- 75 – Jean-Louis MURAT … et les paroles de Marie AUDIGIER …

Jean-Louis BERGHEAUD n’a jamais écrit pour Marie AUDIGIER. Lors d’une interview datée de 1991  Jean-Louis précise parlant de Marie : « Elle ne pourrait pas chanter ce que j’écris (et inversement) puisque nos univers sont différents ». En une phrase MURAT a tout dit !

MARIE a donc écrit une vingtaine de chansons … seulement ??? Décembre 1993 Jean-Louis et Marie se séparent. C’est la fin d’une très belle histoire. En cette fin d’année MURAT effectue sa première tournée, jurant que : « Ca s’ra la dernière » ! Cette tournée est couplée  avec le tournage du film « Mademoiselle Personne ». Une fan jouée par Elodie BOUCHEZ suit la chanteur soir après soir. Le film ne sortira jamais. Certains disent  que MURAT ne peut supporter de voir ainsi portées à l’écran des images qui matérialisent une séparation par trop cruelle. L’album « Vénus » (1993) porte déjà en lui tous les stigmates de la discorde. De « Tout est dit » à « Par mégarde » il n’y a pas de doute possible. La fin est déjà proche. Cette tournée ne fera qu’accélérer ce qui était devenu inéluctable. Jean-Louis BERGHEAUD, trop longtemps « materné » sans doute influencé par MURAT  ayant : « Besoin d’aller voir ailleurs »

… « Ces étés » … 1993 …

- 75 - Jean-Louis MURAT ... et les paroles de Marie AUDIGIER  ... marie-audigier-ces-etes

Sur cet album sorti en 1993 il n’y a aucun mot qui soit  de MURAT. Pourtant il n’y a pas une ligne où on ne perçoive le visage de Jean-Louis … ses yeux  bleus ou verts … ses colères … ses douceurs … ses étreintes … Il suffit de lire …

SI BIEN

« Adossé à un arbre à côté d’un ruisseau

Ne penser à rien rester là il fait beau

Ne penser à rien

Et juste écouter le bruit de l’eau

Oh le bruit de l’eau ».

« Sentir le vent autour de moi s’enrouler

Le laisser glisser apprendre à l’écouter

Me laisser glisser

N’être qu’une feuille abandonnée

Une feuille abandonnée ».

« Je suis si bien là oh oh ».

(…)

« Sentir la douceur du soleil sur ma peau

Ne penser à rien rester là il fait beau

Ne penser à rien

Et regarder filer les nuages

Oh filer les nuages ».

« Je suis si bien là oh oh ».

« Je respire je respire

Je respire

Les derniers jours du printemps ».

« Je suis si bien là oh oh … ».

Voilà un premier titre qui a le goût et les saveurs du printemps … Marie nous chante à présent l’été qui s’effiloche …

CES ETES

« Tout s’en va

C’est l’été qui s’en va

Les grillons

Au crépuscule les voix ».

« Ces étés sont trop vite passés

J’en suis déjà à vouloir décompter

Les jours les heures

Les pierres blanches du bonheur

La pluie les fleurs

Toutes ces choses

Dont j’ai encore la saveur ».

« Tout s’en va

C’est l’enfance qui sen va

Les nuits claires

L’odeur du foin des bois ».

« Et je n’ai que le vent ami

Et je n’ai que ses plaintes

Pour garder en moi

Ces souvenirs-là

Toute ma vie ».

« Ces étés sont trop vite passés … ».

Et voilà, l’air de rien, nous nous sommes promenés au bord du « Vendeix » … dans la prairie du « Veillis » … Nous sommes dans l’univers de MURAT … pas loin de SUGERES où réside la famille de MARIE … Ca va mal dans le couple ??? C’est là qu’elle va rechercher de nouvelles forces en cas de tempête … Dans les mots de MARIE la nature est omniprésente. Ecoutons à présent le chant du « grillon »

LE GRILLON

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« Mon souffle étoilé

Dans la nuit d’été

Un petit grillon

Sa simple chanson

Quand reviendras-tu

A la maison

Ces longues semaines

De grisaille et de peine

Et de peine ».

« Quand  tu me manques

Quand tu n’es plus là

C’est le vide le manque

Le vide en moi« .

« Le jardin parfumé

Des fleurs d’églantier

Mon petit grillon

Ta simple chanson

Quand reviendras-tu

A la maison

Un vent froid se lève

M’apporte la neige

Comme en rêve ».

« Quand tu me manques« .

J’ai comme la certitude qu’à travers ce « grillon » MARIE  s’adresse à Jean-Louis … A présent MARIE nous donne à goûter aux aigreurs de la nuit … peut-être même aux galères … les « années sévères » …  

TRAÎNER DANS LES BARS.

« Traîner dans les bars

Rôder dans les rues noires

Des rencontres d’un soir

S’évaporent dans le noir

Mon voisin d’à côté 

Me parle de sa vie ratée

Des désillusions du passé

La pluie commence à tomber ».

« Dans les rues mouillées

Tout est triste à pleurer

Et l’eau emmène avec elle mes regrets ».

« Traîner dans les bars

Traîner de soir en soir

C’est parfois comme la mort

L’oubli une fois encore

Le bar est tout enfumé

Mes cigarettes sont terminées

La pluie continue à tomber

Je ne sais même plus où aller« .

« Dans les rues mouillées … ».

Je ne sais si Marie a traîné dans les bars avec son Jean-Louis … si elle a attendu que Jean-Louis ne rentre le soir de bordée … Souvent ceux qui sont dans les bars ne trouvent pas chez eux la quiétude désirée … alors des bars,  ils en ont fait leur … « chez eux »

MARIE nous mène à présent … à travers bois … goûter à l’eau de la fontaine …

LA FONTAINE.

« Marcher s’éloigner laisser la cité

Derrière moi voir le soleil l’embraser

Traverser des plaines arides et brûlées

Avancer toujours ne pas s’arrêter

Pour me retrouver

Aller vers la forêt la forêt ».

« Je cherche une fontaine

Je cherche une fontaine

A l’eau claire à l’eau pure

A l’eau claire et pure ».

« Arrivée à la lisière de la forêt

J’entre elle est sombre humide et nacrée

De l’eau fraîche et claire

Des feuilles la lumière

Et la forêt qui s’éclaire qui s’éclaire ».

« Je cherche une fontaine … ».

Dans le monde paysans, l’eau a une importance capitale, elle est vitale. Pour MURAT « l’humidité chérie des femmes » est tout autant essentielle.

Nous revoici en ville, en plein après-midi MARIE attend son Jean-Louis

PAS DE MOTS.

« Assise à la terrasse

D’un café l’après-midi

Des passants s’embrassent

Je bois du Vichy

Enfin tu arrives

Tu t’assieds près de moi

Je sens qu’aujourd’hui

Tu es loin de moi« .

« Pas de mots ne parle pas

Pas de mots tu es bien là

Plus de querelles de vains combats

Pas de mots …

Arrête un peu c’est fini tout ça« .

« Tu ne peux pas rester

A ressasser le passé

Donne-moi la main

Tu verras tout ira bien

Ensemble dans ce café

La terrasse ensoleillée

On va vivre le jour

Le plus long de l’été ».

« Pas de mots ne parle pas … ».

Où … supplique à Jean-Louis. On devine qu’entre ces deux là … ça n’a pas été simple tous les jours. Cela n’empêche pas MARIE d’inviter son homme à faire un p’tit effort … Allez « Viens »

VIENS.

« Tu te rapproches tu es tout proche

Je te sens hésitant

Ta main se pose enfin tu oses

Une longue caresse

Sur ma nuque chaude ».

« Alors je glisse vers la rivière

L’eau miroite dans la nuit se perd

Une loutre plonge dans l’eau profonde

Nous suivons l’onde ».

« Viens là

Etreins-moi

Dans la nuit le charme nous protègera

Viens là

Embrasse-moi

Dans la nuit le charme nous emmènera ».

« Ta main encore glisse sur mon corps

Doucement je te mords

Les yeux fermés je ne sais pas qui tu es

Ma bouche elle te parle te reconnaît« .

« L’eau des collines l’eau claire des cimes

En cascades coule vers la rivière

Elle t’éclabousse elle m’éclabousse

En gouttes douces ».

« Viens là … »

MARIE a du caractère. Jean Louis aime ça. 

A présent nous partons pour « ANGKOR » Jean-Louis n’aime pas les voyages et encore moins les vacances … 

ANGKOR.

« La rivière descend

Du plateau du Kulên

Vers le lac sacré

Vers la vie des rivières

Mon cœur aussi descend

Des hauts plateaux du vent

En suivant la rivière

Vers l’eau sale des rivières ».

« Je marche dans les ruines

Je marche dans les ruines

Du temps d’Angkor

De notre amour mort

Angkor vile Khmère Angkor ».

« Je te sens toujours là

Ta présence cogne en moi

Le Bouddha suprême

Nous sourit nous aime

Les cinq tours de pierre

Signe magique d’hier

Veillent sur mon chagrin

L’eau noire de mon chagrin ».

« Je marche dans les ruines … ».

Alors voyage imaginaire (???) dans un temple en ruine … Un amour qui se meurt … qui n’est plus …

Voilà qui provoque des « Nuits agitées »

NUITS AGITEES.

« Ces nuits agitées

Dans les draps enroulés

Je rêve de toi tu n’es jamais là

Des cauchemars flottent

Dans la nuit noire

Des ombres des regards

Me frôlent sans me voir

J’ai chaud j’ai froid

Je ne sais pas où mon corps va

Dans la nuit je dérive

Tourbillonne et dérive« .

« Chaque nuit

Je suis seule dans ce grand lit

Seule et perdue endormie

Seule et perdue ».

« Ces nuits agitées

La lune se voile lointaine et si pâle

De gros nuages tournoient

Ce sont des mages

Et je me sens tournoyer

Sans pouvoir m’arrêter ».

« Chaque nuit … »

Voilà un constat sans concession … « L’absence » semble entrée dans la vie de MARIE … C’est une chanson sans fard ni faux semblant. Son lit est vide … Voilà qui justifie un sentiment d’amertume … 

L’AMERTUME.

« Un soupir fatigué

Les rideaux tirés

Une distance se crée

Le jour s’est levé

Nos mains dénouées mes cheveux défaits

Les draps sont froissés

Tu songes à mes côtés

Ma vie est froissée du velours déchiré ».

« L’amertume l’amertume

C’est ce qui reste après l’amour

Ce qui reste après l’amour ».

« Je t’écoute respirer

Quelles sont tes pensées

Tes arcanes tes secrets

Tu m’es étranger

Nos mains dénouées

Ton corps abandonné

Du mien éloigné un matin de Janvier ».

« L’amertume l’amertume … ».

La séparation entre Jean-Louis et Marie semble consommée … La vie doit reprendre le dessus … Tout le reste ce sont des … « Paroles en l’air »

PAROLES EN L’AIR.

« Un champ de blé des coquelicots

Un vent doux se lève bientôt

Un son délicat de grelots

C’est le rire d’en elfe au bord de l’eau

Oh je ne sais pas pourquoi

Aujourd’hui la vie coule en moi

Je suis écorce je suis de bois

La vie m’irrigue de haut en bas« .

« Le reste c’est des paroles en l’air

Des paroles en l’air … ».

« Un papillon butine gracile

Puis s’envole heureux agile

Un scarabée dans la poussière

De bonne humeur marche à l’envers

Non je ne sais pas comment

On peut renaître en un instant

Ni comment malgré le temps

Rien n’a changé c’est comme avant« .

« Tout le reste c’est des paroles en l’air … ».

« Non je ne sais pas pourquoi

Aujourd’hui la vie coule en moi

Je suis écorce je suis de bois

La vie m’irrigue de haut en bas ».

« Tout le reste c’est des paroles en l’air … ».

Marie est une battante … La vie reprend son cours … Ce qui ne l’empêche pas de regarder les … « années passées »

LES ANNEES PASSEES.

« La rue devenait sombre

J’étais un loup une ombre

Je courais dans la ville

A l’heure où la nuit tombe

Un vent froid s’est levé

Les lumières vacillaient

Mon souffle se givrait

Dans le froid du passé ».

« J’aimais tant les forêts

La rosée du matin

Les gouttes d’eau le calice d’une main ».

« Mais tout est passé dans les rêves les années

Il est vain de pleurer

Les années ont passé« .

« Puis plus je courais

Plus le vent froid soufflait

Les souvenirs perdus

Qui ne reviendront plus ».

« J’aimais tant les forêts

La rosée du matin

Les gouttes d’eau le calice d’une main ».

« Mais tout est passé les rêves les années … ».

Il n’y a pas lieu de faire quelque commentaire … Les paroles de MARIE  se suffisent à elles même.  MARIE ne connaît pas la langue de bois … Juste un mot sur le style : des mots simples, des phrases courtes. Aucune ponctuation, mais les points et les virgules s’imposent d’eux même … Ils sont silence et réflexion …

***

marie audigier

Pour le plaisir, petit retour en arrière : nous sommes en 1991. Marie AUDIGIER sur ce titre éponyme écrit cinq chansons (1- L’orage  2- Etangs secrets  3- Un voyage 4- L’autoradio  5- Une maison oubliée). Le sixième titre : « Rêve un peu à moi » est co-écrit par Marie.

La relation MURAT/AUDIGIER aux dires mêmes de MURAT n’est pas de tout repos. MURAT n’aime pas les femmes soumises. Il est servi. En 1991 les mots écrits par MARIE sont empreints d’une grande simplicité et d’un profond amour pour Jean-Louis BERGHEAUD … ce berger des montagnes … Ecoutons MARIE

 … L’orage …

(Extrait MARIE AUDIGIER/1991)

« Sur un chemin de terre

Un soir d’été

On se promenait

Au loin l’orage menaçait

Tu marchais là, tout près de moi

La terre était douce sous nos pas

Comme une promesse

Presque une caresse ».

(…)

« Les gouttes s’écrasaient

Lourdes sur l’herbe mouillée

Le champ de blé

Sous l’orage frissonnait

Je voulais courir à l’abri

Tu m’a pris le bras as souri

C’était la nuit

L’orage et la pluie ».

(…)  

***

… Etangs secrets …

(Extrait de MARIE AUDIGIER/1991)

« Je voudrais te parler

De ces étangs secrets

Je voudrais t’emmener

Dans une barque glisser

Mais plus tu te rapproches de moi

Et plus je m’éloigne vers l’eau les lilas

A l’intérieur de moi ».

(…)

« Ces étangs sont cachés

Mes lèvres sont mouillées

Approche viens tout près

Apprends-moi à aimer

Mais même quand je suis dans tes bras

Je coule dans ces étangs froids

A l’intérieur de moi »

(…)

***

… Un voyage …

(Extrait MARIE AUDIGIER/1991)

« Un voyage

La pluie, le train

Qui me ramène vers toi

Les souvenirs le vent

Tout me rapproche de toi

La joie et la peur de te revoir

Le train qui traverse

De longs tunnels noirs

Les sapins dans le vent

Se balancent lentement

Immenses et rassurants »

(…)

« La pluie, le train

Je serai avec toi demain

Tant de temps, les chagrins

 Que tout s’efface  au matin

Ces mots perdus restés dans le noir

La forêt mouillée

Le vent le brouillard

Le pull rouge d’un enfant

Qui s’éloigne en courant

Vers la forêt le vent ».

(…)

***

… L’autoradio …

(Extrait MARIE AUDIGIER/1991)

« Les phares accrochent

Deux yeux brillants de chat

Qui se rapprochent

Sur la route déserte »

(…)

« L’autoradio ne passe pas »

(…)

Je tourne le bouton,

Cherche une station ».

(…)

« Et ces villes mystérieuses et jaunies

Le monde s’éteint englouti par la nuit

Mon rêve est sans fin la voiture poursuit

Son chemin silencieux dans la nuit ».

(…)

***

… Une maison oubliée …

(Extrait MARIE AUDIGIER/1991)

« Une promenade au mois de mai

La brume commence à se lever

Une maison abandonnée

A ses rêves

Qui se devine cachée

Dans les chênes

S’approcher dans la rosée

La maison à peine éveillée

La porte ouverte le sol dallé

Quelques jonquilles éparpillées »

(…)

« Les marches usées de l’escalier

Craquent et chuchotent leurs secrets

Le grenier est tout doré

De lumière

Dans un coin de vieux papiers

Des chimères

Entre un véto une chaise cassée

Des lettres à l’encre délavée

Des photos au charme désuet

Passions impossibles et regrets ».

(…)

Des mots simples, un chemin, un matin … des années de bonheur dont on sent poindre la fin … Merci MARIE de ces mots oubliés, ces sentiments passés, merci …

***

Ajout le 11 juillet 2014 …

Marie AUDIGIER s’est peu répandue dans la presse, pas plus hier qu’aujourd’hui. Ce n’est pas une femme de « commentaire » … c’est une femme « d’action ».  Les interviews de MARIE ne sont pas légion, elles n’ont que plus de valeur à mes yeux. Pas plus tard qu’hier, parcourant le net, je suis tombé sur le « papier qui suit, daté de 1993, signé COLJON qui nous apprend beaucoup sur Marie et la vie du couple BERGHEAUD … Je reprends donc in extenso :

« Mercredi 18 août 1993

LA MARIE DE CLERMONT

Dame AUDIGIER aime le rustique, les herbiers et Jean-Louis MURAT.

On l’aime bien, la Marie. C’est une artisane, la petite. Elle n’était pas du tout dérangée de sortir en 1990 un album où elle chantait faux. En toute simplicité et innocence. Même que son homme, le très compréhensif Jean-Louis Murat, n’a pas hésité à produire avec sa mie l’oeuvre en question. C’est vrai que, pour les Disques du crépuscule bruxellois, ça n’a jamais posé de gros problèmes, souvenons-nous du disque de Gabrielle LAZURE. Tout est une question de feeling et de progrès. Elle en fit, Marie AUDIGIER, suivit des cours de chant même et voici le résultat, «Ces étés», avec toujours la même bande clermontoise des Denis CLAVAIZOLLE (claviériste de MURAT), Alain BONNEFONT (qui a écrit «Te garder près de moi» avec Jean-Louis avant de publier son propre «Amaretto» sur les mêmes Disques du crépuscule), Pascal MIKAELIAN ou Christophe PIE, tous deux musiciens occasionnels du monsieur au manteau de pluie. Elle partage même son ingénieur du son, Christophe DUPOUY. Bref, c’est la bande ».

« Ça fait longtemps qu’on fait de la musique ensemble. Clermont, c’est une ville où il y a beaucoup d’étudiants, une ville qui vit la nuit. Mais Jean-Louis, lui, il est né dans la montagne; moi, je viens de la vallée où le climat est plus doux, plus ensoleillé aussi. Ça se reflète dans notre caractère, lui est plus brouillard et vent que moi. C’est vrai qu’on est inspirés tous les deux par la campagne et la montagne, parce qu’on y vit. On s’est rencontrés par la musique. J’aime ce qui est rustique. C’est ce que je voulais pour cet album. Avec un côté herbier, cahier d’enfance. Le parti pris au départ était qu’il soit dépouillé comme un corps dont on enlève toute la graisse: il ne reste plus que les os et la peau. Il fallait que ce soit tendu. Le premier était un bilan, j’ai tiré les leçons de mes erreurs, je ne savais pas respirer par exemple, j’agonisais en chantant. Maintenant, avec les cours de Madame CHARLOT, ça va mieux ».

« Cela fait longtemps en fait que Marie chante. L’envie lui est venue en entendant «Tonight’s the Night», de Neil YOUNG, pour, dès ses 15-16 ans, se lancer avec des groupes de filles (les Barboteuses, Autoradio…). Elle était batteuse mais voulait déjà être le chef. Plastic BERTRAND ou Jean-Jacques BURNEL s’y intéressent un temps, mais rien ne se concrétise. À force de cultiver les petits boulots merdiques, Marie en a marre et se décide à apprendre l’anglais à l’université. Elle en sort avec une licence d’anglais et une maîtrise de langues française et étrangères. Elle enseigne à des étudiants étrangers. Elle vit déjà avec Jean-Louis qui suit un peu le même parcours à la fac (lettres françaises) et enseignement: Moi, je bossais, je lui faisais bouillir la marmite. Maintenant, c’est lui qui me laisse travailler la musique. On essaie de ne pas trop travailler ensemble, sinon on me suspecte toujours d’avoir Jean-Louis caché derrière moi. Pour le premier album, je ne me sentais pas capable de le faire sans lui. Sinon, on n’en parle jamais. Je ne vais pas en studio me mêler de ses trucs, mais on s’écoute l’un l’autre. On se stimule… On se fait tout écouter, mais c’est pas pour ça qu’on respecte ce que dit l’autre ».

« Vu qu’ils partagent les mêmes musiciens, on peut évidemment se demander comment ils vont s’arranger quand il s’agira de monter sur scène, vu que Jean-Louis est enfin décidé à partir en tournée, même que les titres écrits pour le prochain album le sont, d’après Marie, dans cette optique ».

Denis CLAVAIZOLLE va partir avec lui en tournée, donc, moi, je devrai prendre un autre guitariste car on ne veut pas tourner ensemble, nos carrières n’ont rien à voir. J’espère que moi ça ira face au public. Je ne l’ai plus fait depuis des lustres, j’en ai fait un avec mon groupe Madame  ATOMOS, c’était en Corrèze, et je n’en ai pas un grand souvenir, et le second, c’était en Haute-Savoie, Jean-Louis était là avec son groupe, CLARA. Nos deux bassistes qui vivaient ensemble se sont battus, ça je m’en souviens… ».

THIERRY COLJON.

***

Lors du dernier « Koloko » … Jean-Louis s’est rapidement éclipsé. Cela cachait une bien mauvaise nouvelle. Agnès la petite sœur de Marie est partie, emportée par la maladie. La mort est dégueulasse, plus encore lorsqu’elle vous emporte à 52 ans ! Je pense très fort à cette petite sœur qui faisait partie du groupe « Madame ATOMOS »

 ***

Ajout le 1er juillet 2016 …

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Chaque fois que MURAT sort un nouvel album MARIE est présente. Pour « Babel » elle avait évoqué je le dis de mémoire « le meilleur album de Jean-Louis » … Il est vrai qu’avec ces paroles :  « J’ai fréquenté la beauté » (…) « J’ai fréquenté la santé » (…) « J’ai fréquenté la gaieté » (…) « Je n’en ai rien gardé »  … C’est MARIE qui est implicitement évoquée. Quel bel hommage. Ce titre a été écrit en 2013 soit 20 ans après leur séparation. MURAT sait rester l’ami des femmes qu’il a quittées. 

En 2015 Marie est devenue directeur artistique du label indépendant « Naïve ». Voilà qui l’oblige peut-être à une certaine réserve ?! Publiquement Marie n’a rien dit sur ce qu’elle pense de « Morituri » … Rien non plus sur la formule employée par Jean-Louis : « Celui qui va mourir » ! Il y a peu le groupe « Naïve » a été placé en redressement judiciaire. Voilà qui ne laisse rien augurer de bon …  

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans : ||le 15 septembre, 2013 |5 Commentaires »

5 Commentaires Commenter.

  1. le 16 septembre, 2013 à 10:21 Muse écrit:

    Merci pour cette découverte, Didier.
    Je pense que tu as été très ému de découvrir ces chansons bucoliques, poétiques.

    Se sont je trouve aussi, de très jolis textes. Il y a dedans tous les émois, les déceptions, les espoirs déçus puis la résignation qu’une femme vit au travers d’un amour fort mais qui n’a pas su résister au temps. On y lit en filigrane, la solitude, le manque de dialogue dans le couple, l’attente d’un déclic chez l’autre, l’angoisse face à la perte future qu’elle identifie à différents signes, la tentative de s’accrocher une dernière fois à un espoir mince de réconciliation…Je retrouve la passion de la nature et la nature du Livradois Forez, au sud-est du Puy de Dôme. Nous ne sommes pas côté plaines et prés brûlés, concernant plus le côté ouest du Puy de Dôme (donc chez JLM), nous sommes à l’opposé dans les prés du sud-est toujours un peu humides au matin et dans les forêts profondes où filtrent des rais de soleil comme dans une église, où coulent des petits rus qui aboutissent un peu plus bas à une fontaine. Ce que décrit Marie, sont plus les paysages auvergnats que je connais que ceux de JLM. Car les paysages de l’enfance constituent (même s’il y a aussi des exceptions) plus un réconfort que les paysages où l’histoire d’amour s’est terminée.
    Marie fille de la montagne livradoise, se laisse consoler par sa terre d’enfance. Elle sait qu’on cache mieux sa peine en forêt profonde que sous le chaud soleil des monts et volcans auvergnats.

    Ce que j’aime dans ces textes, c’est qu’on sent qu’elle a tout essayé pour percer la coque de silence et de blocages divers et variés de JLM. Mais a fini par comprendre qu’on ne fait pas le bonheur de cet homme, le malaise initial est trop profond. Et qu’elle n’a pas la clé ni la formule pour le sortir de son marasme interpersonnel. Que si elle restait, elle-même se condamnerait à mort. Marie semble très lucide et mature sur la situation.
    Elle a tout tenté, sait qu’il n’y a rien à faire de plus, si ce n’est sauver sa propre peau. Parce que c’est important.
    Malgré tout l’amour qu’elle porte à JLM, Marie a suffisamment d’estime d’elle-même pour savoir qu’elle doit continuer à vivre par delà cette rupture de grand amour qui la déchire. Et elle a conscience que la nature de son enfance l’aidera mieux que tout le reste à remonter la pente.
    Quand on a vécu en campagne ou en montagne, on sait se tourner vers la nature pour apaiser ses chagrins. C’est un réflexe presque inné, sans forcément qu’il ait été transmis oralement. On sait que le retour à la vie passe par cette étape. La nature sauvage apaise les chagrins, les gère, nous prend dans ses bras comme une amie, une parente et nous dit: « Regarde, malgré ton désespoir d’aujourd’hui, malgré le sentiment d’abandon profond que tu as à cause de cet amour perdu, tout ce que tu observes, chaque plante, chaque arbre, chaque détail sera à nouveau là demain et chaque jour de ta vie pour toi, pour ta joie. Alors ne te laisse pas, car nous, nous ne t’abandonnerons jamais. Nous t’aimons et t’aimerons toujours. »
    Une fois que l’on a ressenti en soi cette certitude d’éternité d’amour de Mère Nature qui étreint comme un vertige (et souvent cela s’expérimente dès la prime enfance en milieu rural), on sait où aller en cas d’immense chagrin, de détresse absolue. Et l’on sait que c’est un réconfort de qualité qui ne juge jamais, qui ne fait juste qu’ouvrir les bras et vous aimer à plein coeur pour vous régénérer.

    Répondre

  2. le 16 septembre, 2013 à 11:38 Armelle écrit:

    avec l’excellente analyse de Muse qui nous ouvre les yeux sur les origines de Marie, ton article prend toute sa dimension Didier.
    Bravo à vous 2!

    Répondre

  3. le 13 février, 2014 à 20:35 Florence LOHEAC écrit:

    Je suis d’accord avec ce que tu dis Didier et ce que dit l’Artiste …= leurs univers n’ont rien à voir …
    Bises
    Flo

    Répondre

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