- 92 – Jean-Louis MURAT … sa discothèque …
Il n’est pas certain que dans sa propre discothèque Jean-Louis BERGHEAUD possède tous les disques de sa production. J’ose espérer cependant qu’il possède la Maxi 45 tours « Suicidez-vous le peuple est mort » qui laissait déjà augurer d’une carrière semée d’embûches. « Suicidez-vous … » (???) Un slogan anarchiste inscrit sur les murs de la caserne de Clermont-Ferrand (dixit l’intéressé lui-même un soir de concert) … Un titre « punk » choisi par celui qu’un journaliste peu amène décrira comme étant : « le dernier des punks » …
Pour ce travail de recherche, je n’inventerai rien. Je me fierai toujours aux propos de MURAT et rien d’autre. Pas de supputations donc. D’emblée il apparaît que la préférence du Brenoï va aux auteurs d’Outre Atlantique. Il est vrai que le petit fils de paysan, le fils d’ouvrier, que rien ne prédestinait à vivre de la musique, est passé entre les mains d’un certain Monsieur OULOUHODJIAN …
En février 1988, pour le journal « Libération », le sieur BAYON rend visite à MURAT chez lui dans le Puy de Dôme … Il nous décrit un décor spartiate : « Quartier Vallière, impasse en pente » (…) « rez de chaussée sur rue » (…) « au décor terne (lumière chiche, rideaux de filet), canapé pouf and co verts (?), salon replié, minichambre d’étudiant studio, chambre conjugale invisible, et petite table à bancs de bois dans la cuisine sur cour goudronnée. » Il termine par un terrible : « On n’en bouge pas ». Pas de 33 ours qui s’affiche dans quelque meuble ou s’étale aux vues de tous donc. Rien d’étonnant à cela. Chez les « MURAT » l’argent ne coule pas à flot. Longtemps c’est MARIE qui a fait bouillir la marmite ! Cela n’empêche pas Jean-Louis d’évoquer les chanteurs qui ont sa préférence :
« Otis REDDING »
… qui nous délivre en 1964 ce titre : « Pain in my heart » …
Puis en 1965 : « Love man » …
« Stand by me » … par Otis … sublimissime …
Pour « Max », sous la plume de J.M. THEVENET, en Juin 1989, MURAT déclare : « Gamin, j’avais un amour immense pour Otis REDDING, pourtant je n’y connaissais rien mais je devinais que dans ses chansons il y avait une autre dimension. Les noirs Américains parlent des femmes mais on peut aisément imaginer Dieu ».
Otis REDDING est mort le 10 décembre 1967 à l’âge de 26 ans, dans un accident d’avion. MURAT est un fervent adepte de cette musique noire.
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MARVIN GAY …
Du temps de l’époque « CLARA », alors qu’avec ses copains musiciens il occupe à LA BOURBOULE une espèce de ferme auberge « Les Ecuries », à son nouveau bassiste qui aime se faire appeler « DOWI« , MURAT remet une photo d’Otis REDDING. Cette photo il la possède toujours ! Au mur est accroché un disque d’or de Marvin GAY, le titre : « I want you » … Il y a fort à parier que cet album figure dans la discothèque du chantre Auvergnat …
Ajout le 27 avril 2016 …
A l’occasion de la sortie de l’album « Morituri » dans le cadre de la promo, dans les colonnes de « Point de Vue », le 27 avril 2016, sous la plume de Fanny DE VOLTA le « bougon auvergnat » déclare : « J’écoute de la musique en solitaire. Pour ne pas imposer mes goûts à ma famille ». De nouveau il évoque Marvin GAYE en ces termes : « Depuis deux mois j’écoute « I Want You » de Marvin GAYE dans ma voiture. Je connais très bien la vie de cet artiste et me sens proche de lui. Il y a tout dans cet album : le désespoir, le désir et l’ignorance, même de ce que l’artiste désire. « I wan You » révèle un Marvin GAYE dans l’impasse ».
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Mais revenons à BAYON et poursuivons l’énumération faite par J.L.M. de ses références musicales … Gageons que si, à l’époque, Jean-Louis ne pouvait se payer les « galettes » qui suivent, il aura comblé ce manque depuis …
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« Neil YOUNG » …
En 1968, le natif de Toronto (Canada) sort son premier opus éponyme …
Sur ce 10 titres figure : « I’ve loved her so long » …
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« Léonard COHEN » …
MURAT dit de lui que c’est : « le père » … Né à Québec, COHEN sort son premier album chez « Columbia » en 1967 … Nul doute que MURAT possède ce 33 tours …
« Suzanne » a traversé les années … sans vieillir d’une ride …
En octobre 1991 (E.D.J) interrogé par Yann PLOUGASTEL le chanteur d’Orcival évoque COHEN en ces termes : « J’aurais aimé être lui. Sa voix, son univers ont formé ma sensibilité. J’aimerais faire comme lui, chanter comme on parle … La première fois c’était « The bunch of lonesome heroes ». J’étais en pension avec une petite radio dans mon pieu. Je me suis senti d’emblée en harmonie avec ce truc là. Ensuite j’ai eu le coup de foudre pour Neil YOUNG et Robert WYATT« .
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» Tim BUCKLEY » …
En 1996, MURAT confie au journaliste Richard ROBERT qu’il a tenté de mettre fin à ses jours alors qu’il était âgé de 26 ans, tout en écoutant la musique de Tim BUCKLEY … « Happy Sad » (1969) est le 3ème album du jeune Américain qui meurt le 29 juin 1976 à Santo Monica …
Je ne connais pas le titre « choisi » par Jean-Louis BERGHEAUD pour « partir » … C’est de façon très subjective que j’ai décidé de vous faire entendre : « Sing a song for you » …
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» Al GREEN » …
Venant du « Gospel » AL GREEN est l’un des plus fiers représentants US de la « Soul » … Son premier single date de 1967 … son titre : « Don’t hurt me more » …
En 1972 AL GREEN sort son cinquième album : « I’m still in love with you » … Voilà un titre que Jean-Louis MURAT pourrait faire sien …
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« Robert WYATT » …
En 1970 Robert WYATT sort son 1er album : « The end of an ear » …
En 1974 l’Anglais nous offre un fabuleux : « Rock of bottom » …
Le disque est en vente le jour même de son mariage avec sa muse : Alfie qui a su lui redonner goût à la vie …
Dans les colonnes de « Télérama » (n° 2488 septembre 1997) en préambule à une interview de WYATT par MURAT voici ce qu’écrit le chantre d’Orcival : « Il me fait penser à un ange cloué au sol. Un ange avec les deux pieds pris dans le béton et qui n’a que sa voix pour s’élever ».
Le 13 mai 2013, dans le cadre de la promo de son dernier « Toboggan », pour « le Blog Picard », répondant aux questions de Philippe LACOCHE le chanteur Auvergnat déclare : « Robert WYATT écoute ce que je fais. Au cours d’une interview accordée à un magazine Américain, il m’avait classé numéro 1 de ses préférences. Ce qui me touche chez lui, c’est ce côté ange paralysé. Sa voix est angélique. Il vit comme un pauvre; il me sert d’exemple. Et sa confiance me donne de la force ».
Le 21 mars 2013 MURAT confie à Laurent MEREU BOULCH : « J’écoute énormément Robert WYATT« .
En juin 1989 pour le magazine « 20 ans » le bougnat déclare à Juliette COPE : « Chansons ? J’aimerais fonctionner comme un médicament, pas vraiment comme une distraction. Comme ont fonctionné pour moi les disques de Léonard COHEN, Robert WYATT ou Neil YOUNG« .
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Au cours de l’interview (fondatrice) accordée à BAYON (février 1988) MURAT clôt la liste des chanteurs qui l’ont marqué par le titre d’un album « PLAY BLESSURES« . C’est tout MURAT ça. Il ne veut sans doute pas citer un autre auteur Français que lui. Voilà qui lui écorcherait les lèvres … Parler de BASHUNG en tant qu’auteur compositeur … c’est trop pour lui. Il cite donc cet album (1982). Le compliment n’en est que plus fort. Ce disque c’est un peu l’histoire de BASHUNG qui passe d’un état dépressif profond (à la limite suicidaire) du en partie à son alcoolisme, à celui d’un homme bien dans sa peau, libéré de ses démons (alcool). C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre BASHUNG et GAINSBOURG. Il ne fait aucun doute que Jean-Louis possède ce 33 tours …
Les paroles de ce titre correspondent parfaitement à l’état d’esprit de BASHUNG. Comment on fait pour ne pas aller trop loin ???
(…)
« Je sais pas si je veux te connaître plus loin
Arrête de me dire que je vais pas bien
C’est comment qu’un freine ? »
(…)
« Je m’acolyte trop avec moi-même« .
(…)
« C’est comment qu’on freine ? ».
(…)
Il est troublant de constater que ces paroles co-écrites avec GAINSBOURG l’ont été par un artiste qui tente de se désintoxiquer de l’alcool et un autre « imbibé » tous les jours … BASHUNG était d’ailleurs admiratif du degré de résistance de GAINSBOURG à cette drogue qu’est l’alcool … A noter que le terme « acolyte » dont l’usage est peu courant dans la chanson Française se rapproche fort à propos (en terme de dérision) avec celui d’alcoolique … Pour l’anecdote, le mot « acolyte » n’a jamais été employé par MURAT dans ses chansons … Voilà qui pourrait lui donner des idées …
Plus tard MURAT fera encore référence à cet album qui aura constitué une sorte d’aiguillon pour l’Auvergnat … une invitation à être meilleur encore …
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» Gérard MANSET » …
En 1988 toujours pour « Libé » BAYON évoque MANSET … MURAT rétorque : « Je l’ai rencontré après le mini-album (1982). Tout de suite, blocage » (…) « Accord sur rien. Je l’ai planté sur les champs : j’ai horreur der sa façon de regarder les filles« .
En 1989 MURAT, répondant aux questions de Thierry SECHAN déclame : « MANSET ? » (…) « J’aime ce qu’il fait, mais pas trop ce qu’il est« .
En 1991, dans les colonnes de « Télérama » sous la plume de Anne-Marie PAQUOTTE le Brenoï concède : « Toute la chanson Française est influencée par MANSET« . (…) « MANSET est le fondateur d’un genre Français qui me semble être la seule issue : une forme hybride, mélange de tradition anglo-saxone et de qualité poétique ». (…) « Quelquefois on ne devrait pas rencontrer les gens qu’on adore ». Puis MURAT de conclure : « Le pire c’est que j’aime beaucoup MANSET« .
Voilà donc deux personnages de la chanson Française qui s’ignorent. MANSET semble avoir un égo encore plus important que celui de l’Auvergnat. Tout juste accepte t’il de prononcer le nom du défunt BASHUNG … Pourtant MURAT et MANSET ont beaucoup de points communs. Pour preuve cette interview accordée par MANSET au « Figaro.fr ». Le journaliste François DELETRAZ est aux manettes. Le natif de St Cloud (1945) lui concède : « J’ai la phobie de la scène ». A la question : « Livres de chevet ? » … cette réponse qui ne plaira pas à tout le monde et notamment pas aux biens pensants : « CELINE n’importe lequel; PROUST n’importe où, mieux encore, CHATEAUBRIAND, les Mémoires d’Outre-tombe ». En 1998 MANSET enfonce le clou et clame : « Je trouve impudique, ridicule, de chanter face à un public ». Similitude ??? On la retrouve en 1993, MURAT confiant à Véronick DOKAN pour « Téléloisir » : « Me faire applaudir en racontant ma vie et en éprouver de l’euphorie, c’est ridicule et indécent ». Les mots sont quasiment les mêmes …
MURAT ne se cache pas pour dire tout le bien qu’il pense de l’œuvre de MANSET. Ce dernier est bien moins disert. En 2008, lors d’une interview accordée à Benjamin LOCOGE pour « Paris Match » MANSET s’exprime sur « la chanson Française » en ces termes : « Moi je crois que l’on manque de jeunes ! J’attends des mecs de 16 ans qui savent écrire, qui ont la niaque. Aujourd’hui, ils arrivent trop tard, ils ont 30 – 35 ans, c’est mou … Il faut arriver à 15 ans ! Le seul qui m’ait donné une sensation d’auteur compositeur ces 30 dernières années, c’est RENAUD. Lui au moins apportait quelque chose, il était neuf. Tous les matins il avait une idée, une chanson, un truc. Dans le même genre, il y a Jean-Louis MURAT, mais qui peut le suivre dans son repli problématique et volontaire ? ». Voilà un compliment qui n’en est pas tout à fait un … MURAT appréciera …
Il n’empêche l’Auvergnat ne cache pas qu’il apprécie l’œuvre de MANSET. Pour qui en douterait, j’en veux pour preuve cette confidence faite à Thierry SECHAN pour « Paroles et musiques » (1989) : « Bien sûr, j’ai tous ses disques« … Cela n’empêche pas MURAT de déclarer en Janvier 1990 à Arnaud VIVIANT : « Contrairement à ce qu’écrivait récemment « Libération », je pense que MANSET est loin d’être le Neil Young Français. Neil YOUNG est un technicien de la chanson, MANSET un bricoleur. De plus, les textes de Neil YOUNG demeurent d’une simplicité enfantine, contrairement à MANSET, toujours à la recherche d’une rime riche, à faire sonner « carambouille » avec « ratatouille ». La critique est vive, de « bricoleur » à « ratatouille » les mots sont assassins !
En 1968 MANSET sort son premier album éponyme. Y figure le titre : « Animal on est mal » …
En 1975 l’album « Y’a une route » est dans les bacs. Le titre « Il voyage en solitaire » va permettre à MANSET de toucher un public plus large …
« Il voyage en solitaire/Nul ne l’oblige à se taire/Il chante la terre/Et c’est une vie sans mystère/Qui se passe de commentaires/Pendant des journées entières/Il chante la terre/Mais il est seul, un jour/L’amour l’a quitté, s’en est allé/Faire un tour/De l’autre côté/D’une ville où y’avait pas de place pour se garer ».
Le 26 avril 2014, pour « Télérama », MANSET répond aux questions du journaliste Hugo CASSAVETTI dont celle-ci : « Que représente le voyage en solitaire pour vous ? » Réponse de l’auteur compositeur : « Je n’aurais jamais imaginé que cette chanson serait imperméable au temps. C’est peut-être une des seules, populaires, intelligibles de prime abord, qui résume aussi bien le parcours d’un artiste. Il y a des succès que certains traînent comme un boulet toute leur vie ; moi, il m’accompagne. Comme une niaiserie, une sorte de faiblesse, de légèreté, belle surtout à cause du piano. « Et voilà le miracle en somme, c’est lorsque sa chanson est bonne. » Ces paroles sont tellement bêtes et gentilles en même temps. Tout le monde peut pondre et chanter Il voyage en solitaire ». Au cours de cette même interview MANSET confie: « Je suis 50% fait de tristesse et de 50% de sagesse ».
Voilà bien deux hommes (MURAT/MANSET) qui se ressemblent, tant au niveau du talent que de l’égo …
En 1995 le journal « Libération » décerne à ses abonnés un hors commerce édition très limitée comportant 5 titres de MANSET … Gageons que l’ami BAYON s’est fait un plaisir d’offrir cet objet à MURAT …
Pour MURAT, bien qu’il s’en défende, MANSET constitue une référence. Le 9 octobre 1991 pour « Télérama », le bougnat répond à cette question d’Anne-Marie PAQUOTTE : « Pourquoi chantez-vous ? ». Elle reçoit en retour cet énigmatique : « Pour dire qu’il n’y a rien à chanter (c’est très MANSET ça tiens). Les mots paraissent toujours vains; il n’y a pas de pourquoi, de comment, juste une émotion qu’on cherche à communiquer ».
En décembre 1993, dans les colonnes de « L’Est Républicain » sous la plume de Jean-Paul GERMONVILLE, le chanteur Auvergnat englobe dans un même éloge BASHUNG et MANSET. C’est le journaliste qui écrit : « Comment ne pas mentionner » (…) « les œuvres majeures de la chanson Française que demeurent à ses yeux « Animal » de MANSET et « Play blessures » de BASHUNG« .
1968 …
Pour « Globe Hebdo » en décembre 1993 Sylvain ROSENTHAL interroge MURAT : « A vos débuts on vous a comparé à MANSET ». Ce à quoi l’Auvergnat répond : « Parce qu’il était le seul. A cette époque creuse où l’on ne faisait que des reprises, Gérard MANSET est arrivé avec des mots et des mélodies que personne avant lui n’avait développés. Sa faute, c’est qu’il n’a rien fait, à partir de là, pour aider les autres ». MURAT reconnaît à MANSET bien du talent mais c’est tout …
En octobre 1999, dans le n° 64 du magazine « Platine« , Eric CHEMOUNY aborde à nouveau le cas MANSET : « Sur route Manset (94), vous avez repris entrez dans le rêve. MANSET doit finir par vous énerver … ». Une quasi affirmation plus qu’une question donc. MURAT rétorque : « Il devait déjà produire suicidez vous … On s’est rencontré et j’ai été énormément déçu. J’ai passé une journée effroyable, car tout s’est passé très mal entre nous. On ne pouvait absolument pas communiquer. Je ne peux pas travailler avec un mec comme ça, même si je sais ce que moi et d’autres lui doivent en France. J’ai longtemps hésité à participer à Route MANSET pour cette raison. Mais cela aurait été stupide de placer mon égo en avant. Malgré tout il écrit de bonnes chansons et cela me semblait assez normal de lui rendre cet hommage ».
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King CURTIS
Mais revenons à la musique noire Américaine, celle qui a la préférence de Jean-Louis BERGHEAUD. En janvier 1992 pour « Rock & Folk » il déclare à Alain GALES : « Gamin, l’un des premiers disques qui m’a frappé quand je commençais le sax, c’était King CURTIS reprenant le phrasé d’Otis REGDDING. Ca a toujours été une grande leçon pour moi. Entendre King CURTIS et son sax est aussi émouvant que d’entendre la voix d’Otis. Là, tu te rends compte du rapport entre voix humaine et sax ». Gageons donc que Jean-Louis a dans sa discothèque l’un des 33 tours de King CURTIS … dont le 1er album remonte à 1959 …
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Coleman HAWKINS
Autre musicien US adulé par Jean-Louis c’est Coleman HAWKINS. Au même Alain GALES précité l’Auvergnat déclarait : « J’écoutais aussi Coleman HAWKINS et le souffle chez Coleman, pour une fille, ça doit être absolument irrésistible ! C’est ce qui m’a formé, ces premiers trucs que j’écoutais ». Ci dessous, choix subjectif : « At ease » qui date de 1960 …
C’est beau à pleurer …
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Léo FERRE
Rien d’étonnant à ce que l’Auvergnat nous dise son admiration pour Léo. En octobre 1991 pour le mag « Rock this Town », répondant aux questions de Pierre ARNOULD il déclare : « FERRE, je lui tire mon chapeau parce qu’à 82 ans il a toujours la foi. Foi dans ses textes et foi dans sa musique. Il vient de sortir un nouvel album dans lequel il a tout fait, même dirigé un grand orchestre. A son âge j’imagine que je serai perclus de rhumatismes ». Dans mon esprit il ne fait aucun doute que les albums de Léo figurent en bonne place dans la discothèque de Jean Louis … Il n’y a qu’a choisir …
1953 …
1953 …
1957 …
1964 …
Le 1er décembre 1993 le bougnat confie à Anne Marie PAQUOTTE pour « Télérama » : « Le seul qui m’ait influencé, que j’ai passé des jours et des nuits à écouter, c’est FERRE. La mémoire et la mer est la chanson française qui me bouleverse le plus. Tu est là au cœur de l’émotion. Comme quand à la maison je vois arriver la première neige : j’ai envie de pleurer, je ne sais pas pourquoi ».
Le 11 octobre 2007 dans « L’Express » sous la plume de Gilles MEDIONI le Brenoï déclare : « FERRE ? « … « J’ai toujours été un grand fan, même si je n’ai jamais adhéré à ses idées politiques. L’anarchie selon FERRE c’est Bagdad. Je l’ai rencontré une fois quand j’étais gamin. Il passait en concert à Clermont Ferrand, des anars bloquaient la rue et il s’est senti obligé de justifier d’avoir un chauffeur. A sa place, j’aurais foncé dans le tas« . MURAT plus anar que FERRE ??? Sur bien des points : Oui !
Interrogé par Jean Paul BURIAS (Messages n° 430 mars/avril 1994) sur le fait de savoir quelle était la plus belle chanson selon lui MURAT répond sans hésitation : « La mémoire et la mer » …
1990 …
« Les vieux copains » … sans conteste l’une des plus belles chansons de Léo … Une chanson que MURAT aurait pu chanter … lui qui dit : « N’avoir aucun copain » … si ce n’est Emile … ce père de substitution …
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Jean FERRAT …
Pour « Chrorus » (hiver 93/94) interrogé par Annie MORILLON le chantre de Murat le Quaire lui confie : « Le seul chanteur Français que j’écoute vraiment c’est Jean FERRAT« . Il rajoute dans la foulée : « Et puis BOURVIL aussi ».
En 1964 sur un Maxi 45 tours FERRAT Nous chante « La Montagne » …
En 1971 FERRAT met en chansons les vers d’ARAGON …
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BOURVIL …
Et chacun de se demander, comment et pourquoi Jean-Louis MURAT/BERGHEAUD le chanteur « rock » peut ainsi apprécier André Robert RAIMBOURG dit BOURVIL. La raison est simple. C’est la grand-mère qui devait chanter au p’tit Jean-Louis « Salade de fruit jolie, jolie … ». Nous sommes en 1959 … MURAT ayant le sens des valeurs, peu lui importe si la référence à BOURVIL peut paraître « ringarde ».
Pour « Rocksound » (novembre 1993) MURAT évoque BOURVIL en ces mots : « J’aime beaucoup sa façon d’émouvoir les gens tout naturellement. On ne retrouve plus ces émotions que dans certaines fêtes villageoises quand une grand-mère peut interrompre un repas en entonnant une vieille chanson du terroir et faire taire d’un seul coup toute l’assistance. Vous savez, je cherche parfois cette émotion, cette vérité qu’avait BOURVIL avec ses trémolos et cette façon toute simple de chanter. Sa dimension populaire, cette épatante simplicité qui n’existe plus dans la chanson Française. Ma grand-mère pleurait en écoutant « les roses blanches » et quand une chanson amène celle émotion là, elle gagne sa place et prouve sa valeur ». En fin d’article MURAT déclare : « Pour en revenir à BOURVIL, dont on parlait, c’est cette impudeur qu’il avait chez lui, qui le rendait grand ». (…) « En tout cas, chanter du BOURVIL fut pour moi une bonne expérience. Et pourquoi ne pas faire un album entier de chansons de BOURVIL, puisque c’est à la mode en plus. Je m’imagine bien en train de chanter « salade de fruits, joli, jolie « .
Pour « L’Evènement du Jeudi » (avril 1995) Yann PLOUGASTEL reprenant les propos de MURAT écrit : « Avant de mourir Yves MONTAND expliquait qu’un de ses principaux regrets était de ne pas avoir pris les chansons de BOURVIL au sérieux ».
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Berthe SYLVA …
Le titre « Les roses blanches » chanté par Berthe SYLVA a été mis en musique par Léon RAITER (1926).
Née à Lambézélec (Finistère) le 7 février 1885 Berthe SYLVA connaît un vif succès dans les années trente. Minée par l’alcool, elle meurt à Marseille en 1941. Sans le sou, elle est enterré dans la fosse commune. Ils sont rares ceux qui assistent à ses obsèques …
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Jeanne MOREAU …
Comme dit précédemment, pour « Messages » n° 430 mars /avril 1994 MURAT répond à cette question signée Jean-Paul BURIAS : « Vos chansons préférées ? ». La réponse semble être immédiate, comme évidente : « Il pleut, il pleut bergère » – « Indian song » une chanson de Jeanne MOREAU écrite par Marguerite DURAS et « La mémoire et la mer » de Léo FERRE« .
1975 …
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Joe DASSIN …
Bizarre que Jean-Louis MURAT soit admirateur d’un chanteur de variétés tel que Joe DASSIN ??? Oui et non. J’ai d’ailleurs tendance à croire que parmi les airs fredonnés par la grand-mère de Jean-Louis BERGHEAUD il pouvait y avoir : « Les Champs Elysées » ou « L’été indien » … Supputations me direz-vous. Alors soyons plus consistant. En novembre 1993 « Rocksound » interroge MURAT sur le projet « La bande à Jojo ». La question est simple : « Pourquoi ce choix ». La réponse tout autant : « Pour Joe DASSIN, je pense, pour ses chansons, son album avec Tony Joe WHITE ».
Le 28 aout 2009, dans le cadre de la promo de l’album « Le cours ordinaire des choses » « BAKCHIH » interpelle MURAT : « Le titre comme un cow-boy à l’âme fresh » fait penser au Joe DASSIN première période (country), cela sonne t’il comme un compliment à vos oreilles ? ». Réponse : « Chacun a ses références. Le XXème siècle c’est TRENET et DASSIN. Qu’y puis-je ? ».
1967 …
En 1979 DASSIN travaille avec Tony Joe WHITE. Le natif de Louisiane (1943) écrit « The guitar don’t lie » que DASSIN traduit sous le titre « Le marché aux puces ».
Ajout le 27 avril 2016 …
Toujours à l’occasion de la sortie de « Morituri », toujours dans les colonnes de « Point de vue » sous la plume de Fanny DE VOLTA, le « Brenoï » évoque à nouveau DASSIN : « Ma sensibilité me joue souvent des mauvais tours. Les miens savent qu’il me suffit de chanter : « Et si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerai » de Joe DASSIN, pour que je pleure ! Et je n’ai jamais écouté ce morceau jusqu’au bout ». Voilà qui en dit long en effet, sur cet homme tant décrié puisque dans la marge, à contre-courant, peu en phase avec les biens pensants …
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André CLAVEAU …
Lors de sa première tournée, en décembre 1993, dans les colonnes de « l’Est Républicain », le journaliste Jean Paul GERMONVILLE mentionne en fin d’article : « Comment ne pas mentionner son coup de cœur pour l’œuvre chantée de BOURVIL, André CLAVEAU que son père écoutait« . Une interview avec MURAT c’est ainsi, selon son humeur, il va vous parler de tout autre chose que l’objet de l’interview. Dans le cas d’espèce il s’agit de la tournée, au lieu de cela, MURAT se perd en confidences sur André CLAVEAU. Ce n’est pas rien Jean-Louis BERGHEAUD qui parle de son père. Cela se compte sur les doigts d’une main … Nul doute donc qu’à la maison il y ait de vieux vinyles de cette période « douce amère » où il pouvait écouter les chanteurs préférés de son « musicien de père « …
André CLAVEAU né en 1911 à Paris, décède en 2003. Il remporte le Grand prix de l’Eurovision pour la France en 1958 avec le titre « Dors mon amour » …
Parmi ses succès les plus connus, qui ont pu bercer l’enfance du p’tit BERGHEAUD le titre « Domino » (1954) …
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Bob DYLAN …
Bizarrement, il faut attendre 1993 pour voir MURAT évoquer le cas DYLAN. Nous sommes en novembre 1993 le magazine « Rocksound » sonde l’Auvergnat qui déclare : « DYLAN ? Lui je pense, il pourrait chanter, faire des disques sur le problème de la Palestine mais il ne se bat plus pour aucune cause. Peut-être qu’il se sent au-dessus de la mêlée. Je ne sais pas mai, je l’aime beaucoup. Toutes les chansons de DYLAN sont bonnes pour moi« . Voilà qui est dit !
Toujours en 1993, nous sommes en décembre, le critique Pierre GRENARD nous délivre un « papier » évoquant les concerts de Jean-Louis à « La Cigale » les 16 – 17 et 18 décembre. Il écrit : « Il se souvient avec brio de ses nouvelles passions d’adolescence : le folk et le country. Histoire de nous rappeler que ses deux idoles s’appellent Bob DYLAN et Neil YOUNG« .
Le 13 mai 2008 MURAT répond aux questions des lecteurs de « Télérama » : « Neil YOUNG et Léonard COHEN demeurent ils vos modèles absolus ? ». Réponse : « Comme PLATON et SOCRATE pour un philosophe. Mais je préfère au quotidien les STONE et DYLAN. Les vrais patrons ».
« Le hall de la chanson » nous apprend que MURAT : « lors d’un séjour chez sa mère il découvre à la radio Ray CHARLES et surtout « Like a Rolling Stone » de Bob DYLAN ».
En 1962 Bob DYLAN sort son 1er single « Corinna Corinna » …
La même année, un 33 tours éponyme consacre le talent naissant de DYLAN …
En 1965 le 45 tours comportant le titre « Like a Rolling Stone » est dans les bacs …
Point de vidéo pour DYLAN … Ci-dessous le manuscrit de la chanson « Like a Rolling Stone » qui sera mis ne vente en Juin prochain chez Sotheby’s …
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Le 24 août 2006 pour « Le Nouvel Observateur » François ARMANET demande à MURAT de lui citer ses trois disques préférés. Il répond : « Bobby LAPOINTE – Joe DASSIN – Jean Roger CAUSSIMON » …
En 1961 Bobby LAPOINTE nous livre « Aragon et Castille » …
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En 1971 chez Saravah Jean Roger CAUSSIMON sort sa première « galette » qui comporte le titre « Les cœurs purs » …
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Voilà des choix bien subjectifs me direz-vous ! Ce qui est certain c’est que la préférence de MURAT va au vinyle. En atteste cette déclaration faite le 22 mars 2013 à Cédric COPPOLA : « Je pense que la durée qui était celle des vinyles, 35 – 40 minutes, se prête bien à un album, après on en a un peu marre d’entendre le même chanteur. D’ailleurs les vinyles sont de nouveau à la mode et ce n’est pas un hasard ».
Pour ce qui me concerne j’aime les 33 tours de MURAT … au 1er rang desquels « Le manteau de pluie » …
Le mot de la fin, je le laisse à MURAT qui en 1989 pour « Le Vif » déclare à Régine CERFONTAINE : « Mon murissement et mon épanouissement se sont faits avec mes disques, des livres et des films ».
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A suivre …
http://didierlebras.unblog.fr/92-bis-jean-louis-murat-sa-discotheque-2eme-partie/
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Coucou Didier
Bravo pour cette belle page, très instructive.
C’est Berthe Sylva et non Berthe Sylvain comme tu l’as écrit sur une partie…
Et je t’apporte quelques infos supplémentaires sur la chanson « Les Roses Blanches »:
Le texte de la chanson « les Roses Blanches » a été écrit par le cousin de mon grand-père, Charles-Louis Pothier, qui collaborait régulièrement sur d’autres projets avec un autre auteur célèbre, Albert Willemetz (qui a fait pas mal de chansons et d’opérettes dans les années 20).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Pothier
http://www.peermusic.fr/catalogue/auteur.html?id=31106
Je te mets également ses chansons les plus connues de référence, auxquelles manque la chanson pour Fernandel: Idylle à Bois-le-Roi.
http://www.discogs.com/artist/982458-Charles-Louis-Pothier?page=1
Je n’ai pas connu ce cousin (je n’étais pas née quand il est décédé mais j’ai connu son petit-fils Jean-Claude, avocat, décédé il y a quelques années maintenant à Noyers également, village natal de mon grand-père paternel) qui passait son temps à Noyers à se balader le long du Serein tout en fredonnant et en écrivant des textes avec un morceau de charbon sur les murs du village pour garder l’inspiration…mais j’aime beaucoup tout ce qu’il a créé. Je commence à chanter certaines de ses chansons à Maïa, les plus rigolotes et ça la fait rire.
« Les roses blanches » et « Félicie aussi » sont les deux chansons les plus connues de Charles Louis. Celles qui encore aujourd’hui, sont connues et fredonnées par l’ensemble des français. JLM a dû très tôt les apprendre par sa grand-mère, comme bien des jeunes nés dans les années 50. Ca faisait partie du patrimoine musical et culturel populaire des familles à cette époque-là, un peu moins maintenant, les grands-mères chantant moins de chansons à leurs petits-enfants qu’autrefois.
Salut Muse,
comme d’habitude commentaire plus qu’intéressant … instructif …
Merci.
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Didier, pour répondre à quelqu’un qui demande quelle chanson de Bourvil Jean-Louis a repris, je suis venue faire un tour ici mais tu n’as pas dit de quelle chanson il s’agit…
cela reste un mystère!
Ca m’a permis de relire le commentaire de Muse… j’avais oublié sa filiation avec l’auteur des « roses blanches »; il faut que je le dise à ma mère qui aime tant cette chanson!
Excuse moi Armelle de ne pas t’avoir répondu plus tôt …
Les avis de commentaires ne me sont pas adressés … De temps en temps je vais me promener dans commentaires et j’y trouve des surprises …
Voilà ce que dit MURAT de BOURVIL : (article rock sound) : « J’aime beaucoup sa façon d’émouvoir les gens tout naturellement. On ne retrouve d’ailleurs plus ces émotions que dans certaines fêtes villageoises quand une grand-mère peut interrompre un repas en entonnant une vieille chanson du terroir et faire taire d’un seul coup toute l’assistance ». (…) « Je cherche parfois cette émotion, cette vérité, qu’avait BOURVIL avec ses trémolos et cette façon toute simple de chanter ». (…) « Il avait cette dimension populaire, cette épatante simplicité qui n’existe plus dans la chanson Française. Ma grand-mère pleurait en écoutant les « roses blanches » et quand une chanson assène cette émotion là, elle gagne sa place et prouve sa valeur ».
Le titre repris par MURAT est mon frère d’Angleterre (inédit de la période Vénus) … J’en parle aussi dans la discographie ou j’évoque les originaux de ce titre chanté par BOURVIL himself … Pourquoi ce choix de BOURVIL ??? Tout simplement parce qu’enfant Jean-Louis entendait chanter ces chansons … idem pour Joe DASSIN … Chez MURAT tout ramène à la maison d’enfance … Amitiés.
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