- 93 – Jean-Louis MURAT … sa bibliothèque … (1ère partie) …

Chez les BERGHEAUD « papa » et « maman », le livre est une denrée rare. Chez François « le grand-père » plus encore. Pourtant le p’tit BERGHEAUD aime les livres pour ce qu’ils représentent lorsque l’on habite loin de tout : une ouverture sur le monde extérieur, le droit d’aller voir ailleurs, la possibilité d’apprendre et de s’enrichir. Son premier livre : « Le Larousse ». Jean-Louis aime y découvrir le sens des mots, de nouvelles couleurs, s’ouvrir à d’autres horizons …  

Jean-Louis BERGHEAUD est féru d’histoire. Rien d’étonnant donc à ce que, en février 1988, alors qu’il reçoit « chez lui » le sieur BAYON il évoque avec ce dernier ses lectures. BAYON écrit : « Il a avec lui : « L’histoire de la révolution Française » de Jules MICHELET ». Jean-Louis MURAT est un chineur, mais aussi un fin connaisseur. Le dimanche il va aux « Puces » de Clermont … C’est ainsi qu’il a découvert le manuscrit ancien « Madame Deshoulières » …  Nul doute qu’il ait dans sa bibliothèque d’autres « pépites » de ce type, dénichées à pas trop cher …

JULES MICHELET …

En 1974, les éditions Jean DE BONNOT, en 7 volumes, rééditent « L’histoire de révolution française » signée MICHELET

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A noter qu’a l’occasion du bicentenaire de la révolution Française, parait une édition luxueuse limitée à 3995 exemplaires, dont seul le dernier tome  est numéroté …

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L’histoire de la révolution Française de MICHELET fait l’objet de deux volumes chez « La Pléïade »  (édition 1961) …

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Le must restant bien entendu les parutions d’époque, que l’on peut acquérir pour un prix relativement modique …

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Jules MICHELET  fils d’un père maître imprimeur et d’une mère « enfant de la ferme » est donc issu du « peuple ». Professeur, il écrit dans un style sobre et captivant. Il donne à aimer l’histoire. De 1847 à 1853, en sept volumes, il écrit l’histoire de la révolution française. Beaucoup d’historiens critiquent MICHELET pour : « son manque de rigueur sur les faits historiques ». C’est ainsi que Pierre CHAUNU écrit : « Il est vrai qu’il y a de belles pages, mais sur le plan de la recherche historique, c’est nul ». Les avis divergent. Pour Victor HUGO l’historien MICHELET est : « un héros » pour SAINTE BEUVE rien moins qu’un : « charlatan« . Marcel PAGNOL dans « La gloire de mon père » le décrit comme : « étant le propagandiste des idées de la IIIème République ».

MICHELET  écrit : « Chaque époque rêve la suivante ». Dans son « Histoire de la révolution française » je retiendrai trois phrases :

  • « Les mêmes craintes, les mêmes calamités ramènent les mêmes terreurs ».

  •  « Le jour où la patrie devient moquerie commence un âge barbare ».

  • « L’époque humaine et bienveillante de notre révolution a pour acteur le peuple même, le peuple entier, tout le monde. Et l’époque des violences, l’époque des actes sanguinaires ou plus tard le danger la pousse, n’a pour acteur qu’un nombre d’hommes minime, infiniment petit ».

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NIETZSCHE …

Poursuivant son article BAYON écrit parlant de son hôte : « Toujours un bouquin sous le coude » (…)  »En ce moment le Gai savoir de NIETZSCHE« « la correspondance érotique de FLAUBERT » …   

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L’œuvre de NIETZSCHE  (éditée en 1882) est traduite en Français en 1901 par Henri Albert (413 pages) …  »Le gai savoir » est très représentatif de l’œuvre de NIETZSCHE. Ce dernier y présente des pensées courtes et puissantes pour tenter de cerner le caractère de l’être humain et décrire les maux dont souffre notre société. « Le gai savoir » se compose de 4 parties : (le livre 1 : traite de la morale – le livre 2 : les femmes, l’art et le rapport entre vérité et réalité – le livre 3 : la philosophie de l’auteur sur la mort de Dieu – le livre 4 : affirmation de la vie et reconstruction des valeurs). 

NIETZSCHE est également un poète. Il n’est que de le lire pour s’en apercevoir. Ses mots chantent. Je suis étonné qu’en aussi peu de mots on puisse faire éclater de telles vérités :

  • « Toute communauté – un jour, quelque part, d’une manière ou d’une autre – rend commun ».

  •  « Rire, c’est se réjouir d’un préjudice, mais avec bonne conscience ».

  •  « Ce qu’on fait n’est jamais compris mais seulement loué ou blâmé ».

  •    »La cruauté est le remède de l’orgueil blessé ».

Autre constat : le poids de la ponctuation, qui permet au silence et donc à la réflexion de prendre place. Le temps de se dire « Mais bien sur, le poète à raison ! ».

Ajout le 28 avril 2016 …

Dans une interview accordée à « Point de vue » (27 avril 2016) MURAT confie à Fanny DE VOLTA : « En littérature beaucoup de choses sont touchantes. Il faut savoir s’y prendre. C’est une question de contexte. Le soir, j’aime ouvrir le 2ème tome des considérations intempestives de NIIETZSCHE, intitulé de l’utilité et de l’inconvénient des études historiques pour la vie. NIETZSCHE est le philosophe qui possède le plus grand style littéraire. Un peu comme dans les écrits de Marcel PROUST, la profondeur de la pensée et de la mise en forme poétique sont indissociables. Trois phrases de cet ouvrage suffisent à me fasciner ».

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Gustave FLAUBERT …

Les « correspondances érotiques de Flaubert » ??? Le titre d’un livre ??? Non … il s’agit des échanges épistolaires entre FLAUBERT et nombre de ses ami(es) au premier rang desquels on trouve Louise COLET ( égérie de l’écrivain) et Louis BOUILHET « ami » de FLAUBERT. Dans ces lettres FLAUBERT parle de tout, sans scrupule. Cette correspondance fournie constitue une étude sociologique parfaite de l’époque. FLAUBERT nous mène de Paris aux bords du Nil. Il nous fait visiter les bordels de Paname et ceux des villes d’Afrique du Nord visités. C’est à ne pas piquer des vers ! Toutes ces lettres sont regroupées dans les collections « Gallimard » et « La Pleïade » sous le titre « Correspondances de FLAUBERT » dont voici quelques extraits …

 À Maxime Du Camp, le 7 avril 1846

« Et toi, bon vieux Max, que deviens-tu ? Prends garde d’aimer trop cette bonne Marthe. Tu goûtes avec elle de grandes joies ; c’est triste. La félicité est un manteau de couleur rouge qui a une doublure en lambeaux. Quand on veut s’en recouvrir, tout part au vent, et l’on reste empêtré dans ces guenilles froides que l’on avait jugées si chaudes. — J’ai peur pour toi quand je te vois une amour sérieuse. La vérole est moins à craindre que la passion. On cautérise les chancres de la pine, mais non pas ceux du cœur. Adieu. Je t’embrasse. Tibi. »

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- À Louise Colet, le 8-9 août 1846.

«Oublie-moi si tu peux, arrache ton âme avec tes deux mains, et marche dessus pour effacer l’empreinte que j’y ai laissée. […] — Non, je t’embrasse, je te baise, je suis fou. Si tu étais là, je te mordrais. J’en ai envie, moi que les femmes raillent de ma froideur et auquel on a fait la réputation charitable de n’en pouvoir user, tant j’en usais peu. Oui je me sens maintenant des appétits de bêtes fauves, des instincts d’amour carnassier et déchirant, je ne sais pas si c’est aimer. C’est peut-être le contraire. Peut-être est-ce le cœur en moi, qui est impuissant. La déplorable manie de l’analyse m’épuise. Je doute de tout, et même de mon doute. Tu m’as cru jeune et je suis vieux. J’ai souvent causé avec des vieillards des plaisirs d’ici-bas, et j’ai toujours été étonné de l’enthousiasme qui ranimait alors leurs yeux ternes, de même qu’ils ne revenaient pas de surprise à considérer ma façon d’être, et ils me répétaient : À votre âge ! à votre âge ! vous ! vous ! — Qu’on ôte l’exaltation nerveuse, la fantaisie de l’esprit, l’émotion de la minute, il me restera peu. Voilà l’homme dans sa doublure. Je ne suis pas fait pour jouir. »

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- À Louise Colet, le 31 août 1846.

«Oui, je t’aime, je t’aime, entends-tu ? Faut-il le crier plus fort encore ? Mais si je n’ai pas l’amour ordinaire qui ne sait que sourire, est-ce ma faute ? Est-ce ma faute de ce [que] tout mon être n’a rien de doux dans ses allures ? Je te l’ai déjà dit, j’ai la peau du cœur, comme celle des mains, assez calleuse. Ça vous blesse quand on y touche. Le dessous peut-être n’en est que plus tendre. »

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- À Louise Colet, le 7 mars 1847.

« C’est une créature que j’aime à voir, encore plus de loin que de près, car de près tout perd et se rétrécit. Je me suis gardé de vouloir être autre chose auprès d’elle qu’un analyste. Car si « j’avais été serré dans ses bras » je ne l’aurais plus jugée. Ceci s’adresse à l’Artiste : cette femme-là me semble le type de la femme avec tous ses instincts, un orchestre de sentiments femelles. Or pour entendre l’orchestre on ne se met pas dedans, mais au-dessus, au fond de la salle. » […] « Jamais tu n’as, je ne dis pas répondu, mais eu la moindre pitié pour mes instincts de luxe. Un tas de besoins qui me rongent comme de la vermine, et dont je te laissais voir le moins possible n’ont excité en toi que le dédain dont le bourgeois m’accable. Les trois quarts de ma journée habituellement se passent à admirer Néron, Héliogabale ou quelque autre figure secondaire, qui converge comme des astres autour de ces soleils de beauté plastique. Quel enthousiasme alors voulais-tu que j’aie pour les petits dévouements moraux, pour les vertus domestiques ou démocratiques que tu voulais que j’admirasse ? »

Le voyage en Orient

- À Louis Bouilhet, le 13 mars 1850.

« De retour à Benisouëf nous avons tiré un coup (ainsi qu’à Siout) dans une hutte si basse, qu’il fallait ramper pour y entrer. On ne pouvait s’y tenir que courbé ou à genoux. On baisait sur une natte de paille, entre quatre murs de limon du Nil sous un toit de bottes de roseaux, à la lumière d’une lampe posée dans l’épaisseur de la muraille. » […] « Eh bien ! je n’ai pas baisé (le jeune Du Camp ne fit pas ainsi), exprès, par parti pris, afin de garder la mélancolie de ce tableau et faire qu’il restât plus profondément en moi. Aussi je suis parti avec un grand éblouissement, et que j’ai gardé. Il n’y a rien de plus beau que ces femmes vous appelant. Si j’eusse baisé, une autre image serait venue par-dessus celle-là et en aurait atténué la splendeur. » […] À titre d’exemple — et nous n’en donnerons qu’un —, voici la version édulcorée de ce même paragraphe dans l’édition Conard : « Eh bien ! j’ai résisté, exprès, par parti pris, afin de garder la mélancolie de ce tableau et faire qu’il restât plus profondément en moi. Aussi je suis parti avec un grand éblouissement et que j’ai gardé. Il n’y a rien de plus beau que ces femmes vous appelant. Si j’eusse cédé, une autre image serait venue par-dessus celle-là et en aurait atténué la splendeur. » Sans commentaire ! « Je n’ai pas toujours mené avec moi un artistisme si stoïque. À Esneh j’ai en un jour tiré 5 coups et gamahuché 3 fois. Je le dis sans ambage ni circonlocution. J’ajoute que ça m’a fait plaisir. Kuchuk-Hanem est une courtisane fort célèbre. […] C’est une impériale bougresse, tétonneuse, viandée, avec des narines fendues, des yeux démesurés, des genoux magnifiques, et qui avait en dansant de crânes plis de chair sur son ventre. […] Le soir, nous sommes revenus chez Kuchuk-Hanem. Il y avait 4 femmes danseuses et chanteuses, almées (le mot almée veut dire savante, bas bleu. Comme qui dirait putain, ce qui prouve, Monsieur, que dans tous les pays les femmes de lettres !!!…). La feste a duré depuis 6 heures jusqu’à 10 heures 1/2, le tout entremêlé de coups [baisers dans l’édition Conard !] pendant les entractes. […] « Je l’ai sucée avec rage ; son corps était en sueur, elle était fatiguée d’avoir dansé, elle avait froid. […] Quant aux coups, ils ont été bons. Le 3e surtout a été féroce, et le dernier sentimental.  Nous nous sommes dit là beaucoup de choses tendres, nous nous serrâmes vers la fin d’une façon triste et amoureuse. » « Dans l’absorption de tout ce qui précède, mon pauvre vieux, tu n’as pas cessé d’être présent. C’était comme un vésicatoire permanent qui démangeait mon esprit et en faisait couler le jus en l’irritant davantage. Je regrettais (le mot est faible) que tu ne fusses pas là. Je jouissais pour moi et pour toi, je m’excitais pour nous deux et tu en avais une bonne part, sois tranquille. » « Quant au vice, il [le jeune Du Camp] se calme. Il nous semble que j’hérite de ses qualités car je deviens cochon. Je le sens profondément. Si le cerveau baisse, la pine se relève. »

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- À Théophile Gautier, le 13 août 1850. « Au Caire j’ai vu un singe masturber un âne. L’âne se débattait, le singe grinçait des dents, le foule regardait, c’était fort. […] Nous allons donc voir la place où fut Sodome. Quelles idées ça va faire naître en nous !? »  - À Louis Bouilhet, le 14 novembre 1850.

« Nous avons passé (rien de plus) dans la rue des bordels d’hommes. J’ai vu des bardaches qui achetaient des dragées, sans doute avec l’argent de leur cul, l’anus allait rendre à l’estomac ce que celui-ci lui procure d’ordinaire. Dans les salles du rez-de-chaussée j’ai entendu les sons d’un violon aigre, on dansait la romaïque. Ces jeunes garçons sont ordinairement des Grecs ; ils portent de longues chevelures. » […] « Chaque soir et matin je pansais mon malheureux vi. Enfin cela s’est guéri. Dans deux ou trois jours la cicatrice sera fermée. Je me soigne à outrance. Je soupçonne une Maronite de m’avoir fait ce cadeau, mais c’est peut-être une petite Turque. Est-ce la Turque ou la Chrétienne, qui des deux ? problème ? pensée !!! voilà un des côtés de la question d’Orient que ne soupçonne pas La Revue des Deux-Mondes. — Nous avons découvert ce matin que le young Sassetti a la chaude-pisse (de Smyrne), et hier au soir Maxime s’est découvert, quoiqu’il y ait six semaines qu’il n’a baisé, une excoriation double qui m’a tout l’air d’un chancre bicéphale. Si c’en est un, ça fait la troisième vérole qu’il attrape depuis que nous sommes en route. Rien n’est bon pour la santé comme les voyages. » […] « À Mouglah, dans les environs du golfe de Cos, Max s’est fait polluer par un enfant (femelle) qui ignorait presque ce que c’était. C’était une petite fille de 12 à 13 ans environ. Il s’est branlé avec les mains de l’enfant posées sur son vi ».

Retour en France

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- À Louise Colet, le 24 avril 1852

« Causons un peu de Graziella. C’est un ouvrage médiocre, quoique la meilleure chose que Lamartine ait faite en prose. […] Et d’abord, pour parler clair, la baise-t-il ou ne la baise-t-il pas ? Ce ne sont pas des êtres humains, mais des mannequins. — Que c’est beau, ces histoires d’amour où la chose principale est tellement entourée de mystère que l’on ne sait à quoi s’en tenir ! l’union sexuelle étant reléguée systématiquement dans l’ombre comme boire, manger, pisser, etc. ! Ce parti pris m’agace. Voilà un gaillard qui vit continuellement avec une femme qui l’aime et qu’il aime, et jamais un désir ! Pas un nuage impur ne vient obscurcir ce lac bleuâtre ! Ô hypocrite ! S’il avait raconté l’histoire vraie, que c’eût été plus beau ! Mais la vérité demande des mâles plus velus que M. de Lamartine. — Il est plus facile en effet de dessiner un ange qu’une femme. Les ailes cachent la bosse. […] Mais c’est que Naples n’est pas ennuyeux du tout. — Il y a de charmantes femelles, et pas cher. Le sieur de Lamartine tout le premier en profitait, et celles-là sont aussi poétiques dans la rue de Tolède que sur la Margellina. Mais non, il faut faire du convenu, du faux. Il faut que les dames vous lisent. Ah mensonge ! mensonge ! que tu es bête ! »

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- À Louise Colet, le 16juillet 1852

« C’est cette pudeur-là qui m’a toujours empêché de faire la cour à une femme. — En disant les phrases po-ë-tiques qui me venaient alors aux lèvres, j’avais peur qu’elle ne se dise : « Quel charlatan ! » et la crainte d’en être un effectivement m’arrêtait. » […] « Sont de même farine tous ceux qui vous parlent de leurs amours envolées, de la tombe de leur mère, de leur père, de leurs souvenirs bénis, qui baisent des médaillons, pleurent à la lune, délirent de tendresse en voyant des enfants, se pâment au théâtre, prennent un air pensif devant l’Océan. Farceurs ! farceurs ! et triples saltimbanques ! qui font le saut du tremplin sur leur propre cœur pour atteindre à quelque chose. »

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- À Louise Colet, le 19 septembre 1852 « Mais il y a d’autre part une telle idée reçue qu’il faut être chaste, idéal, qu’on doit n’aimer que l’âme, que la chair est honteuse, que le cœur seul est de bon ton. Le cœur ! Le cœur ! oh ! voilà un mot funeste ; et comme il vous mène loin ! » - À Louise Colet, le 27 décembre 1852

« À la fin le héros veut se châtrer, par une espèce de manie mystique. J’ai eu, au milieu de mes ennuis de Paris, à dix-neuf ans, cette envie (je te montrerai dans la rue Vivienne une boutique devant laquelle je me suis arrêté un soir, pris par cette idée avec une intensité impérieuse), alors que je suis resté deux ans entiers sans voir de femme. (L’année dernière, lorsque je vous parlais de l’idée d’entrer dans un couvent, c’était mon vieux levain qui me remontait.) Il arrive un moment où l’on a besoin de se faire souffrir, de haïr sa chair, de lui jeter de la boue au visage, tant elle vous semble hideuse. »

De FLAUBERT on connaît surtout « Madame Bovary » ou « L’éducation sentimentale » mais la correspondance de FLAUBERT a influence plus d’un intellectuel. C’est André GIDE qui écrit le 27 mars 1889 : « Ce FLAUBERT est grisant : à lire ses lettres, il me prend des rages énormes de voyager, d’éprouver des sensations nouvelles, inconnues … ». MURAT à son tour est pris au piège …

Dans le cadre de la promo de l’album « Dolores », le 3 octobre 1996, MURAT confie à Jean-Luc CAMBIER pour « Télé moustique » : « Je recommande le manuscrit de Madame BOVARY où l’on voit comment FLAUBERT a créé ce personnage féminin. Madame BOVARY c’est lui.  C’est vrai, mais c’est surtout Madame BOVARY qui est très loin de lui ».

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Ci dessous envoi autographe (1877) de l’auteur à son ami MENARD

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Ajout le 28 avril 2016 …

A l’occasion de la sortie de son nouvel album « Morituri » le 27 avril 2016 dans les colonnes du magazine « Point de vue » le chantre Auvergnat confie à Fanny DA VOLTA  « J’ai lu à plusieurs reprises Madame BOVARY ». (…) « Emma BOVARY se couvre de dettes par ennui. Ses amants refusent de l’aider. Savoir dépeindre les petites gens était la plus grande force de FLAUBERT. Il faudrait être un monstre pour ne pas pleurer en lisant sa nouvelle. Un cœur simple ». Je pense que MURAT n’est pas homme facile à vivre tellement il est entier. Il est certain par contre qu’il a bon cœur. Tout le contraire de l’image bougonne qu’il donne de lui ! 

 ***

Le 8 novembre 1989 pour « Télérama » la journaliste et critique musicale Anne-Marie PAQUOTTE reçoit Jean-Louis MURAT qui lui confie : « En littérature je lis les auteurs du XVIIIème et puis DU BELLAYLouise LABE RAIMBAUDVERLAINEAPOLINAIREELUARD« .

Joachim DU BELLAY …

Joachim DU BELLAY, naît à Liré sur les bords de la Loire, en 1522. Ci dessous, ce qu’il reste de la demeure de la famille DU BELLAY

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En 1547 DU BELLAY fait la rencontre de Pierre DE RONSARD. Les deux hommes décident de former le groupe de « La Pléïade » qui se donne pour but de défendre la langue française. De 1553 à 1557 DU BELLAY effectue un voyage à Rome. En 1558 il publie « Les regrets »

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Extrait « Les regrets » …

« Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage

Ou comme celui-là qui conduit la toison.

Et puis est retourné, plein d’usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge ! »

« Quand reverrai-je hélas, de mon petit village

Fumer la cheminée, et en quelle saison,

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,

Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? »

« Plus me plaît le séjour qu’on bâtit mes aïeux,

Que des palais Romains le front audacieux,

Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine ».

« Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin

Plus mon petit Liré, que le Mont Palatin

Et que l’air marin la douceur Angevine ».

***

Louise LABE …

Louise LABE, surnommée « La belle cordière » épouse Ennemond PERIN, un riche cordier Lyonnais. L’argent de son époux lui permet d’assouvir sa soif des lettres. L’œuvre de Louise LABE se distingue par la qualité de ses sonnets.

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Extrait du recueil « Sonnet » publié en 1555 …

« Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,

Ô chauds soupirs, ô larmes étendues,

Ô noires nuits vainement attendues,

Ô jours luisants vainement retournés ! »

« Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,

Ô temps perdus, ô peurs dépendues,

Ô mille morts en mille rets tendues

Ô pires maux contre moi destiné ! »

« Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !

Ô luth plaintif, viole, archet et vois !

Tant de flambeaux pour ardre une femelle ! ».

« De toi me plains, que tant de feux portant

En tant d’endroits, d’iceux mon cœur tâtant

Non ait sur toi volé quelque étincelle ».

Profitons en pour nous familiariser avec quelques mots oubliés, inconnus de nos « pauvres lycéens » …

  • Le sonnet est considéré comme la forme par excellence pour évoquer une situation amoureuse. Il se compose de deux quatrains (strophe de 4 vers) et de deux tercets (strophe de 3 vers).

  •  Le rondeau est très utilisé au Moyen Âge. Le rondeau impose la reprise du premier vers en refrain le long du poème. Il contient seulement deux rimes. La Pléiade lui préfère le sonnet.

  •  La ballade est composée de trois strophes carrées (le nombre de vers de la strophe est égal au nombre de syllabes par vers).

En lisant Louise LABE et quelques autres MURAT apprend à maîtriser la rime. A l’origine les rimes dans les quatrains devaient être « embrassées ». On distingue trois types de rime :

1 – Rimes embrassées :

      Extrait … « Ma bohème » RIMBAUD

      « Je m’en allais les poings dans mes poches crevées;

       Mon paletot soudain devenait idéal;

       J’allais sous le ciel, Muse,  et j’étais ton féal;

       Oh ! là là ! Que d’amours splendides j’ai rêvés ! ».

2 – Rimes plates ou suivies :

      Extrait … « Les saltimbanques » de Guillaume APOLLINAIRE 

      « Dans la plaine les baladins

       S’éloignent au long des jardins

       Devant l’huis des auberges grises

       Par les villages sans églises« .

3 – Rimes croisées :

       Extrait … « Spleen » de BAUDELAIRE

       « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

        Sur les esprits gémissant en proie aux longs ennuis

        Et que l’horizon embrassant tout le cercle

        Il nous verse un jour plus noir plus triste que les nuits« .

***

Arthur RIMBAUD …

Arthur RIMBAUD né à Charleville le 20 octobre 1854 écrit ses premiers poèmes à 15 ans. A 20,  il cesse d’écrire et voyage dans le monde entier. C’est souvent la maladie et le besoin d’argent qui le ramèneront chez sa mère dans les Ardennes. Sa rencontre avec VERLAINE, leurs amours, leurs disputes suivies d’un emprisonnement, seront source de poésies. Pas étonnant que le chantre Auvergnat se passionne pour l’écriture romantique et tourmentée de RIMBAUD lequel décède à Marseille le 10 novembre 1891 d’un cancer et dans des douleurs atroces. Il n’a que 37 ans …  

Merci à Sophie DESESTOILES à qui j’ai emprunté ce montage … Je trouve le parallèle parfaitement justifié …

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Parmi les œuvres essentielles de RIMBAUD : « Le bateau ivre »

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(Extrait) …

(…)

« La tempête a béni mes éveils maritimes

Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots

Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,

Dix nuis sans regretter l’œil niais des falots ! »

« Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes mûres

L’eau verte pénétra ma coque de sapin

Et des taches de vins bleus et des vomissures

Me lava, dispersant gouvernail et grappin ».

« Et dès lors, je me suis baigné dans le Rêve

De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,

Devant les azurs verts; ou, flottaison blême

Et ravie, un noyé pensif parfois descend ».

(…)

Autre œuvre majeure : « Les mains de Jeanne Marie  »

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(Extrait) …

(…)

« Ce ne sont pas mains de cousine

Ni d’ouvrières aux gros fronts

Que brûle, aux bois puant l’usine,

Un soleil ivre de goudrons ».

« Ce sont des ployeuses d’échines,

Des mains qui ne font jamais mal,

Plus fatales que des machines,

Plus fortes que tout un cheval ! ».

(…)

L’ensemble des poèmes Rimbaldiens fait l’objet d’un livre référence chez « La Pléiade »

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***

Paul VERLAINE …

Paul VERLAINE nait en 1944. A 18 ans il obtient son bac et renonce à ses études pour entrer comme employé à la marie de Paris. Il fréquente les cafés et les cercles littéraires. En 1871 il rencontre RIMBAUD. Entre Londres et Bruxelles, les deux amants mènent une vie tapageuse, faite de disputes, de départs et de retrouvailles. Le 9 juillet 1873 une nième querelle entre les deux poètes se termine par un coup de révolver dont est victime RIMBAUD. Plus de peur que de mal. Il n’empêche que VERLAINE est jugé et mis en prison. Il n’en sortira qu’en janvier 1875. La fin de vie de VERLAINE est marquée par l’alcool, la violence et la misère. En rupture avec la société de son époque, comme RIMBAUD, il reçoit le titre de « poète maudit ». VERLAINE décède en 1896  … Ci dessous le faire part de décès de Paul VERLAINE

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 VERLAINE écrit le principal et le meilleur de son œuvre entre ses 22 et 35 ans. Bisexuel, le poète a beaucoup écrit sur les femmes … Le poème qui suit est extrait du recueil « Trilogie érotique et filles ». Il est illustré fort à propos

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Séguedille   « Brune encore non eue, Je te veux presque nue Sur un canapé noir Dans un jaune boudoir, Comme en mil huit cent trente ».« Presque nue et non nue  A travers une nue De dentelles montrant Ta chair où va courant Ma bouche délirante ».« Je te veux trop rieuse  Et très impérieuse, Méchante et mauvaise et  Pire s’il te plaisait, Mais si luxurieuse ! »« Ah ! ton corps noir et rose  Et clair de lune ! Ah ! pose Ton coude sur mon cœur, Et tout ton corps vainqueur, Tout ton corps que j’adore ! »« Ah ! ton corps, qu’il repose Sur mon âme morose Et l’étouffe s’il le peut, Si ton caprice veut ! Encore, encore, encore ! »« Splendides, glorieuses, Bellement furieuses Dans leurs jeunes ébats, Fous mon orgueil en bas Sous tes fesses joyeuses ! »

 L’intégrale de VERLAINE fait l’objet d’un recueil chez La Pléiade …

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Une édition originale (500 exemplaires) des « Poèmes Saturniens » datée de 1867  … Signée P. VERLAINE à Jules DESTREE

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Guillaume APOLLINAIRE …

Guillaume APOLLINAIRE ???? Son vrai nom : Wilhelm Albert Wlodzimiersz Aleksander Apollinary DE KOSTROWITZKY (sujet Polonais). Il serait né à Rome le 25 août 1880. Sa mère est membre de la noblesse Polonaise. Elle vit à Rome, use de ses charmes et s’adonne aux jeux. Dans un premier temps Angelika KOSTROWICKA (c’est son nom)  ne reconnaît pas cet enfant sont le père serait un officier Italien. Quelques mois plus tard, la mère reconnaît l’enfant à qui elle donne le prénom :  Guglielmo  et le nom : DE KOSTROWITZKY. Un petit frère complète la famille qui s’installe à Monaco dès 1887. La maman est employée comme « entraîneuse » dans le nouveau casino de la ville. En 1900, après avoir échoué au bac Guglielmo s’installe à Paris. Il vit de petits boulots. Dès 1901 il écrit sous le nom de Wilhelm KOSTROWITZKY.  Entre 1902 et 1905 il publie contes et poèmes tout en travaillant pour des organismes boursiers. Il commence à vivre de sa plume. Il choisit donc le pseudo : APOLLINAIRE soit le prénom de son grand-père maternel : Apollinaris, tiré d’APOLLON (Dieu de la poésie) ! En 1907 il rencontre Marie LAURENCIN. Ce sera le début d’une liaison tumultueuse. Pour elle il écrit le célèbre « Pont Mirabeau ». Il se lie d’amitié avec PICASSO, DERAIN … Son goût pour la peinture ira jusqu’à influencer son écriture. Il use du calligramme (poème dont les vers ont été déstructurés pour former un dessin). Les femmes aimées seront le sujet de prédilection d’APOLLINAIRE. Ainsi les « poèmes à LOU » en l’honneur d’une comtesse : Louise DE COLIGNY CHATILLON dont il est tombé amoureux… En 1913 il publie « Alcools ». En décembre 1914, après un premier refus, il s’engage dans l’armée Française. Il demande sa naturalisation. Il obtient le grade de sous lieutenant ainsi que la nationalité Française le 9 mars 1916. Il se fait dorénavant appeler : Guillaume APOLLINAIRE. Il meurt de la grippe Espagnole le 9 novembre 1918.

Un calligramme …

Calligramme

Bulletin de souscription original. En 1914, influencé par le futurisme et par la « surprise » du collage cubiste, Apollinaire projette de faire paraître un recueil d’idéogrammes lyriques, qu’il met en souscription sous le titre « Et moi aussi je suis peintre ». Il indique par là sa volonté d’apporter une réponse poétique à l’introduction du langage dans la peinture cubiste. Ce recueil ne paraîtra profondément remanié et enrichi, en raison de la guerre, qu’en 1918 : ce sera « Calligrammes ». 

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« L’hérésiarque & Cie » original édité en 1910

(Extrait)  : « Demandez voir à une chaise, qu’est-ce qu’un homme ? – C’est un cul, paraît, dit-elle ».

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Edition originale de l’œuvre ci-dessus, avec autographe signé APOLLINAIRE

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  • « Alcools » édité chez Gallimard …

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« Les colchiques » extrait « Alcools » …

« Le pré est vénéneux mais joli en automne/Les vaches y paissant/Lentement s’empoisonnent/Le colchique couleur de cerne et de lilas/Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la/Violâtres comme leur cerne et comme cet automne/Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne/Les enfants de l’école viennent avec fracas/Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica/Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères/Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières/Qui battent comme les fleurs battent au vent dément/Le gardien du troupeau chante tout doucement/Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent/Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne »

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Paul ELUARD Paul ELUARD est le poète de l’amour avec GALA, sa première épouse, puis NUSH  et Dominique qui sera de tous ses combats politiques. ELUARD (1895 – 1952) est aussi le poète de la paix dès la première guerre mondiale et après la deuxième en participant au mouvement pour la paix. ELUARD adhère au parti communiste et s’engage dans la résistance active. Il participe au mouvement « dada ». Il prend fait et cause pour les « surréalistes ». Enfin, il est l’ami des artistes avec qui il  collabore …

  • Portrait d’ELUARD attribué à PICASSO 

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  • Edition originale « Capitale de la douleur »

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  • Edition originale « Une leçon de morale » avec envoi autographe …

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  • Laisser passer attribué à ELUARD par l’ambassade de Tchécoslovaquie pour voyager en Europe de l’Est …

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  • ELUARD œuvres complètes aux éditions La Pléiade …

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Pour vous situer le personnage, je retiendrai ces quelques citations extraites des écrits du poète :

  • « On transforme sa main en la mettant dans une autre ».

  •  « Marcher en soi-même est comme un châtiment, on ne va pas loin ».

  •  « Le tout est de tout dire et les mots me manquent ». 

  •  « La préoccupation sexuelle est à la base de toute l’activité de l’esprit ».
  •  « Je n’ai pourtant jamais trouvé ce que j’aime dans ce que j’écris ».

Voila des citations que MURAT pourrait faire siennes …

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Le 20 janvier 1992, dans les colonnes de « Madame Jour de France », sous la plume de Patricia BOYER DE LA TOUR , invité à parler de ses auteurs préférés MURAT déclare : « Pour la sensualité DH LAWRENCE … Je suis le roi d’un pays pluvieux BAUDELAIREPessoa PAVESEPASOLINI« .

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D.H. LAWRENCE  (11 sept. 1885 – 2 mars 1930)
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LAWRENCE passe son enfance dans les Midlands, région à la fois rurale et minière, qui devient pour lui le symbole du clivage entre la bonne vieille Angleterre et la civilisation industrielle moderne. Son père Arthur, un mineur, rustre mais bon vivant séduit Lydia sa mère, issue d’une famille bourgeoise et croyante. Leur vie ne sera que conflits.
  • Son premier roman « Le paon blanc » (1911) … Ci dessous édition de 1933

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  • « Amant et fils » (1913)

lawrence2 Dans ce roman LAWRENCE nous raconte l’histoire de « Paul MOREL » entre un père alcoolique et une mère mal mariée …

  • « Kangaroo » (1923) … renvoie dos à dos fascisme et communisme …

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  •  « L’amant de Lady CHETTERLEY » (1928)

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Extrait : « Elle ouvrit la        porte et regarda la pluie drue et lourde, semblable à un rideau d’acier,        et elle eut soudain envie de se jeter dans la pluie, de sortir, de fuir.        Elle se leva, et se mit vivement à retirer ses bas, puis sa robe et ses        dessous. II retint son souffle. Ses seins effilés et aigus d’animal        pointaient et bougeaient à chacun de ses mouvements. Elle avait une        couleur d’ivoire dans la lumière un peu verte. Elle remit ses chaussures        de caoutchouc et s’élança dehors avec un petit rire sauvage, et les        seins présentés à la lourde pluie, les bras écartés, elle se mit à        courir de-ci de-là, indistincte dans la pluie, exécutant les mouvements        de danse rythmique qu’elle avait appris il y avait si longtemps à Dresde.        C’était une étrange silhouette pâle qui s’élevait et retombait, se        penchant en sorte que la pluie venait frapper en reflets luisants les        hanches pleines, se redressant et s’avançant, le ventre en avant, à        travers la pluie, puis s’inclinant de nouveau en sorte que seuls ses        fesses et ses reins, pleinement offerts, se tendaient vers lui en une        sorte d’hommage, en un rite sauvage d’obédience. »         

 

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Charles BAUDELAIRE (1821 – 1867)
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Du romantisme BAUDELAIRE hérite cette vision du poète en marge de la société des hommes. Il est plus près de Dieu « Bénédiction » ou de Satan « Les litanies de Satan » que du monde terrestre « L’Albatros »

Le 20 janvier 1992 la journaliste Patricia BOYER DE LA TOUR cite les lectures préférées de MURAT : « Je suis le roi d’un pays pluvieux - BAUDELAIRE ». Il s’agit là d’un poème inclus dans « Les fleurs du mal » (1857). Je cite BAUDELAIRE : « Je suis le roi d’un pays pluvieux/Riche mais impuissant, jeune et pourtant très vieux/Que de ses précepteurs méprisant les courbettes/S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes/Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon/Ni son peuple mourant en face du balcon/Du bouffon favori la grotesque ballade/Ne distrait plus le front de ce cruel malade/Son lit fleudelysé se transforme en tombeau/Et les dames d’atour, pour qui tout prince est beau/Ne savent plus trouver d’impudiques toilettes/Pour tire un souris de ce jeune squelette/Le savant qui lui fait de l’or n’a jamais pu/De son être extirper l’élément corrompu/Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent/Et dont sur les vieux jours les puissants se souviennent/Il n’a su réchauffer ce cadavre hébété/Ou coulant lien de sang l’eau verte du Léthé ».

En 2007, à la demande du fils FERRE, en hommage aux mots de BAUDELAIRE et de la musique de Léo FERRE, le sieur BERGHEAUD nous délivre un magnifique « Charles & Léo » …

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Dans « Charles et Léo »  Jean-Louis MURAT reprend donc à son compte plusieurs titres des « Fleurs du mal » de BAUDELAIRE, mis en musique par Léo FERRE. En octobre 2007, pour le magazine « Lire » Baptiste LIGER interroge MURAT : « Pourquoi avoir décidé de chanter ces adaptations jamais enregistrées des Fleurs du Mal par Léo FERRE ? ». Réponse : « J’ai toujours aimé BAUDELAIRE. C’est l’apogée de la langue Française avec RIMBAUD, STENDHAL et PROUST ».

Pour le journal « Ouest France » le journaliste Michel TROADEC déclare le 7 octobre 2007 : « BAUDELAIRE, c’est empoisonné, c’est toxique ». (…) « C’est l’homme en position d’échec. Un face à face avec les ténèbres. Et c’est la langue la plus admirable de la poésie Française. La langue de tous les siècles d’avant, qu’il ramasse pour en faire un sommet indépassable ».

Dans « L’Express », le 11 octobre 2007 Gilles MEDIONI questionne MURAT sur l’auteur des « Fleurs du mal ». Voici sa réponse : « Je me retrouve en lui car, comme tous les grands poètes, il parle d’amour, de mort, de dégoût de soi, de désenchantement ». (…) « C’est le dernier poète chantable ».

  • « Les Fleurs du Mal » … édition de 1857 … avec illustrations de RODIN

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  •  « Les Fleurs du Mal » … édition de 1861

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 Cesare PAVESE  (1908 – 1950) …

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« Le métier de vivre » (1952) livre édité après sa mort est magnifique.

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Extrait : « On ne désire pas posséder une femme, on désire être le seul à la posséder ».

PAVESE  est également un poète reconnu. En 1950, il se suicide en laissant sur la table son dernier recueil : « La mort viendra et elle aura tes yeux » …

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Extrait de : « La mort viendra et elle aura tes yeux »

« Tu as un sang, une haleine/ Tu es faite de chair/ de cheveux de regards/ toi aussi. Terre et arbres/ ciel de mars et lumière/ vibrent et te ressemblent/ton rire et ta démarche/ sont des eaux qui tressaillent/la ride entre tes yeux/ des nuages amassés/ton tendre corps rappelle/ un coteau au soleil ».

PAVESE n’a jamais pu s’adapter à la vie d’adulte. Ses premiers poèmes paraissent dans un recueil intitulé : « Travailler fatigue » (voir ci-dessus).

Les derniers poèmes de PAVESE l’ont été pour l’actrice Constance DOWLING … Voilà qui nous donne : « La mort viendra et elle aura tes yeux » !

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Le thème principal de l’œuvre de PAVESE porte sur la difficulté de vivre. L’un de ses premiers succès « Le bel été » (1949) y est consacré.

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Fernando PESSOA (1888 – 1935)

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Un bistrot à Lisbonne, sans doute l’endroit que préférait PESSOA lequel est mort d’alcoolisme ! PESSOA a la réputation d’être un homme solitaire et triste. La plus grande partie de son œuvre sera publiée à titre posthume.

PESSOA a écrit sous plusieurs noms : Alberto CAEIRO – Ricardo REIS – Alvaro DE CAMPOS – Bernardo SOARES. C’est peut-être pourquoi il écrit :