Jean Louis MURAT … « VENUS » … 1993 …
Le 2 novembre 1993 l’album « Venus » est en vente. 10 titres le composent :
1- Tout est dit (3’34) – 2 Comme au cinéma (3’26) – 3 La fin du parcours (7’59) – 4 Le monde caressant (2’46) – 5 La momie mentalement (7’09) – 6 Rouge est mon sommeil (4’54) – 7 Le matelot (4’27) – 8 Montagne (7’02) – 9 Par mégarde (3’52) – 10 Venus ( 3’54).
« Venus » bénéficie d’une production bien moins fournie que « Le Manteau » :
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CD Virgin n° 391882 (10 titres)
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CD promo – hors commerce – Virgin n° 3348 (10 titres) – pochette blanche avec les seules inscriptions : « MURAT » puis dessous : »Venus ».
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K7 Virgin n° 391884 (10 titres)
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1 clip vidéo. http://www.dailymotion.com/video/xan2q_epitaphes_shortfilms (ce clip n’est pas officiel, il n’en reste pas moins superbe, les images s’accordant parfaitement avec le texte).
Virgin a refusé la 1ère mouture de cet album présentée par MURAT. Le titre choisi « POISON » étant sans doute trop lugubre. Cette version initiale présentait 15 titres. On y trouve deux versions de « Comme au cinéma » et « Tout est dit » plus lentes, plus langoureuses. On y retrouve aussi un titre écrit pour Jeanne Moreau « C’est pour le bonheur ». Ce projet ne verra jamais le jour. Finalement ce sera Marie MOÖR qui chantera cette merveilleuse chanson. Les titres pour Jeanne MOREAU ont été écrits par Murat à la demande de la comédienne et chanteuse qui apprécie l’univers musical de l’Auvergnat. C’est le temps qui lui manquera pour mener ce projet à son terme. C’est pourquoi ces chansons viendront grossir le rang des « inédits » et circuleront sous le manteau entre … initiés. Nombre d’entre elles seront insérées dans « Les faces » … production des DOLOS. Autre chanson qui figure sur la maquette « POISON » le titre chanté en hommage à Joë DASSIN … Je veux parler de « Marie Jeanne ». Une interrogation à présent « POISON » au pluriel ou au singulier ??? Si quelqu’un peut répondre à cette question, je l’en remercie par avance.
Autre particularité de cet album, c’est la première fois que dans ses textes MURAT aborde l’actualité du moment. En effet dans « Rouge est mon sommeil » il a ses mots :
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Rouge est le ciboire
que nous aimons croire
Rouge est la mémoire amour
Sous le décamètre
Que le Vatican rêve
Rouge est la querelle amour
Rouge est la panthère
Sous le cimetière
Rouge est la panthère amour
De Salman as-tu des nouvelles ? …
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La dernière question qui termine la chanson concerne SALMAN RUSHDIE essayiste et romancier Britannique d’origine Indienne, symbole de la lutte pour la liberté d’expression et contre l’obscurantisme religieux. Sa tête était mise à prix par les Ayatollah … les vrais … pas les « tigres en papier » mauvaises langues … que l’on peut rencontrer partout. Peu d’artistes on eu ce courage « frontal » … MURAT si … lui le… « romantique » impénitent !!!
Dans son ensemble la presse spécialisée réserve un bon accueil à cet album. Certains titres sont portés aux nues : « La fin du parcours » et « La momie mentalement ». D’autres plus critiqués pour leur écriture minima-liste notamment : « Tout est dit » et « Comme au cinéma ».
Murat déteste toujours autant le service « après-vente » que constitue la promo … En même temps il achève les répétitions de sa première tournée à Vichy. Murat est tendu à l’extrême. Il a accepté cette tournée à contrecoeur. Pour « Les dernières nouvelles d’Alsace », le 12 novembre 1993, il répond aux questions du journaliste F. THIBAUD :
F.T. : Sur Vénus tes chansons font beaucoup plus brutes que sur les deux précédents ?
JLM : Oui c’est vrai, c’est parce qu’elles sont restées brutes, je les ai écrites et pas retouchées, coupées, cisaillées. Les textes et la musique sont venus ensemble, d’un seul coup. J’aime bien laisser un titre un peu inachevé, ouvert. La forme d’une chanson on ne la trouve jamais vraiment.
F.T. : Avec cet album, j’ai l’impression que tu es devenu plus vieux …
JLM : Ce n’est pas dérangeant. C’est vraiment une illusion le mythe de l’éternelle jeunesse. « le drame de la vieillesse, c’est d’essayer de rester jeune ». C’est une phrase d’Oscar Wilde avec laquelle je suis d’accord. J’espère pouvoir contourner ça.
F.T. : « Vénus » c’est un album sur la fin. Tu la vois comment la fin ?
JLM : Je suis toujours malade. Je mourrai peut-être de ça. Non, je crois que j’aimerais avoir le courage de me pendre.
Voilà qui ne donne pas dans l’opimisme béat. Nous sommes en 2010 et JLM est toujours là … fort heureusement !
Pour « Télérama » (n° 2290 du 01 12 1993) il répond à AM PAQUOTTE … il a cette phrase que j’adore … je ne résiste pas au plaisir de vous la soumettre : « A perte de vue est une des plus belles expressions que je connaisse et dont on ignore la portée quand on est en ville. A toiser l’horizon on peut perdre la vue et regarder ailleurs, au profond de soi, du dégoût de soi … ». C’est tout MURAT résumé dans cette phrase …
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