MURAT a changé … changé de vie … d’amie …
Pour son 7ème album l’Auvergnat s’expatrie aux Etats-Unis. Sur place il effectue la tournée des concerts pour choisir les musiciens qui vont l’accompagner. Quinze jours avant de partir aux « States » il assiste au concert du groupe « Calexico » à Paris. C’est à cette occasion que se sont noués les 1ers contacts … Sur place JLM souhaitait tout faire à New York mais John CONVERTINO et Joey BURNS (Calexico) lui demandent de rejoindre Tucson.
MURAT va rester 4 mois aux Etats-Unis. Dans sa quête de musiciens il essuie un premier refus, celui de Mark EITZEL, leader du groupe « AMC ». Il a plus de succès avec Marc RIBOT, guitariste et compositeur US qui a collaboré avec les plus grands … Tom WAITS et Elvis COSTELLO pour ne citer qu’eux. Autres « grosses pointures » à apporter leur touche à ce « Mustango » : Oren BLOEDLOW – Harvey BROOKS – Winston WATSON et la belle Jennifer CHARLES …
Cet album bénéficie d’une production variée et riche :
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CD Virgin n° 848101 2 – onze titres (date de sortie : 14 09 1999).
- CD Virgin n° … pressage Canada.
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CD promo Virgin SA 4763 – onze titres – pochette carton.
- Cassette 11 titres n° …
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Minidisc Virgin (pas de n° de référence) – les mêmes titres que le CD.
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CD édition limitée (11 titres + 2 inédits dans pochette carton) sortie le 06 06 2000.
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33 tours Virgin n° 848101 15
Tracklisting : 1 Jim (4’34) – 2 Les hérons (3’11) – 3 Polly Jean (3’45) – 4 Nu dans la crevasse (10’17) – 5 Mustang (4’31) – 6 Bang bang (7’20) – 7 Belgrade (4’09) – 8 Viva Calexico (3’21) – 9 Les gonzesses et les pédés (3’49) – 10 Au Mont sans souci (2’56) – 11 Le fier amant de la terre (3’54).
A noter un « Pré mustang » comportant 11 titres enregistré à New York (le 10 mai 1999) . Les titres sont identiques à ceux de l’album mais l’ordre est différent ainsi que la durée. Autre particularité un « Post mustang » qui, enregistré plus tard à Londres, ne comporte que le seul titre « Mustang« . La durée de ce hors commerce est également différente de celle de l’album « Mustango ». En définitive c’est la masterisation US qui est choisie.
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Laure l’a accompagné Jean-Louis à New-York. Il s’est mis à la peinture pour ne pas être en reste avec le père de son amie qui est peintre de profession. MURAT a changé vous disais-je en préambule ??? La tournée de promotion va nous en donner la meilleure preuve …
Dans les colonnes d’Ouest France MURAT répond aux question de Michel TROADEC et évoque :
LE PLAISIR RETROUVE : « Je n’arrivais pas à trouver la motivation pour me lancer dans un nouvel album, et je n’avais surtout pas envie de rester bosser trois mois à Paris. Il y avait la déception de « Dolorès » vendu à 100 000 exemplaires seulement, vécue comme un échec. Je me suis dit que je me pressais trop le citron, qu’il fallait laisser filer un peu, me repositionner dans la simplicité, retrouver le plaisir. Ma vie personnelle changeait. Je voulais cesser d’être un peu le clown de moi-même. C’est passé par ma nouvelle copine, une sorte de voeux de fidélité, d’autres préoccupations, ne plus s’isoler, aller au milieu des gens ».
L’AMERIQUE : « Pour ce nouveau disque il fallait que je trouve un nouvel endroit pour travailler, j’ai pensé à l’Egypte. Cela n’a pu se faire. Pourquoi pas un jour ? Je me suis alors dit « Allons aux Etats-Unis ». Je n’étais sur de rien. New-York … parce que tous les gens qui aiment la musique ont ce fantasme et que les bons musiciens sont la-bas » …
« Aux Etats-Unis, j’ai donc joué, chanté, dirigé. les musiciens ont apprécié. J’ai pu me dégager des mots, des expressions. En France je suis trop considéré comme un poète qui fait grelin-grelin. La-bas, j’ai appris la réalité du marché. J’allais à des concerts, je laissais des CD et mon e-mail aux musiciens qui m’intéressaient. Et voilà. D’une simplicité incroyable. Après, tu deviens pote avec eux. Ils m’ont apporté leur décontraction, voilà comment j’ai enregistré 19 chansons, avec 25 artistes. Au final, il en reste 11 pour 17 musiciens. Je suis également parti à Tucson travailler avec le groupe « Calexico » que j’aimais bien, piquer leur son comme je leur disais ». « Le résultat de tout ça, c’est que si « Dolorès »était une espèce de longue complainte, ici chaque chanson est autonome » … « Dernièrement je me suis jeté sur la peinture et le dessin. Je prends mon pied. J’oublie tout. Depuis quelque temps, je lis chaque jour un livre de méditation. J’ai passé trop d’années à être hors de moi. Maintenant, je me fais des niches, avec un peu d’humour, de distance, d’indulgence, avec moi. Et je vais à l’intérieur. Avant c’était pas possible ».
Pour « Nouvelle vague » il répond aux questions de Cécil DIJOUX :
C.D. : Avec Mustango, on a plus l’impression d’être en présence d’un carnet de voyages plutôt que d’un journal intime, ce qui est nouveau chez vous. S’agit-il d’un désir artistique ponctuel ou d’une étape plus importante, comme si vous tournez la page sur une période plus introspective ?
JLM : Bon, oui, je ne peux répondre que ça, c’est vrai. J’en avais marre de l’introspection qui avait un peu atteint son sommet avec Dolorès. J’ai eu envie de faire quelque chose de plus détaché. Un peu comme des cartes postales, quelque chose de plus détendu comme quelqu’un qui se balade et qui de temps en temps envoie un petit mot, des impressions comme ça. L’album a été fait dans cet esprit là ».
C.D. : Certaines chansons semblent moins douloureuses, moins graves. On a comme l’impression que vous êtes libéré d’un poids, prêt à toutes les audaces, ce qui donnes des résultats éblouissants tels que « Bang Bang » ou « Mustang » aux textes à la fois énigmatiques et limpides ?
JLM : « Bang Bang » est une chanson sur mesure que j’ai faite pour Jennifer CHARLES : j’ai essentiellement pensé à elle lors de l’écriture. C’est cette sensation que je cherchais : sortir de moi, être plus au service de quelqu’un, être moins impliqué dans la chanson. J’ai tellement l’habitude d’écrire des choses personnelles que là, écrire de manière plus impersonnelle était comme un soulagement ».
En Octobre 99, pour le magazine « Best« MURAT déclare :
« Je me sentais enfermé dans mon activité d’écriture, enregistrement, tournée. Humainement je ne m’y retrouvais pas. Je suis parti à New York où j’ai passé plus de temps à peindre et à dessiner qu’à faire de la musique » … « Depuis que je peins, je me sens beaucoup mieux dans ma peau. La peinture m’équilibre. Elle a envahi ma maison et depuis le 1er août, j’ai ouvert une galerie sur Internet avec une quinzaine d’autoportraits ».
Dans le cadre de cette même campagne promo, en septembre 1999 il répond aux questions de « MAGIC »:
QUESTION : Quand tu es parti à New-York, l’album était complètement écrit ?
JLM : Seulement le cadre de l’album avec quelques suites d’accords, quelques textes. Mais j’attendais d’être sur place pour voir quelle couleur lui donner. Je ne voulais pas arriver avec mes chansons écrites à Douharesse les enregistrer avec des musiciens américains et repartir aussi sec » … « Il faut rester assez longtemps la-bas, se mélanger, oublier quasiment que tu es Français et être suffisamment souple pour t’adapter en studio, à la personnalité de chacun. Je prenais une gratte, je chantais, on swinguait, on enregistrait » … »J’ai aussi écrit des chansons sur place. Quand je vais à Tucson pour enregistrer avec les « Calix », j’écris « Viva Calexico » en arrivant « … « Le dernier jour j’ai écrit une autre chanson qui s’appelle : »Bye bye Calexico »…
Quand je vous disais que MURAT … s’ouvrait … « aux autres » !
Je laisse le mot de la fin à deux critiques musicaux qui portent un avis sur ce « Mustango » :
M2P : « Mustango est au bord du chef-d’oeuvre, et Murat, enfin à deux pas de l’équilibre entre charme musical et image brouillée. Il rejoint à sa façon ces chansons anglo-saxonnes que l’on aime spontanément sans en comprendre toujours le sens ».
THEFAINE : « Un bien bel album, dont le sésame est peut-être dans cette question que pose Murat au début de « Viva Calexico » :
« Dans mon brouillard
J’ai lu
Arizona
Dans mon brouillard
J’ai lu
Mais qui es-tu Toi ? ».
En conclusion magnifique ALBUM … Merci Monsieur Jean Louis MURAT !!!
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