- 2 – Jean Louis MURAT … chanteur … poète … paysan … Pourquoi j’aime cet artiste ???
La question peut paraître provocante … elle ne l’est aucunement.
BERGHEAUD Jean Louis naît le 28 Janvier 1952 à La Bourboule. Son père est menuisier je crois, sa mère couturière. Qu’importe le métier, ce qui est essentiel c’est l’origine modeste de la famille. Lorsque vous êtes issu de “ce milieu” ce qui est mon cas également, vous en conservez toujours une sorte de “complexe” permanent qui va vous coller à la peau toute votre vie durant.
Ceci peut expliquer bien des comportements …
Le couple BERGHEAUD se sépare. Jean Louis est confié à la garde de ses grands parents paysans à Murat le Quaire.
Je ne connais pas les détails de cette vie à la campagne, dans ce pays de montagne. La vie de tous les jours est très certainement rythmée par le travail des champs, la traite des vaches … Autant de choses que j’ai connues dans ce pays de Bretagne balayé par les vents. Ce qu’a vécu le petit BERGHEAUD, je l’ai vécu aussi. C’est pourquoi, au lieu de vous parler de ce que je ne connais pas … pour vous parler de Murat enfant, je vais vous parler de l’enfant que j’étais …
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“Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants.
(Mais peu d’entre elles s’en souviennent)”…
ANTOINE DE ST EXUPERY
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Cette histoire … mon histoire, commence le 8 avril 1954 … c’est l’histoire d’un petit garçon anonyme que tout prédestine à vivre dans l’anonymat (ce qu’il fit d’ailleurs).
Né d’un père et d’une mère paysans, je suis venu sur terre comme la plupart des enfants de cette époque, à la ferme, en présence du médecin de famille. Le destin sans doute m’a flanqué d’un frère jumeau. En fait de jumeau, nous n’avons jamais eu que le nom. Tout nous différencie. Lequel de nous est né le premier ? Je ne sais. Ma mère ne me l’a jamais dit, mon père encore moins … Moi, je n’ai jamais demandé. Ceci préfigure le tableau d’une famille où le dialogue et le parler n’existent pas.
De cette époque et des premières années de ma vie, je ne garde que de vagues souvenirs. Nous vivons à la ferme de mon grand-père soit le père de ma mère : un homme fort et robuste, coureur de jupons, que j’ai profondément aimé. Ce grand-père s’est marié à deux reprises. Ma mère est un enfant du premier mariage. Au sortir de la guerre, cet aiëul qui a longtemps fait office de héros pour moi est un homme riche. Propriétaire d’une grosse ferme, il emploie plusieurs commis et bonnes. Les mauvaises langues disent qu’il “se fait” toutes les bonnes. J’ignore si cela est vrai. Je sais par contre qu’il aime la fête. Les jours de foire il part au marché avec son char à bancs et son cheval. Il n’en revient que le lendemain, lorsque l’animal veut bien ramener l’attelage à la maison. Je crois que ses deux femmes ont été malheureuses. C’est ce que j’ai toujours entendu dire dans ma famille et plus particulièrement dans la bouche de mon paternel lequel “déteste” cet homme plein de charme. Moi … je suis très fier de ce grand-père. “Petit”, j’en veux terriblement à mon père du peu de considération qu’il a pour mon parrain puisque je suis aussi son filleul. Il est vrai que tout les sépare. L’un est jovial, paillard, désinvolte, il aime rire et chanter. Il adore les femmes et ne s’en cache point. L’autre, mon père … est un homme droit, intelligent, travailleur. L’un s’est éteint doucement à plus de 85 ans, sans le sou, oublié des siens, mais après avoir largement profité de la vie et de ses plaisirs. Le second (mon père) est mort brusquement, à moins de 60 ans, fatigué, usé par le travail, sans avoir connu un seul jour de vacances. Ce père, que je n’ai jamais estimé à sa juste valeur, “nous a quittés” … riche. Non, ce n’est pas le mot approprié. Disons qu’il a laissé à l’ensemble de sa progéniture, un capital acquis à la seule force du poignet et à la sueur de son front. Ce modeste pactole, il était hors de question de le dilapider. Il ne pouvait qu’être légué à ses enfants. Ceux là même à qui, il n’a pas pris le temps de dire “JE T’AIME” de son vivant. Dans cette vie toute entière consacrée au travail, mon père n’aura pas été une exception. En effet, les paysans Bretons vivent pour la plupart chichement. Ils sont “fortunés” … le jour où ils décèdent. Cela aura été le cas de mon … PAPA ! Voila deux syllabes qu’enfant ou adolescent, je n’ai jamais prononcées. En une seule circonstance, (j’avais 33 ans), ce doux nom m’est sorti du ventre, du coeur, m’a effleuré les lèvres … Je me retrouvais face à mon père, lequel reposait sur son lit de mort. A cet instant et à présent que j’écris ces lignes, je m’aperçois que, sans tendresse, l’enfance n’est pas tout à fait l’enfance !
Mais revenons à mon grand-père. Plus il est détesté des miens et plus je l’admire. Souvent je vais dormir chez lui durant les vacances. J’y vais seul sans mon frère. En cette fin des années cinquante il troque sa carriole contre une voiture automobile. Ainsi, et cela n’est pas pour me déplaire, il se comporte comme un précurseur. Je ne me souviens plus de la marque. peu importe. Lorsqu’il part en voiture je l’accompagne de temps en temps. Je suis le seul dans la famille à bénéficier de ce privilège. S’il va au bistrot, je l’attends sans jamais m’impatienter. Il me paye une limonade … plus jamais je n’ai retrouvé le goût de la limonade que nous buvions à l’époque. Ce breuvage nous pique au fond de la gorge. Je donnerais n’importe quoi pour goûter à nouveau cette boisson de mon enfance. C’est toujours chez mon grand-père que nous mangeons du pain beurre avec de la confiture. Je suis même autorisé à tremper mes tartines dans le café au lait. C’est encore chez papy “Rozoz” (c’est comme ça que je l’appelle) que pour la première fois je vois les images de l’ORTF. En Bretagne il est de coutume d’accoler au prénom le nom du lieu dit ou réside l’intéressé. Mon grand père s’appelait donc … Jean “Rozoz” … L’un des plus proches voisins du papy est meunier de son état. J’aime me rendre au moulin. Je ne me lasse pas d’y contempler la roue à eau. Le fils du meunier est mon meilleur ami. Il le restera jusqu’à mes dix huit ans où la vie va définitivement nous séparer. En sa compagnie j’ai plaisir à me promener et à m’amuser dans l’antre de ce vieux moulin qui n’est qu’ombre, poussière de farine et toiles d’araignées. Cet endroit est magique. Plusieurs chouettes en ont fait leur repère. Des poulies grosses et petites se croisent, s’entrecroisent. Elles semblent aller dans tous les sens. Jour et nuit la maison du meunier résonne des craquements du moulin. Pour cause de non rentabilité le meunier est parti. La grande roue ne tourne plus. Le moulin s’est tu. L’ensemble a été racheté par un touriste Allemand !
J’ai toujours reproché à mon père les mauvais rapports qu’il a entretenus avec mon “héros” de papy. Ce que faisant, je fais preuve d’un parti pris qui ne se justifie pas. Partant de là, dès ma plus tendre enfance, toute possibilité de dialogue entre mes parents et moi se révèle difficile. Alors que je suis âgé de cinq ans, mon père se porte locataire d’une ferme située à dix kilomètres de celle du grand-père. Les images de ces années sont floues dans mon esprit. Je me souviens cependant d’une mare, bordée de peupliers, située à l’entrée de la cour de la ferme où nous allons désormais vivre. Je me souviens aussi des dernières bêtises commises avant de devoir quitter la maison où j’ai passé les cinq premières années de ma vie. Par dépit sans doute, je me rappelle avoir fait tomber dans l’auge de pierre désignée sous le nom breton de “crom” le bidon de lait laissé là à reposer pour la nuit. Le “crom”, de forme ronde, en granit blanc, sert à récupérer l’eau de pluie. Il est situé à l’angle de la cour, au sortir de la crèche des vaches. Celles-ci s’y désaltèrent. A cette époque, l’étable et plus particulièrement les bovins me font peur. Ma grand-mère, la seconde épouse de mon parrain est une femme soumise. C’est elle qui, matin et soir, aide le commis à traire les vaches. Ceci se fait à la main. Je revois encore ma mère ou ma grand mère s’asseoir sur le trépied de bois et tirer sur les mamelles des vaches pour en soutirer le lait, lequel sert à faire le beurre que l’on passe à la baratte. J’entends le bruit du filet de lait qui, du pie tombe dans le seau métallique. Cette musique résonne dans ma tête. Je reviens cinquante ans en arrière. Je vois la vache satisfaite d’avoir donné son lait qui me regarde. Je prends peur. Je retourne dans la cour. Les vaches n’aiment pas qu’on les dérange durant la traite. En présence d’inconnus elles donnent d’ailleurs moins de lait. Si je pars ainsi en courant c’est que je ne suis pas rassuré. Le beuglement des vaches me terrorise. Mais plus encore la masse de ces animaux m’impressionne. A voir ainsi ma mère ou ma grand-mère assises à même leurs pattes, je crains qu’elles ne reçoivent un coup de pied. Ceci arrive parfois. Mais le plus souvent ce sont des coups de queue qui leur sont infligés. En l’occurrence il s’agit de “gifles” fouettées qui n’en demeurent pas moins amicales, motivées par la présence sur le dos de l’animal de mouches envahissantes.
L’autre bêtise qui m’a été reprochée avant de devoir quitter cette ferme où j’ai appris à marcher, c’est d’avoir jeté dans le feu du poêle, la chemise appartenant à l’un des commis. Ce poêle à feu de bois sert à cuire les patates destinées à l’alimentation des cochons de la ferme. Il est situé dans une pièce sombre dénommée “le caï” … Pourquoi ce geste ? Je l’attribue à l’amertume d’avoir à déserter ce paradis. Mais, ce n’est sans doute là qu’une vue de l’esprit … celui d’un quinquagénaire se promenant dans son enfance. Il faut plus vraisemblablement n’y voir qu’une manifestation du caractère espiègle qui sera toujours le mien.
L’abattage du cochon avant la guerre 39 … dans les années 60 … le mode opératoire est identique … un évènement dans la famille … mon grand père est chef de cérémonie …
A l’âge de cinq ans donc, alors que j’émerge tout juste de la petite enfance, mon père rompt les liens avec sa belle famille. Il se met à son compte dans une ferme d’une quarantaine d’hectares dont il sera le locataire durant dix ans avant d’en devenir le propriétaire. Le déménagement s’effectue en tracteur. Le maigre mobilier de la famille est entreposé dans une charrette. Mon frère et moi avons pris place entre les chaises, la table, les lits et la vaisselle. Je me revois encore effectuant une entrée triomphale dans la cour qui va désormais résonner de nos cris d’enfants. Je suis partagé entre le chagrin du départ et le plaisir de découvrir un nouvel endroit, un nouveau monde. Sur ces terres couvertes de lande, propriété à l’époque d’un riche industriel de Pont-Aven, tout est à faire, à défricher. A partir de ce jour, la vie de mes parents ne sera que labeur. Tout l’argent de la famille, tout l’argent produit par la ferme servira, à nous nourrir, mais aussi, mais surtout, à améliorer l’outil de travail, je veux parler des champs, des bâtiments agricoles … Un sou mis de côté par mon père est un sou aussitôt réinvesti dans l’achat de terres nouvelles, d’un tracteur neuf ou d’une machine plus adaptée à l’agriculture moderne. Cette vie ne laisse aucune place aux loisirs. Le noël des enfants se borne à l’orange et à la tablette de chocolat. La tribu s’agrandit. Un petit frère vient nous rejoindre le jumeau et moi, puis un second, puis un troisième. Tout cela en un court laps de temps. A l’époque les moyens contraceptifs sont méconnus du plus grand nombre, à la campagne plus qu’ailleurs. Au bout du compte notre famille se composera de six enfants dont une seule fille. Bizarrement, je ne garde aucun souvenir des jeux qui sont les nôtres entre frères et soeur. La priorité étant le travail à la ferme, mon jumeau et moi, sommes expédiés chez une femme admirable : la mère de mon père … Jeanne. Cette adorable vieille dame aux cheveux blancs porte fièrement la coiffe du canton de Scaër. Ce choix est motivé par le fait qu’à proximité du domicile de la grand-mère se trouve une école maternelle. Mon frère et moi allons ainsi passer une année heureuse (de 5 à 6 ans) chez cette mamie “gâteaux”. Tous les jours de la semaine, le grand-père paternel, HENRI, un homme infiniment bon, se déplaçant toujours avec une canne et portant fièrement le chapeau breton, vient nous chercher au sortir de l’école. Au revers de la veste il arbore une montre d’argent qui sonne l’heure. Le soir venu, mon jumeau et moi, nous dormons dans le lit clos. Lorsque nous ne voulons pas fermer l’oeil, ma grand-mère vient nous voir et nous dit : ”ATTENTION, MADAME GASPARD VA PASSER !”. Nous avons, j’ai peur de Madame Gaspard ! Cette sorcière imaginaire n’existe que dans l’esprit de ma marraine. C’est elle en effet qui m’a tenu sur les fonds baptismaux. Aujourd’hui encore, alors que je me promène entre cinquante et soixante ans, j’ai toujours peur de Madame Gaspard … Il s’agit d’une douce peur, de celle que l’on s’invente, de celle qui vous aide à retrouver les jours heureux de votre enfance. Chaque fin de semaine, le vendredi soir je crois, nous rentrons non pas chez Jeanne mais à la maison. Pour cela, il nous faut couvrir le plus souvent à pied, les cinq à six kilomètres séparant l’école de la ferme familiale. Nous mettons plus d’une heure à parcourir cette route. En hiver il faut éviter les trous d’eau et la boue de ce chemin de campagne qui me rappelle ceux parcourus par Jacou le Croquant. Au printemps nous prenons notre temps. Les enfants des fermes environnantes nous accompagnent mon frère et moi. Notre plaisir favori est de chercher dans les haies, dans les arbres, des nids d’oiseaux. Quel plaisir d’en extraire les oeufs !!! Ceux de la fauvette sont “nos préférés” … Chacun d’entre nous a sa collection d’oeufs. Cela va de l’oeuf de grive, au merle, en passant par le chardonneret, le pinson, le geai … Plus tard, lorsque nous sommes à même de monter dans les arbres, les oeufs de pie et de corbeau font notre bonheur. Mais pour l’heure, le nid que nous avons le plus de fierté à découvrir et à dénicher malheureusement est celui du roitelet. Il s’agit d’une boule de mousse pas plus grosse qu’une main de bambin dissimulée dans les talus et les ajoncs d’or. Enfant, nous n’avons pas conscience du mal ainsi commis. Devenu adulte, j’ai conservé plaisir à cherché des nids dans les chemins creux de mon enfance, ceux préservés par le remembrement. Je me suis empressé d’expliquer à ma fille et mon fils la nécessité de protéger la nature … ne pas faire ce que nous faisions … détruire la vie … En effet, une fois sortis de leur nid, nous vidons les oeufs de leur substance. Pour cela, à l’aide d’une fine aiguille, nous perçons un trou à chaque extrémité de l’oeuf, nous soufflons dans l’orifice ainsi percé pour en vider le contenu. Cette manoeuvre effectuée, nous enfilons l’oeuf sur un fil fin, en prenant bien soin de ne pas casser le collier ainsi constitué. Parfois l’opération se révèle impossible. Il arrive en effet que l’oeuf soit couvé et prêt à éclore. Il nous faut tuer les oisillons. Nous le faisons sans remords. Avec le recul du temps, j’ai honte de tous ces nids dénichés. Il s’agit de plaisirs simples que les enfants d’aujourd’hui ne peuvent pas comprendre. A l’époque, la campagne, la nature, la pluie, le vent, la neige, la glace selon le cas sont autant de motifs à jouer, à rire, à courir … Les jouets de Noël n’ont jamais encombré ma chambre d’enfant.
Ce qu’il reste de l’église de Plascaër … lieu où ma grand-mère aimait à nous conduire, alors que déjà à l’époque (1960) la chapelle menaçait ruine …
Toujours au retour de l’école, je me souviens d’un épisode mémorable. celui d’un chat souvage découvert sur un talus non loin d’une masure rongée par les ronces et les herbes folles. Mon esprit malicieux, pervers peut-être, m’amène à enfouir l’animal ouvrant tout juste les yeux dans la culotte d’une écolière qui, comme nous, rentre à pied à la maison. Je me rappelle surtout de la fessée que m’administra la maman de cette petite fille, une femme au physique robuste, lorsqu’elle fut informée des faits.
La vie s’écoule ainsi paisiblement entre école, séjour chez les grands parents et retour à la maison. Je n’ai que six ans. A la fin de l’été soixante, sans que je le sache encore, s’achève pour moi l’enfance. Le pensionnat se profile à l’horizon. J’ignore tout de la vie qui m’attend. Je ne sais pas le bonheur que je perds. Avec le recul du temps, je pense aux veillées passées devant le “korn toul” … expression bretonne qui désigne la cheminée … Nous restons là, sans mot dire, à regarder petit à petit mourir le feu. Parfois je suis autorisé à dormir dans le lit de ma grand-mère. Elle me parle souvent de la sainte vierge et de son fils Jésus. En fait, c’est la seule personne qui m’ait parlé du Christ pour qui j’ai gardé de la considération. Je me remémore les parties de cache-cache avec mon frère dans la grange ou bien dans le grenier. A l’époque tout me semble immense : les pièces dans lesquelles nous vivons … l’escalier de bois vermoulu qu’il faut escalader pour monter à l’étage … les vaches dans l’étable qui continuent de me faire peur. Au printemps je me souviens que les haies d’aubépine se couvrent de fleurs. Ces haies ont à présent disparu, rasées qu’elles ont été pour faire place à une route nationale. Jeanne et Henri ne se déplacent qu’à vélo. Après une année passée chez eux, une année de vrai bonheur, juillet venu, je rentre définitivement à la maison. Les vacances scolaires se déroulent le plus souvent dans les champs, même quand vous n’avez que 6 ans. La moisson marque le milieu de l’été. Elle donne lieu à de grands repas ou, les gens du village s’entraidant, se retrouvent après une rude journée de travail. A ces repas, nous avons plaisir nous les enfants et moi le premier, à manger du melon et du jambon macédoine. Pour le battage, mon grand-père maternel … JEAN “Rozos” … propriétaire d’une moissonneuse lieuse, est à ce titre … le véritable chef de cérémonie. Je crois que mon père en ressent un peu de jalousie. La fin de l’été et la fin des vacances sont marqués par l’arrachage et la récolte des pommes de terre. Nous les enfants, nus dans les champs lorsqu’il fait beau, au milieu de la poussière, nous ramassons les petites patates, celles destinées à fournir la nourriture des cochons. En ce mois de septembre 1960, mon frère et moi nous apprêtons à rentrer au pensionnat. Les derniers jours des vacances sont marqués du sceau de la mélancolie et de l’inquiétude. En plus de son travail de tous les jours ( la traite des vaches effectuée à la main, la nourriture à donner aux cochons, les repas des hommes à préparer) ma mère s’affaire fébrilement à composer notre trousseau. Nous nous sommes rendus chez le tailleur de la famille. Rien ne va manquer à la liste qui nous a été remise. C’est la première fois que j’entends parler de pyjama. Des étiquettes sont même confectionnées portant nos noms afin qu’elles soient apposées sur l’ensemble de nos vêtements. Ces essayages se font dans la plus grande fébrilité. Je suis conscient qu’il s’agit là de dépenses importantes pour mes parents. Ma mère dont j’ai peu parlé se charge bien de nous le dire. Je ne sais pourquoi, jamais elle ne sera tendre avec moi. Peut-être me fait elle payer son enfance difficile ??? Plus tard, une fois adolescent, je l’appellerai “Folcoche” en référence au roman d’Hervé BAZIN : “Vipère au poing”. Je dois reconnaître que la vie n’est pas facile pour elle. Entre une grossesse tous les deux ans, il lui faut assumer des charges de travail importantes. Son labeur est celui d’un homme. Je m’aperçois aujourd’hui que j’ai été très injuste dans mon jugement à son égard. La récolte des pommes de terre est à présent terminée, les vacances touchent à leur fin, ma vie va définitivement prendre une autre tournure.
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“C’est bien la pire peine
de ne savoir pourquoi,
sans amour et sans haine,
mon coeur a tant de peine”.
(Paul VERLAINE)
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Pour faire plaisir à ma grand-mère paternelle, mon père nous inscrit, mon jumeau et moi, à l’école privée des frères située au chef lieu de canton. Le jour venu, c’est en voiture que nous effectuons les quinze kilomètres nous séparant du pensionnat. Le coffre de l’automobile est chargé à ras-bord. Le voyage s’effectue sans mot dire. J’ai la gorge serrée. Je n’ose pas regarder mon frère. Je crois qu’il est encore plus angoissé que je ne le suis. Arrivé en ville, parvenu au pensionnat, je suis terrorisé. Je ne veux pas pleurer. Les murs de l’école me semblent gris, noirs, mais plus encore immenses. Je n’ai jamais vu des murs qui s’élèvent si haut dans le ciel. Nous traversons des couloirs interminables et froids. Des crucifix présents partout marquent la présence du “Bon Dieu” dans cette école. Je découvre le dortoir des “petits” avec ses 30 lits peut être plus, je ne sais plus, je ne sais pas. Je découvre le réfectoire … je suis perdu. Auprès de ma mère, auprès de mon père je voudrais trouver un peu de tendresse. Je ne peux pas. Mes parents sont pressés. Il y a les vaches à traire, il y a mes deux petits frères âgés de quatre et deux ans qui les attendent à la maison. Dès notre arrivée nous sommes reçus par un homme à la carrure impressionnante, habillé d’une soutane noire, portant des chaussures noires. Sa voix est grave, ses yeux sont globuleux. Son gros ventre fait ressortir encore davantage la rangée de boutons noirs qui, de haut en bas sépare sa soutane en deux. Il s’agit du directeur de l’école. Il nous présente l’établissement dont il a la responsabilité. Cette présentation dure très peu de temps. Et pour cause, des gens bien habillés, visiblement riches sont arrivés, qui accaparent son attention. D’autres adultes portant également la soutane sont présents pour recevoir parents et enfants. Il s’agit de “frères”. Plus tard on m’expliquera qu’ils ont fait voeu de chasteté pour consacrer leur vie à Dieu. Tu parles … Mes yeux ne croisent que des inconnus. l’inquiétude se lit dans le regard des “petits” dont quelques uns s’accrochent désespérément aux jupons de leur mère. Les “anciens” affichent leur différence et une insouciance feinte en sifflotant. Il n’empêche que, pour tous, c’est jour de rentrée et l’ambiance est tendue. Bizarrement personne ne pleure. Chacun se jauge, se toise. Les « plus grands » échangent des souvenirs de vacances. Les “novices” dont je suis, sont tiraillés entre les images d’un passé récent et les lourdes incertitudes du moment présent. La plupart de mes nouveaux congénères sont bien habillés, sont mieux “fagotés” que je ne le suis. Ce sont pour une bonne part des fils de “riches” … de “bonne famille”. Hébété, je découvre ce monde nouveau. Je m’empêche de pleurer. Tous les enfants embrassent leurs parents au moment du départ … Chez nous … cela ne se fait pas ! Je vois partir la voiture, mon père, ma mère … Sans doute sont ils aussi tristes que moi (?) Je me retrouve seul. Mon frère semble encore plus démuni que je ne le suis. Ce n’est pas auprès de lui que je vais pouvoir trouver un peu de réconfort. A ce moment je me trouve grotesque dans les habits neufs que je porte. Je donnerai n’importe quoi pour me retrouver chez moi, nu dans les champs à ramasser des pommes de terre, sous le soleil et dans la poussière. Dans la cour carrée de l’école se forment les groupes d’anciens. Nous, les nouveaux faisons l’objet de toutes les attentions, de toutes les moqueries. L’institution reçoit des enfants allant de la onzième à la troisième. Les “bizuts” comme moi restent seuls, perdus dans leurs songes. Les élèves de troisième et de quatrième me semblent sortis d’un autre monde. Je les vois encore plus “costauds” qu’ils ne sont. D’ailleurs, rapidement un de ces “anciens”, pour je ne sais quelle raison, s’en prend à moi et , gratuitement, m’administre plusieurs claques. Personne n’est là pour me défendre. Les coups reçus me font du bien. Je peux enfin pleurer, seul dans mon coin. J’ai tellement envie de revenir à la ferme !!! J’ai tellement envie de revenir chez mes grands-parents !!! Eux, ils sauraient me comprendre, ils sauraient me défendre. Déjà, ce premier jour, le fils de paysan que je suis (cela se voit sans doute), reçoit les quolibets émanant des “grands” … ceux de la ville. A y regarder de plus près, les gros brodequins qui me chaussent, sur-dimensionnés, faits pour durer, me singularisent effectivement de ceux, se déplaçant fièrement dans la cour en chaussures brillantes et légères. Plus tard j’apprends qu’il s’agit de mocassins. A cette époque, les souliers que vous portez aux pieds trahissent votre condition sociale. Certains jouent avec une balle ronde … C’est la première fois que j’en vois. Evidemment ces jeux ne sont pas accessibles au “petit” que je suis. Et mon frère dans tout ça ??? Je ne sais où il est … chacun dans notre coin nous avons vécu ces premières heures au collège.
Cette photo date de 1956 … mais 5 ans plus tard les « frères » … portaient la même tenue …
Cela fait plus de deux heures à présent que mes parents sont partis. Il est près de dix huit heures. Je pense à la traite des vaches qui commence à la maison. Je revois l’école maternelle où nous étions si bien. Je me remémore l’image de notre maîtresse : Madame GUERNALEC, une forte femme aux joues rouges, faisant cuire sa soupe à même le poêle à bois trônant au milieu de la classe, tout en nous apprenant l’alphabet. Au sortir de cette année passée dans cette école de campagne, je sais déjà parfaitement lire et écrire. Voilà qui me réconforte quelque peu. Au moins, sur ce point précis, je suis certain d’être l’égal des autres. Aussitôt je m’inquiète pour mon frère qui est piètre élève. Je revois les heures passées à la cantine où nous nous amusions tant. Je faisais partie des “grands” … De plus dans cette école, nous étions tous des enfants d’agriculteurs, de forgerons, d’ouvrier agricoles … tous issus du même monde. Dans mes pensées défilent, les heures, les jours, les nuits passés chez les grands-parents. Je regarde autour de moi. Je soupire. je suis seul. Je me rends compte combien … j’étais un petit garçon heureux … avant ! Hélas, la réalité du présent ne tarde pas à me rattraper. En effet, un coup de sifflet strident traverse la cour, il me transperce encore l’échine. Je vois les “grands” se diriger vers une porte immense, d’un vert criard, fraîchement repeinte. Ils se mettent les uns derrière les autres, en file indienne. Je me glisse dans une colonne. Un escalier en pierre d’une dizaine de marches donne accès à cette porte battante qui s’entrouvre pour laisser la place au Directeur accompagné d’un autre homme portant soutane. Désormais notre vie, ma vie sera réglée par ces coups de sifflet ou le carillon de la cloche indiquant soit l’heure de rentrer en classe, au réfectoire, au dortoir ou bien encore à la chapelle. La voix du directeur se fait terrible. Il ne parle pas, il vocifère. Il est vrai que “les grands” chahutent dans les rangs. Il aura tôt fait de ramener le silence. Les deux rangées d’élèves alignées face à l’escalier ne sont pas droites. Il nous faut rectifier le tir. Nous sommes quasiment au garde-à-vous. La vie qui sera la nôtre va se rapprocher de celle de la caserne. Nous voici à présent au réfectoire. les “petits” sont regroupés dans un coin. Celà me rassure un peu. Des places nous ont été affectées. Avant de nous asseoir, il nous faut réciter la prière. Ma grand-mère nous a appris le “Notre Père” et le “Je vous salue Marie” … Ces prières seront désormais notre lot quotidien. Elles précèderont le repas mais aussi chaque heure de classe … elles commenceront et finiront la journée au pied du lit. Ceci sans compter les heures obligatoires passées à la chapelle. Pour en revenir à ce premier repas, je crois n’avoir rien mangé. Je suis effrayé par le monde nouveau que je découvre. En quelques heures il me semble avoir vielli de quelques années. A l’issue du dîner, nous retournons dans la cour de récréation. l’été touche à sa fin. Cependant le beau temps nous laisse encore une heure que je passe à errer entre les tilleuls situés au fond de la cour. Je ne me souviens pas avoir adressé la parole à quiconque. Chacun de notre côté nous attendons la nuit. Mon unique souci est de ne pas me faire remarquer. J’imagine que mon “alter-égo” de frère se trouve dans les mêmes dispositions d’esprit. Le soleil décline enfin. Un dernier coup de sifflet et nous voici une nouvelle fois en rang pour rejoindre le dortoir. Celui des “petits” est situé au dernier étage du bâtiment principal tout de pierres blanches. En montant cet escalier interminable, je m’inquiète déjà de ne pas retrouver mon lit. Ces inquiétude sont vite balayées. Je ne connais aucun de mes voisins. Au fond du dortoir se trouve un immense lavabo en fonte, lequel comporte toute une batterie de robinets d’eau froide. Arborant mon beau pyjama tout neuf que je me suis empressé d’enfiler afin que “les autres” ne me voient pas en petite culotte, je fais comme eux … je me lave la figure. Je me brosse les dents. C’est la première fois que je procède à cet exercice de style. “Chez nous” … la brosse à dents et le dentifrice n’existent pas … les toilettes pas davantage. Les “besoins” se font dans les champs … Voici enfin venu le moment où s’éteint la lumière. Aucun bruit ne vient troubler le silence de la nuit. J’ai toutes les peines du monde à m’endormir. Ainsi s’achève la journée la plus longue de ma courte vie.
Les murs de l’école où j’ai passé le plus clair de mon temps entre 1961 et 1969 je crois …
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“Saint Vierge, prend tes pilules,
Je ne veux plus te voir enceinte
D’un tas de Bon Dieu ridicules
Moins charitables qu’une absinthe”.
(René FALLET)
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Peu à peu je m’adapte à la vie du pensionnat. Le lever s’effectue de très bonne heure, six heures trente je crois. Dès que la lumière s’allume, chacun doit être au pied de son lit pour réciter la prière du matin. L’eau du robinet est bien froide et n’invite pas à se laver la frimousse. Dès sept heures le petit déjeuner est servi au réfectoire. Café noir, chicorée, pain beurre ou compote sont au menu. A huit heures les cours commencent. Pour tous, le premier enseignement de la journée est celui de religion. Un passage de la bible nous est lu. Certains matins, avant de prendre le premier repas de la journée, nous devons nous rendre à la chapelle pour y prier individuellement. Le lever est avancé d’un quart d’heure. Il règne dans cette chapelle une ambiance bizarre. Des vitraux rouges et jaunes laissent entrer timidement la lumière du jour. Des odeurs d’encens confèrent à cette pièce exigüe une atmosphère pesante. Chaque fois que je rentre dans “la maison du Seigneur” j’éprouve comme un sentiment de crainte. Je pense à ma grand mère qui m’a parlé du Bon Dieu et de son fils Jésus. Nos visites à la chapelle sont comptabilisées. Plus tard il en ira de même de nos passages à confession et de nos participations à la communion.
Une prière à Dieu faite debout marque le début de chaque cours. Ceux-ci nous sont administrés par des “Frères”. A dix heures, la matinée est entrecoupée d’une récréation salvatrice. Dans la cour de l’école “petits” et “grands” jouent au football. Les premiers ont un territoire bien délimité, les seconds également. Il est des religieux qui n’hésitent pas à soulever la soutane pour taper le ballon avec nous. Je veux parler du frère Ambroise lequel, professeur d’histoire et géographie se révèle être particulièrement véloce et habile de ses pieds. Dans ce collège, j’ai l’impression d’avoir côtoyé le pire et le meilleur. le pire reste à venir. Le meilleur c’est la qualité de l’enseignement, c’est la solidarité existant entre les enfants d’une même tranche d’âge. A midi quinze nous retournons au réfectoire. Ce repas ainsi que celui du soir sont précédés d’une prière, d’un remerciement pour “ce pain quotidien”. La pitance servie est le plus souvent de mauvaise qualité. A la cantine comme ailleurs, la discipline est de fer. Chaque semaine un frère différent assure la permanence au repas. Lorsque le directeur est présent, malheur à celui ne mangeant pas tout ce qui se trouve dans son assiette. Il m’est arrivé de subir les foudres de ce tyran. Au menu du jour se trouve : sardine à l’huile en entrée et yaourt sans sucre au dessert. Le directeur s’aperçoit que je n’ai touché ni à l’un ni à l’autre. Devant l’ensemble de mes camarades, sous les rires des “grands” il m’oblige à mélanger le tout et à l’avaler. Cinquante ans plus je n’ai pas oublié l’humiliation infligée en cette circonstance. A quatorze heures les cours reprennent. A seize heures nous avons droit à une collation. Les cours s’achèvent à dix huit heures. A dix neuf heures c’est le souper suivi d’une heure d’étude pour réviser les cours de la journée. A vingt deux heures c’est l’extinction des feux après le remerciement à Dieu pour “cette nouvelle journée passée à ses côtés”. En classe plus qu’ailleurs la discipline est féroce. les mauvais élèves surtout ceux dont les parents ne sont pas argentés sont au supplice. Notre cher directeur est un fervent adepte de la règle métallique qu’il assène sur les doigts des récalcitrants. Mon jumeau a souvent subi cette punition. Le bonnet d’âne est une réalité appliquée aux cancres. Combien de fois n’ai je vu mon frère, la face contre le mur, affublé de ce chapeau ridicule. Par chance il prend toujours cela avec le sourire. Moi, je suis malheureux du traitement qui lui est infligé. Chaque mois, les bons élèves, se voient remettre une médaille par le directeur en présence des enfants et professeurs. De la onzième à la sixième il me semble avoir toujours été premier ou deuxième de la classe … Ces bons résultats font la fierté de mon père. Ils me permettent surtout de reprendre confiance en moi. Rentrés en septembre au collège nous n’en ressortons que fin décembre pour passer Noël et Nouvel An à la maison. Il en va de même entre Janvier et Pâques où deux semaines nous sont attribuées. Après quoi il faut attendre Juillet et les grandes vacances. La première année où les premières années, je ne me rappelle plus exactement, tous les quinze jours seulement, les parents sont autorisés à nous rendre visite entre onze et douze heures, après la messe dominicale. Je n’aime pas ces jours de visite. Mes parents, à l’inverse des autres n’ont pas une belle voiture. Mon père et ma mère ont les mains noircies par le travail de la ferme. Ils ne portent pas de beaux habits. A mon grand soulagement ils ne passent que très peu de temps en notre compagnie. Nous n’échangeons qu’un minimum de mots : “Bonjour” … “Bonsoir”. Maman nous a préparé du linge propre. Elle nous a mis quelques modestes friandises de côté. Mon père, seul à conduire, reste dans la voiture. Parfois il porte encore ses bottes. Le sachant, je suis terrorisé à la seule idée qu’il doive, pour une raison ou une autre sortir de son véhicule. J’imagine les railleries de mes copains. Fort heureusement, papa est toujours pressé … Il y a les animaux à nourrir, le travail des champs à effectuer. Notre mère a emporté avec elle le linge sale destiné au lavoir. Au début des années soixante la machine à laver n’a pas encore fait son apparition chez nous. Les jours de lessive, maman transporte dans une brouette “son chargement’” à la rivière. Le chemin pour y accéder est pentu. Qu’il pleuve ou qu’il vente, notre mère passe une partie de la journée au bord de l’eau. Les draps sales sont mis à bouillir dans la lessiveuse. Lorsque j’accompagne maman, je me réchauffe auprès du feu de bois. Pour faire passer le temps, nous mettons à cuire dans la braise les pommes ramassées dans les champs des environs. Ces fruits, mi crus, mi cuits sont un véritable délice ! Nous savions nous satisfaire de ces petits plaisirs.
La locomotive « March du » qui, à partir des années 65, nous ramène le vendredi soir à la maison … trajet Scaer/Rosporden (arrêt en gare de Coat Loch) …
J’arrête là mon récit … j’aurais pu vous parler des promenades du mercredi … en rang par trois jusqu’au sortir de la ville. Nous passons devant … “ l’école du diable” … c’est ainsi que les frères appellent ceux de l’école laïque … Pour ce qui me concerne je suis fier de faire partie de cet établissement “privé”. Nous jouons comme tous les enfants aux gendarmes et aux voleurs … La télé est même rentrée dans les murs de l’école … nous avons le droit de regarder “Rintintin” … “Thierry la Fronde” et “Sports dimanche” … Au bout du compte, si je n’avais pas connu la pédophilie religieuse, j’aurais été un p’tit garçon heureux … Ce n’est pas l’endroit pour en parler … Cependant, je ne peux m’empêcher de dire que, pour avoir été victime de ces agissements … je hais tous les hommes … qui sur terre portent l’habit de Dieu. Ce sera mon seul commentaire.
La vie a passé. Je ne regrette rien. Finalement, ce n’est qu’aux alentours des années 2000 … que pour la première fois j’entends chanter JEAN LOUIS MURAT. C’est un choc !!! En écoutant ses chansons j’ai retrouvé l’odeur disparue des haies d’aubépine … je me suis revu allongé dans l’herbe … seul au milieu des vaches … avec mon transistor à écouter passer le Tour de France.
Anquetil … mon héros … je me souviendrai toujours du Tour de France 1964 … j’avais 10 ans, je revenais de l’excursion scolaire de fin d’année et, dans le car qui nous ramenait de la mer à l’école, j’ai écouté au transistor, le duel Poulidor/Anquetil dans la montée du Puy de Dôme … Peut-être que le p’tit BERGHEAUD était au bord de la route ???
C’est Murat qui m’a fait comprendre que même au milieu des gens de la ville … je devais être fier d’être un fils de paysan. Merci pour tout Monsieur MURAT !!! Ce blog vous est dédié … je ne vais y parler que de vous, de votre oeuvre, de vos chansons, de vos mots.
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Ajout le 2 septembre 2016 …
J’ai écrit les lignes qui précèdent il y a six ans. Ma pauvre mère nous a quittés il y a moins d’un an. Comme j’ai pu être injuste avec cette femme admirable … Je ne me pardonnerai jamais mon peu d’empathie à son égard. Si je vous inflige cette lecture ou relecture pour certains, c’est que vous êtes nombreux à me demander pourquoi j’aime MURAT à ce point. La réponse la voilà … A la relecture je n’ai pas changé une virgule …
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…je passe de délicieux moments, merci bien!
Très touchée par le récit que tu fais de ton enfance Didier, dans laquelle je retrouve pas mal de points communs avec la mienne.
Merci Muse de ton commentaire. Comme dit JLM on reste toujours marqué par son enfance.
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Ce récit est très émouvant et très évocateur, bouleversant par endroit. Il nous transporte dans des temps …pas si anciens mais qui nous paraissent appartenir à un autre siècle (mais la Bretagne d’alors !c’était ça, en effet).L’enfance est un creuset qui contient notre être en devenir et nous poursuit sans cesse… jusqu’au lit de mort.Etre adulte, c’est guérir de son enfance. Bonne chance, Didier.
Merci Florence,
tes commentaires me font plaisir … cette page m’a valu les railleries de certains caciques de la Dolo …
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Salut Didier
Et dire que depuis tout ce tant que l’on correspond,je n’avais pas lu ton enfance qui rejoint la mienne sur pas mal de point y compris les attouchements pédophile d’un curé. mais le plus surprenant pour moi, c’est ta date de naissance le 8 avril 1954,comme moi mais en 1952.Sur ce, je vais reprendre tout ton blog depuis le début tout en écoutant JLM
Salut et encore Merci pour tout ce que tu fais pour faire connaitre Jean Louis.
Salut Gilbert,
je suis surbooké, je viens de relire ton commentaire et je m’aperçois que nous sommes nés le 8 avril … Je suis revenu sur cette page parce que dans la nuit, 14 lecteurs y sont venus … ça m’a intrigué … j’y suis venu faire un tour … Amitiés.
DLB
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« Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière
Me fait sauter sur ses genoux
Mes parents l’été les vacances
Mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence
Des confitures du mois d’août
Nul ne guérit de son enfance… »
C’est à cette chanson de Ferrat que je pense en te relisant plus attentivement cette nuit et à quelques souvenirs confus de ma propre petite enfance à la campagne; je t’envie d’avoir une telle mémoire, beaucoup moins d’avoir vécu des moments aussi douloureux et humiliants…
salut Armelle,
je ne sais comment … je n’en garde que les bons souvenirs … je reviendrais je saurais dire « NON » et me défendre …
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Merci Didier de nous faire partager ta vie où je retrouve des images même si nous n’avons pas le même âge.
Impossible de ne pas avoir envie après lecture de te dire que je t’aime fort, tu m’as fait pleurer. Comme je comprends que cet amour pour Jean-Louis Murat nous vient entre autres, de nos « failles »… ces cicatrices qui nous marquent, nous construisent, nous rapprochent. Certes, elles reviennent parfois, souvent, nous faire souffrir plus ou moins… heureusement les mots et l’écriture sont là, la communication dans son ensemble nous permet de faire surgir également les jolis souvenirs, apprécier l’instant plus intensément.
Quoi qu’il en soit, je suis heureuse que nos chemins se soient croisés un jour, même si c’est par le numérique.
Il y a une phrase que j’aime beaucoup de Marceline Desbordes-Valmore chantée par Julien Clerc ‘l’écriture est un portrait vivant’, (N’écris pas ~ Les séparés) je pense que là, « tout est dit »… ou presque
Je t’embrasse ❤️
Post-scriptum :
https://youtu.be/EgcULJSRK7M?t=5
Je n’aime pas faire pleurer les belles Dames. Merci Nathalie d’autant de bons sentiments. Amitiés.
D
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