- 57 – L’histoire des chansons … (5ème partie) …
… Amen OTIS …
(Extrait du CD single « Par mégarde »/1994).
« Ralentissez le pas
Pour le pire, pour le meilleur.
Gardez les yeux sur moi,
Pour le pire, pour le meilleur ».
(…)
« Quand vous veniez
A l’affection, à la douceur,
J’aimais me dévouer
A la religion du bonheur ».
En 1989, dans une interview accordée au magazine « Max » le sieur MURAT déclarait à J.M. THEVENET : « Gamin j’avais un amour immense pour Otis REDDING, pourtant je n’y connaissais rien, mais je devinais que dans ses chansons il y avait une autre dimension. Les noirs américains parlent des femmes, mais on peut aisément imaginer Dieu ». C’est donc une évidence, ce titre est un hommage à ce fabuleux chanteur qu’est Otis REDDING.
Otis REDDING…
Le mot « Amen » est largement utilisé dans le culte Juif. Il exprime un souhait : « Ainsi soit-il ». Le Christ emploie souvent ce terme, le dédoublant pour mieux exprimer la solennité de ce qu’il avance. « Amen » veut aussi dire : « En vérité ».
Né le 9 septembre 1941 à Dawson en Géorgie, Otis décède le 10 septembre 1967 dans le Wisconsin. Elevé dans une famille modeste, il doit rapidement quitter l’école pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est notamment batteur pour les groupes de gospel le dimanche matin. Le 10 décembre 1967, il n’a que 26 ans … son avion personnel s’écrase dans le lac Monona Wisconsin …
Le 17 mars 2005 pour « Flux 4″ le journaliste Philippe SCHWEYER recueille les confidences de MURAT sur Otis : « J’aurais voulu être Otis Redding qui m’a beaucoup influencé. C’est l’amant éconduit, l’amant malheureux. Dans la musique black des années 60, les mecs étaient très amoureux, très tendres (quand tu écoutes les textes de rap maintenant, tu hallucines !). Ils souffraient beaucoup et ne craignaient pas d’êtres tristes ou de pleurer. Je pensais qu’un chanteur devait être comme Otis qui était un grand romantique, un grand amoureux. Il y a une biographie qui sort et qui voudrait nous faire croire qu’il passait son temps dans les bordels. Ils ne vont pas péter tous les masters des disques d’Otis parce qu’il allait dans les bordels ! C’est surtout sa mort tragique qui me touche, le lac gelé, le mois de décembre… Murat poursuit les troupes sur les eaux gelées d’Austerlitz, tout le monde périt et ensuite il y a Otis qui s’enfonce dans les eaux gelées du lac lui aussi ».
(…)
« J’habitais rue Bondy
Vous rue des Pyrénées
Quand vers minuit
Ce lundi vingt deux juillet« .
(…)
« Je vis loin de Paris
Et vous où je ne sais
Pensez-vous vers minuit
Le lundi vingt deux juillet« .
(…)
Je ne suis pas parvenu à trouver toutes les clefs de ce titre … Si l’un ou l’autre d’entre vous peut me donner un coup de main, je l’accepte de bonne grâce … Finalement, je pense avoir trouvé : une rencontre amoureuse, sur un air d’Otis, alors que Jean-Louis BERGHEAUD réside à Paris … C’était du temps de la galère …
Le 22 juillet correspond à la fête de Marie Madeleine qui n’est autre que la pécheresse maintes fois vue avec Jésus de Nazareth. Il s’agit de Marie de Magdala soit la ville ou était née Marie que l’on surnommait Madeleine. La bibliste Canadienne Mireille BRISEBOIS nous rapporte ce qu’en disent les principaux apôtres : « L’évangéliste Matthieu nous signale la présence de Marie Madeleine au Calvaire. Avec d’autres femmes, elle avait suivi Jésus depuis la Galilée et elle le servait On la retrouve aussi au tombeau lors de l’ensevelissement et même au matin de Pâques Marc, lui aussi, nous la présente au Calvaire et au tombeau Luc, l’identifie avec plus de précision. Il semble nous dire que si elle suivait Jésus, c’est parce qu’il l’avait guérie (sept démons étaient sortis d’elle Et puis on la retrouve aussi au tombeau Jean, par contre, semble bien la connaître. Il signale sa présence au pied de la croix et s’intéresse particulièrement à elle dans la scène du tombeau. Elle rencontrera Jésus ressuscité. Partout elle apparaît comme une grande dame reconnaissante et fidèle qui a parcouru les routes de Palestine avec Jésus et ses disciples. Elle sera la première femme qui diffusera l’Évangile à la demande même de Jésus ».
Marie Madeleine vue par Rogier VAN DER VEYDEN …
MURAT qui aime « le sacré » ne cache pas son admiration pour cette pécheresse, laquelle jusqu’au bout, sera fidèle à Jésus … Pour le magazine « L’Express » le 10 mars 2008, le chanteur Auvergnat répond aux questions de François Régis GAUDRY dont celle ci : « Si vous étiez un personnage ? » Réponse du bougnat : « Marie Madeleine, la prostituée au grand cœur qui aurait été la femme du Christ. Je trouve cette intrigue très excitante ». Jean-Louis BERGHEAUD préfère très certainement la « Marie Madeleine » pénitente peinte par Francisco HAYEZ qui date de 1825 (ci-dessous), à celle du peintre Flamand (ci-dessus) … MURAT aime à croire que JESUS est (ou a été sur terre) un être comme les autres qui a aimé, travaillé, gagné sa vie … succombé aux délices charnels féminins … Et pourquoi pas ???
Avec MURAT quand on cherche, quand on a des amis qui vous donnent un coup de main, il y a toujours un chemin qui mène à la clef …
***
… Corridor humide …
(Extrait de « Face Nord/1990).
« je pénètre insouciant
La ténébreuse allée ».
(…)
« Amour qu’était l’amour
Entre âme sexe et enfant
Oh non pas cet amour
Ca je vous le défend ».
(…)
MURAT évoque ce titre avec Christian FEVRET journaliste aux « Inrockuptibles » (n° 31/1991), il lui déclare : « Pour « Corridor humide », j’étais en studio, j’avais cette nouvelle chanson et je me suis dit que j’allais la faire comme ça, rapidement … Une fois terminée, je suis revenu en cabine, Marie et quelques copains m’ont dit : « Elle est dégueulasse c’te chanson ! ». J’ai dit : Quoi, qu’est-ce qu’il y a de dégueulasse ? ». Sincèrement, il ne m’était jamais venu à l’esprit que le corridor humide puisse être une métaphore sexuelle. Je le promets, ça m’a vraiment échappé. L’image du corridor humide venait encore de TARKOVSKI dans « STALKER ». Je voyais le petit enfant du « Stalker » passer un corridor humide comme toujours dans les films de TARKOVSKI« .
Le corridor humide …
Accordons à notre Bougnat le bénéfice du doute …
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… Opéra …
(Inédit de la tournée « A bird on a poire »/2004).
S’il est une chanson qui symbolise les années galères de MURAT, c’est bien le titre : « C’est à Paris » écrit pour Michel DELPECH. Le titre « Opéra » inédit chanté en 2004 notamment en concert à GRENOBLE pourrait bien être la suite du texte écrit pour l’une des icônes des années 60.
(…)
« Ah tu veux aimer
Ah tu veux baiser
Qu’on échange nos candidats
Candidement vers Opéra
Aime-moi
Baise-moi ».
(…)
On ne saurait être plus explicite, certains diront plus crus … Il n’y a que GAINSBOURG à pouvoir oser de telles invitations chantées. Dans une interview MURAT s’étonne qu’on ne l’interroge pas davantage sur la sexualité … Sans doute que les journalistes connaissant le franc parler de l’Auvergnat n’osent pas s’aventurer sur ce terrain en face de cet olibrius qui n’a pas sa langue dans sa poche … Et bien évidemment, puisque c’est BERGHEAUD qui parle ce ne s’ra pas MURAT qui sera le plus mal à l’aise …
Bizarrement, lors de la sortie de MOCKBA, MURAT a écrit plusieurs titres restés inédits, des faces « B » rassemblées sous le titre « Les Faubourgs de Mockba » dont : « Avenue de l’Opéra » qui reprend une partie du texte de l’inédit chanté en 2004 à Grenoble … Plusieurs couplets sont ajoutés à ceux du titre « Opéra » dont ceux-ci :
(…)
« Aime-moi
Baise-moi
A trois, à neuf, chambre 303
Que sauras-tu de plus sur moi ? »
(…)
« Aime-moi
Baise-moi
En Jésus, en Bouddha
Dans un ailleurs qui n’existe pas ».
(…)
« Aime-moi
Baise-moi
Voile ou vapeur, tu parles d’un choix ».
(…)
« Petite chatte qu’est-ce que tu crois ? »
(…)
Toutes ces paroles, viennent agrémenter le titre « Opéra » … l’harmonica du Brenoï fait merveille ! MURAT nous chante des amours dévergondés … imaginaires ou réels … vécus ou fantasmés … mais jamais cet amant impénitent ne tombe dans la vulgarité … Sa musique est tellement belle … sa voix tellement veloutée … qu’il n’y a qu’à fermer les yeux. « Opéra » et « Avenue de l’Opéra » sont indéniablement deux des morceaux les plus beaux du chanteur d’Orcival.
***
… Robinson …
(Extrait de l’album « Toboggan » (2013).
Hormis le pourquoi du titre « Toboggan » MURAT s’est très peu exprimé sur le pourquoi des chansons qui composent cet album. Une seule exception : « Robinson ». Pour « Rif Raf » magazine Belge (mai 2013) le chanteur évoque cette mélodie avec le journaliste Gery LEFEBVRE : « Une chanson que je ne voulais pas mettre sur le disque tellement je le trouve personnelle, intime et familiale ». (…) « Oui, c’est une chanson écrite pour mon p’tit garçon de cinq ans qui chantonne d’ailleurs dessus. Et effectivement, je suis ici sur un problème de passage, de transmission. Qu’est-ce qu’on peut bien transmettre aux enfants pour qu’ils arrivent à se débrouiller à peu près dans ce futur du monde qui est un peu terrifiant ? J’aime beaucoup le bricolage et c’est un peu comme si je voulais apprendre à mes enfants à devenir bricoleurs. Un peu comme RIMBAUD une fois qu’il a quitté la France, il demande régulièrement à sa mère et à sa sœur de lui envoyer des ouvrages sur la menuiserie ou la charpente. Une sorte d’artisanat, comme s’il fallait redevenir des artisans très simples et avoir une vision presque manuelle de ce qu’on doit faire de sa vie et de ce que doit être son destin ». (…) « ‘Pour moi qui suis issu d’un monde paysan et d’un monde d’artisan, c’est peut-être ça qui me bouleverse le plus finalement, c’est la disparition de certains gestes, de certains outils, de l’habileté et d’une certaine forme de réflexion. Robinson parle de ça, touche une préoccupation qu’on a quand on essaye d’élever des enfants, c’est à dire de leur apprendre à survivre ».
(…)
« Trouve gîte, refuge ou sentier
Apprends à savoir t’orienter ».
(…)
« N’oublie jamais ton azimut ».
(…)
« Reste aux lois de la gravité ».
(…)
« Apprends à trouver le chemin ».
(…)
Les mots sont simples … Il s’agit ni plus ni moins que ceux d’un père à son fils …
***
… Le chat noir …
(Extrait de « Toboggan »/2013).
A quoi pouvait bien penser Jean-Louis BERGHEAUD en écrivant ce titre ??? Une partie de la réponse nous est fournie dans une interview accordée en avril 2013 à « Bordeaux7.com » : Question : « S’il y a un chat qui cabriole, il faut forcément qu’il soit noir ? » . Réponse : » (rires) Oh non ! Mais il se trouve qu’on a un voisin paysan qui a un chat noir, qui n’arrête pas de venir nous emmerder. J’en ai fait ma tête de turc, mon obsession. Dès que je sors, je cherche le chat noir et ça fait bien marrer mes enfants. Mais s’il avait été roux, la chanson se serait appelée le chat roux ». Comme quoi, MURAT est plus terre à terre qu’il n’y paraît.
(…)
« Pâle hiver que fais-tu du printemps ?
Chat tyrannique passe, passe vite ».
(…)
Par ces mots le poète Auvergnat fait le constat qu’il n’y a plus de saison ! Les gros nuages dans le ciel font penser au chat noir qui traverse la cour sans s’inquiéter de savoir qui est le propriétaire. En Occident, du 15ème au 17ème siècle les chats qui représentaient le diable ont été tourments et torturés de mille façons : jetés du haut des tours, pendus, maçonnés vifs dans les murs des maisons … Une tradition médiévale a même inventé un instrument de musique sordide, je veux parler de « l’orgue des chats ». Cela consistait à installer plusieurs dizaines de chats dans une boîte percée e trous laissant passer la queue des chats. On tirait violemment dessus, on prenait la queue avec une pointe pour provoquer le miaulement des pauvres bêtes. A la fête de la St Jean on enfermait des chats dans des sacs que l’on jetait au feu. Les feux de la St Jean seraient même issus de cette sinistre coutume. Dès le Moyen Âge l’Inquisition et l’Eglise traquent le « chat noir ». Ce dernier est associé aux sorcières, elles-mêmes victimes de la persécution chrétienne. L’Eglise invente même le précepte du « chat démoniaque », symbole des ténèbres et représentant de « Satan » sur terre.
Le martyre public des chats est interdit en France par Louis XV. L’animal est totalement réhabilité en Europe à partir du 17ème siècle. Napoléon 1er a une sainte horreur des chats. De no jours le « chat noir » reste encore mauvais présage selon les uns … ou signe de chance pour d’autres … Ah les croyances !
(…)
« Chat tyrannique
Passe, passe vite ».
(…)
« Le chat noir pris dans le vent,
Passe son âme, passe son âme.
Le chat noir pris dans le vent,
Passe sa vie en tourbillonnant ».
(…)
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… Loï en 14 …
(Extrait « Toboggan spécial »/2013)
Les paroles de cette chanson qui fait référence à la 1ère guerre mondiale sont particulièrement abstraites … les pseudo intellectuels diront abscons. Lors de la tournée « Toboggan » des images vidéos accompagnent les titres choisis par MURAT. Celles agrémentant le titre : « Loï en 14″ nous laissent entrevoir des plaques funéraires, des cimetières de guerre et les morts des tranchées … MURAT rend ainsi hommage à cet ancêtre : Jean-Louis BERGHEAUD né le 7 mai 1897 à LA BOURBOULE, tué le 8 août 1918 à MOREUIL dans la Somme. Ce « héros », mort sur le champ de bataille, sans doute berger, que chacun appelait « Loï » avait le grade de caporal et servait au 3ème Régiment d’Infanterie des Zouaves. La devise de ce régiment est empruntée au général Patrice DE MAC MAHON qui aux combats de Sébastopol (1850) en Crimée s’exclame : « J’y suis, j’y reste ».
Le régiment zouaves en 1917 …
Les Zouaves à la cantine …
Après la guerre de 1870 le sentiment anti Allemand est profond en France. Dans la France rurale ce ressentiment est plus fort encore. Jusque dans les années 1960/1970 les grandes guerre occupent une place importante dans les livres d’histoire, ceux étudiés dans les écoles de chaque village. Ces livres scolaires participent au patriotisme de l’époque. Chez les ruraux, le fait d’appartenir à un pays, une patrie, revêt une grande importance. Posséder dans sa famille un ancêtre : « Mort pour la France » est une grande fierté. Les photos des défunts, les diplômes de guerre obtenus, les médailles décernées trônent sur les rebords des cheminées. Aux veillées ces « héros » sont au centre de toutes les discussions. Les commémorations du 14 juillet et plus encore du 11 novembre constituent un moment important dans la vie de tous. Chacun se souvient avec fierté de celui qui a donné sa vie pour le pays. Les « boches », les « casques à pointes » sont détestés, plus encore que les Anglais, ce qui n’est pas peu dire. Avant MURAT (le chanteur) c’est son grand-père qui a du entendre parler de « Loï ». A son tour il en aura parlé au « petit ». Dans ces conditions, participer à ces commémorations en faisant partie de la fanfare locale, est un honneur absolu. Pire encore le Jean-Louis … on lui a donné le même nom que « Loï » !!! C’est ce qu’a vécu notre Jean-Louis « à nous » … Il est donc normal que, la soixantaine passée, tous ces sentiments reviennent à la surface et soient évoqués dans ses chansons. C’est le cas avec « Loi » … c’était déjà avec les titres : « Rémi est mort ainsi » et « Sans pitié pour le cheval » extraits de « Grand lièvre » (2011). Se remémorant ces souvenirs heureux et malheureux, Jean-Louis pense à demain, à ses enfants, et souhaite avant tout que ceux-ci n’aient pas à connaître les affres de la guerre. Voilà le sentiment qui prédomine certainement chez lui.
En novembre 2011 dans une interview accordée à Philippe BARBOT pour « Serge » le chanteur Auvergnat est amené à aborder le sujet :
Question : Pourquoi ces deux chansons sur la guerre 14-18 et sur la résistance ?
JLM : Je trouve que c’est bien de taper dans l’histoire. Je l’ai toujours fait dans mes chansons. Ce passé est fondamental, on ne peut pas être des passeurs de sensations sans parler du passé. C’est un domaine totalement inexploré dans la chanson Française, au contraires des pays Anglo-Saxons. Un groupe comme MIDLAKE peut chanter la guerre de sécession. DYLAN, il chante des chansons sur le temps de la marine à voile. Nous, c’est comme si 14-18, 39-45, la guerre d’Algérie, c’était la honte. Effectivement, c’est la honte, mais c’est quoi ces façons de ne pas chanter la honte ?
Question : Peut-être de la pudeur …
JLM : C’est surtout la volonté de se présenter plus beaux qu’on est. Nous sommes le produit d’une civilisation de l’homme, pour ce qui concerne les résistants, mais aussi de la lâcheté : 99% des Français ont balancé leur voisin pendant la guerre. La honte et la lâcheté font partie de la réalité, je n’ai pas connu cette époque mais ça mérite d’être chanté. Qu’est-ce que tu veux chanter du présent ? Est-ce que la vie politique c’est intéressant ? Est-ce que la crise économique c’est intéressant ?
Question : Les chanteurs ne peuvent ils pas faire bouger les choses ?
JLM : Les chanteurs et les chansons n’ont jamais rien fait bouger d’un poil du cul. Ce n’est pas le bruit de fond de l’époque qui fait l’époque, l’époque elle est ce qu’elle est et les chansons ont juste le bruit de fond. Les mecs, ils ne font pas la révolution en 1789 parce qu’ils chantent : « ça ira, ça ira » ! C’est une funeste blague ! Bob DYLAN est sensationnel à ce sujet. Il ne voulais plus qu’on chante ces chansons de protestation car le système est ainsi fait que la protestation est intégrée pour faire du pognon. Dans les maisons de disques ils adorent les « protest songs » car ils savent que c’est le meilleur moyen de se faire des couilles en or. C’est le contraire de l’effet que cela voudrait produire.
Voilà des paroles pleines de bon sens. Jamais les médias ne les reprennent, ne les mettent en exergue pour dire combien MURAT est lucide … Il y a là un parti pris qui m’irrite, me scandalise …
Mais revenons à « Loï » … La chanson évoque plus la guerre (en général) et son lot de misères que la 1ère guerre mondiale. MURAT semble faire référence aux guerres de religion, à l’inquisition : « Supplices atroces » (… ) « Faux jugements » (…) « Morts au trépied de fer rouge ». MURAT va chercher loin dans l’histoire … 1250/1251 … : « Palissades fossés profonds/Pastoureaux tous ayez pitié/Voilà le chant mort des bergers ». En effet en 1250, le roi SAINT LOUIS est fait prisonnier lors de la 7ème croisade. Des troupes sont levées avec pour objectif de le libérer. Pour la plupart ce sont des bergers et des paysans qui ont répondu à l’appel d’un moine : Maître Jacques de Hongrie. A l’époque le mot « pastoureaux » évoquait les « bergers ». Cette campagne nouvelle fut donc appelée : « croisade des Pastoureaux ».
MURAT en appelle à Dieu : « Quelle bile amère du Seigneur » (…) « Mystique hautain que Dieu te crève ». MURAT nous dit combien la guerre se fait au détriment des pauvres et des petits : » Ecraser fait la joie des Nobles/Ils mettent le Seigneur dedans ». Il poursuit : « Tout nous veut simple et ignorant Loï ».
MURAT ne s’est jamais expliqué sur cette chanson. Dans ce cas c’est BAYON qui le fait à sa place. Voici ce qu’écrit l’ami de toujours dans un article paru dans « Libération » (novembre 2013) : « Loï étant finalement MURAT en soi, surnommé ainsi enfant pastoureau. La mort du chanteur enfant, survenu « quatre ans après » le début de la fameuse boucherie d’Etat ». En réalité BAYON ne fait qu’ajouter à l’imbroglio … mais de cela il ne faut pas s’étonner !
Les clichés qui suivent ont été découverts sur le net par l’un des plus fins limiers qui soit … Ce que j’admire le plus en elle c’est sa droiture … et son franc parler chaque fois que nécessaire … Merci à toi « complice fidèle » … amie « Muratienne » …
Au 12ème rang … Jean-Louis BERGHEAUD … 21 ans …
Monument installé à l’intérieur de l’église de LA BOURBOULE …
Jean-Louis BERGHEAUD est décédé le 8 août 1918 à l’occasion de la bataille d’Amiens. En cette journée, les forces Franco-Britanniques progressent de 8 kilomètres à l’intérieur des lignes Allemandes. Ils atteignent les villages de Villers aux Erables et de Neuville. Certaines unités ennemies de première ligne fuient le combat, 15000 soldats Allemands se sont rendus et 2000 pièces d’artillerie sont perdues. Le Général LUDENHORFF qualifie cette journée de « Deuil pour l’armée allemande ». En ce 8 mai 1918 … Un petit gars de France a trouvé la mort sur les terres de MOREUIL … MURAT chante le souvenir de ce héros …
L’homme est décrit comme être de « raison ». Il est aussi être de « violence » … qu’il exerce à l’égard de son semblable pour assurer sa propre survie. Pour autant rien ne justifiera cette connerie qu’est la guerre. Pensant peut-être déjà à « Loi » (???) dans : « Sans pitié pour le cheval » MURAT chante : « Prions pour les disparus/Tous emportés par l’obus« .
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… La vie des bleuets …
(Inédit/Internet – 1998-2000)
Dans une interview accordée au journal « La Libre Belgique » le 30 avril 1991 la chanteuse Mylène FARMER révèle à Dominique SIMONET que l’inédit : « La vie des bleuets » écrit pour elle par Jean-Louis MURAT n’est rien moins qu’une réponse au titre : « Regrets ».
Ecoutons La Franco Canadienne et son interlocuteur d’Outre Quiévrain …
D.S. : La question du double a l’air de vous marquer assez fort. Vous en parlez à propos de Laurent BOUTONNAT, et récemment à propos de Jean-Louis MURAT avec qui vous faites le duo sur l’album …
M.F. : Dans la notion de double, il y a notre propre image. Je suis certainement en quête d’un alter-égo, d’une âme sœur. Je crois que je l’ai réellement trouvée chez Laurent, mais cela peut s’épuiser aussi, nous pouvons trouver nos limites. Chez Jean-Louis c’est une autre forme de double. Dans l’appréhension de la vie, nous sommes à la fois très jumeaux et très différents. Pour moi, il colle réellement à l’idée qu’on se fait d’un poète.
D.S. : Allez vous participer à l’album qu’il est en train d’enregistrer actuellement ?
M.F. : On en a parlé, mais je ne sais pas. Point d’interrogation … Je ne sais pas s’il faut le faire. Peut-être faut-il une réponse à « Regrets » ? (A cette question de la chanteuse le journaliste ajoute : « Jean-Louis MURAT a en effet écrit « La vie des bleuets » pour l’interpréter en duo avec Mylène, mais la chanson n’est jamais sortie« .
Autant les mots du journaliste sont sujets à supputation, autant les affirmations de Mylène FARMER, dites il est vrai sous forme interrogative, ne laissent planer aucun doute …
Petit rappel sur les paroles de « Regrets » …
Mylène aime à préciser que : « Je ne marie pas le regret avec les notions de déception et de ratage. Plutôt ces choses que l’on aurait pu faire mais que l’on décide de ne pas faire … Avec tout ce que cela comporte de masochisme et de romantisme aussi ! ».
En 1989, dans une émission radio sur « France Inter » intitulée « Secret de Stars », alors que l’album « Cheyenne Autumn » vient de sortir, Mylène FARMER avoue : « J’aime l’auteur, j’aime l’interprète ». (…) « J’ai souhaité lui envoyer un mot pour lui dire que j’aimais ce qu’il faisait, mais j’ai du mal à le faire. Je le formulerai d’une autre façon, un autre jour ». Voilà qui est dit … voilà qui après une relation épistolaire suivie nous donne : « Viens ce soir/Viens me voir/Viens t’asseoir/près de moi/L’aube est là/Reste là/Je te promets/D’être là/Pour l’éternité ».
C’est donc fort d’échanges de courriers réguliers avec la « belle rousse » que l’Auvergnat lui écrit (rien que pour elle) et nous concocte (pour nous) cet inédit : « La vie des bleuets ». Pour choisir ces mots le chantre d’Orcival s’est surement appuyé sur les confidences écrites de la main de Mylène à l’intention de Jean-Louis. Un article paru dans « Podium » (1991) recèle très certainement une partie des secrets de la belle « ingénue » … Ecoutons la :
« Je n’arrive pas à parler d’amour en terme de bonheur, de sérénité. Car je suis en quête d’un idéal qui n’existe pas, malgré des moments heureux » (…) « Le mystère fait partie intégrante de ma personne. Même pour les plus intimes, je ne me dévoile pas facilement ». (…) « Trop parler cela empêche de rêver ». (…) « Je ne suis pas quelqu’un qui s’aime beaucoup physiquement … Mais je peux rester des heures devant un miroir par simple provocation ». (…) « Je ne vis pas dans le passé, mais avec mon passé. Je ne m’en délivrerai jamais ». (…) « J’aime l’enfance même si elle m’inquiète. L’enfance, je crois que je ne voudrais jamais la quitter. Et je crois qu’elle ne me quittera jamais non plus. Voilà pourquoi, même si tout me semble sans espoir, je continuerai d’être en quête de quelque chose … De l’insouciance retrouvée peut-être ». (…) « J’étais un garçon manqué. Je rejetais toute féminité ». (…) « J’aime la solitude. Plus on devient un personnage public, et plus on y plonge. Il faut s’y faire et l’apprivoiser ». (…) « Je suis nostalgique de mon enfance ».
En écho MURAT lui écrit dans « La vie des bleuets » : « Sépare le bon grain de l’ivraie/Arrache ton chagrin au passé/Oublie ta nature de chat ». (…) « La peine est éternelle/Tu me l’as dit cent fois ».
Mylène FARMER aime à jouer la carte de la dualité, mettre en parallèle : la mort/la renaissance … la sagesse/la déraison … la pureté de l’enfance/le libertinage … la violence/l’amour … En cela elle ressemble beaucoup à MURAT. C’est sans doute pour mettre en exergue ces contradictions permanentes que MURAT écrit : « Ma vie ce chiffon de satin/Ma vie sans toi ne vaut plus rien/Ne vaut plus rien ».
Dans « Regrets » Mylène chante : « Viens ce soir/Viens me voir/Viens t’asseoir/Près de moi ». Dans « La vie des bleuets » MURAT lui répond : « Descends, penche toi sur moi/Regarde-moi ».
Pour l’anecdote, citons une vraie passion, un véritable amour que partagent MURAT et FARMER : les chevaux …
En 2001 Mylène écrit ! « La peine est mon amour » (…) « Je t’aime mélancolie » (…) « J’ai comme une idée/De la moralité/Comme une idée triste/Mais qui ne meurt jamais ». C’est à croire que ces deux là … sont faits pour s’entendre … Excusez pour ceux qui n’aiment pas « la vilaine fermière » … mais cette fidélité en amitié … je le trouve plus que respectable. Chapeau Monsieur MURAT !
Revenons au texte de « La vie des bleuets ». Chez MURAT rien n’est gratuit. Tout est pensé. Tout a un sens. Dans les commentaires reçus, l’amie « Muse » me parle de timidité identique chez MURAT et FARMER. On peut se poser la question du choix fait par MURAT … « Pourquoi les bleuets » ??? La fleur préférée de Mylène est : le lys blanc. On ne trouvera donc pas la réponse de ce côté. Comme souvent chez MURAT il faut aller chercher dans la symbolique. Déjà le bleuet c’est une fleur des champs. A Verdun, malgré l’horreur du chaos, le bleuet a continué de pousser sur les champs de bataille ! C’est aussi une garantie contre les bleus de l’âme. Pour les amoureux trop timides c’est une façon de de se déclarer …
***
… Passé le pont Mirabeau …
(Extrait « Toboggan spécial »/2013)
« Passé le pont Mirabeau » … Jean-Louis MURAT fait ainsi référence au « dernier voyage » … celui qui nous mène à la terre … celui qui nous fait traverser le ciel … celui qui donne droit à « la vie éternelle » pour ceux qui y croient (???) … C’est notre destin à tous … Tôt ou tard … qui que nous soyons, nous prendrons le même chemin … Tous nous nous interrogeons sur les dispositions à prendre … Quelles étoiles côtoyer ??? Derrière quels nuages se dissimuler ??? Quels vents coureurs emprunter ???
Jean-Louis MURAT s’interroge : « Passé le pont Mirabeau » (…) « Quels secrets de l’univers ? » (…) « Comment faire appel à Dieu ? » (…) « Vers quelle région éloignée se rend-on ? » (…) « Quelle leçon d’anatomie/Y a-t’il un mécano/Qui est-il ? ». Une multitude de questions et une seule réponse : « Je ne vois rien au hublot ».
Au travers de ce texte Jean-Louis MURAT rend hommage au poète Guillaume APOLLINAIRE. En effet , « Le pont Mirabeau » est un poème écrit par le poète dit « maudit » figurant dans le recueil « Alcools » (1913).
(…)
« Sur le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine ».
(…)
« Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure ».
(…)
Ce poème marque la fin des amours entre Guillaume APOLLINAIRE et Marie Laurencin. Les deux amants se sont connus en 1907 par l’intermédiaire de Pablo PICASSO. Outre le fait d’être (pour un temps) l’égérie du poète, Marie est la disciple de PICASSO, DERAIN ou MATISSE … Peintre elle-même, usant de la plume, c’est une femme de goût. Du temps de leurs amours MARIE et GUILLAUME franchissaient souvent la Seine en passant par le Pont Mirabeau (construit entre 1893 et 1896), reliant les quartiers d’Auteuil/Passy (rive droite) et ceux de Javel/Grenelle (rive gauche).
Le pont Mirabeau …
La construction de ce pont, novateur pour l’époque crée un fort mécontentement . Ils sont nombreux à demander sa destruction. Ce pont devient donc pour APOLLINAIRE emblématique de l’amour partagé avec Marie. Cet amour une fois « déchu », l’ouvrage inspire au poète une méditation sur la fuite du temps et de la passion amoureuse. APOLLINAIRE y dit sa résignation, sa blessure, la douleur inévitable et l’espoir malgré tout d’une permanence des sentiments.
Marie LAURENCIN … 1880/1885 …
Les deux amants vont connaître une union orageuse qui va durer 5 ans. En 1912, ils se séparent. APOLLINAIRE nous livre ce poème « MARIE » qui fait également partie du recueil « Alcools ». je vous en livre quelques extraits : « Quand donc reviendrez-vous Marie ? » (…) « Je passais au bord de la Seine/Un livre ancien sous le bras/Le fleuve est pareil à ma peine/Il s’écoule et ne tarit pas/Quand donc finira la semaine ? ».
Marie et Guillaume peints par le douanier ROUSSEAU …
APOLLINAIRE décède le 9 novembre 1918. Il est enterré au Père Lachaise le 13. Marie va traverser cette première moitié de siècle en faisant intégrante du « tout Paris ». Elle décède à 72 ans, dans la nuit du 8 juin 1956. En la quittant Apollinaire lui avait laissé ce petit mot : « L’automne est morte souviens-t’en/Nous ne nous reverrons plus sur terre/Odeur du temps brin de bruyère/Et souviens-toi que je t’attends« . Selon ses vœux Marie LAURENCIN est inhumée également au Père Lachaise, vêtue de blanc, une rose à la main, les lettres d’Apollinaire posées sur son cœur !
J’ai délice à croire que Jean-Louis BERGHEAUD, écrivant cette chanson « Passé le pont Mirabeau » s’est promené sur les bords de la Seine, y a croisé les amants terribles, les a vus s’éloigner, s’est réveillé alors que coulait toujours la Seine. Le Jean-Louis … Marie … ça lui dit quelque chose !
Petite explication de texte : « Passé le pont Mirabeau/Guillaume et Guillaumette/Est-ce qu’au moins il fait beau ? ». C’est sans doute un hasard « Guillaume » est le prénom du poète mais également le nom de famille de la mère du Brenoï … que j’ai eu au téléphone il y a peu. Je puis vous assurer que la Dame parle d’une voix assurée et qu’elle sait ce qu’elle veut ! Jean-Louis BERGHEAUD révèle le nom de famille de sa mère lors d’une interview concernant la chanson « Marie Jeanne » tribute to Joe DASSIN. Il y mentionne le nom GUILLAUME et nous indique par la même le rapport avec sa propre famille …
***
… Il neige …
(Extrait de « Toboggan »/2013)
« Il neige
Sur les monts
Sur la large plaine
Comme tous les animaux
Te craignent
Il neige depuis des jours
C’est ton secret ».
(…)
Il arrive que l’écriture d’une chanson s’impose à MURAT. Il semble que ce soit le cas avec le titre « Il neige » qui ouvre l’album « Toboggan ». Le 20 mars 2013 répondant aux questions de Christian EUDELINE pour « Bretagne actuelle » MURAT évoque ce titre : « J’aime l’hiver, depuis tout petit j’aime ça, je voudrais que jamais ça ne s’arrête, qu’il en tombe encore et toujours, 2 – 3 – 4 - 5 mètres. Oui, c’est l’enfance, je suis fasciné, la neige ça veut dire qu’on est isolé, coupé de tout. J’ai beau habiter dans la montagne, je trouve qu’il n’en tombe pas assez, j’aime la neige ».
Le 4 avril 2013 Sébastien LEJEUNE pour « Bordeaux7.com » interviewe MURAT qui lui déclare avec malice : « Je ne crois pas vraiment que l’été soit plus gai que l’hiver. Il n’y a que les Parisiens pour penser des conneries pareilles ».
(…)
« Il neige
Déjà nos roches recouvertes
Toutes les fermes
Tous les hêtres
La nature alentour
S’est enterrée ».
(…)
***
… J’ai tué parce que je m’ennuyais …
(Extrait de « Toboggan »/2013).
« J’ai tué parce que je m’ennuyais
Dois-je vous le chanter
Comme je m’ennuyais à mourir
A force de tout voir partir »
(…)
« La police a tout emporté
Mes ustensiles de boucher »
(…)
J’ai tué parce que je m’ennuyais
Dois-je vous le chanter…
Dans cet asile d’aliénés
Pris dans cet essaim de beauté ».
(…)
Pour « Bordeaux 7.com » le 4 avril 2013 Sébastien LEJEUNE interpelle MURAT : « J’ai tué parce que je m’ennuyais ? ». Réponse : « Cette chanson est une dénonciation de cet état nihiliste de notre société, où on se fait tellement chier qu’on est prêt à tuer pour se désennuyer ».
Fabien BIDAUD pour « Nord Eclair » le 26 avril 2013 invite l’Auvergnat à dire : « quelques mots sur le titre j’ai tué parce que je m’ennuyais ?« . MURAT obtempère : « C’est lié au nihilisme de l’époque qui ne me convient pas du tout. Cette époque qui cherches des noises à l’innocent et trouve des excuses au coupable. Et puis je trouve que les gens s’ennuient et tuent beaucoup. Les espèces végétales, animales … Plus l’homme s’ennuie, plus il détruit ».
***
… Mujade ribe …
(Extrait de « Babel »/2014).
Le 24 octobre 2014, dans les colonnes des « Inrockuptibles » le journaliste Francis DORDOR reçoit les confidences de MURAT : « Mon père est mort en novembre 2013″. (…) « Le 1er janvier je suis passé à l’écriture. Tout a été bouclé en 40 jours. J’essaie de refaire ce lien que mon père avait rompu en quittant la campagne pour la ville, en reniant la culture rurale. L’ironie c’est qu’atteint d’Alzheimer, il n’avait à la fin qu’une seule idée en tête : traire les bêtes, réparer les clôtures, rentrer les foins ».
Pour « Focus » Philippe CORNET recueille les confidences de Jean-Louis MURAT qui lui déclare : « Ce disque, je l’ai composé, écrit, enregistré entre deux décès : celui de mon père et d’une amie, parmi les plus chères ! Mon père avait Alzheimer. Il est fils de paysan. A la fin, il racontait qu’il fallait aller chercher les bêtes là-haut où qu’il y avait les clôtures à refaire. Alors que pendant 50 ans, il a vécu à Paris, Versailles, c’est troublant ! La chanson en patois Mujade ribe parle de ça directement. Je dois être le seul chanteur qui parle de la protéine Tau ».
MURAT a toujours le don de savoir aiguiser la curiosité de qui veut bien le lire, ce qui est mon cas. Sur le net j’ai découvert cette explication : « Tau est une protéine essentielle à la stabilisation des cellules, notamment les neurones du cerveau. Dans le cas de nombreuses maladies appelées Tauopathies dont la plus connue est la maladie d’Alzheimer, les protéines Tau s’agrègent anormalement et seraient à l’origine de la dégénérescence neuronale ».
« Mujade ribe » vient du patois Auvergnat et veut dire : « Voici l’orage » ou « Le mauvais temps arrive ». Nous sommes dans la chambre d’un vieil homme qui bientôt ne sera plus. La plume de MURAT exprime des mots échangés, des regards, des questions, la peur, la tristesse, le désarroi …
(…)
« Que veux tu dire ? »
(…)
« Arrête de pleurer ».
(…)
« C’est l’hydre, la protéine, la salope de Thau ».
(…)
« La salope de Thau », vient de « L’Astrée » d’Honoré d’Urfée et c’est la déesse de la mort, la « grande faucheuse » … Il s’agit là d’un roman pastoral fleuve (plus de 5000 pages) qui a pour cadre le Forez.
(…)
« En habit noir, cheveux vermeils, voilà la plus aimé« .
(…)
« Ou vont les morts ? ».
(…)
« Les Frerrandaises, quelles Ferrandaises ? ».
(…)
« Voilà le plus aimé » … cette expression qui n’est pas propre à l’Auvergne exprime un peu de l’esprit Auvergnat. Dans les familles paysannes, le dernier des garçons, est invité à venir voir celui qui va mourir. C’est un passage de témoin, entre celui qui doit assurer la descendance du nom de famille « le plus aimé » et celui qui a fini sa vie … C’est toujours un garçon, les filles ne peuvent prétendre à ce titre … MURAT respecte ce rite, lui donne sa caution (???) Je ne sais. Peu importe. Devant la mort d’êtres qui vous sont chers, la modestie s’impose … Demain ce sera nous … ce sera vous … « La mort est dégueulasse ! ». C’est MURAT qui le chante. Cela ne l’empêche pas de confier à Philippe CORNET pour « Focus » : « Les gens vivent trop longtemps » et de poursuivre : « A 60 ans tu devrais dégager, tu fais pas chier le peuple ». Il y a une part de bon sens dans ce que dit MURAT … Une part de provocation aussi. A noter que le journaliste lui prête 60 ans, alors qu’il en a 62 ! MURAT n’a rien fait pour rectifier le tir. MURAT est un malin !
***
… Camping à la ferme …
(Extrait « Babel »/2014).
Le 26 septembre 2014 Thierry COLJON pour « Le Soir Belge » interpelle MURAT : « Camping à la ferme » avec les chœurs d’enfants; ça pourrait être un tube … ». A ce qui n’est pas une question mais presqu’une affirmation MURAT répond ravi : « C’est une chanson spéciale pour les enfants. C’est au petit déjeuner, un matin, les enfants me disent : « On chanterait bien avec toi, papa ». C’est parti comme ça, en tapant sur la table. C’était pour rigoler et en une prise c’était fait. Les enfants ont dit : « En une prise comme papa ». Le camping à la ferme c’était trop cool. Ca les a beaucoup amusés ».
Camping à la ferme sur la commune de ST Bonnet près Orcival …
La vue qui s’offre à vous …
MURAT en profite pour se moquer des familles de touristes citadins qui viennent s’encanailler en Auvergne, notamment en camping à la ferme.
(…)
« On a vu des dinosaures de loin/Bien sur/Mais paraît qu’ils sont très gentils ».
(…)
De prime abord je me suis demandé, ce que pouvait venir faire ce « dinosaure » dans cette chanson. MURAT nous donne la réponse le 7 novembre 2014, au cours de l’émission « La bande passante » sur « RFI ». Par ce terme venu d’un autre temps MURAT désigne : « l’urbain qui vient de la ville » ! C’était évident, après coup … A postériori on est toujours plus intelligent …
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… Vallée des merveilles …
(Extrait « Babel »/2014)
Dans sa chronique sur « Babel » MANDOR parlant des chansons de MURAT évoque le mot « conte » et interroge le chanteur en ces termes : « Elles sont comme des contes d’antan. Vous êtes d’accord ? ». MURAT embraye : « J’aime beaucoup toute la littérature pour les enfants. J’ai lu tous les jours des livres de l’univers enfantin. Cela a laissé des traces sur moi. Alice au pays des merveilles, dans la mythologie enfantine, c’est extrêmement important … raison pour laquelle j’ai écrit inconsciemment la chanson « vallée des merveilles ».
Alice est une petite fille insouciante et curieuse. Elle rencontre un lapin blanc, le suit dans son terrier et fait une chute qui l’amène à découvrir un monde tellement différent du sien. Elle s’intéresse à tout, à tous. Elle fait la rencontre de la chenille qui sobrement lui conseille de « conserver calme et sang froid ».
La rencontre entre Alice et la chenille …
Personnellement, en découvrant le titre de cette chanson j’ai pensé à Gérard MANSET. Lequel a chanté « Vallée de la paix« . Je fais donc fausse piste.
L’interview de MURAT fait référence à : « Alice au pays des merveilles« . MURAT se parle à lui même, en fumant le narguilé, soit une façon pour lui de contrôler son chagrin de la perte du père …
(…)
« Amba le tigre/A cessé de te servir »
(…)
Voilà qui nous ramène à la scène de la chenille ou Alice demande à cette dernière qui elle est vraiment. Au travers de cette chanson Jean-Louis MURAT étale son désarroi, l’impossibilité de penser à autre chose que la perte du père, la futilité de toutes choses.
(…)
« Ton cœur ne peut penser sans nostalgie/Ne peut penser hors de son bain ».
(…)
MURAT est à la fois Alice et la chenille philosophe. Il a besoin de se dénigrer lui même, y compris dans sa pratique du sport dont il réalise qu’elle lui sert à gérer son deuil sans que cela puisse diminuer sa peine.
(…)
Ah, tu fais du sport ».
(…)
Dernier point, il a tellement fumé de shit dans le narguilé qu’il ne sait plus où est sa chemise.
(…)
« Ou est ma chemise ? »
(…)
Le 7 novembre 2014 au cours de l’émission « Bande passante » sur « RFI » le chantre Auvergnat nous apporte un éclairage nous veau sur ce titre. En toute fin d’interview il dit au journaliste Alain PILOT : « Je vous donne une clef ». Ce ne sont peut-être pas les termes exacts, ça y ressemble. « AMBA tigre » se rapporte à Akira KUROSAWA qui en 1975 nous gratifie d’un merveilleux film : « DERSOU Ouzala ». Ce film est tiré d’un livre (1921) qui retrace la vie de Vladimir ARSENIEV.
KUROSAWA y filme la taïga sibérienne à différentes saisons. Les paysages sont infinis, superbes et rudes. DERSOU est le héros du film. Il est malin, et astucieux. Il personnifie la taïga. Ce vieux monsieur est le symbole de l’adéquation et de l’attachement de l’homme à son milieu naturel. DERSOU se laisse mourir après avoir tué « AMBA le tigre » qui n’est autre que l’esprit de la forêt. Ce film est également une critique de l’urbanisation. C’est ainsi que la tombe de DERSOU est détruite ainsi que la végétation alentour pour permettre l’édification d’une ville …
DERSOU Ouzala …
« Amba tigre « …
Ceci dit, les paroles de MURAT nous semblent plus claires …
« Amba tigre/A cessé de te servir/Amba n’ira plus/Comme autrefois/Moi Amba tigre/Ai cessé de courir/Tu peux appeler ton avocat » … Le titre « Vallée des merveilles » se rattache à tous ces paysages « taïga » et « campagnes » qui disparaissent au profit des villes …
***
… J’ai fréquenté la beauté …
(Extrait « Babel »/2014).
(…)
J’ai fréquenté la beauté/Je n’en ai rien gardé »
(…)
« Par les champs, les forêts/Partout où me menait le jour »
(…)
Toujours au cours de l’émission radio « La bande passante » diffusée le 7 novembre 2014 sur « RFI » MURAT confirme : « J’ai habité quelques années du côté de « La Beauté ». MURAT ajoute avec malice et délectation : « La beauté … elle est intime. Je la chante tout seul avec une guitare ». Il contredit par la même des propos tenus au préalable selon lesquels il ne chanterait jamais cette chanson en concert. Vous m’en voyez ravi.
La Beauté … vue de CHOGNE …
A moins de 5 kilomètres de distance vous trouvez deux hameaux qui ont pour nom « La Beauté ». Il sont situés sur les communes de SALLEDES et d’ISSERTEAUX. Selon ma muse celui chanté par MURAT se trouverait sur la première commune citée. Elle décrit cet endroit ainsi : « Le lieu-dit dépend de SALLEDES (je crois). Prendre la D14 puis la D754 . Le hameau n’a rien de rare. Pas mal de fermes en semi-ruines, quelques pavillons lotissements … Rien que de très banal sans style. On peut même pas dire que la vue est jolie, c’est du classique entourage campagnard. Saint-Babel et la forêt de la Comté sont bien plus attractifs visuellement ».
***
Ajout le 5 mars 2015 …
… La louve …
(Extrait de « Passions privées »/1984).
Hier ou avant hier, je ne sais plus, je ne sais pas, je perds la tête, je reçois un appel d’un ami qui comme moi partage la passion des mots de MURAT. Ils ne sont pas nombreux. Au milieu de la discussion, il me sort une évidence. Et moi de m’exclamer : « Mais bien sûr ! ». En deux mots il évoque : « La louve » et me dit : « Tu sais qui c’est ? ». J’ai à peine le temps de dire : »non » qu’il embraye : « C’est Marie AUDIGIER ». Je crois qu’il a raison.
« Tu restes pour moi
De la grande espèce
Des tendresses.
Ma louve à endroit
Des chantiers communs
De ma jeunesse ».
(…)
MURAT n’a jamais évoqué ce titre. Que je sache … Mais chacun des mots choisis par Jean-Louis désigne sa muse.
« A peine tu me touches
Je t’ouvre les bras
La souffle de ta bouche
Laisse de la rosée
Sur mes lèvres ».
(…)
Les loups s’accouplent pour la vie. Rares sont les animaux qui font preuve d’une telle fidélité envers leur conjoint. Sauf évènement exceptionnel leur liaison durera toute la vie.
« Tu poses des rails
Sur les travées de bois
De la jeunesse
Tombent les murailles
Qui ferment le tour
De ma tendresse »
On a vu des loups se faire capturer ou tuer et la louve se rendre des dizaines de fois à l’endroit de la disparition, jusqu’à s’y faire piéger à son tour ! Les mâles sont tout aussi éperdus de tristesse lorsque la mort enlève leur compagne.
Marie et Jean-Louis ont chacun une forte personnalité et du caractère. La vie du couple aux dires mêmes de MURAT aura été plus que tumultueuse. Mais toujours Marie défendra son MURAT. La sortie du livre « Coups de tête » de Sébastien BATAILLE est à peine officialisée que Marie adresse à BATAILLE un mail qu’il décrit comme étant : « agressif, insultant, surréaliste ». Jean-Bernard HEBEY renchérit : « oui, oui, mais je vous dis, quand elle était avec lui c’était déjà comme ça. Parce que moi je proposais à son mec de faire un disque, je la logeais, je la nourrissais, je lui donnais de l’argent, et elle m’insultait ! ». HEBEY d’ajouter avec une certaine méchanceté : « Marie doit être malade de ne plus être avec lui ».
Lors de la sortie de l’album « Le cours ordinaire des choses » (2009) … j’allais dire déjà, Marie, invitée d’une émission radio s’émerveille pour le titre « Taïga » avec des mots qui ne trompent pas …
Patrick FOULHOUX auteur du livre « Une histoire du rock à Clermont Ferrand » nous dresse un portrait plus amène de Marie dont il dit : « Marie AUDIGIER c’est un leader ».
Il y a peu, sur sa page Facebook Marie nous indiquait qu’elle se rendait aux « Victoires de la musique » dans l’espoir que le chanteur « Cascadeur » l’emporte. Lors du verdict j’ai eu plaisir à voir son sourire et son bonheur. Je n’ai pu m’empêcher de me dire, nominé jamais Jean-Louis ne se serait même déplacé …
« La louve », je vous salue bien. Prenez soin de Jean-Louis. Il en a encore besoin. Pour tout merci !
***
A suivre …
http://didierlebras.unblog.fr/135-lhistoire-des-chansons-6eme-partie/
***
Il me semble que ton analyse est juste, Didier.
Je pense aussi qu’il s’agit d’une liaison passagère qu’il a eue avec une jeune femme quand il vivait à Paris, et que c’est devenu prétexte à chanson pour JLM, une façon de donner une éternité et une reconnaissance publique à un lien amoureux, sexuel de qualité, mais qui n’a pas pu s’incarner dans la durée. C’est aussi une façon de pouvoir dire à la femme: « je me souviendrai toujours de toi, de nous deux à ce moment-là et je te remercie pour tout ce que nous avons vécu ensemble ». C’est un joli cadeau, une belle reconnaissance. Ce qui prouve que cette femme a compté suffisamment pour lui. Que ce n’était pas juste une liaison pour la gaudriole.
Oui … je pense exactement comme tu dis ma belle. Longtemps je me suis trituré les méninges et relisant le texte … soudain cela m’est apparu si évident !
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Moi ce qui me choque sur le Corridor Humide, c’est la réaction de Marie et de ses copains. Je vois pas ce qu’il y a de dégueu dans la métaphore muratienne. Ca m’étonne toujours de voir le côté bégueule et chochotte des gens sur la question du sexe et du plaisir sexuel…surtout à notre époque. Je ne m’étonne donc plus que JLM ait écrit récemment des textes de chansons sur le cunnilingus et la fellation. A sa façon, il contribue à faire un peu d’éducation sexuelle et c’est pas du luxe.
D’ailleurs, je trouverais super chouette qu’il sorte un album exclusivement sur cette thématique qui lui va bien. Ce serait comme une sorte de kamasutra en chansons. Je ne sais pas s’il y a déjà pensé, mais ce serait un chouette projet à la fois littéraire, musical et éducatif. Et il pourrait même y éditer des dessins, des peintures avec un livret illustré.
Franchement, j’espère qu’un jour, il osera se lancer sur cette thématique qu’il a déjà pas mal abordée dans différents albums et contributions extérieures.
JLM … dit qu’il a écrit des choses qui ne paraîtront qu’après sa mort …
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S’il attend d’être mort pour faire paraître via ses descendants un coffret sur ce thème, ce serait dommage…Comme le chante très justement Bernard Joyet, j’aurais envie de lui répondre à JLM: Relions l’offre à la demande… profitons de l’instant, saisissons le présent,surtout ne restons pas inertes quand le monde court à sa perte, il n’est pas de plaisir superflu, en été, en automne, en hiver, au printemps,fonçons si la porte est ouverte, quand le monde court à sa perte, il n’est pas de plaisir superflu!
http://www.youtube.com/watch?v=g2tAx7WN_dU
))) Bonne soirée Didier!
Il n’est pas de plaisir superflu …
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Coucou Didier
Je pense que concernant « Amen Otis »….il s’agit de Marie Madeleine….il a avoué dans une interview que c’était un personnage qui le fascinait….il y a beaucoup de référence… »le 22 juillet » c’est la célébration de Marie Madeleine et au pays cathare ….dans les pyrénées …elle est à l’honneur…il faudrait un jour lui poser la question ….Marie Madeleine est un personnage très mystique…et je sais qu’il aime le sacré et le mysticisme…;)
Salut Rhiannon,
quand j’entends « Opéra » c’est à toi que je pense … et cela pour des motifs parfaitement honorables. Sur le texte initial j’avais même cité ton nom et les larmes versées lors de l’audition de ce titre inédit à Grenoble … Tu te rappelles surement …
Marie Madeleine ??? C’est possible … Je vais étudier ça de plus près … Il s’agit de la pécheresse de la bible ???
Amitiés sincères.
Didier.
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C’est vrai…cette chanson m’avait bouleversé…pour différentes raisons…une rencontre et une histoire d’amour sublimée….voire surtout impossible…
Les histoires d’amour impossibles … sont peut-être les plus belles ???
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J’en suis certaine Didier….;)
Pour le chat noir, je te mets ce lien, Didier.
Je pense que tu comprendras mieux la symbolique du chat et du chat noir, jeu de superstitions ancestrales et rurales, généralement négatives mais parfois positives:
http://www.epbroye.ch/travauxapp/mpc2006/chat/explications.htm
Salut Muse,
le chat noir .. bonheur … ou malheur ??? Le « Toboggan » est marqué du signe de la dualité : BERGHEAU/MURAT … printemps/hiver … Bonheur/malheur …
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Si tu suis la superstition classique, c’est signe de malheur, de fatalité qui mène les êtres par le bout du nez sans qu’ils puissent échapper à un certain déterminisme (et c’est je crois cela qui ressort de la chanson muratienne). Et puis tu peux aussi comprendre le chat noir comme signe de chance et de bonne fortune comme les auvergnats du Bourbonnais (Allier). Mais profondément puydômois, JLM me semble plus attaché aux vieilles superstitions négatives attachées au chat noir, lié aussi aux superstition sur les sorcières. Surtout que les sorcières-magnétiseuses de villages du côté de chez lui, ça pullule Je ne sais pas si tu te rappelles que j’avais posté à ce sujet un topic sur le forum qui parlait des sorciers et sorcières d’Olby et du secteur. C’est pas très loin de chez JLM.
MERCI muse de ce rappel
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Bravo Rhiannon, je pense que tu as mis le doigt dessus, Marie Madeleine, personnage essentiel biblique et JLM est comme tu l’as dit mystique (nombreuses références à des entités divines sur nombre de chansons), je te suis là dessus …
quant à chat noir, signe de malheur, indubitablement, et l’explication de JL sur le chat noir qui passe près de chez lui vaut ce qu’elle vaut, c’est à dire que ses chansons ont toujours un double sens, le premier et le deuxième.
Salut Flo …
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Merci pour l’ajout, Didier. Je pense que ce qui rassemble Mylène Farmer et JLM, c’est leur grande timidité et une nature assez sombre et tourmentée ayant du mal à surmonter un passé difficile. Farmer est peut-être plus en capacité d’affronter ce passé et de verbaliser ses traumas. Ca semble plus problématique chez JLM. Peut-être lui manque-t-il une reconnaissance publique supplémentaire pour pouvoir enfin se délivrer de ses douleurs? Reconnaissance publique dont Mylène Farmer dispose depuis longtemps et qui sans doute, l’a aidée à passer des caps.
Salut Muse,
juste analyse … A la lecture de ton commentaire, je me suis senti obligé de faire un petit rajout sur la timidité … Muse est perspicace !
Bonne journée à toi. Ici c’est ciel bleu aujourd’hui.
Didier.
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En passant, je te rajoute un supplément sur la chanson du chat noir. En lisant les contes du Puy de Dôme du recueil que j’ai, je tombe sur un conte de la vieille Marianne, rapporté par Alix de Lachapelle d’Apchier, qui concerne l’histoire double d’un chat noir maléfique et d’un chat blanc (bénéfique). L’histoire est simple: un meunier et sa femme ont deux enfants, un garçon et une fille, Augustin et Lise. Les deux enfants veulent un chat et un chat noir se présente. Mais ce dernier, particulièrement vicelard fait des tours pendables dans le moulin et dans la maison. Pire, au cours d’une soirée où les deux enfants sont seuls (les parents sont partis récupérer du grain à moudre), le chat va vampiriser le cheval et emmener les enfants chez une vieille sorcière très loin de leurs parents. Ca rappelle d’autres histoires d’enfants volés par les fées – les fades comme on dit en Auvergne-. Là-bas, les enfants sont utilisés comme esclaves et à peine nourris. Le meunier et la meunière, désespérés, vont voir une bonne sorcière locale pour savoir comment récupérer leurs enfants. Celle ci suggère d’élever un chat blanc, le Minochet, qui une fois adulte, va parler et part retrouver les enfants puis les délivre du chat noir maléfique en l’enfermant dans un coffre auquel il met le feu. La vilaine sorcière partie au marché n’apprendra leur fuite et la mort du chat noir qu’à son retour et ils seront loin. Protégés par le chat blanc, messager de la reine des Fades, ils retournent chez leurs parents, fous de joie de les retrouver vivants.
Possible donc que la chanson de JLM sur le chat noir fasse référence à ce conte auvergnat ancien, peut-être raconté à ses enfants le soir avant de dormir.
Voilou. C’était ma contribution du jour.
Bizzzzzzzz Didier!
Y aurait-il du mâle alpha dans la nature même de Jean-Louis? à creuser…
Je ne saisis pas five … je vais sur le dico de ce pas voir « mâle alpha » …
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Merci Didier pour l’évocation de la louve. Ca paraissait assez évident au plan symbolique. Ceci étant dit, ça donne aussi le ton du rapport de JLM aux femmes de sa vie: des femmes qui gèrent beaucoup de choses dans sa vie et qui le gèrent aussi en grande partie comme des mères gèrent leur enfant.
Là aussi, c’est une constante qu’on retrouve régulièrement dans les couples où l’homme est artiste. Avec souvent, si la femme est aussi artiste, le sacrifice de la carrière de celle-ci en faveur de celle de son compagnon, conjoint. C’est un peu moins vrai sur ma génération (les femmes artistes sont un peu moins dans le sacrificiel) mais j’observe que ces situations reviennent sur les jeunes générations et je trouve ça dommage.
Ceci dit, tu as aussi des femmes que cette dimension maternelle sacrificielle effraie moins au plan relationnel amoureux qu’un rapport à leur conjoint plus égalitaire. Et malheureusement aussi, tu as énormément d’hommes qui préfèrent que leurs conjointes remplacent leur mère, avec la dimension sexuelle en plus. Ils ont ainsi l’impression de pouvoir prolonger leur enfance et une certaine immaturité (se dégageant ainsi par ce biais d’énormément de responsabilités ménagères, éducatives, gestionnaires au sein du couple sur le dos de la compagne, censée assumer tous les rôles qui ne les intéressent pas) mais aussi vivre vraiment le complexe d’Oedipe par le biais d’une conjointe-mère-amante, comme le fut dans la mythologie grecque, Jocaste.
Ce que ne réalisent souvent pas les hommes qui ont ces comportements, c’est qu’une majorité de femmes n’ont aucune envie de devoir jouer les mamans avec eux ni de se retrouver à assumer tous les rôles éducatifs et tout le travail ménager et prosaïque de la famille. Que c’est une charge écrasante, usante nerveusement, psychiquement. Et que cela tue le désir sexuel et amoureux féminin dans le couple. D’autant plus s’il y a des enfants en bas âge.
Sinon, Cascadeur n’est pas un groupe mais un chanteur, auteur,compositeur et interprète qui s’appelle dans la vraie vie Alexandre Longo. Egalement très apprécié par le chanteur Christophe. J’aime assez ce qu’il fait musicalement parlant et suis bien contente qu’il ait eu un prix lors des Victoires. Je savais que Marie Audigier était son manager.
Tu as raison Muse … pour Cascadeur … je rectifie illico …
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Salut Five,
… dominant … j’ai compris … Je pense que c’est le cas …
J’ai appris une chose … suis content !
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