- 89 bis – Jean-Louis MURAT … Monsieur le professeur d’histoire … (suite) …
Toujours MURAT me surprendra … c’est la réflexion que je me suis faite à la lecture du titre chanté lors de « Koloko 2015 » : « Le martyre des chrétiens d’Orient« . MURAT y célèbre les mérites de MACCABEE prénommé Judas : premier défenseur de la cause Juive face à ceux qui prônent un rapprochement vers la culture Grecque. Ce que faisant, MURAT pointe du doigt cet état latent de « guerre des religions » auquel nous sommes confrontés « aujourd’hui » et nos enfants plus encore « demain », j’en ai bien peur …
(…)
« Pourquoi ce martyre/Pourquoi Maccabée
Toujours volontaire/Pour finir dans le port
Si tu veux mourir pour Dieu/Si tu veux mourir pour lui
Où est le châtiment divin, crétin
Dans le martyre des chrétiens d’Orient ? ».
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Depuis des siècles, la cause religieuse est la plus mortifère qui soit. Les hommes se sont toujours battus pour imposer « leur « Dieu » à celui « des autres ». C’était le cas déjà deux siècles avant la venue du Christ sur terre. Nous sommes en Judée, pays de Jérusalem. Les SELUCIDES avec à leur tête ANTIOCHOS IV veulent imposer aux juifs des règles qui entravent leur liberté de culte. Le premier à combattre ces mesures fut le père de Judas. Celui ci mort (an 165 avant Jésus Christ) le fils reprend le flambeau. MACCABEE veut dire « marteau » en Hébreu. Le nom peut aussi s’écrire avec cette orthographe : « MACCHABEE ». Toute sa vie Judas la vouera à cette cause. A sa mort (An 160 avant Jésus Christ) son frère Jonathan lui succède. Judas MACCABEE est considéré comme l’un des plus grands guerriers de la cause juive au même titre que JOSUE ou DAVID.
Le mot « MACCABEE » est utilisé à bon escient par MURAT. Ces luttes fratricides pour la défense d’un Dieu ont toujours conduit à la mort. Dans cette terre de Palestine il me semble que les hommes n’ont cessé de se battre pour imposer le « Dieu » qu’ils vénèrent. Aujourd’hui des « fous de Dieu » se font sauter la cervelle pour gagner leur paradis sur terre et imposer leurs religion, leur vues à l’ensemble de la planète.
Ceci étant, le « MACCABEE » en question il fallait le connaître … Voilà pourquoi je suis admiratif de l’écriture de MURAT qui s’appuie sur une culture tous azimutes … J’adore la trilogie adoptée par MURAT : « châtiment/divin/crétin » … Tout est dit et tellement bien dit … mieux encore puisque c’est écrit, réfléchi …
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Le talent d’écriture de MURAT nous apparaît avec plus d’accointance encore à la lecture du titre : « La pharmacienne d’Yvetot » extrait du prochain album « Morituri ». Ce souvenir de jeunesse, d’une amourette (???) sert de prétexte à un véritable tour du monde. Ce que faisant, MURAT y énumère tout ou partie des problèmes de notre planète et de citer ces nuages noirs qui s’amoncellent au dessus de nos têtes : « C’est quoi cette Corée du Nord ? » . En une chanson, sans l’air d’y toucher, MURAT réussit cette gageure. Dans des temps reculés le troubadour nous donnait à rire, il se servait en cela de ses propres misères. MURAT en bon père de famille, s’inquiétant pour les générations futures, nous donne à réfléchir, le temps n’est plus à rire … MURAT de nous rappeler les leçons du passé que nous n’avons pas su retenir …
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« Encore une affaire/A Dantzig
Aux Dardanelles/A Mayerling
Attends le/Prochain SARAJEVO« .
(…)
Dantzig … Dansk …
Dantzig, ville initialement Allemande n’est autre aujourd’hui que la célèbre cité Polonaise de GDANSK. A la suite du traité de Versailles (1919) ce couloir permet à la Pologne d’avoir accès à la mer Baltique. Le 1er septembre 1939 l’Allemagne Nazie occupe et annexe la ville de DANTZIG. C’est le début de la seconde guerre mondiale. Le pacte Germano Soviétique qui est encore de rigueur permet aux deux pays de se partager la Pologne. La Grande Bretagne et la France entrent en guerre. A la fin de la guerre ce seront les troupes de l’Armée rouge qui libéreront DANTZIG qui deviendra Polonaise.
ATATURK et ses soldats …
La bataille des « Dardanelles » ou « Gallipoli » (du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916) oppose durant la 1ère guerre mondiale les troupes Ottomanes à une coalition Franco Britannique renforcée par des troupes du Commonwealth essentiellement Australiennes et Néo Zélandaises. La bataille se déroule sur le sol de l’actuelle Turquie. La péninsule objet du conflit est d’importance puisqu’elle relie la mer Egée à celle de Marmara. Cette bataille fut un échec pour les troupes alliées. Ce conflit permit l’émergence de la Turquie avec à sa tête le chef de guerre ATATTURK soit Kemal MUSTAPHA. Les morts Néo Zélandais et Australiens, sous obédience Britannique, vont favoriser la montée d’un sentiment nouveau celui de l’unité nationale dans ces pays « neufs ».
Mayerling …
Le 30 janvier 1885 à Mayerling, l’archiduc Rodolphe héritier d’Autriche est retrouvé mort dans un pavillon de chasse ainsi que sa maîtresse : la baronne Marie VETSERA. Ils se sont rencontrés en avril 1888 à l’occasion d’une course de chevaux. La vie dissolue de l’archiduc, les mystères qui demeurent autour de cette double mort ont donné naissance à toute une littérature romantique. En 2015, trois lettres d’adieu de Marie adressées à sa mère Hélène, sa sœur Hanna et son frère Féri sont découvertes dans un coffre d’une banque Autrichienne. Un article paru dans « Le Figaro » (2 août 2015) nous dévoile ce que cette jeune fille (17 ans) écrit à sa mère : « Chère mère/pardonne ce que je fais/je n’ai pu résister à l’amour/D’accord avec lui, je veux être enterrée à ses côtés dans le cimetière d’Alland/je suis plus heureuse dans la mort que dans la vie ». Nul doute que le grand lecteur MURAT a eu vent de ces propos et n’a pu s’empêcher d’intégrer cet évènement malheureux, empreint de romantisme dans ses chansons.
Le prince héritier Rodolphe d’Autriche et Marie VETSERA …
Sarajevo …
Le 28 juin 1914 l’héritier de l’Empire Autro-Hongrois et son épouse sont assassinés à SARAJEVO par le terroriste Serbe Gavrilo PRINCIP (19 ans). Cet assassinat va servir de prétexte au début de la 1ère guerre mondiale.
Un cimetière à Sarajevo …
Le 6 avril 1992 la ville de SARAJEVO est encerclée par les troupes Serbes, jusqu’en octobre 1995. C’est une longue guerre au cœur même de l’Europe …
Quel sera le prochain « DANTZIG » semble interroger MURAT ? Le monde semble avoir perdu la tête les morts de « SARAJEVO » sont oubliés. La folie de l’homme n’a pas de limite. Kim Jong Un ne constituant qu’une menace supplémentaire sur nos têtes … « C’est quoi/Cette Corée du Nord ? » …
Nous voilà bien loi de la douceur d’Yvetot … « Fleur d’abricotier/Tout t’ennuie/Ta vie heureuse/Ses orgies/La pharmacienne/A Yvetot » …
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Ajout le 23 mai 2016 …
Il me semble que l’interview la plus intéressante de la campagne promo de l’album « Morituri » soit celle faite par Bastien BRUN pour « RFI » le 20 mai 2016. On y évoque l’état d’un pays où rien ne va. MURAT ne s’en réjouit pas. Il tire la sonnette d’alarme. Cela fait déjà 20 ans qu’il tient le même discours. Au moins on ne pourra pas lui faire le reproche de l’inconstance ni de l’incohérence. Je vous laisse seuls juges et vous donne à lire des extraits de cet échange …
B. B. : Après les attentats de Janvier qui ont touché Charlie Hebdo, vous ne vous êtes pas senti « Charlie » …
J.L.M. : Les réactions un peu moutonnières il faut s’en méfier. (…) J’ai une vocation d’historien suffisamment rentrée pour savoir que tous ces évènements doivent être resitués dans un contexte, qu’il faut prendre pas mal de recul pour bien comprendre. Alors, une réaction directe, strictement émotionnelle, j’y crois moyennement.
B. B. : « Une vocation d’historien suffisamment rentrée », qu’entendez-vous par là ?
J.L.M. : Je n’ai jamais été historien, je n’ai pas fait d’études. Mais je sais bien que cela transparaît dans beaucoup de propos ou dans mes chansons. J’aime tellement l’histoire qu’à force, j’ai acquis des réflexes et un fonds d’historien. Je ne raisonne jamais à chand. Quand je prenais des notes, je me disais que dans 30 ans, 40 an ou 50 ans, il y aurait peut-être deux/trois phrases dans mon album qui seraient importantes pour quelqu’un qui se pencherait sur l’année 2015.
B. B. : C’est à dire que vous vous voyez en chroniqueur de votre époque, comme pouvaient l’être les premiers historiens dans la Grèce Antique ?
J.L.M. : Oui, tout à fait. J’ai toujours senti mon métier comme ça ! Avec des petits formats de 3-4 minutes, je pense qu’on saisit bien l’esprit du temps. J’ai toujours aimé les chanteurs presque historiques comme François DE BERANGER, dont j’ai repris les textes. Je sais très bien que le réel s’engouffre à sa façon dans les petites chansons. Je m’en fous si mon disque ne se vend pas et si certains le trouvent prétentieux, je n’ai pas l’impression d’écrire pour le présent. Pour moi, c’est un travail à visée haute, je me sens très citoyen et très heureux d’avoir fait un disque qui témoigne du « fond de l’ère« .
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