- 99 – MURAT … tel qu’on ne le connaissait pas … ou tel quel ???
A feuilleter les archives concernant Jean-Louis MURAT, je m’aperçois que j’en ai noirci des cahiers ! De temps en temps j’y reviens. Je trouve des phrases qui n’ont trouvé place dans aucune rubrique. Pourtant, elles sont importantes à mes yeux, pour qui cherche à mieux … cerner le personnage MURAT. Ces paroles disséminées au fil du temps justifient cette page nouvelle …
MURAT aime à évoquer son enfance. Il en va différemment de son adolescence. Période maudite ? C’est possible. Voilà ce qu’il déclare à Yann PLOUGESTEL dans les colonnes du journal « E.D.J. » (n° 361 octobre 1991) : « En classe de seconde, j’étais toujours malade, migraineux, de mauvaise humeur. C’est en écrivant des chansons que j’ai oublié toutes ces tares. Ma petite amie de l’époque ne devait pas me définir comme un mélancolique mais plutôt comme un emmerdeur, coléreux et patraque chronique … ».
Voilà un portrait peu réjouissant du jeune homme. Pour « Podium » (n° 237 octobre 1991) MURAT déclare : « Entre 15 et 18 ans c’était l’enfer. Trop d’évènements m’ont contrarié. J’ai été obligé de déménager pour la ville, de quitter la campagne. Mes parents ont divorcé … ».
A ma connaissance, ce sont les seuls propos tenus sur cette période charnière de sa vie …
Pour « Télé poche » (1991) MURAT confesse à Sophie BERTHIER : « On me présente souvent comme un personnage ténébreux et romantique. Je suis seulement lucide et la lucidité amène souvent la tristesse« .
Voilà qui est parfaitement symbolisé par cette photo parue dans le magazine : « Star Music » (1991). Ce bleu me fascine. Les yeux de MURAT m’hypnotisent. Je ne comprends pas comment on a pu passer à côté d’un tel talent et d’une telle personnalité (???) Nous sommes en France il est vrai … Lorsque cet article se présente à moi, je n’ai pas envie de lire les mots qu’on prête à l’artiste. Je reste scotché par l’image qu’il donne de lui : triste et beau à la fois. Nostalgique ? Et si tout simplement c’était : « Lucide » ??? Comme il le dit si bien !!!
Le temps s’est écoulé. Les yeux de MURAT ont gardé la même pureté. Que doit-on y lire : nostalgie, tristesse ou lucidité ??? Je suis incapable d’y répondre. Toujours je reste fasciné par la franchise de ce regard …
La franchise, parlons en. Lorsque vous êtes un homme public, la franchise n’est pas toujours bonne conseillère. MURAT l’a souvent appris à ses dépens. Peu importe puisque demain il n’aura que ces mots à la bouche. Sa langue ne fourche pas. Elle dit ce que sa tête pense. C’est très bien ainsi.
Le 2 octobre 2009 pour « Magic » Jean-Louis MURAT répond aux questions de Franck VERGEADE : « Penses-tu avoir raté un virage radiophonique ou commercial dans ta carrière ? ». Réponse de J.L.M. : « J’ai beaucoup péché par défaut de comportement. Issu d’un milieu populaire, je ne sais toujours pas me tenir. S’il faut trois générations pour apprendre à porter le nœud papillon, il en faut au moins autant pour rester policé face aux médias. Résultat : j’ai payé très cher ma franchise. Comment être franc dans un monde hypocrite ? Cette question pourrait finalement résumer ma carrière ». VERGEADE enfonce le clou : « Regrettes-tu parfois d’avoir été chanteur ? » MURAT embraye : « Je n’avais pas le choix. J’ai tout essayé : travailler pour d’autres, vivre dans la marge, risquer la prison. J’ai bossé partout : dans l’industrie pétrolière, la banque, la presse, le porte à porte, la peinture, la charcuterie … Il n’y a absolument aucun métier qui pouvait me convenir. A l’époque de mon premier groupe CLARA je chantais : « Infirmier ou mercenaire ». A 25 ans, j’ai donc pris la décision Rimbaldienne de ne plus jamais travailler. Car jouer de la guitare et chanter, ce n’est pas un travail, mais avant tout un plaisir qui me fait vivre. Je ne sais plus quel homme de l’excellence disait qu’il existait trois solutions dans la vie : mendiant, voleur ou artiste. L’esprit français dirait que le métier d’artiste consiste à combiner les trois ».
Voilà un beau résumé, sans concession, de la vie professionnelle de MURAT fait par l’intéressé lui-même. Par définition tout artiste est narcissique. La plupart cachent leur tares. Avouer que vous avez été « charcutier » un temps, alors que vous prétendez à jouer les « jolis-cœurs » à être « chanteur » est parfaitement contre-indiqué. MURAT s’en moque. Sans que VERGEADE ait besoin de le pousser dans ses derniers retranchements, le chantre d’Orcival ajoute : « A la question du métier de son père, JUSTINE a répondu à l’institutrice que j’aidais sa maman à faire le ménage (Rires) ». Vérité, simplicité, sincérité, tel est MURAT …
Déjà en 2001 pour le journal « ELLE » MURAT déclare : « Je veux seulement être vrai. Pouvoir parler bêchage et potager avec les potes du village ou je vis. Ne jamais interpréter un personnage, être un artisan et un troubadour ».
Le 29 mars 2008, pour « Le Figaro Madame » Laurent MEREU BOULCH questionne MURAT : « Votre héros dans la vie ? ». Ce à quoi le chanteur répond avec avidité : « BONAPARTE. C’est pour cela que je m’appelle MURAT, l’homme à cheval qui part de rien. je suis un guerrier frustré ». Le journaliste poursuit : « Qu’est-ce que vous aimez qu’on dise de vous ? » Réponse : « Il a gagné AUSTERLITZ à lui tout seul (grand éclat de rire). Je suis Napoléonien en diable. Appelez-moi Julien SOREL ! »
Le 1er octobre 2010 pour le journal « L’Express » François Régis GAUDRY lui demande : « Si vous étiez un animal ? » MURAT répond : « Un agneau qui aurait le pouvoir de se transformer en loup. C’est un peu moi : je passe pour un agresseur sur les plateaux télé, alors que je suis gentil ».
MURAT n’en finira jamais avec ses contradictions. Musicien ou poète ? En 1992 pour « Télé Star » il assène : « La musique n’est pour moi qu’une prolongation des mots ». Voilà une belle synthèse. Ce sera le clap de fin !
***
Ajout le 8 juillet 2016 …
Lors de la sortie de son dernier album « Morituri » qui nous désigne « celui qui va mourir » MURAT m’a semblé plus que fataliste, il était réaliste. L’industrie du disque va mal : MURAT artiste en marge le sait mieux que tout autre. Cet album ne bénéficiera d’aucune tournée. Il n’y a plus d’argent. Quand il y en a, quand il en reste il est réservé pour les « gros » MURAT dit les « gros cons ». C’est n’est pas à ces rares « gros cons » qu’il en a. C’est au « système » qui, faute de diversité, court à sa perte. Ce n’est qu’une question de temps. MURAT s’en est donc retourné dans sa montagne. Est-ce qu’il en descendra pour revenir nous voir ? Rien n’est moins sur ! Avant de partir et de nous laisser dans le doute MURAT pour « Le Soir » belge, sous la plume de Philippe MANCHE lâche ce triste constat : « Si tu veux savoir où en est le monde, vas y, demande aux arbustes. Va demander à l’oiseau mazouté, à la jument ou au renard, ce qu’ils pensent du progrès. Pour commencer, va voir tout ce que la modernité fait à la vie animale. De toute façon, je me sens d’un monde d’avant. D’un monde ou l’on a du respect envers les animaux. L’homme commence à perdre l’affaire quand il maltraite les animaux ». Ce sont là des paroles de sage … Cela fait près de 30 ans que MURAT le paysan nous invite à respecter ce qui nous entoure, à écouter les gens simples … C’est peine perdue ! Le monde n’est que vanité. L’artiste s’en va sur la pointe des pieds. Je ne suis pas certain qu’il reviendra nous parler. J’en suis si triste. Mais au final, nous ne méritons pas mieux.
Hier soir 7 juillet 2016 la France s’est qualifiée pour la finale de son « Euro ». C’est bien. Tout le monde est content. GRIEZMANN est devenu le héros de la nation. Tout le monde a oublié qu’à quatorze ans il a été rejeté de tous les centres de formation de France au motif : TROP PETIT ! Vous allez me dire sans doute que tout a changé ? Eh bien non je puis vous l’assurer : RIEN N’ A CHANGE ! Les « décideurs » vont au plus pressé, donnent donc la priorité au costaud, à celui qui est en avance, qui vous fera gagner des matchs et du fric … Aujourd’hui c’est l’argent qui décide de tout !
A Jean-Louis MURAT que j’aime tant, et à sa petite famille, je souhaite un bel été. Aujourd’hui LA FRANCE est bleue. Nos « décideurs » qui ne décident rien sont contents. Tout le monde a oublié les nuages noirs qui sont au dessus de nos têtes … « Morituri » m’avez-vous dit ? Oui : « ceux qui vont mourir » ! Mais c’est nous … MURAT a encore raison !
Extrait de : … « Nuit sur l’Hymalaya » … « Morituri » (2016).
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« Nous tenons nos chefs/Au mépris complet/Malgré les caresses fermes et répétées/Tout est d’impuissance et de fausseté »
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Alors moi je me dis que j’ai de la chance …
Extrait de : … « Le cafard » … « Morituri » (2016)
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« Je suis en Bretagne/Je reprends haleine/A la dérobée ».
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Je l’imagine très bien en « Julien Sorel »
Moi aussi …
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Coucou Rhia et Didier.
Pour moi, Gérard Philippe a tellement été un Julien Sorel extraordinaire que je n’arrive pas à imaginer JLM dans ce rôle.
Je le vois plus dans le personnage intrigant et violent de Jean dans la pièce de Strindberg « Mademoiselle Julie ». Ou alors en bourru et solitaire Parkin, pragmatique tout en étant passionné et animal (comme l’avait joué Jean-Louis Coullo’ch en 2006)dans « l’amant de lady Chatterley ».
Gérard PHILIPPE ??? La classe effectivement Muse !
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Didier au foot comme dans beaucoup d’autres domaines on se doute bien que ce n’est pas l’altruisme qui prime… N’empêche convenez, hier, il était chouette à regarder ce match allez avouez, vous l’avez trouvé bien (sourire)Perso je ne suis pas du tout sport mais je trouve qu’en cette période agitée, de douleurs et d’incertitudes un peu de liesse collective est bon à prendre, sans trop se poser de question. Bon week-end Morlaix il pleut, beurk
Salut Laurence, il y a une chose qui me dégoûte profondément, ce sont les arrières pensées que dissimule tout ce cirque … Bon week-end à Toi. Pluie sur Morlaix, ne laisse que peu d’espoir aux Rennais !
D
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