- 83 – Jean-Louis MURAT … Êtes-vous celle la … Madame ou … Mademoiselle ???

Relire les interviews de Jean-Louis MURAT est toujours riche d’enseignements. Depuis trois ans et plus que je me suis attelé à la tâche, je vais de découvertes en découvertes. J’aurais pu dire de ravissements en ravissements. Chaque fois je m’enrichis.  Dès relecture je me dis : « Mais bien sur ! ». Toujours je suis étonné d’être étonné. Pourtant c’est le cas. MURAT et BERGHEAUD ont ceci de commun qu’ils sont des « primaires« . Tout est dit à l’instinct.  Ce qui n’empêche que tout soit frappé du sceau du bon sens. Il n’y a aucune roublardise dans ce que dit MURAT. Lorsqu’il se trouve face à un journaliste, le mensonge n’a pas sa place. C’est bien là qu’il y a problème. En effet, plus encore lorsque vous êtes artiste, donc homme public, toute vérité n’est pas bonne à dire.  MURAT n’en a cure. Il nous livre toujours le fond de sa pensée. Derrière les mots de MURAT, il y a les idées, des richesses, un fond sonore … il y a la vraie vie. Il y a aussi l’acquis des anciens, tout ce que BERGHEAUD va rechercher dans les livres, dans ses lectures … des troubadours à  Jim MORRISSON … En 1989 à Jean Marc THEVENET le chantre Auvergnant déclare : « Il faut sans cesse passer par la mémoire. Sans elle il n’y a rien ». MURAT est un homme cultivé et ça s’entend. Jamais pour autant il ne cherche à vous en mettre plein la vue. Ses mots sont simples, compréhensibles de tous … ses idées sont claires. MURAT est curieux de tout.

Il y a peu je relisais un article signé : Alexandre CHAMORET, paru dans le journal « La Montagne » le 19 septembre 2004 : « Le langage amoureux est une invention des troubadours du XIIème et XIIIème siècles. La vraie matrice se trouve chez d’USSEL, Gacé BRULE jusqu’à RONSARD. Ils ont posé ce qu’est la langage amoureux et je pense que l’art vit de contrainte et meurt de liberté »  (…) « La courtoisie est sans doute l’un des plus beaux mots Français. C’est ça qui est le plus réconfortant, c’est de me ressourcer à cette tradition là. Le langage amoureux ne parle que de sexualité, par des arabesques. C’est fondateur de la langue et de la mentalité Française. Le Français, c’est la langue de l’amour et de la diplomatie, qui est une façon  de ne pas faire les choses, une façon de démultiplier les images et les mots à l’infini dans un jeu de miroir ».    

Ces quelques lignes expurgées d’un journal local sont la confirmation de ce que je vous disais en préambule. Depuis toujours, la profondeur des propos de MURAT tranche avec la tiédeur  des mots dits par ses congénères de la chanson. Chez ces dernier il y a plus de « non dit » qu’autre chose. Arrêtons là ces comparaisons. J’en oublie mon propos initial. J’y viens. En 2004, dans le cadre de la promotion : « A bird on a poire » Alexandre CHAMOLET interpelle MURAT en ces termes : « Les femmes ne vous quittent pas. Quel est votre genre de femme ? ». JLM lui répond goulûment : « Je suis comme HITCHCOCK, j’aime l’omelette Norvégienne, froid dehors, chaud dedans; j’aime les femmes pour lesquelles il faut beaucoup de temps avant de lire des indices de déchaînements sexuels, j’aime les femmes doubles, d’une extrême courtoisie, d’un moi érotique assumé  à fond, un moi érotique du XIXème siècle et une retenue du XIIème siècle. J’adore chanter en duo avec une femme. Je ne crains pas d’avoir des comportements de gonzesse. La femelle qui roupille en moi, ne me fait pas peur ».

Cette interview recèle bien des richesses. Le portrait de la femme idéale nous est dressé par MURAT. Je retiens la formule : « froid dehors … chaud dedans » ! Voilà qui englobe bien des choses, bien des fantasmes. Au fond de moi je ne suis pas satisfait de la réponse et je poursuis donc mes recherches pour préciser encore mieux les traits de la femme idéale selon MURAT.

En 1991 la journaliste Solange BORSOTTO interroge la chantre Auvergnat : « Pour toi, qu’est-ce que la nature a créé de plus beau ? ». La réponse fuse : « La femme. Il n’y a rien de plus beau qu’une femme ». Cette affirmation est suivie d’une seconde question : « Pour toi c’est quoi une femme sensuelle ? ».  Ce à quoi MURAT décline : « Une femme qui m’aime. Si je ressens dans le regard, dans les mots qu’une femme m’aime, c’est génial. Le moment le plus sensuel c’est quand une femme me dit je t’aime ».

Dans un article paru en 1991, intitulé : « Les passions de Jean-Louis MURAT » les femmes sont bien évidemment évoquées. La journaliste écrit : « Jean-Louis MURAT est un esthète. Très sensible à tous les charmes, il serait plutôt attiré par la fragilité féminine ».

Dans un article non daté (période Vénus ?) le journaliste interroge MURAT« Quelle type de femme vous attire ? ». La question peut paraitre crue, la réponse le sera tout autant : « Les brunettes comme ma mère. Genre celles qui attendaient les Américains à la Libération : bas nylon, petites robes fleuries avec, on imagine, rien en dessous. On n’en trouve plus beaucoup à Paris, peut-être encore en Province. Voilà pourquoi je reste en Auvergne ».  

Dans « Passions privées » (1984) MURAT nous chante : « Reste nue sous ta jupe/En ce début Juillet » (…) « Eh beau sexe, madame/Laisse-moi manger des yeux/Il n’y a qu’une femme » …

Gina LOLOBRIGIDA ou Marlène FIETRICH1950

gina-lollobrigida-babydollmarlene dietrich

En mai 1992 pour « Podium » Jean-Louis est interrogé sur ses relations avec les femmes. Au titre des questions on trouve : « Qu’est-ce qui te séduit d’emblée chez une femme ? ». Réponse : « Tous les indices de fragilité. On est tous touchés par la sensibilité de l’autre, ses failles. J’essaye de déceler assez vite les failles » (…) « J’aime bien discuter, raisonner ».  Autre interrogation : « Quel est ton genre de femme ? « . Réponse : « Je me suis rendu compte, et ça me fait marrer, que j’aime beaucoup les femmes qui ressemblent à ma mère. Oui, mon type de femme, c’est ma mère.  C’est le cas, je crois, pour beaucoup de garçons ». Autre questionnement : « Es-tu sensible aux parfums ? ». Réponse : « Très. Un parfum qui ne me plait pas peut facilement me donner la migraine. Ca crée alors forcément une barrière. Et dans l’amour, une fois le problème du parfum réglé, il y a celui de la transpiration. C’est une autre sensation. La aussi, j’aime ou j’aime pas ». Enfin : « Avec une femme, es-tu très cadeaux ? ». Réponse : « Non, je trouve ça un peu hypocrite ».  

Le personnage MURAT Mesdames, tout en contradictions n’est pas de tout repos. Vivre à ses côtés ne doit pas être une sinécure. L’heureuse élue doit savoir faire montre de caractère. Pour preuve les révélations  faites par MURAT pour « Les Inrocks » (avril 1995). Sous la plume de Richard ROBERT on peut lire : « Je n’éprouve pas le besoin de lutter contre mes contradictions. Je rejoins cette idée chez POUCHKINE, que j’ai relu ces temps ci. Il a une virilité, une sexualité, un caractère contradictoire dans lequel je me reconnais. Il pense par exemple que la baise est rédemptrice, qu’elle assure le salut de l’âme. Que Dieu c’est le sexe d’une femme . Je suis très guidé par l’instinct sexuel dans mes rencontres. C’est l’un de mes problèmes, cet atavisme barbare, animal. Cette manière de renifler, de lécher. La gloire de l’amour c’est surement la fidélité. Mais l’infidélité m’est toujours apparue comme une vertu et les sacrifices que suppose la fidélité comme une insulte à la création. Mais une telle pensée ça se paye ». Et oui Mesdames, MURAT c’est ça aussi …

J’ai en tête une déclaration de l’Auvergnat où monsieur nous conte, dans tous les détails, une partie de jambe en l’air avec : « une pute en ville »« une black immense » … Personnellement, de tels propos me mettent trop mal à l’aise. Cela est certainement du à mes origines paysannes et l’interdit d’évoquer de telles  choses. La soixantaine venue je ne peux me départir de cela ! Je préfère tellement que les choses soient suggérées comme dans cette chanson : « Petite beauté » (extrait de « Passions privées » - 1984) : « Tu m’as excité/Déculotté » …

Vous n’avez pas  fui Mesdames ??? Sachez encore que MURAT/BERGHEAUD ressemble davantage  au « taureau de Minos » qu’au doux agneau … Il a tout du cheval impétueux  … jamais rassasié … Pour preuve cette déclaration faite le 27 septembre 1996 dans la journal Belge « La Dernière Heure » : « L’érotisme est la composante essentielle de l’amour. C’est à l’amour ce que le ballon est au foot ». (Propos recueillis par Jean-Philippe DARQUENNE). En d’autres termes, il faut « assumer » … Mesdames !

Il faut bien reconnaître que MURAT, dans ses choix, place la barre à un haut niveau. En 2001, il fait chanter la belle Isabelle HUPPERT, dont il dit dans les colonnes de « L’humanité » le 27 avril 2001 : « Pour moi, elle incarne l’éternel féminin Français, une énergie, une intelligence ».

Isabelle HUPPERT  …

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En 2003 MURAT nous donne une explication intéressante du titre : « Zibeline Tang » extrait de l’album  Lilith :   »C’est une sorte de nom fantasmé qui est un mélange dAnna KARENINE, de GONG LI  et de Scarlett O’HARA. Zibeline Tang … est la femme de mes rêves« . Cette femme, MURAT  ne la voit donc pas docile, courbant l’échine et baissant les yeux. Il lui faut du répondant. Une femme à la forte personnalité …

GONG LI …

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Scarlett O’HARA …

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Le 26 avril 2013 sur vvfvillages.fr. MURAT  nous livre son dernier coup de cœur.  Il s’agit de l’actrice Rooney MARA … dont il dit : « Je suis dingue de cette actrice ».

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Réflexion faite, petit retour en arrière pour ne pas faire de jaloux, il manque une blonde … Ce sera donc Sharon STONE MURAT ayant écrit la chanson « Le baiser » (1996) avec le portrait de la belle ingénue devant lui …

Sharon STONE  et ses beaux yeux …

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Voilà un choix éclectique et particulièrement classieux. Il ne faut pas oublier : Isabelle ADJANI et Carla BRUNI, lesquelles font partie du fan club de l’Auvergnat.

En 1996 pour « Télé 7 jours » MURAT décline : « Je n’ai toujours pas compris ce qu’une fille peut attendre de moi. J’ai toujours été entouré de femmes, vachement aimé mais, au fond, j’ai toujours été leur jouet ». Il faut croire que ça lui plaît.

Pour ce qui me concerne j’ai beaucoup d’estime pour Marie AUDIGIER et Laure BERGHEAUD qui ont et partagent la vie de Jean-Louis BERGHEAUD.

Marie AUDIGIER …

marie audigier 1

Ceci dit, j’en reviens  à ma question initiale : « Etes-vous celle là Madame … Mademoiselle » ??? Je suis un garçon, j’aime MURAT au travers de ses mots et mélodies. Jamais MURAT ne m’a déçu … et je lui dis « MERCI » !!!

***

Publié dans : ||le 26 janvier, 2014 |6 Commentaires »

6 Commentaires Commenter.

  1. le 26 janvier, 2014 à 18:24 Rhiannon écrit:

    Lettre écrite par Mr Jean Louis Murat à Antoinette Deshoulières

    Douharesse, le 28 décembre 2000

    Antoinette aimée,

    Automne 1992.Clermont-Ferrand.Place du 1er mai, aux puces, je trouvais une édition de vos oeuvres publiées en 1745 à Bruxelles.
    Sûr de mon choix,pudique,je feuilletais à peine.Vous souvenez-vous? Qu’avez-vous chuchoté à mon oreille Antoinette?
    Le vent était glacial.
    « Trois cent cinquante francs les deux vomumes.
    _D’accord, j’achète ».

    Je courais nous enfermer dans ma voiture japonaise.
    Je vous trouvais à mon goût.Belle, pimbêche,dévergondée.
    Quelques semaines plus tard, amusé par celle qui parle, je tombais amoureux de celle qui se tait(classique). Sexuellement troublé….
    Puis un soir, je vous aperçus »triste dans votre costume de rose »
    Un secret.
    Quel secret, Antoinette?

    Ah! Vous écrivez comme chacun, pour vivre quelques instants de plus!
    Ah! Vous demandez à vivre plus que çà!

    Alors, Antoinette je vous tiens.

    J’ai mis en musique quelques-uns de vos poèmes, j’ai demandé à Isabelle Huppert -sur votre suggestion-de vous incarner.

    Ephémère résurrection(chose faite).
    Rendez-vous dans l’oubli.

    Je vous embrasse,
    Jean-Louis Murat

    « Tout est dit »…;)

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  2. le 26 janvier, 2014 à 18:27 Rhiannon écrit:

    Excusez-moi pour la faute de frappe »volume » et non « vomume »…;)

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  3. le 29 janvier, 2014 à 0:38 Muse écrit:

    Merci Didier pour cette page.
    En réalité, JLM est super classique. L’image de la femme idéale est proche de celle qu’ont la grande majorité des hommes, y compris dans le fantasme de la femme ressemblant à sa mère, encore plus présent chez les auvergnats que dans d’autres régions (j’ai pu le constater à l’usage, si je puis dire, même si je ne trouve pas que ça prête à rire, parce que ça dénote chez l’homme une incapacité à couper le cordon ombilical avec sa mère -relation fusionnelle avec dépendance psycho-affective avec fixation infantile-, ce qui amène la plupart du temps des gros problèmes relationnels aussi bien dans le couple que dans l’interaction de la belle-mère avec le couple).

    Maintenant, son modèle idéal de femme lui serait odieux s’il le rencontrait réellement, j’en suis persuadée. Il ferait comme beaucoup de ses confrères: prendrait cette femme pour maîtresse occasionnelle, amante passagère, histoire de se dire « je l’ai eue celle-là », mais se garderait bien d’aller plus loin avec elle. Parce que trop macho pour vivre au quotidien durablement avec une femme à forte personnalité avec lequel il serait contraint de négocier.
    Il a beau prétendre qu’il a toujours été le jouet de femmes, je pense que c’est plutôt lui qui a dû les faire tourner en bourrique. Il disait d’ailleurs dans une interview ces dernières années dans Libé qu’il était chef dans son couple et que lui seul présidait aux décisions, qu’il détestait partager l’autorité: ce qui laisse augurer que madame n’a pas vraiment son mot à dire et donc doit lui être suffisamment soumise tout en gérant un maximum du quotidien. Ce que je pense Marie Audigier n’aurait et n’a jamais accepté.

    Autrement, je suis assez d’accord avec ce qu’il pense de l’amour physique qui est une forme d’illumination divine, tout comme l’art. Ce qui demande pour que ça fonctionne bien que les deux partenaires amoureux soient aussi ouverts l’un que l’autre à la sensualité et à l’écoute de la sensualité de l’autre. Ce qui est relativement rare dans un couple, car il y en a souvent un qui est plus coincé au plan sexuel que l’autre (généralement plus la femme que l’homme, souvent du fait de complexes et d’une éducation familiale assez silencieuse voire désapprobatrice des questions féminines et sexuelles, le plaisir au féminin étant encore éminemment tabou voire une abomination, même si ce n’est pas dit comme ça explicitement).
    Sur ce chapitre, il y a encore des progrès à faire au plan éducatif chez les deux sexes.

    Je ne crois pas que tes origines paysannes aient un quelconque rapport avec ta réserve sur le sujet du sexe. Beaucoup de gens ayant des origines paysannes sont plutôt à l’aise avec ce sujet, parce qu’ayant la présence continuelle d’animaux et d’accouplements d’animaux près d’eux. Par contre, ce qui va générer de la réserve voire de la crainte ou de la honte sur ces sujets, c’est l’emprise de la religion dans l’éducation familiale (sans que cette emprise ait été réellement et clairement contestée). Ceci concerne toutes les religions qui ont un véritable problème vis à vis du sexe et des femmes, du genre féminin en général.
    Le fait que la famille de JLM ait été assez distante avec la religion a sans doute aidé à ce qu’il soit peu bégueule. Et la vie amoureuse et sexuelle assez libre qu’il a menée à Paris a achevé de le mettre à l’aise sur ce sujet. Ce que je trouve très bien. Le libertinage éclairé rend généralement le rapport à la sexualité et à l’amour plus sain, plus serein aussi et moins hypocrite.

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