d’Auvergne associés au puissant évêque de Clermont, et peut-être aussi à quelques vassaux. Les raisons de cette construction sont liées à la possession de reliques et à un pèlerinage à la Vierge au succès grandissant. L’évidente homogénéité de l’édifice dénote un chantier mené rapidement, c’est-à-dire entre le début du XIIe siècle et la date de la donation, 1166. Le clocher, dernier élément de la construction, date vraisemblablement, d’après son style, de la fin du XIIe siècle. Peu de transformations sont intervenues sur le bâtiment au cours des siècles. Les principales ont touché la flèche du clocher, endommagée à deux reprises au XVe siècle par des tremblements de terre, et la toiture, recouverte avant le XVIe siècle de tuiles qui ont été remplacées par des lauzes, à la suite d’un incendie. Le décor intérieur était, quant à lui, plus conséquent qu’aujourd’hui; outre un badigeon (clair et ocre rouge) sur les murs, les piles, les colonnes et les chapiteaux, vraisemblablement présent dès l’origine et dont il reste quelques traces, de nombreux ornements avaient été ajoutés, en particulier au XVIIe siècle : tapisseries habillant le rond-point du choeur, objets d’orfèvrerie, ex-voto, … La plupart ont disparu à la Révolution. La présence de reliques de la Vierge à Orcival, arrivées de Pont-l’Abbé dès la fin du IXe siècle très probablement, a conduit à l’émergence d’un pèlerinage, dont l’importance grandissante au XIIIe siècle a contribué à la fondation d’un chapitre.
… la Vierge d’Orcival
La Vierge d’Orcival est une Vierge en majesté, datée vers 1170, classée au titre des Monuments Historiques en 1897. La restauration de 1959 a montré que la statue est faite d’une âme en bois de noyer recouverte de plaques d’argent en partie doré travaillées au repoussé et ciselées. Le visage a conservé la peinture au naturel d’origine. La main droite de la Vierge est du XVIIe siècle, la gauche est plus tardive. La dentelle du poignet droit en argent porte le poinçon de François Cellier, orfèvre clermontois du XVIIIe siècle (1745-1785).
7° – L’ école de Murol
A partir des années 1910, le Massif du Sancy commence à être fréquenté par un nombre croissant de paysagistes venus de tous les horizons et pratiquant généralement une peinture marquée par l’impressionnisme. Ce mouvement diffus va rapidement se concentrer sur le site de Murol, se reconnaître des chefs de file: Victor Charreton, le « maître » de cette école, l’incontournable abbé Boudal de Murol, son instigateur, le jeune Terlikowski, son ambassadeur à l’étranger… Bientôt le bruit court qu’il y a en Auvergne un lieu où les artistes se retrouvent et peignent ensemble : arrivent d’autres peintres …
C’est à l’Hôtel de la Poste de Murol que se rassemblaient ces artistes; il semble que tous aimaient représenter le village et ses ruelles dominées par la silhouette du château, mais ils fréquentaient aussi activement les hameaux environnants, aux toits de chaume, encore nombreux: Jassat, Le Saillant, Groire, Les Ballats, La Chassagne… Ces villages et la nature étaient leurs sujets privilégiés et nombreux sont les paysages de montagne qu’ils ont peints, de préférence enneigés, suivant les conseils techniques du « maître » Charreton qui avait un goût particulier pour la neige. L’abbé Léon Boudal, passe à Murol l’essentiel de son engagement religieux de 1890 à 1934. Très dévoué à ses paroissiens, il tient aussi porte ouverte aux visiteurs et particulièrement aux artistes. Il peint, essentiellement des paysages, et regrettant de ne pas avoir eu de formation artistique dans sa jeunesse, accueille chaleureusement les peintres dans son village, les mettant en contact les uns avec les autres. C’est lui qui est à l’origine de cette « école ».
« Murol, au point de vue climat, paysage, vieux hameaux, torrent et flore, réunissait le tout en quelques kilomètres carrés. Il avait, entre autres, l’avantage d’avoir un peintre. Le curé, l’abbé Boudal, se livrait en effet à l’art du paysage, et, tous savent aujourd’hui ce qu’il faut penser de son talent. Un centre pictural existait donc en Auvergne. Il fallait le lancer, et pour cela la présence d’un maître était nécessaire. Victor Charreton vint y peindre. Il fut émerveillé. La réputation de Murol était faite. A chaque saison, mais particulièrement en hiver, Charreton s’installait au pied du Tartaret et brossait les innombrables et chatoyants paysages que nous admirons depuis quelques années. Les condisciples ne tardèrent pas à affluer. (…)Déjà, une vingtaine de peintres fréquentent assidûment ce beau pays et c’est un plaisir pour les amateurs que de voir réunis, le soir, après une journée de courses dans la neige et de travail en plein air, autour de Victor Charreton, le meilleur peintre clermontois JM Pérouse, l’excellent aquarelliste Rey, sans compter MM. Charles Bouthéon, Moinier et d’autres peintres épris des beautés de la nature. Murol a également vu cet été, Fonfreide, Deverin, Bernard Toublanc, Voulavitch et quelques autres.Sa vogue ne fait que commencer, les paysages exposés à Paris ne font que tenter les artistes et nous ne doutons pas que dans les années à venir, non plus Murol, mais toute sa région, soit sillonnée par des artistes de chez nous et du dehors, pour le plus grand bien de l’art et de notre beau pays, l’Auvergne! ».
article d’Alfreyd Montagne Ené de Piro dans La Montagne, du 18 février 1921.
8° – Sur le plateau du Mézenc, les morts sur le toit…
… le Mézenc
Il y a trois cent millions d’années, toute la région se soulevait, formant une chaîne de montagnes aussi hautes que les Alpes. L’érosion en a effacé la plus grande part mais le mont Mézenc culmine toujours à 1753 mètres. Cette région compte cent quatre-vingts jours de gelée par an et, même en août, il arrive que la neige fasse un apparition…
… les morts sur le toit
Dans ce haut-lieu des frimas et des congères, avant l’invention de la chenille des neiges (de l’abbé Bruchet, curé de Chaudeyrolles), la neige obstruait définitivement les chemins pour l’hiver. Ainsi dans les bourgades seules, trop éloignées des cimetières, on se résignait à placer les morts sur le toit de lauze. Dans les mas isolés, il n’y avait pas d’autre alternative. De vieux textes rapportent qu’ on enveloppait le défunt dans « un sac de toile épaisse ». Hissée sur la toiture, cette enveloppe assurait la congélation du corps. Quand la neige avait fondu, la bière arrivait et le suaire descendait du toit. On mettait un second drap mortuaire sur le mort, et l’on s’efforçait de briser la glace dans le cimetière pour creuser une tombe (les familles profitaient de la moindre amélioration des conditions atmosphériques sans attendre le dégel). Rapportée par le chroniqueur Forez le 28 décembre 1976, cette coutume, « imposée par la nécessité » n’est pas particulière au département de la Haute-Loire ou à la Haute Ardèche, elle se « rencontre aussi dans les Alpes et au Canada ».
9° - Visions d’Auvergne…
« Vieille Auvergne, je voudrais poser la joue contre ta peau de gazon et de bruyère rase. Ce coeur à gros coups contre ta poitrine déjà chaude, là où elle bombe seule au plus haut sous le ciel, montagne du matin, grande montagne de la force naïve »
Henri Pourrat, Le Mauvais Garçon, Gallimard.
Les vaches de Salers
Loin des hameaux perdus au vague des campagnes,
Pelage pourpre, corne aiguë, agilité
De chèvres, mufle au vent, ivres de liberté,
Les vaches de Salers qu’un chien maigre accompagne,
Des gorges de la Cère aux plaines de Limagne,
Broutant l’herbe salubre avec tranquillité,
De la dernière neige à la mort de l’été,
Les vaches de Salers vivent sur les montagnes.
(…)
C. Gandilhon Gens-d’armes Poèmes Arvernes, éd.U.S.H.A 1927.
« (…) Il y a chez le boeuf une nostalgie profonde. Il regarde l’homme d’un oeil triste; une bave d’argent lui pend de chaque côté de la bouche; et, tout à coup, il se met à meugler. C’est un cri qui sort du sous-sol, c’est un écho dans une caverne, c’est un brouhaha médiéval. Le rhinocéros baréte, le faubourien grasseye, le sanglier, assure-t-on, roume, le verre tinte, l’étourneau pisote. Le boeuf meugle, c’est tout autre chose. On dirait le soupir d’un pécheur au fond d’une cathédrale gothique. C’est un effroi du XIIème siècle, c’est un fracas préhistorique qui vient du fond des âges et du bout de la prairie : la nuit des temps qui chante le « Requiem » de Padirac. On ne sait pas ce que le boeuf regrette par ce remue-ménage helvétique. Est-ce la prairie natale? L’épouse qu’il n’a pas eue ? C’est un veuf éternel, c’est un frère, c’est un oncle. A d’autres la joie d’être père. (…) Le boeuf éprouve la tristesse physique des membres utiles à la société. C’est une tristesse qui leur vient dont ne sait où, de la nuit des temps, de l’espèce, de la prairie, de quelque effarement ancestral, d’un grand-père buffle qui avait vu Buffalo Bill. Il y a trop de boîtes de corned beef dans les vitrines. C’est le cri de l’espèce qui passe soudain dans le corps du boeuf comme dans une cathédrale gothique, et qui en appelle, comme la voix de l’orgue, à des pâturages éternels. » Alexandre Vialatte, Almanach des Quatre Saisons .
« Parfois, placide et lent en son rugueux harnais
A gaufrures, pareil à du cuir de Cordoue,
Lippu, le ventre obèse et le mufle à bajoues,
S’y promène un bon vieux crapaud que je connais.
Sur les arbres fruitiers aux branches décrépites
Que la douce tiédeur de juin a rajeunis.
La brise mollement berce de joyeux nids
Où maint groupe d’oiseaux, encor tout nus palpite.
(…)
Un rosier à l’épais feuillage retombant,
Où pinsons et moineaux se vont percher en foule,
Masque la vétestuté du pauvre mur qui croule
et c’est là que les miens s’asseyaient sur un banc. »
A. Vernemouze Edition de la Revue des Poètes.
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Voilà qui nous apprend beaucoup sur la création de l’album « Mustango …
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Ci dessous des images d’archives des sites qui vont prendre les couleurs des albums qui vont se succéder :
… 2001 … Madame Deshoulières …
… 2002 … Le Moujik …
… 2003 … LILITH …
… 2005/2006 … MOCKBA – 1829 – 1451 …
… Site LABELS 2006 …
… Site LABELS 2006 suite …
… Site LABELS 2006 suite …
Les deux pages web « Labels » me semblent intéresantes puisqu’y sont listés les clips officiels.
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Te garder près de moi
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L’ange déchu
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Col de la Croix Morand
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Le lien défait
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Cours dire aux hommes faibles
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Sentiment nouveau
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Par mégarde
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Le matelot
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Le monde caressant
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Tout est dit
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Saint-Ex
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Le train bleu
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Fort Alamo
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A quoi tu rêves
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Au Mont Sans Souci
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Jim
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Le cri du papillon
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Mashpotétisés
… 2006 … TAORMINA …
Il me manque l’année 2004 avec « A bird on a poire » et « Parfum d’acacia au jardin ».
Je n’ai pas eu la chance de connaître cette période « internet » … excusez et surtout, rectifiez les erreurs que j’aurais pu commettre.
La fin du site web … Pourquoi ??? La réponse MURAT la donne à Véronique MORTAIGNE le 31 mars 2003 dans un article parue au « Monde » : « J’ai arrêté, car il y avait trop d’ingratitude, trop peu de retours ». C’est incroyable !!!
Avant de fermer cette page, j’ai le plaisir de vous offrir trois dessins du Brenoï découverts sur ce qu’il reste du site (jlm.com) à la date du 5 août 2002 … Les titres attribués sont ceux de mon imaginaire …
Arlequin … Murat …
Monsieur et Madame …
Tête de chien …
Ci dessous le chemin du nouveau dictionnaire « Muratien » …
il y a de quoi regretter de n’avoir pas eu internet plus tôt!
Comme tu as raison Armelle …
Dernière publication sur : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...
C’est juste un pur plaisir que de pouvoir modestement contribuer à ce blog formidable…non le mot n’est pas trop fort !
Je n’aurai qu’un seul mot pour toi mon cher Didier : Respect.
le sujet s’est enrichi… et j’ai encore plus de regrets d’arriver trop tard pour pouvoir communiquer par ce biais avec notre Jean-Louis! merci à MDP pour l’aide qu’il t’a apporté.
d’après ce que je vois là, j’ai de quoi être fière d’être du signe du boeuf dans l’astrologie asiatique…
et j’espère que Jean-Louis et Laure viennent visiter ton blog…
…tu viens de combler une bonne partie de ma frustration de ne jamais avoir connu aussi cette période muratienne…Bien à toi , cher Didier.