- 89 – Jean-Louis MURAT … Monsieur le professeur d’histoire …
Lors de la parution de l’album « Mockba » (2005), dans le cadre de la promo, le 17 mars, MURAT confie au journaliste Philippe SCHWEYER pour « Flux4.com » : « Quand j’étais gamin, mon idée était de devenir prof d’histoire. Je pense que si mon travail a un sens, c’est parce que j’essaye de le soutenir par une dimension historique. Qu’est-ce que la chanson Française, qu’est-ce que c’est la France, qu’est-ce que notre langue et qu’est-ce que s’exprimer avec notre langue ? Ce sont des questions importantes auxquelles je trouve des réponses parfois à la va-vite ou à l’emporte-pièce. Le 17ème avec madame DESHOULIERES était intéressant, mais je trouve que le 18ème a une qualité supérieure. C’est pour ça que je fais la fille du Capitaine, que j’aime POUCHKINE ou que j’appelle l’album « Moscou ». L’incendie de Moscou est un fait historique fascinant, tout comme la retraite de Russie ».
L’histoire ??? Ce sont des hommes … le plus souvent des militaires … ceux la mêmes que chante l’Auvergnat sur ce disque au titre éponyme en 1982 …
« Les militaires » (Extrait de MURAT – 1982)
(…)
« Homme en mal de guerre
Tous rêvent d’El Alamein »
(…)
L’histoire ??? Ce sont aussi des révolutions où des hommes combattent d’autres hommes, dans l’espoir d’un monde meilleur. Pour nous Français, c’est « 1789″ que le chantre d’Orcival évoque dans « Cheyenne Autumn » par ce titre :
« Déjà deux siècles … 89 … » (Extrait de Cheyenne Autumn – 1989)
« Deux siècles d’or
N’ont pu tuer
Ce chant heureux
De la jeunesse
Du corps violent
Des fédérés
J’ai dans mon sang
Le vin de messe
J’ignorais rien
J’ignore tout
Je suis ma propre forteresse
Reviens m’abattre
Noble tambour
Deviens rebelle à la paresse
Déjà deux siècles
Et chaque jour
J’attends le feu de la tristesse
Deux siècles déjà
Que le tambour … »
La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 (Jean-Pierre HOUEL) …
Dans « L’Evènement du Jeudi » (avril 1989) le journaliste Yann PLOUGASTEL évoquant ce titre écrit : « Les bâtisseurs d’empire et les voleurs de prairie ne s’y retrouveront pas. Les admirateurs de ROBESPIERRE, COUTHON, si … « Déjà deux siècles 1989″ … est une des choses les plus subtiles qui ait été chanté sur la révolution, clin d’œil discret aux rebelles, qui refusent la « paresse » intellectuelle et l’inéluctable ».
L’histoire ??? Ce sont des religions qui s’entrechoquent, qui se disputent le leadership sur cette terre … MURAT a le verbe prolixe … capable dans une chanson de nous mener de « Charybde en Scylla » sans jamais perdre le fil de son raisonnement. J’en veux pour preuve le titre qui suit :
« Rouge est mon sommeil » (Extrait de Vénus – 1993)
(…)
Par MARX, Jupiter
COLI NUNGESSER
Rouge est mon sommeil amour«
(…)
« Rouge est le ciboire
Que nous aimons croire
Rouge est la mémoire amour
Sous le décamètre
Que le Vatican rêve
Rouge est la querelle amour »
(…)
« De SALMAN as-tu des nouvelles ? »
Il n’y a véritablement que MURAT à user ainsi de la prose pour évoquer tour à tour « MARX » Dieu du communisme puis « JUPITER » Dieu de l’Olympe, les fous volants que sont « COLI NUNGESSER » ainsi que le « VATICAN » soit la « maison du Dieu chrétien » sur terre ou « repaire de pédophiles » … Comble du talent il finit par évoquer « Salman RUSDHDIE« écrivain condamné à mort par les fous de Dieu … qui ne sont le privilège d’aucune religion …
L’histoire ??? Ce sont aussi des légendes, des héros … De ceux que MURAT évoque dans :
« Montagne » (Extrait de Vénus – 1993)
(…)
« Oh ! Va tu peux
De la plaine venir DURANDAL
Ce n’est pas demain
Que tu vas ouvrir la faille
Je n crains pas
D’engager la bataille
Je n’oublie pas
Que je suis de François le vassal ».
(…)
MURAT fait référence à l’épée du chevalier ROLAND neveu de CHARLEMAGNE mort à RONCEVEAUX en combattant les Sarrazins.
L’histoire ??? Ce sont des hommes (simples au premier abord) qui par leur courage, leur témérité ont permis à notre civilisation d’avancer. Je veux parler des premiers hommes qui ont traversé les mers, survolé les montagnes, pour vaincre les distances et joindre ainsi les pays. SAINT EXUPERY fait partie de ces pionniers …
« St Ex » (Extrait de MURAT live – 1995)
St Ex prends plus bas
La nuit ne durera pas.
St Ex t’es trop haut
N’as-tu plus envie
De terre et d’eau.
Sur le capot noir
Le vent fait un bruit de soie.
Tu cherches un passage
Dans l’écume tiède des orages
Hé amants de RIO
De TANGER de SANTIAGO
Dans les nuis sans rivages
Vos lettres voyagent
Oh courriers précieux
Que la vie plus précieux
Au cœur de la nuit
St Ex a souri.
A dix heures et quart
A l’escale de SAN JUAN
Sous 100.000 étoiles
La tempête se chargera des drames ».
L’histoire ??? MURAT l’élargit à celle des autres continents. Avide de grandes plaines et d’espaces, admirateur des cow-boys il nous chante :
« Fort Alamo » (Extrait de Dolores – 1996)
« Qu’il est dur de défaire
J’en reste K.O.
Dans ta ville frontière
Sise au bord de l’eau.
Abruti de lumière
Comme pris au lasso
Je me laisse défaire
De tous mes oripeaux ».
(…)
L’histoire ??? C’est la culture « chez nous » mais aussi dans les pays voisins. Dans le titre qui suit, MURAT y fait référence en s’habillant des habits d’un héros de la « comédia del arte » …
« Margot » (Dolores – 1996)
(…)
« Chht chhht pas de bruit
Sur la mort de Jean-Louis
Presque rien
Sur ses vertus d’Arlequin« .
(…)
L’histoire ??? En 1999 alors qu’il se trouve pour quelques mois aux Etats-Unis, MURAT évoque la guerre qui sévit au cœur de l’Europe :
« Belgrade » (Extrait de Mustango – 1999)
(…)
« Quel étrange nom ARKAN« .
(…)
L’histoire ??? Dans l’esprit de MURAT et il a raison, elle englobe aussi le mouvement sportif :
« De la coupe aux lèvres » (Extrait de Lilith – 2003)
(…)
« De la coupe aux lèvres se réveille Médor
Passe RASMUSSEN, en frémit le Drap d’Or« .
(…)
Belle gageure que d’évoquer en deux lignes et « Médor » et le dopé « RASMUSSEN » ainsi que le « Drap d’Or » : Les souverains François 1er et Henri VIII d’Angleterre se rencontrent près de Calais du 7 au 24 juin 1520. Les deux Rois y font bombance et rivalisent de séduction. L’argent coule à flot d’où le qualificatif utilisé …
Huile sur toile 1545 …
Notre histoire ??? C’est aussi celle de l’Amérique. L’un des fils KENNEDY est impliqué dans un scandale. MURAT le chante …
« Chappaquidick » (Extrait de Parfum d’acacia au jardin - 2004 )
(…)
« Tout est à refaire pour moi, retourner sur le parquet
A Chappaquidick ».
(…)
« On ne prive pas de fer forgeron
Si on finit tous un jour une nuit comme un KENNEDY ».
MURAT ne se doutait sans doute pas que quelques années plus tard dans une chambre de New-York « DSK » pour une partie de jambes en l’air, allait devoir abandonner toutes ses ambitions politiques. Cela nous a donné « HOLLANDE » … Un mal pour un bien ??? Ou le pire n’est jamais là où l’on croit ???
Provocation ou pas, toujours est-il qu’en 2005 MURAT commet « l’irréparable« . Il prend fait et cause pour l’impérialisme US … Il chante « NIXON » ! Beaucoup des « Muratiens » de la première heure plient bagage. Ils ne reviendront plus.
« NIXON » (Mockba – 2005)
« Nixon, réponds-moi
…
Je ne peux plus vivre comme ça ! »
Le 17 mars 2005 le chanteur Auvergnat confie à Philippe SCHWEYER pour « Flux4.com » : « C’est une chanson gag contre les anti-américains. Leur bêtise me rend pro-américain. Chaque fois qu’il y a une fausse idée à défendre, la France la défend. Je pense que l’histoire va démontrer que l’intervention en Irak était une bonne chose. C’est très savoureux quand Le Monde titre : « Et si Bush avait raison ?« . C’est pour les mêmes raisons qu’ils n’aimaient pas John FORD ou John WAYNE. Pour moi John FORD c’est au niveau de SHAKESPEARE. John WAYNE est mal vu, mais je préfère que la violence soit canalisée et que l’on fasse la guerre plutôt que de penser que l’on n’a pas d’ennemis ».
L’histoire ??? Ce sont aussi des « Grands hommes ». La qualification est subjective. NAPOLEON en fait partie. Certains disent que c’est un « tyran ». Ils traitent les autres de « réac » s’attribuant par le même le titre de « progressiste » ou « d’humaniste ». Il n’y a pas plus nigaud que celui qui se regarde dans la glace à longueur de journée …
MURAT évoque l’épopée Napoléonienne au travers de :
« La fille du capitaine » (Extrait de Mockba – 2005)
« J’aime la fille d’un capitaine
Qui contemple Moscou en feu »
(…)
Moscou en feu le 15 septembre 1812 …
L’histoire ??? Ce sont les guerres, celles menées par les hommes pour imposer leurs vues. En France (ex Gaule), on pense tout de suite à Alésia (52 avant Jésus Christ) - Bouvines (27 juillet 1214 ) – Marignan (1515) – Valmy (20 juillet 1792) – Waterloo (18 juin 1815 ) – 1870/1871.
Carte de vétéran de la guerre 1870-1871 …
Article de presse de 1854 parlant du dernier vétéran de la guerre 1870/71 …
Plusieurs titres des deux derniers albums de MURAT évoquent 14-18 et 39-45 …
« Sans pitié pour le cheval » (Extrait de Grand lièvre – 2011)
(…)
« Prions pour les disparus
Tous emportés par l’obus ».
(…)
« Quand nous partîmes à la guerre
Surs de vaincre au premier jours »
(…)
« Mon sang coule dans la boue
Tous les cris sont insensés
Quelle force de gémir
Viendra arrêter nos pas »
(…)
« Et le cadavre des bêtes
Robe rouge dans le sang »
(…)
« Tous les hommes de la Marne
Tombent à coups de révolver
Sans pitié pour le cheval ».
Dans le journal « La Croix », parlant de ces deux conflits mondiaux, MURAT confie au journaliste Jean-Yves DANA : « 14-18 et 39-45 on est toujours à se demander comment c’est arrivé. Ce dont traite « Sans pitié pour le cheval » : la boucherie, les millions de bovins tués sous la mitraille, les vaches éventrées qui courent entre les tranchées et 99 % des morts des deux guerres qui sont des paysans. 1870 s’était arrêté parce que les gars devaient rentrer les foins à la ferme. Il fallait qu’ils soient démobilisés. Et puis la technologie des machines de guerre, les chenilles, les gros engins sont devenus des machines agricoles. Ce fut la fin d’une certaine agriculture et le 2ème mort des ruraux lorsqu’on s’est mis à faire de l’intensif, à parquer les bêtes, à laisser tomber les pentes pour ne travailler que le terrain plat. Les paysans sont morts une seconde fois. Une mort lente et insidieuse ».
« Rémi est mort ainsi » (Extrait de Grand lièvre – 2011)
(…)
« Mon lieutenant
Sous l’infini
Tout est malade
Grand cieux
Quelle pitié »
(…)
En novembre 2011 Patrice BARDOT pour « Serge n° 7″ interviewe MURAT. Voilà qui donne :
P.B. : Pourquoi ces deux chansons sur la guerre 14-18 et sur la résistance ?
JLM : Je trouve que c’est bien de taper dans l’histoire, je l’ai toujours fait dans mes chansons. Le passé est fondamental, on ne peut pas être des passeurs de sensations sans parler du passé. C’est un domaine totalement inexploré dans la chanson Française, au contraire des pays anglo-saxons. Un groupe comme « MIDLAKE » peut chanter la guerre de sécession. DYLAN il chante des chansons sur le temps de la marine à voile. Nous, c’est comme si 14-18, 39-45, la guerre d’Algérie, c’était la honte. Effectivement, c’est la honte, mais c’est quoi ces façons de ne pas chanter la honte ? »
P.B. : Peut-être de la pudeur ?
JLM : C’est surtout la volonté de se présenter plus beau qu’on est. Nous sommes le produit d’une civilisation de l’honneur, pour ce qui concerne les résistants, mais aussi de la lâcheté : 99% des Français ont balancé leur voisin pendant la guerre. La honte et la lâcheté font partie de la réalité. Je n’ai pas connu cette époque mais ça mérite d’être chanté. »
Le 18 janvier 2012 Fabienne DURAND pour « Idem/Languedoc Roussillon » recueille les confidences du « Berger de Chamablanc » : « J’ai éprouvé l’envie d’en parler notamment la guerre 14-18 en hommage à mon grand oncle mais aussi parce que le thème du futur à mon avis, c’est la guerre, ce qui me fait frémir pour nos enfants. Je crains qu’avec l’oubli ou l’effacement de mémoire que l’on arrive à se dire que la guerre c’est joli et pourquoi pas en faire de nouvelle ». (…) « Mon instinct me dit que le futur est de guerre, et que plus vite on envisage ce problème et mieux ça vaut ».
Le 4 juin 2012 pour « Info magazine » journal du Puy de Dôme, de la Haute Vienne et de l’Allier, Jean-Louis MURAT déclare a Audrey THERON : « J’aime faire des disques où je me balade dans le temps et où j’évoque des sujets comme le Moyen Âge, les guerres 14-18 ou 39-45. J’aime beaucoup l’histoire. D’ailleurs, enfant, je voulais être prof ... Je cherche de plus en plus à composer des chansons qui échappent au présent, où je sois un peu moins à la première personne. A mon sens, la possibilité de voyager dans le temps avec la chanson n’est pas assez exploitée ».
A.T. : Vous êtes un fervent lecteur d’ouvrages et amateur d’histoire. Quelle est votre période de prédilection ?
JLM : Depuis tout gamin, l’épopée Napoléonienne m’a toujours plu et intéressé mais, historiquement, j’aurais beaucoup aimé être dans une civilisation primitive, peu connue, où il n’y avait pas l’écriture. Un temps comme la guerre de feu m’aurait convenu ».
« Loï en 14″ (Extrait de Toboggan spécial – 2013)
« Supplices atroces »
(…)
« C’est grande épidémie de crimes
Allons tous retrouver les morts Loï ».
(…)
« Enlaçons nous dans le grand feu de l’été
Donnons nous le baiser des adieux ».
(…)
NAPOLEON ??? Nous le retrouvons ici …
« Michigan » (Extrait de Toboggan spécial – 2013)
(…)
« Est-ce que je vois l’armée de NAPOLEON
Je ne vois rien venir non »
(…)
Napoléon à Wagram 1810 …
La guerre 39-45 MURAT l’évoque dans ce titre …
« L’occasion m’est venue » (Extrait de Toboggan spécial – 2013)
« L’occasion m’est venue
Je crois pendant la guerre
L’occasion m’est venue
De prendre l’hydravion ».
(…)
« L’occasion m’est venue
En survolant Compiègne
L’occasion m’est venue
D’un mitrailleur Allemand ».
(…)
« C’était pendant la guerre ».
(…)
Ajout le 28 avril 2014 …
MURAT est un homme complexe, un homme de contrastes, de contradictions même … Son écriture lui ressemble. J’en veux pour preuve le titre « Le troupeau » extrait de l’album « Cheyenne Autumn » (1989). Evoquant cette chanson, voici ce que le chantre d’Orcival confie à Anne Marie PAQUOTTE : « Enfant, je ne me demandais pas ce que je ferai plus tard : je vivais dans la ferme de mes grands-parents, sur les plateaux. Et puis, ils ont dû vendre. Tout s’est arrêté. Et ça, je ne l’ai pas encore digéré. Alors je vais essayer de faire chanteur et fermier ! La chanson le troupeau c’est ça : un rêve, une nostalgie, peut-être une utopie … mais pour le savoir, il faut que je le vive ». On pourrait se contenter de cette explication. Mais à y regarder de plus près les mots choisis par l’auteur Auvergnat nous ramènent à l’histoire et notamment à l’épopée Napoléonienne !
« D’avoir mené les chevaux
D’avoir traversé les glaces
Pour me bâtir un troupeau
N’apaise pas mon angoisse »
(…)
« Pourtant le soleil est haut
Dans l’azur pas de menaces ».
(…)
« Tous les gens de DURANGO
De Catane à Minor track
Trouvent trop bon le Très Haut
De m’avoir sauvé des glaces ».
(…)
« Va je déteste la vie
De ces bâtisseurs d’empires«
(…)
« Durango » évoque la guerre d’Espagne … Nous sommes le 31 octobre 1808 … Le Maréchal LEFEBVRE (époux de Madame sans Gêne), lance ses troupes à l’assaut de celles du Lieutenant général Joaquim BLAKE … Cette même année 1808, avant que d’être désigné Roi de Naples par Napoléon, Joachim MURAT était à la tête des troupes de l’Empereur sur le sol Ibérique …
Revenons aux paroles de la chanson « Le troupeau » :
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« D’avoir mené les chevaux/D’avoir traversé les glaces » … Les troupes de l’armée de Napoléon prennent la route de Moscou. Le plus gros de l’Armée est constitué de cavaliers qui devront affronter les rigueurs de l’hiver …
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« Pourtant le soleil est haut/Dans l’azur pas de menace » … Les troupes de Napoléon sont en Pologne, en Lituanie. Elles libèrent les peuples locaux du joug Russe. Elles sont donc les bienvenues …
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« Va je déteste la vie/De ces bâtisseurs d’Empires » … Evocation explicite du rêve Napoléonien, celui d’un monde meilleur. NAPOLEON BONAPARTE dit : « Avoir fait la guerre pour préserver la paix ». Ce ne sont pas les mots exacts ils y ressemblent. BEN WEIDER, Canadien spécialiste émérite de l’époque Napoléonienne écrit : « Comme tous les soldats qui ont vu les champs de bataille NAPOLEON avait horreur de la guerre. Il était sentimental et bon. Il aimait le peuple et les soldats. De toute sa vie il n’a pas déclenché une seule guerre. Toutes celles qu’il a faites lui ont été imposées ».
Le 28 juin 1812 NAPOLEON est à Vilnius où il est accueilli comme un libérateur. Il écrit : « Polonais, Vous êtes sous les drapeaux Russes. Ce service vous était permis alors que vous n’aviez plus de patrie; mais tout est changé aujourd’hui. La Pologne est ressuscitée; c’est pour son entier rétablissement qu’il s’agit de combattre maintenant; c’est pour obliger les Russes à reconnaître des droits dont nous avons été dépouillés par l’injustice et l’usurpation. La confédération générale de la Pologne et de la Lituanie rappelle tous les Polonais au service de la Russie. Généraux, officiers, soldats Polonais : entendez la voix de la patrie; abandonnez les drapeaux de vos oppresseurs, accourez tous auprès de nous, afin de vous ranger sous l’aigle de Jagellon, des Casimir, des Sobiewski ! La patrie vous le demande; l’honneur et la religion vous l’ordonnent également ». (Cité par Marie Pierre REY - « L’effroyable tragédie » – Flammarion).
Dans son journal « In las cases, mémorial de Sainte Hélène » NAPOLEON tente de justifier la campagne de Russie en ces termes : « Cette guerre eut dû être la plus populaire des temps modernes; c’était celle du bon sens et des vrais intérêts; celle du repos et de la sécurité de tous; elle était purement pacifique et conservatrice; tout à fait Européenne et continentale. Son succès allait consacrer une balance, des combinaisons nouvelles qui eussent fait disparaître les périls du temps; pour les remplacer par un avenir tranquille; et l’ambition n’entrait pour rien dans mes vues. En relevant la Pologne, cette véritable clé de voûte, j’accordais que ce fut un roi de Prusse, un archiduc d’Autriche, ou tout autre qui en occupa le trône; je ne prétendais rien acquérir; je ne me réservais que la gloire du bien, les bénédictions de l’avenir » (…) « Jamais je n’avais mieux fait, jamais je ne méritais davantage, mais comme si l’opinion avait aussi ses épidémies, voilà qu’en un instant il n’y eut plus qu’un cri qu’un sentiment contre moi : on me proclame le tyran des rois » (…) « et je ne fus plus que le destructeur des droits des peuples, moi qui avait tout fait et qui allais tout entreprendre pour eux. Et les peuples et les rois, ces ennemis inconciliables, se sont alliés, ont conspiré de concert contre moi ! On n’a plus tenu aucun compte de tous les actes de ma vie ! Je me disais bien que l’esprit des peuples me serait revenu avec la victoire; mais je la manque, et je me trouve accablé ».
La campagne de Russie qui va de juin à décembre 1812, se termine par une débâcle. Pour L’Empereur, c’est le début de la fin. Au départ de la campagne NAPOLEON dispose de 617000 hommes, dont 300000 Français et 1372 canons. Il ne revient qu’avec 75000 hommes dont 20000 français et 60 canons. On dénombre 100000 morts au combat – 200000 morts de froid – 50000 blessés abandonnés – 100000 prisonniers - 92000 déserteurs ou disparus (Références LAMBIN).
Napoléon (1812) au milieu de ses soldats … dans le froid …
Beaucoup des « bien pensants » d’aujourd’hui sont choqués qu’on puisse admirer NAPOLEON. Plus encore lorsque c’est un artiste qui ose cet affront. MURAT ose et il a raison. Je retiens trois phrases de l’Empereur que ne renierait pas le poète Auvergnat :
-
« La France c’est le français quant il est bien écrit ».
- « Je ne voudrais pas être à la place de Dieu, c’est un cul-de-sac ».
- « La plus insupportable des tyrannies est la tyrannie des subalternes ».
Merci à mon amie Florence de m’avoir aiguillonné …
Ils sont nombreux les personnages ou faits de l’histoire énumérés par MURAT dans ses chansons. Référencés dans mon dictionnaire, ils montrent si besoin est la culture du petit fils de paysan élevé à la dure et au dictionnaire « Larousse ». Je cite pêle-mêle : AUDUBON – AUSTERLITZ – BUFFALO – CADET ROUSSEL – BAKOUNINE – DANTON – GANDHI – GISCARD – LINDBERG – LUMUMBA – MIRABEAU - OCHALAN – RASPOUTINE …
Merci à MURAT de nous ouvrir ainsi à la curiosité.
***
Ajout le 3 décembre 2014 …
L’album « Babel » est dans les bacs le 13 octobre 2014. Monsieur le professeur d’histoire nous a cette fois conté le plus sombre de son histoire personnelle. Celle d’un p’tit garçon abandonné par son père et confié à ses grands parents : François et Thérèse. MURAT se souvient des : « Pleurs de mère » pour cause de « Père en prison ». Résonnent en lui les vociférations de sa grand-mère qui parlant de son fils évoque : « Ce vaurien qui ne mérite pas son nom ». Pour autant MURAT n’en oublie pas l’histoire avec un grand « H » et ses personnages. Ceux qu’il évoque sont révélateurs. Ils sont au nombre de trois dans cet album. Il y a le Christ – Napoléon et Davy CROCKET … Tout Jean-Louis BERGHEAUD est résumé là !
« Blues du cygne » (Extrait de Babel – 2014).
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« Tous se pensent en Christ amoché/Pour arracher le cœur de l’aimée ».
(…)
Jean-Louis BERGHEAUD a plus été élevé à l’école du Diable qu’à celle du Bon Dieu. Il n’y croit pas, il n’en fait pas mystère. Cela ne l’empêche pas de s’interroger et se demander : « Ou vont les morts ? ». Comme beaucoup la vision du Christ supplicié sur la croix la taraude. L’image est belle, l’homme est beau … et si tout cela était vrai ??? MURAT ne ferme pas la porte. Lorsque l’on se rapproche de « la sortie » il est bon d’avoir quelques espoirs, des illusions … et si ce « Christ amoché » n’était pas qu’illusion ???
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« La chèvre Alpestre » (Extrait de Babel – 2014).
(…)
« Tu vas pas nous faire la tête
Nous faire croire qu’Davy CROCKET est pas gentil ».
(…)
Il y a peu de chance que le p’tit BERGHEAUD ait pu lire « Davy CROCKET » chez ses grands-parents où le seul journal autorisé est « La Montagne« . Non … c’est peut-être dans les bistrots en accompagnant François ou son père lors des sorties de musique qu’il a pu approcher puis lire ces bandes dessinées dont raffolait les enfants. Au bistrot on trouve les journaux non seulement du coin mais également ceux qui viennent de PARIS. Les BD en font partie. On commence à voir les fesses et les poitrines mi dénudées de certaines vedettes de cinéma. Il y a aussi : les malabars, les décalcomanies, les tagadas, les scoubidous … A la campagne …, « Davy CROCKET » … c’est RONALDO … aujourd’hui … Il y a ceux qui préfèrent « SITTING BULL » ils sont moins nombreux. Ces bandes dessinées ont amené beaucoup d’enfants à la lecture. Ce fut mon cas …
Exemplaire de 1963 …
***
« Passions tristes » (Extrait de Babel – 2014).
(…)
« Je ne sais pas WATERLOO je m’en fiche ».
(…)
Au cours d’une partie de jambes en l’air avec une dame de petite vertu … le Jean-Louis … pour une fois plus spectateur qu’acteur aurait osé évoquer la bataille de WATERLOO funeste à l’Empereur ainsi qu’à ses rêves de grandeur et de paix pour l’Europe … WATERLOO … « morne plaine » … comme le dit si bien Victor HUGO. C’est à ce dernier que j’emprunte la conclusion :
« Napoléon les vit s’écouler comme un fleuve ;
Hommes, chevaux, tambours, drapeaux ; – et dans l’épreuve
Sentant confusément revenir son remords,
Levant les mains au ciel, il dit: « Mes soldats morts,
Moi vaincu ! mon empire est brisé comme verre.
Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère ? »
Alors parmi les cris, les rumeurs, le canon,
Il entendit la voix qui lui répondait : Non ! ».
***
A suivre …
http://didierlebras.unblog.fr/89-bis-jean-louis-murat-monsieur-le-professeur-dhistoire-suite/
***
Superbe Didier… merci.
Thank’s
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« Article de presse de 1854 parlant du dernier vétéran de la guerre 1870/71″Cette légende d’un document pris sur mon site est invraisemblable…
Cher Monsieur,
je suis désolé et comprend votre courroux. Aucune mauvaise intention de ma part. Par des documents trouvés ici et là j’agrémente mes propos. Je ne bénéficie d’aucune pub si ce n’est le bouche à oreille. Je ne cherche pas à piller les autres. Ces documents viennent corroborer mes propos désintéressés. Je peux mentionner le site dont ces documents sont extraits et citer mes références. C’est ce que j’aurais du faire. Je fais amende honorable … Merci de me rappeler les références de votre site …
D
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