- 92 Ter – Jean-Louis MURAT … sa discothèque … (3ème partie) …
En 2003 l’album « Lilith » est dans les bacs. Une édition vinyle limitée est mise en vente …
En septembre 2003 Franck VERGEADE pour « Magic » (n° 74) reçoit MURAT et lui pose cette question : « Comment est née cette idée de triple album vinyle ? ». Réponse du « bougnat » : « L’enregistrement s’est tellement bien passé que je me suis retrouvé comme un con avec vingt trois titres. Je me suis fait un peu piéger. Mais je n’allais quand même pas balancer un album entier à la poubelle. Initialement, je voulais publier un double vinyle. Sauf que ça ne tient pas sur un simple CD, à cause de l’encodage. Tout le problème était là ». VERGEADE renchérit : « Était-ce aussi une manière d’assouvir un vieux fantasme ? ». MURAT répond : « Le fond du problème, c’est que je souhaitais un triple vinyle à mon nom dans ma discothèque. A la maison je n’écoute plus que des vinyles. Et il y a beaucoup de disco. Par exemple, je suis un fan absolu d’Eddie KENDRICKS, l’ancien chanteur des TEMPTATIONS. D’ailleurs LAURE ça l’a toujours fait rigoler. Elle n’a toujours pas compris mon côté disco ».
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Eddie KENDRICKS … (1939 – 1992) …
Fondateur du groupe « TEMPTATION », Eddie KENDRICKS commence une carrière solo en 1973. Le single « Keep on truckin » est numéro 1 aux USA. A noter que le titre « The Newsness is gone » est samplé par AKHENATON.
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Titre éponyme (1973) …
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« Goin’ up in smoke (1976) …
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Pour « Les Inrocks » (n° 407 septembre 2003) Johanna SEBAN reçoit les confidences de MURAT. La question porte sur : « Les disques ? « La réponse fuse : « Ray CHARLES période 49 – 52« . Suivent ces explications : « Le début de la carrière de Ray CHARLES est incroyable. Au départ il domestique sa sauvagerie et chante comme un blanc, à la Nat King COLE. Puis il sort véritablement de l’enveloppe et finit comme Ray CHARLES. C’est fascinant ».
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Ray CHARLES … Double CD 1949 – 1952
Le 21 février 2004, Nicolas UNGEMUTH pour « Le Figaro Magazine » questionne MURAT sur : « Les disques ? ». La question se veut générale. La réponse sera précise : « Je n’écoute que des vinyles sur du matériel haut de gamme. J’en achète sans arrêt. Lorsque je suis en tournée avec le groupe, et que nous arrivons dans une nouvelle ville, la première question est : où se trouve le magasin spécialisé de vinyles ? Sinon, à Paris, je me fournis chez Oldies But Goodies (7 rue des Filles du Calvaire, 75003 Paris). Le patron me rapporte des choses des Etats-Unis. J’essaye d’avoir tout Ray CHARLES« .
Je n’ai pas trouvé de photo de ce magasin 5(et pour cause, il n’existe plus) … J’ai trouvé mieux … Sur le net le compte rendu d’un habitué des lieux … Voici ce qu’il écrit : daté du lundi 7 février (sans précision de l’année) hélas !
« Oldies but Goodies est une boutique de vieilles galettes, tenue par un honorable septuagénaire passionné de Jazz et de Soul. Celle-ci est située : 7-9 rue des filles du Calvaire, 75003 Paris, Tél. : 01.48.87.14.37, Métro : Filles du Calvaire.
Evidemment, il est trés fortement probable que la grande majorité d’entre vous n’y aille pas… En effet, soit vous n’habitez pas Paris, soit vous ne goûtez que trés peu de la musique Jazz et Soul, soit vous n’avez pas de platine vinyle, soit vous trouvez aberrant de payer pour avoir de la musique…
C’est ainsi que j’ ai décidé de vous décrire l’ambiance de cette boutique et le caractère sympathique de son propriétaire, Roger VEINANTE. Là bas en effet, acheter un vinyle, c’est plus sympa que de le télécharger sur e-mule… Pourquoi ? La boutique en elle-même vaut le déplacement… Dix tonnes de vinyles, qui remplissent l’échoppe jusqu’à la gorge, de manière à ce que toute circulation devienne périlleuse (il faut monter sur des caisses, sauter par dessus des cartons), des vieux bacs en bois, sortis directement des boutiques des années ’70, des pochettes inimitables, tout ça devrait suffire à convaincre le plus tristounet des amateurs de bon son … La première question qu’on se pose en entrant est : comment diable ce brave monsieur sait où trouver un vinyle dans cet amalgame de plastique pressé? La réponse est :
- » Bonjour monsieur, auriez vous un disque d’Allen Toussaint ? »
- « Ah ah !! Allen Toussaint! ! Ah ah!! Bougez pas ! »
Et là le septuagénaire, se dresse sur ses pattes arrières, escalade dangereusement un mur de vinyles, sans corde ni tapis de sol, et déniche, on ne sait trop comment, un vinyle dudit Allen Toussaint.
- « C’est trés rare, ça! Mais c’est la base de tout !! « dit-il en sortant le disque et en le mettant sur la platine. Le son résonne dans la boutique. Ca tape grave. Le monsieur, qui sent un peu le Ricard, fait signe qu’il apprécie …
- « Une bouteille de whisky, et Allen Toussaint, moi je finis par terre dans l’après-midi ! » dit-il, en claquant des doigts et en battant le rythme avec la tête…
- « Vous auriez du Willie Mitchell ? »
- « Willie Mitchell?? Ahaha, c’est la base de tout !! »
Rebelote, le vieux monsieur escalade une paroi de vinyles, se balance dans le vide en tenant une étagère par une seule une main, attrape le sésame en se marrant et revient sur le plancher des vaches en montrant la pochette.
- « Sans Mitchell, Syl Jonhson et Al Green ne valent rien !! Ecouter de la voix, de la voix, mais l’orchestre, bordel, qui l’écoute ? Ecoute ça ! »
Et la platine tourne … Difficile de ne pas être convaincu par Roger, habillé comme n’importe quel pensionnaire de maison de retraite, mais qui fait tourner de bien bonnes galettes sur sa platine. D’ailleurs, les recommandations dudit Roger valent à elles seules le déplacement… Sur 50 000 vinyles, il vous dit lequel il vous faut.
- « Celui qui dit que je vous ai vendu de la merde, il peut venir ici, je lui mettrai mon poing dans la gueule. Moi, je vends pas de la merde ! » et joignant les gestes à la parole, dispose le vinyle recommandé sur la platine. Bing, bing, ok…ça tourne… Une sorte de disco chelou des années 1970, incroyablement psychédélique, terriblement en décalage avec celui qui vous la propose … Ca swingue dans le bourlingue. On imagine bien ce qu’a dû être la vie du monsieur dans les ’70. Prononcer l’expression « Star Academy » en ces lieux relève du suicide. Mais moins que de dire qu’Otis Redding est un ringard. Je suis presque sûr que Roger a une 22 long rifle sous le pupitre au cas où l’occasion se présenterait. Il y a un tel décalage entre la gueule des types sur les pochettes, et la gueule de Roger, qu’on se croirait dans un film.
- » Putain ! Ecoute cette basse, merde ! » dit-il en sortant ce type de disque :
Dehors, sur la vitrine, des affiches Laforêt et Century 21 indiquent que le bail est à vendre… On se doute bien que type d’activité ne remplit pas généreusement le panier de ce sympathique retraité, qui continue à venir écouler son extraordinaire stock dans une ambiance complétement anachronique. Au bout d’une heure et demi d’écoute de musique, on met les voiles, en mettant dans nos sacs trois perles soigneusement sélectionnées par le maître… Si nous ne sommes pas satisfaits de ces disques, alors nous sommes des connards, dixit le commerçant. Lequel nous propose de revenir la prochaine fois avec une bonne bouteille de whisky…
- « Sinon du crémant ! Ca peut être bon le crémant! Mais si vous amenez du whisky, je vous fais la totale, vous vous en souviendrez, bon sang de bois ! »
On reviendra Roger, et on est sûrs qu’on s’en souviendra…nom d’un chien !
Le 3 juillet, je téléphone à Roger VEINANTE. C’est lui qui me répond … Je suis soulagé, la boutique existe toujours. D’une voix ferme, Roger m’informe que son magasin porte à présent l’enseigne : « Goodies Records », qu’il a déménagé : 3 rue de Palestro – 75002 Paris. Le numéro de téléphone est inchangé. Roger m’indique que : « les affaires vont comme l’époque ! ». Ci-dessous un cliché de la devanture de son magasin connu des spécialistes de « soul » et de « rock’n roll » …
On comprend maintenant pourquoi Jean-Louis MURAT, fasse de la publicité pour ce magasin ! Jean-Louis nous a dit : « Tout Ray Charles » ??? Ci dessous les premières galettes du Monsieur …
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The Great Ray Charles (1957) …
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Ray CHARLES (1957) …
C’est en 1949 que Ray CHARLES (aveugle depuis ses 7 ans) enregistre pour la première fois, sous son propre nom. Il devient l’ami de Quincy JONES. Le titre « Georgia on my mind » (1960) lance définitivement sa carrière internationale.
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Le 1er mars 2005, Pierre ANDRIEU pour « Foutraque », rencontre MURAT et luis pose cette question : « Qu’est-ce que tu as écouté de marquant ces derniers temps ?« . Réponse de l’Auvergnat : « Le dernier album de Jon SPENCER, c’est un album d’enfer. Je les ai vus il y a quelques jours à Paris. J’ai été un peu déçu. Mais cet été à St Malo, c’était sensas. Ca fait longtemps que je le connais, je suis un grand fan ! Si je pouvais changer d’identité, j’aimerais bien être Jon SPENCER« .
Jon SPENCER …
Voilà qui est dit ! est le chanteur du groupe « Blues Explosion« . Ce nom a succédé à celui de « Jon Spencer Blues Explosion ». Le 15 août 2004 Jon Spencer et ses amis musiciens sont à St Malo. MURAT fait partie des spectateurs. Voici une critique de ce concert parue dans « Xsilence.net » que je trouve fort à propos : « Pendant une heure, c’est un rêve éveillé, on resté hébété devant le show de ces bêtes de scène. Et puis on se réveille avec l’idée que le rock s’est trouvé un prophète de plus. Quand je serai grand, je ferai Jon SPENCER« . Note attribuée 18/20 – signé Spasme » .
L’album dont fait état Jean-Louis MURAT « Damage » sorti en septembre 2004 sous forme de 33 tours …
J’y ajouterai le 45 tours « Hot gossip » …
En septembre 2006, pour « Magic » Jean-Louis MURAT confie à Jean THEFAINE : « A l’Elysée Montmartre, où j’étais venu écouter Jon SPENCER, des mecs me branchent dès l’entrée : « T’as rien à foutre ici, dégage ! Ce que j’ai été contraint de faire au bout de dix minutes ». Triste France …
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Le 8 novembre 2006, pour « La Libre Belgique » Pascal DE GENDT échange avec MURAT : « Concernant vos influences, on a pris l’habitude de parler de Neil YOUNG mais pour certains morceaux de Taormina, on devrait plutôt évoquer J.J. CALE ». MURAT confirme : « Les gens qui me connaissent savent que c’est une de mes grandes influences. C’est sans doute l’artiste que j’écoute le plus régulièrement à la maison et qui m’inspire le plus« .
J. J. CALE (1938 – 2013) …
De son vrai nom John Weldon CALE dont le 1er succès « After midnight » sort en 1965. En 1970 Eric CLAPTON reprend à son compte ce titre. En 1972 les albums « Naturally » et « Really » voient le jour. JJ CALE est un artiste atypique. Il préfère la tranquillité aux lumières du showbiz. C’est ainsi qu’il s’installe dans un mobil home en Californie. Il est injoignable et ne sort de sa retraite que pour la promotion d’albums de plus en plus espacés.
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« After midnight » … (1971) …
- « Cocaïne » … 1976 …
En novembre 2007 pour « Keyboard recording » (n° 224) parlant de J.J. CALE le chanteur de Murat Le Quaire confie : « C’est l’artiste que j’écoute le plus. » (…) « C’est le blues à cheval, le cow-boy black entre l’oncle Tom et John WAYNE« .
En 2009 J.J. CALE sort son dernier album. Son jeu de guitares aura influencé les plus grands. C’est DYLAN qui dit : « De tous les musiciens que j’ai entendus, ce sont Jimmy HENDRIX et JJ CALE qui étaient les meilleurs guitaristes ».
J.J. CALE nous a quittés le 26 juillet 2013 …
Salut l’artiste !
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Léo FERRE …
En 2007, à la demande du fils FERRE (Mathieu), Jean-Louis MURAT adapte les textes de BAUDELAIRE et la musique de FERRE, voilà qui nous vaut ce magnifique album : « Charles et Léo ». Jean-Louis a beaucoup de considération pour FERRE. Le 11 octobre 2007, dans les colonnes de « L’Express » il confie à Gilles MEDIONI : « Léo FERRE est un mec du XIXème siècle que l’on est obligé de rencontrer un jour ou l’autre, car il reste un maître : il n’y a rien à jeter dans « La Mémoire et la Mer », son chef d’oeuvre. J’ai toujours été un grand fan, même si je n’ai jamais adhéré à ses idées politiques ».
Toujours en cette fin d’année 2007, Ludovic BASQUE, pour « RFI », évoquant FERRE, interroge MURAT : « Et la découverte de l’artiste ? ». Réponse de JLM : « Au début des années 70, à part FERRE et MANSET, il n’y avait pas grand chose. Dès le début de ma carrière, j’ai chanté FERRE. Je ne peux pas dire que ce soit un père ou une référence mais je l’ai toujours eu dans l’oreille ».
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33 tours « Amour Anarchie « (1970) comportant sur la Face B le titre « La mémoire et la mer » …
Léo FERRE c’est magique et ce titre là plus encore !
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Keith RICHARDS …
En septembre 2009, pour « XRoads » MURAT est interviewé par Tony GRIECO qui lui demande : « Tu es fou de Keith, on dirait ? ». La réponse surgit : « Oui. (rires). Mon idéal musical serait d’arriver à la qualité de l’intro de « Gimmi Shelter » un trait de génie pour moi ».
Ce titre des « Stones » est dans les bacs en 1971 …
Chacun sait que Keith RICHARDS est le co-fondateur des « Rolling Stones » en 1962. Personnage sulfureux, âgé aujourd’hui de 70 ans, c’est surprenant de l’entendre parler de ses petits enfants. C’est son grand-père Théodore Augustus DUPREE membre d’un petit groupe de musique qui lui a donné le goût de la guitare. Dans la presse US Keith RICHARD déclarait il y a peu : « Le lien spécial qui existe entre les enfants et leurs grands parents est unique et devrait être chéri. J’aimerais être un aussi bon grand-père que « GUS » l’a été pour moi ». Si j’ai retenu ces propos, c’est qu’on croirait entendre parler Jean-Louis BERGHEAUD …
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Anne SYLVESTRE …
Le 3 avril 2013, lors de la promo du dernier « Toboggan » pour « Les Inrockuptibles » Francis DORDOR interroge MURAT : « Votre chanson préférée ? ». La réponse ne manquera pas d’étonner pour qui ne connaît pas MURAT : « Un mur pour pleurer d‘Anne SYLVESTRE« .
Ce titre fait l’objet d’un 33 tours éponyme sorti en 1973 …
Voilà nous sommes arrivés à la fin du voyage … Cette chanson est belle … mais triste … C’est MURAT qui dit que : « Les chansons belles … sont tristes ! ».
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James Vincent Mc MORROW …
Né en 1983 à Dublin …
Dans le cadre de la campagne promo du double album « Babel » le 10 octobre 2014 MURAT de citer le titre « Cavalier » chanté par l’auteur compositeur Irlandais James Vincent Mc MORROW et de préciser : « Cela fait 10 ans que je n’ai pas entendu une aussi bonne chanson. Ce que j’aime, c’est la chanson qui devient un tube, pas la chanson qui est déjà un tube avant que les gens ne l’aient entendue, en raison d’une production calibrée ».
Le titre « Cavalier » cité par MURAT est extrait de l’album « Post Tropical » sorti lui aussi en 2014 …
Le 7 novembre 2014 à l’occasion de l’émission « Bande passante » sur « RFI » MURAT nous informe qu’il écoute les chansons qu »il aime dont ce « Cavalier » … « dans sa voiture » …
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Ajout le 27 avril 2016 …
Dans le cadre de la promo bien maigrelette de son dernier opus : « Morituri » MURAT s’exprime dans les colonnes de « Point de vue ». Sous la plume de Fanny DE VOLTA on apprend avec plaisir que MURAT aime particulièrement le groupe de rock Clermontois « GARCIAPHONE ». Il déclare en substance : »Parmi la scène actuelle, les Clermontois de Garciaphone m’épatent. Ils chantent souvent des ballades. Et même si elles sont essentiellement écrites en anglais, je les trouve d’un extrême bon gout ». Voilà qui est dit et bien dit et qui sera surement du gout d’Olivier PEREZ fondateur de ce groupe rock en 2007.
Voici un extrait d’interview du leader de ce groupe : « Il suffit d’avoir les yeux grands ouverts, d’écouter attentivement ce qui nous interpelle et les idées de texte ou de mélodie s’imposent à nous. Si on se demande de quoi on va s’inspirer pour nos prochaines chansons, ce ne sera plus de l’inspiration, ce sera de la citation ».
De la parole aux actes … Voici ces jeunes gens à Blanzat en janvier 2016 …
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MURAT est un homme de goût …
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Salut Didier. C’était bien ce concert à St Malo. Heureux de t’avoir rencontré dans ces conditions. Restons en contact.
Salut Jean François … j’ai ton adresse mail … à bientôt donc et merci de ta réponse rapide …
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