- 93 Sevento – Jean-Louis MURAT … sa bibliothèque … 7ème partie …

Le double album « Babel » est dans les bacs le 13 octobre 2014. MURAT exècre, le mot est faible, les campagne promo. Mais il faut bien y passer. Les meilleures interviews du « Brenoï », l’ont souvent été par des journalistes d’Outre Quiévrain. MURAT en a déjà fait la remarque d’ailleurs.  Rien d’étonnant donc à ce qu’il invite chez lui à Douharesse les reporters de « Focus/Le Vif » (média Belge) pour un article sur mesure. Ces messieurs ont droit à la visite du propriétaire. Voici ce que nous en dit Philippe CORNET : « Sa tanière principale, une pièce sous toit, étale un boxon ou une reproduction de POLLOCK domine des encriers vides – oui, il écrit à la plume … des cartons entiers de cassettes et de cahiers grands formats. Ceux ci sont gavés de dizaines de poèmes jusqu’ici restés dans le ventre du père – alignés comme de vaillants soldats face à des armées d’illustrations photos, coupures de presse ».  

POLLOCK1942 – « Moon Woman » …

pollock moon woman 1942

Poursuivons la visite … « On est moins frappé par les boiseries qui dessinent plusieurs espaces consacrés à la musique que par ses bibliothèques chargées et précieuses résultantes de flâneries chinées « privilège du métier de chanteur ». Les éditions originales de PROUST sont d’ailleurs sa … madeleine. Le vieux Marcel étant  aussi peint par MURAT qui dessine moins de thèmes érotiques, un peu à cause des enfants … ». (…) « Et puis l’œil perce ces piles récurrentes de bouquins mixant genres, époques, styles et formats : POUHKINE, Jules LAFORGUE mais aussi les BD Jim Canada qu’il lisait gamin. Les précieux sont emballés dans du papier kraft ». MURAT commente et montre du doigt : « Là, c’est le top, la poésie de Pierre LOUYS : trois lignes de lui valent tellement … » . Il n’en dira pas plus … 

  • Jim Canada

Cette série a pour héros un sergent de la police montée Canadienne. Elle comprend  277 numéros, qui vont de  juin 1958 à mai 1986. Ci-dessous les n° de 1 à 4 …

JIM CANADA 1 JIM CANADA 2

 JIM CANADA3 JIM CANADA 4

***

  • Jules LAFORGUE …

 (Montevideo 1860 – Paris 1887).

 Jules Laforgue

Cet article est extrait de l’ouvrage Larousse : « Dictionnaire mondial des littératures ».

« Sa brève existence pourrait être placée sous le signe du déracinement : quittant son Montevideo natal, il passe à Tarbes une adolescence sombre et solitaire, puis gagne Paris pour cultiver la pauvreté en même temps que des rêves de gloire littéraire. Là, il devient secrétaire d’un riche collectionneur, Charles Éphrussi, et, en 1881, il sera lecteur de l’impératrice Augusta. Commence alors l’exil allemand, triste et doré, qui le mène de villégiature en villégiature et approfondit un ennui (« Je m’ennuie, natal ! ») que ne parviennent à dissiper ni son amitié pour le pianiste Théodore Isaye, ni les soirées au concert, ni les visites des musées (il acquit un goût sûr en peinture). Il quitte Berlin avec une jeune Anglaise, qu’il épouse à Londres, avant de revenir goûter, malgré l’aide de ses amis, à la misère parisienne. Il meurt quelques mois après son retour, phtisique, suivi de peu dans la tombe par sa femme ».

 « Cette vie errante impose sa marque à une œuvre désinvolte, aérienne, grinçante, qui s’est voulue résolument moderne. Laforgue fréquente tout d’abord les Hydropathes, se lie d’amitié avec Gustave Kahn, qui l’aidera pour ses publications, voue une admiration fervente au jeune Paul Bourget ; on trouvera donc trace en lui d’un certain goût du grotesque, de réflexions sur la prosodie et d’un culte du nouveau mal du siècle. En six ans, son parcours est immense et exemplaire des nouvelles tendances de l’époque : des nombreuses influences qu’il subit, la première, celle de Baudelaire, lui fait définir un spleen acéré qui constitue une note fondamentale de sa poésie ; à Verlaine il empruntera quelque goût pour l’impair et, surtout, un travail assidu sur la métrique ; grâce aux Poètes maudits, il découvre Rimbaud et pressent immédiatement son importance. Mais c’est Mallarmé qu’il admire le plus et on le verra cultiver l’ellipse et raffiner sa syntaxe. Ces veines sont étayées par un substrat philosophique qui ira en s’atténuant : une crise religieuse aboutit à la tentation du néant et à un bouddhisme affirmé ; à l’hégélianisme s’ajoute la découverte de l’inconscient (par la Philosophie de l’inconscient de Hartmann), qui accentue le pessimisme nourri de la lecture de Schopenhauer et motive sa conception de l’art qui « est tout, du droit divin de l’Inconscience ». Si le syncrétisme de toutes ces tendances n’a pas eu vraiment le temps de s’opérer et si des lambeaux de théorie entachent la limpidité des premiers écrits (le Sanglot de la terre, composé en 1880), l’ironie, la pirouette, le sourire cynique, bref, tout un art de la distance ou de la pose – suprême sincérité ? – empêchent l’œuvre de venir grossir le lot des poésies à thèse ou des plagiats. L’emphase outrée des interrogations métaphysiques, l’humour qui bafoue la passion et défait le discours amoureux ou le corps féminin, tout concourt à la désacralisation des mythes ; et en particulier la parodie qui s’attaque pêle-mêle aux textes célèbres, aux rites ou aux personnages illustres (surtout dans la prose). Laforgue travaille aussi à souligner la dérision de tout symbole, et il est bien plus décadent en ce sens que symboliste. Il fonde une entreprise impossible : raillant le quotidien, il ne peut prôner aucun idéal et, loin d’élaborer une poésie pure, utilise à foison ce qu’il nomme des « naturalismes ». C’est ainsi que se créent des dissonances, que la lune, les cygnes, la blancheur – récurrents dans les deux recueils publiés du vivant du poète (et à compte d’auteur), les Complaintes (1885) et l’Imitation de Notre-Dame la lune (1886) –, ou les fines adolescentes de ses nouvelles en prose, les Moralités légendaires (1887), tous ces éléments, qui devraient renvoyer à un univers de transparence, se trouvent corrodés par la moquerie ; tout se corrompt, la lune en vieille goguenarde et les vierges en saintes nitouches. Seul est vrai Pierrot parce qu’il est fardé et qu’il sautille entre ciel et terre sans que l’un ou l’autre puisse le revendiquer comme sa créature. L’alexandrin, mètre trop serein, ne peut plus satisfaire : il faut au poète moderne une diversification sans cesse accrue des vers, des strophes, jusqu’à cet aboutissement des Derniers Vers (1890), qui inaugurent le vers libre. L’insatisfaction à utiliser les mots affadis par l’usage – préoccupation toute mallarméenne – débouche non sur le raffinement du vocabulaire symboliste, mais sur la formation, souvent sardonique, d’un lexique personnel qui procède avant tout du jeu de mots (« voluptiales, violupté, éternullité ») et qui montre bien, parce qu’il accompagne l’emploi alterné de la préciosité et du prosaïsme, que cette poésie est celle d’une discordance essentielle, d’un écartèlement souriant : « Ma chair, ô Sœur, a bien mal à son âme. »

« Les Complaintes [1885]. Le recueil, longue succession de complaintes au titre parfois redondant (« Complainte du pauvre corps humain », « Complainte du pauvre jeune homme », « Complainte des complaintes »…), est dédié à Paul Bourget, pour l’heure le jeune maître d’un nouveau « mal du siècle ». Laforgue exaspère dans ses premières poésies, souvent remaniées, cette lassitude exacerbée qui fonde la « décadence ». Ce qui tient lieu de philosophie à cette œuvre (il n’y en aura plus guère par la suite), c’est un culte ambivalent de l’inconscient, un inconscient curateur, protecteur (« la grande nounou ») ou persécuteur, meurtrier et usurpateur de l’idéal. Comment les étoiles, le Soleil pourraient-ils désormais, dans le ciel qui est le lieu d’une métaphysique vaguement nihiliste, scintiller, bruire et sonner autrement que faux ? L’amour comme toute espérance en est désenchanté, et toute voix désarticulée. Car si déjà apparaissent les thèmes tristes et clinquants du Pierrot, de la Lune et de « l’automne monotone », l’essentiel repose dans cette musique désaccordée qui évoque les pianos, les orgues de Barbarie, dans ce rythme haché, saccadé, aux mille exclamations qui brisent le chant, sans jamais parvenir à l’éteindre. Musicalité du sanglot, du sarcasme, de l’invective, des ruptures de ton, ces poèmes-ritournelles résonnent bien, selon le vers du poète, à la façon de « complaintes des nerfs incompris ou brisés ».

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 L’Imitation de Notre Dame La Lune [1886]. Écrits au début de 1885 à Berlin, les poèmes de ce recueil témoignent d’une adoration de la Lune trop outrée pour ne pas se tourner en dérision. Les énumérations fantasques, les « divagations » (selon le titre d’un des poèmes) le montrent bien : il s’agit de rêver, mais en dérivant et en clignant de l’œil. La face blême de l’astre nocturne renvoie à un certain blanc de l’écriture : le contraire d’une plénitude, d’un lyrisme ; il reflète la légèreté d’une angoisse qui se raille. Il faut un dévot à cette pseudo-divinité et ce sera Pierrot, qui parcourt toute l’œuvre de Laforgue avec son masque de plâtre.

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Pour terminer, je choisis deux citations de LAFORGUE  : « Ah ! Que la vie est quotidienne » et  » Ah ! Tout est bien qui n’a pas de fin ». N’est ce pas monsieur Jean-Louis MURAT ??? 

***

  • Pierre  LOUYS …

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Comme l’indique le document ci-dessus, Pierre LOUYS naît à Gand le 10 décembre 1870. Il étudie à l’école Alsacienne de Paris. Il a pour condisciple André GIDE.  Dès 18 ans, il commence à rédiger des textes érotiques. A 19 ans il rencontre LECONTE DE L’ISLE. Il devient également l’ami de DEBUSSY – MALLARME – VERLAINE – APOLLINAIRE – Sarah BERNHARDT …

  • « L’amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser ». (Extrait d’Aphrodite)

  • « Le poète fait comme la nature : il donne la vie à ce qui n’a pas vécu ».

Pierre LOUYS (1870 – 1925)

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Oscar WILDE dit de lui : « Il est trop beau pour n’être qu’un homme, qu’il prenne garde aux Dieux ». Son premier roman : « Aphrodite, mœurs érotiques » (1896) exprime le culte de la beauté formelle.

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Poèmes licencieux « La femme » …

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Pierre LOUYS revendique avoir connu deux mille cinq cents femmes, il les consigne dans son « Catalogue descriptif des femmes avec qui j’ai couché« . Fascinante nomenclature de ses rencontres et ébats, il y note les nom, adresse, âge, particularités physiques de ses partenaires occasionnelles, prostituées pour la plupart. Dans cette oeuvre foisonnante et encyclopédique, on trouve également des listes de vocabulaire, des fiches techniques, des analyses anatomiques et un  savoureux   « Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des Maisons d’éducation » regorgeant de judicieux conseils du genre : « N’offrez jamais de godemiché à une femme mariée, à moins qu’elle ne vous ait fait elle-même la confidence de ses infortunes ».

Lui de « dandy » meurt ruiné, paralysé, atteint de cécité, le 4 juin 1925.

***

Le 26 septembre 2014, Thierry COLJON pour « Le Soir Belge » recueille les  confidences de Jean-Louis MURAT : « L’historien Paul VEYNE, un ancien du parti communiste, vient de sortir ses mémoires, un bouquin passionnant où il explique comment il a eu du mal à rompre avec le parti communiste, même qu’il était au courant de tout, STALINE, les goulags ». 

  • Paul Veyne …

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Né en 1930 à Aix en Provence, ses origines sont modestes, son grand-père est agriculteur, son père employé de banque puis courtier en vin. Il adhère au parti communiste Français en 1951, il le quitte en 1956 lorsque les chars soviétiques rentrent à Budapest. Il est fasciné par l’Antiquité. Professeur à la Sorbonne, il entre au collège de France en 1975 avec l’appui de Raymond ARON.

Le 26 octobre 2014 DAVID DOUCET pour « Les Inrockuptibles » reçoit l’historien et l’interroge : « Vous présentez votre livre comme un ” document social à l’usage des curieux”. Qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire vos souvenirs ? ». Voici sa réponse : « J’ai vécu, jusqu’à la mort de ma femme Estelle, des drames, des histoires invraisemblables, de ménage à trois, d’euthanasie. J’avais envie de confier tout ça dans un petit texte pour lui rendre hommage. Les gens ne vont plus sur les tombes. Moi j’y vais une fois par an pour suivre la coutume mais, arrivé devant, je ne sais pas quoi faire. Au bout de deux minutes, je m’en vais. Mais on peut exprimer son affection d’une autre manière, dont celle-ci. Je voulais le faire tirer à vingt exemplaires pour le distribuer à mes proches, mais mon éditrice m’a dit : “Rassemble tous tes souvenirs et ta plaquette sera éditée bien plus encore qu’à titre privé, on va en faire un livre.” J’ai donc commencé à me poser une question simple : quelle a été ma vie ? Mais avec une règle absolue : ne jamais parler de ce qui ne va pas intéresser le public. C’est à peine si je mentionne une fois mon frère ou ma soeur. Je ne parle que des choses qui ont eu une résonance historique : Mai 68, ce que fut le parti communiste, le Collège de France ».

Le principal de l’œuvre de Paul VEYNE est consacré à l’art, à Rome … aux mœurs des hommes et donc à leur sexualité … VEYNE fait partie des hommes qui se servent du passé pour suggérer le futur …

 On imagine l’Empire Romain totalement décadent. Dans « Sexe et pouvoir à Rome » (2005), VEYNE nous décrit une société pleine de tabous, qui fait coexister raffinement aristocratique et brutalité, justice et loi du Talion … 

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Son « Musée imaginaire » (2010) revisite tous les chefs d’œuvre de la peinture Italienne …

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Avec juste raison Paul VEYNE écrit : « La politique est une activité tragique, c’est à dire insoluble ». Enfant il a connu les idées prônées par PETAIN et LAVAL. Cela ne l’a pas empêché d’adhérer au parti communiste et d’avoir l’intelligence d’en sortir !  En 2007 il confesse même avoir voté pour SARKOZY lui qu’on peut considérer comme un humaniste de gauche …

Pour son dernier roman autobiographique : « Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas » Paul VEYNE vient de recevoir le prix Femina.

***

Au cours de la campagne promo du double album « Babel », notamment auprès des radios, plusieurs fois MURAT fait référence au penseur, essayiste Allemand Gunther ANDERS qui a toujours récusé le titre de philosophe. Il conseille la lecture du livre : « L’obsolescence de l’homme » paru en 1956.

  • Gunther ANDERS …

(1902 – 1992) …

gunther

Je vous en livre quelques extraits. Ce choix est subjectif. Les propos de Gunther ANDERS sont d’une actualité criante. Je cite :

  • «  Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes ».

  • « L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif ».

  • « Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux ».

  • « En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur ».

  • « L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir ».

obs

***

Dans les colonnes du magazine « Focus/Le Vif » répondant aux questions de Philippe CORNET le chanteur Auvergnat peste contre notre Société citant l’œuvre de Gilles CHATELET : « Les Etats-Unis ont appris à la planète à vivre et penser comme des porcs. Cela ma fait chier quelque part, je suis de culture américaine. Mais c’est comme ça. Aujourd’hui on a une civilisation de porcs et une civilisation de ceux qui ne supportent pas le porc ». MURAT a décidément le sens des raccourcis !  

  • Gilles CHATELET …

(1944 – 1999) …

 Gilles Chatelet

Mathématicien et philosophe CHATELET se donne la mort en 1999. Avant de s’en aller il nous laisse un manifeste dont le titre se suffit à lui-même …

gilles chatelet 1

Je vous livre un court extrait  de « Vivre et penser comme des porcs » : « Il faut beaucoup d’innocence, ou de rouerie, à une philosophie de la communication qui prétend restaurer la société des amis ou même des sages en formant une opinion universelle comme « consensus » capable de moraliser les nations, les Etats et le marché. Les droits de l’homme ne disent rien sur les modes d’existence immanents de l’homme pourvu de droits. Et la honte d’être un homme, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les situations extrêmes décrites par Primo Levi, mais dans des conditions insignifiantes, devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hantent les démocraties, devant la propagation de ces modes d’existence et de pensée-pour-le-marché, devant les valeurs, les idéaux et les opinions de notre époque. L’ignominie des possibilités de vie qui nous sont offertes apparaît du dedans. Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer avec elle des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissants motifs de la philosophie. Nous ne sommes pas responsables des victimes, mais devant les victimes. Et il n’y a pas d’autre moyen que de faire l’animal (grogner, fouir, ricaner, se convulser) pour échapper à l’ignoble : La pensée même est parfois plus proche d’un animal qui meurt que d’un homme vivant, même démocrate. »

Qui peut dire a présent que MURAT est un réactionnaire ???

***

Le 10 octobre 2014, dans une interview accordée à l’A.F.P. MURAT déclare : « On a 12000 ou 20000 mots sous le coude, et on tourne avec 300 ou 400 mots ». Il confie : « Avoir beaucoup pensé pendant la réalisation du disque à l’écrivain naturaliste Maurice GENEVOIX« .

  • Maurice GENVEVOIX …

(1890 – 1980)

GENEVOIX

Maurice GENEVOIX naît à Decize dans le département de la Nièvre.  Mobilisé en 14, il doit interrompre ses études. Officier d’infanterie, sur l’atrocité de la guerre il écrira 5 volumes superbes : « Ceux de 14″. La guerre, finie, il s’installe en Sologne et consacrera son temps à l’écriture. GENEVOIX est un observateur très attentif, fin et subtil de la nature, de la campagne et des animaux. En 1925 il écrit « Raboliot » le roman d’un braconnier avec lequel il obtient le prix Goncourt.  Il est également l’auteur de « Tendres bestiaires » et du « Bestiaire enchanté ». Il entre à l’Académie Française en 1946.

Autographe de Genevoix …

GENEVOIX 2

Quelques romans de GENEVOIX aux noms évocateurs …

GENEVOIX 3

GENEVOIX 8

GENEVOIX 9

Maurice GENEVOIX décède en 1980. Lors de l’émission radio « La bande passante » sur « RFI », le 29 octobre 2014, Jean-Louis MURAT  évoque GENEVOIX en ces termes : « J’ai toujours beaucoup aimé Maurice GENEVOIX. J’ai toujours pensé que c’était un immortel ».  GENEVOIX écrivait : « C’est la présence de la mort qui donne un sens à la vie ».  

***

disque140

Le 16 mai 2016 Alain DE REPENTGNY , dans les colonnes de « La Press.ca » au Québec recueille ces propos de MURAT :   « Ce qui m’a sauvé, c’est les livres et la créativité » (…) « J’ai été élevé dans un monde où il n’y avait pas de bibliothèque, pas de livres. Ma bibliothèque, c’est fondamental : une bibliothèque bien entretenue, bien rangée, à confier à d’autres après, comme si elle allait être ma meilleure création. Je suis fou de livres, il n’y a pas un matin où je n’y pense pas ».

***

 On ne sait jamais, vous voudriez revenir au début ???

http://didierlebras.unblog.fr/93-jean-louis-murat-sa-bibliotheque-1ere-partie/

***

 

 

Publié dans : ||le 4 novembre, 2014 |2 Commentaires »

2 Commentaires Commenter.

  1. le 4 novembre, 2014 à 17:32 Muse écrit:

    Page intéressante, Didier! J’adore Pierre Louÿs pour son sens de la provocation et quand tu trouves un bouquin illustré par Paul-Emile Bécat (illustrateur érotique talentueux), c’est assez croquignolet!

    Comme je l’avais dit ailleurs, je trouve surprenant que JLM ne se soit pas intéressé, plutôt qu’à Maurice Genevoix, à Lucien Gachon, écrivain paysan auvergnat. Mais bon, peut-être Genevoix était-il plus célèbre…

    Et enfin, tu peux rajouter Gilles Châtelet qu’il évoque dans une chanson de Babel, la référence du livre « vivre et penser comme des porcs » ou critique de la vie contemporaine.

    Répondre

  2. le 4 novembre, 2014 à 17:44 didierlebras écrit:

    Merci à « ma fée adorée » …
    Si tôt dit … je me jette sur Chatelet …
    Didier.

    Dernière publication sur  : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...

    Répondre

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