- 48 – … Jean-Louis MURAT … le temps qui passe …

 

Le 15 novembre 2011, dans le cadre de la promo du « Grand lièvre » Jean-Louis MURAT, pour le compte du journal « La Nouvelle République« , répond aux questions d‘Anne RICHOUX

A.R.   : « Petit, comment vous imaginiez-vous ? »

JLM   : « Je m’imaginais être plus que ce que je suis. Je ne pensais pas finir en petit chanteur provincial. Je rêvais de gagner le Tour de France, je voulais être un sportif de haut niveau. La chanson est une passion de seconde main ».

Jean-Louis BERGHEAUD enfant …

murat enfant

Depuis qu’il s’appelle MURATJean-Louis court après les rêves du p’tit BERGHEAUD. Pour acquérir son indépendance d’homme, le petit fils de paysan n’a trouvé d’autre solution que d’endosser les habits de MURAT. Des habits trop beaux pour lui. Lorsqu’il fait sa connaissance, BAYON, nous décrit un MURAT  sur les nerfs, vivant de peu … partageant la galère avec MARIE et s’imposant une hygiène de sportif de haut niveau. Tous les jours il va courir sur le petit stade qui jouxte l’appartement du couple. Cette soif de se dépenser, d’aller au delà de ses limites … MURAT en a besoin. C’est ce qui le rapproche de BERGHEAUD, qui tous les jours  allait à pied à l’école …

Toute sa vie BERGHEAUD  va reprocher à MURAT  ce qu’il est devenu ou plutôt ce qu’il n’a pas réussi à devenir …

Toujours dans le cadre de la promo « Grand lièvre » MURAT est interviewé par Philippe BARBOT pour le compte du magazine « Rolling Stone ». Il lui fait cette confidence : « J’ai fait une école de musique, passé des concours, ça m’a donné des bases musicales. On allait aux momuments aux morts de Clermont jouer la Marseillaise à quatre saxos … ». Nous sommes en Octobre 2011 … c’est MURAT  qui parle … c’est BERGHEAUD  qui rêve, qui toujours refait le chemin en arrière … L’album « Grand lièvre » ??? Il constitue à mes yeux un résumé incomplet des souvenirs de l’enfance :  ceux de la fanfare … Le p’tit BERGHEAUD défile … Il porte un uniforme, l’espace d’un instant, il n’est plus le « bouseux » dont se moquent les filles …

En compagnie de MURAT partons à la recherche de Jean-Louis BERGHEAUD 

Jean-Louis BERGHEAUD … 25 ans ???

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En octobre 1991 dans les colonnes de « Podium » (n° 237) MURAT déclare : « J’ai peur du temps qui passe. C’est infernal. Mais en faisant des chansons, en étant créatif, on garde tout le temps le nez sur ses déceptions, ses chagrins. Même si tu crois avoir oublié, arrive toujours le jour où ça remonte ».  C’est MURAT  qui parle et BERGHEAUD  qui lui souffle les mots. C’est MURAT  qui écrit des chansons, qui crée et permet ainsi à BERGHEAUD  où ce qu’il en reste …  de vivre … survivre …

Dans ce même article une question lui est posée sur : « ses souvenirs d’enfance ??? «  … Réponse : « On connaît tous l’influence de l’enfance. Celle qu’on regrette, avec ce qu’on a vécu ou qu’on a oublié. On n’oublie jamais complètement son enfance, ce n’est pas vrai. Les souvenirs remontent avec le temps ». Une autre interrogation porte sur : « l’adolesence ??? «  … Voilà ce qu’il en dit : « Entre 15 et 18 ans, c’était l’enfer. Trop d’évènements m’ont contrarié. J’ai été obligé de déménager pour la ville, de quitter la campagne. mes parents ont divorcé … ». Dernier sujet abordé mais se rapportant à ceux évoqués précédemment : « la nostalgie ??? » … Réponse de MURAT : « Je suis un nostalgique, mais attention, un nostalgique dynamique. J’ai toujours un oeil dans le rétro. Dans le présent je me noie et l’avenir c’est abstrait, ça n’existe pas. J’aimerais savoir d’où je viens, m’ancrer dans mes racines« . 

Ecrivant ces lignes, je m’aperçois que depuis longtemps … c’est l’âme d’enfant du p’tit BERGHEAUD  qui a permis  à MURAT  de tenir le cap, de traverser les galères. MURAT ne peut pas vivre sans BERGHEAUD … l’inverse est moins vrai.

Le premier journaliste à qui MURAT  se soit confié n’est autre que Bruno BAYON. Le 15 février 1988, pour « Libération »  MURAT  lui révèle : « J’ai commencé le solfège très jeune et le saxo dès que j’ai pu porter un alto, 12 ans à peu près. J’ai démarré sur le cornet à piston. Un ancien de la Garde Républicaine comme professeur. Classique, messes, fanfare, harmonie … ». BAYON écrit : « Petit, il portait des lunettes qui lui brouillaient la vue contre ces migraines chroniques soit disant oculaires et sa soeur, c’est pire : par terre, hôpital. Il a tout essayé ». 

Dans les colonnes du magazine « 20 Ans » en Juin 1989, MURAT  déclare à Juliette COPE : « Je me trouve moche et con. Ma mère n’a aucune photo de moi petit, même à ma première communion, car je détestais ça ».

 A Jean-Marc THEVENET pour « Max » en Juin 1989, MURAT révèle à J.M.THEVENET : « Je crains tant le souffle du temps sur moi« .

A Anne-Marie PAQUOTTE pour le compte de « Télérama » le 8 novembre 1989 MURAT  révèle : « Petit, j’aimais me raconter que j’avais des ancêtres Russes ». Pour le jeune BERGHEAUD la route semble toute tracée … Il confie à la journaliste qui a été la première à croire en lui : « Enfant, je ne me demandais pas ce que je ferais plus tard : je vivais dans la ferme de mes grands-parents, sur les plateaux. Et puis ils ont dû vendre. Tout s’est arrêté. Et ça, je ne l’ai pas encore digéré. Alors je vais essayer de faire chanteur et fermier ! ».

Pour « Parole et Musique » (n° 20 jui-juillet 1989) MURAT  déclare à Thierry SECHAN : « J’ai été élevé par mes grands-parents qui étaient paysans dans la haine du Parisien ». Bizarrement à la même époque, dans les écoles Bretonnes on disait « Parisien tête de chien … Parigot tête de veau » !!!

 Après BAYON  de « Libé » c’est Christian FEVRET des « Inrockuptibles » (n° 31/1991) qui consacre un article fort intéressant à MURAT

Ch. F. : Tu fais pourtant un effort pour tenir le noeud serré, notamment cette volonté faroucher d’habiter dans l’Auvergne de tes ancêtres ?

JLM  : Ca c’est le garde-fou. C’est une volonté de survie, chacun survit avec ses petites choses et moi, j’ai l’enfance ». (…) « Je finirai comme je n’ai pas envie de finir. Une espèce d’écolo paysan qui bégaye « les citadins c’est de la merde ». C’est une pulsion forte chez moi, donc je m’en méfie ».  (…)« Je ne veux pas toujours être avec les mêmes rêves. Le monde paysan et la façon dont je voudrais vivre, c’est une douce illusion que je me fais. Ce n’est pas parce que j’aurais cinquante bêtes, trois mouflets, quatre chiens et cinquante hectares que tout ira comme sur des roulettes ». (…)« Je ne trouve de satisfaction que dans les dernières petites choses qui me restent de l’animal. Etre un humain, je n’y vois que des inconvénients. La curiosité et le savoir m’ont apporté la tare fondamentale, comme beaucoup de gens : le cynisme. La culture m’a rendu cynique. J’aimerais beaucoup être primaire, ne parler que par grognements et n’avoir que des émotions primaires. Me brûler au feu, me baigner dans l’eau, apprécier l’air, le vent et la chaleur et ne pas chercher midi à quatorze heures. J’ai l’impression d’être devenu une machine trop sophistiquée qui n’arrête pas de tomber en panne, qui ne peut pas vraiment fonctionner ». (rires) … « Je trouve que je suis un pauvre gars … Je me fais pitié,  quoi. Heureusement que je ne m’appelle pas par mon propre nom, ça m’aide. Souvent je me dis « Mon pauvre MURAT, tu me fais pitié » … pitié d’avoir peur, peur de vieillir, de vouloir faire le malin en faisant des chansons, de vouloir gagner quatre sous, de vivre différemment, de faire du sport pour m’entretenir, d’avoir mal aux dents, de faire de la sinusite, tout. Etre malade, ça me fait pitié, ça me dégoûte. Je me vois comme un vieil engin pour lequel j’ai un peu de sympathie … Mais je me dis que vraiment … pauvre carriole pourrave. Et l’esprit pareil, je suis une vieille carriole déglinguée. Ca m’amuse d’autant plus de me voir essayer, en promo, en télé, de passer pour du neuf, alors que je suis une vieille chose ». 

Nouvelle question de Christan FEVRET  : « Enfant ? » Réponse de l’Auvergnat :« J’étais très secret ».(…) « Ce qui me retient encore à tout l’univers de l’enfance, c’est que j’ai été élevé par mon grand-père. Il était très silencieux, mais en lutte contre ce monde de l’hypocrisie, du mensonge et des silences de la campagne ». (…)« J’étais le bon élève, mais de la campagne. Un peu bouseux, quoi. Il ne faut pas utiliser les souvenirs de l’enfance plus que le parfum ». (…) « J’avais une soeur, mais avec la différence d’âge, nos souvenirs sont différents … Donc dans mon souvenir je suis tout seul ». 

FEVRET questionne MURAT  sur : « le goût du désespoir ? »  Ce  à quoi MURAT répond : « Le drame n’est pas de partir, mais le chagrin d’incompréhension que tu laisses chez les gens qui t’entourent. En soi, se barrer c’est rien, mais il faudrait ne connaître personne, ou alors que les scientifiques donnent vite une pillule de l’oubli ».

Le 6 novembre 1991, dans les colonnes du « Soir Belge » le journaliste Thierry COLJON présente l’article consacré à MURAT  en ces quelques mots : « Voyage intérieur d’un humaniste aux instincts animaliers … ». Voici ce que lui confie « l’animal » : « Mettre de l’ordre dans ses doutes, dans sa mélancolie, dans ses enthousiasmes, comprendre ses mécanismes amoureux, maîtriser sa peur de mourir, l’angoisse du temps qui passe. Chez beaucoup de gens, ce travail est silencieux et intérieur, moi j’en fais des chansons ». (…) « Je suis un peu mon propre sculpteur, mon propre peintre, je mets en forme la matière confuse de ce que je suis. Chaque chanson m’aide à y voir un peu plus clair, donc c’est la quête du bonheur finalement ». (…)« J’ai envie d’être heureux et serein, j’avance et j’exprime mes doutes et mes angoisses tout en essayant de tordre le cou à ma mélancolie ».

En 1991, sous la plume de Jean-Luc GAMBIER  pour « Télémoustique » on peut lire ces propos de MURAT  : « Tu n’écris pas dans la réflexion mais dans un état d’innocence. Tu as quatre ans ».

En octobre 1991 Pierre ARNOULD pour le mag « Rock this town » recueille les confidences du chanteur Auvergnat : « Se serrer la ceinture on connaît. Et faire plusieurs kilomètres à pinces pour aller à l’école, c’était ce que je faisais quand j’étais môme. En toute logique, j’aurais du reprendre la ferme mais bon, il y a eu une cassure dans la lignée des générations. Mon père a disparu sans crier gare« .

BERGHEAUD  et MURAT portent cette fêlure … ce que le p’tit garçon n’a pu supporter, n’a toujours pas compris, il valait mieux être deux individus pour le vivre, l’accepter, s’y résigner (de l’adolescence à la mort) ???

L’interview croisée de TRESSART  et MURAT « Les Inrockuptibles » (n° 56 avril 1994) effectuée par Michel JOURDE  et Hadrien LAROCHE porte en elle bien des traces de l’enfance. Ecoutons MURAT : « Je vis dans la maison que mon grand oncle habitait ». (…) « Aussi loin que j’ai pu remonter, au début du XVIIIème siècle, ma famille était déjà installée dans la vallée ». (…) « J’ai vécu le déracinement du monde rural qui commence dans les années 50, puis s’amplifie, devient définitif dans les années 56-60 et s’achève chez nous par le remembrement, ce truc horrible qui a tout modifié, en l’occurence le paysage de mon enfance ». (…) « Je suis un bercail. Ma famille s’appelle BERGHEAUD  et les Bergheaud se sont toujours appelés bercail. C’est le surnom de la famille, je ne sais pas pourquoi. Mon voisin m’appelle le petit bercail et dans Montagne, mon grand-père est ausi un bercail, la petite vallée du Vendeix d’où je suis, c’est évidemment aussi un berceau ».

Plus loin MURAT  nous parle de son adolescence …

« Jusqu’à 15 ans, je suis resté dans la ferme de mes grands-parents. C’est à dire pas d’eau courante, comme au 19ème ou comme au 17ème ou 18ème siècle, mes grands-parents ne parlaient que patois. Après, il y a eu une énorme rupture … ». (…) « J’ai l’impression de m’être mis dans une trajectoire vaine, où je voudrais refaire le lien et je sais que je ne peux pas le refaire ». (…) « Et des fois, (…) je me sens comme un touriste. Tous les gens qui rachètent les fermes des grands-parents, aménagent ça comme un petit musée, à mon avis c’est pas bien ». (…) « Je préfère que la maison s’écroule ». (…) « En rachetant une autre ferme assez proche de la mienne, je voulais remettre des bêtes, prendre un fermier ». (…) « Je ne vois pas tellement d’issue. Je me dis que je devrais peut-être arrêter, tout vendre et aller m’installer à New-York ». (…) « Mon idée fixe, c’est de retrouver toutes les conditions qui ont fait le petit bonheur chez mes grands-parents. C’est un entêtement enfantin, longtemps, ma seule motivation a été d’acheter une ferme et de pouvoir m’installer« . (…) « Je me rends compte que la matière même que je recherche, passe par des situations qui ne peuvent plus exister, les gestes, les odeurs, les outils ». (…) « Je me souviens d’avoir été des centaines de fois, réveillé très tôt en même temps que mon grand-père et avoir remarqué à l’oreille qu’il se passait quelque chose, par la même lumière : il fallait aller faire la trace pour les bêtes, vers les bacs qui étaient à 100 mètres. Je pourrais reconstituer tout ça, je n’aurais plus à aller faire la trace pour amener les bêtes aux bacs et casser légèrement la glace dessus. C’est ce qui me manque finalement et qui rend vaine cette espèce de nostalgie. Je sais que même en y revenant, il y aura la trayeuse électrique. Alors qu’on faisait tout à la main. On faisait soi-même ses outils ». (…) « On se couchait à 7 heures du soir, on était debout à 4 heures ». (…)« On n’avait ni le journal ni la radio. Gestes situations, mots, tout a changé. Il reste peut-être l’enveloppe, mais à l’intérieur, tout est devenu caduc dans les signes que je recherche ».  (…) « J’étais toujours avec mon grand-père, on voyait trois boeufs par jour ». (…) « Aller en ville c’était une vraie terreur ». (…) « Depuis j’ai la haine des citadins ». (…) « Avec les filles ça ne marchait pas du tout. Elles trouvaient que je sentais la bouse de vache ». (…) « Jamais je ne pourrais vivre avec une fille de la ville ». (…)« J’ai été habitué à me laver dans le bac. Je me lavais une fois tous les trois mois ». (…) « Je fais des chansons pour réparer la toiture« .  

La dernière phrase est celle d’un homme désabusé … résigné … MURAT  ne peut apporter à BERGHEAUD que l’argent qui permet d’avancer vaille que vaille, de vivre et faire vivre les siens … Ce n’est déjà pas si mal. La réalité des choses rend vaine toute mélancolie !

Jean-Louis MURAT … 47 ans … Le « Splendid » Lille …

1999 Le splendid Lille

Dans  « Chorus » (n° 6 hiver 93-94) sous la plume dAnne MORILLON le Brenoï s’exprime ainsi : « Mon père, menuisier de profession, était aussi musicien à l’harmonie municipale, il jouait du clairon, de la trompette de cavalerie, du cor. Moi, j’ai commencé à 6-7 ans par le tambour, le cornet à piston et je suis passé au saxophone ténor. Ca a duré une dizaine d’années en tout, mon prof de musique était un ancien tambour major de la Garde républicaine. Il était très sévère, mais savait nous donner le goût de la musique … »

A.M.  : Quel genre d’enfant étiez-vous ?

JLM  : « J’étais un enfant assez taciturne, un peu solitaire, fils unique en plus. J’allais souvent chez mes grands parents, dans une ferme isolée du Massif Central. J’avais le goût des animaux, de la nature et d’un certain type des rapports humains. Tout se sème dans la petite enfance, je pense qu’on a tous notre propre géographie intérieure, sentimentale, affective. J’ai poussé avec ces choses là et, aujourd’hui encore, c’est ce que je recherche. Ma grand-mère chantait tout le temps, c’était sa grande nostalgie. Lorsqu’elle avait des coups de déprime, elle disait qu’elle avait raté sa vie, qu’elle aurait voulu être chanteuse. Elle chantait très bien, d’ailleurs, et elle connaissait des centaines de chansons … J’ai toujours pensé qu’une vie réussie, c’est une vie qui réalise les rêves de son enfance : les miens je les garde pour moi, parce que c’est  foutu dès qu’on en parle ».

Autre révélation de MURAT, celle faite à Juliette COPE  en 1993 : « Moi, j’étais programmé pour être, au pire paysan, au mieux plombier zingueur. J’étais le petit bouseux qui vivait chez ses grands-parents dans un village du Massif Central, et je n’avais pas vraiment d’amis à l’école« .

Votre enfance vous poursuit tout le temps … Comment avoir confiance en soi alors que « petit » vous avez été mis à l’écart de tout, montré du doigt  ??? Toute la carrière de MURAT sera marquée par les fêlures de l’enfance. C’est le cas de tout le monde me direz-vous. Avec MURAT  c’est pire encore …  puisqu’il ne sait pas faire semblant … et n’a d’autre fonctionnement que d’appeler un chat un chat … 

Tout n’es pas sombre, l’arrivée de Justine et Gaspard semble avoir changé la donne. MURAT est à présent père et grand-père … Il leur consacre ses journées. S’oublier soi-même pour se donner à ses enfants est la meilleure thérapie qui soit dans ce monde où rien n’est, et ne sera plus facile. Pour nos enfants moins encore !

Le mot de la fin je l’emprunte à MURAT, dans les propos recueillis par Thierry COLJON pour le compte du « Soir Belge » le 15 novembre 2011 : « C’est un des avantages de murir ou de vieillir : on simplifie les choses ».  

Jean-Louis MURAT … 57 ans … Genève …

03/17/2005. Jean-Louis Murat performs at the "Festival Voix de Fetes"

Le 11 juin 2013, le sieur MURAT, pour « Moustique », répond aux questions de Jean-Luc CAMBIER (Extrait) :

Passer le cap des 60 ans a été un symbole douloureux?
« Non, c’est la vie. On est fils, on prolonge un peu et puis, on devient père. Moi maintenant, je suis grand-père. Plutôt que l’âge, c’est ce statut familial qui te change. Avec mes petites-filles, je suis tenu à un certain comportement et j’en suis très heureux d’ailleurs. Quand ma petite-fille de 12 ans me pose des questions, d’un seul coup, mes 61 années sur terre prennent du sens. Pouvoir lui dire des choses intéressantes, c’est très réjouissant. On trouverait ça attristant si on restait dans une attitude rock parce que le rock est la musique de la jeunesse éternelle. Pour ta petite-fille qui t’appelle « papy », tu dois te comporter comme un papy de 61 ans. Si tu lui dis que c’est génial Led Zep, tu perds absolument l’affaire. Non, ce glissement des générations est le plus sublime qui peut nous arriver. C’est ça aussi qui me fait rejeter le crétin que je pouvais être à 30 ans, le mec qui adorait les Stones mais qui, pour ses petits-enfants, n’aurait servi à rien. Moi, je me félicite chaque matin d’être grand-père, d’être père et d’être éduqué par les enfants ». 

Il est des réponses qui vous situent un homme, un individu dans l’échelle des valeurs. MURAT je l’admire plus pour son intelligence, son intégrité intellectuelle que son talent.

Jean Louis MURAT … passé les 60 ans … 

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Il y a dans cette photo un peu du p’tit BERGHEAUD  qui sifflote … et beaucoup du papa qui s’interroge … Moi je me dis que : « Passe passe le temps … » et je prie Dieu qu’il y en ait encore pour « Très longtemps »

***

Ajout le 8 novembre 2014 …

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Dans le cadre de la promo du double album « Babel », le 10 octobre 2014 MURAT déclare à l’A.F.P. : « J’ai désormais inversé mon rapport au temps ». (…) « Le temps n’est plus une sanction, on se dit mince, je prends du bide, j’ai les cheveux blancs, mais on est, au contraire, content de vivre un an de plus ».

***

Ajout le 26 juin 2016 …

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A l’occasion de la sortie de son dernier opus,  j’ai nommé « Morituri » le chantre Auvergnat n’a pas fait allusion à son âge. MURAT évoque l’air du temps qui est à la guerre entre nous. Dans les colonnes du « Soir » belge il confie à Philippe MANCHE le 7 juin 2016 : « Je me sens beaucoup plus de la civilisation du cheval que de celle du moteur à explosion ». Plus en avant il confirme : « De toute façon,  je me sens d’un monde d’avant« . « Morituri » est donc un album sombre. Voir la vérité en face doit nous aider à aller de l’avant. Christian EUDELINE dans « Les Echos.fr » le 15 avril 2016 de conclure : « Album profond, « Morituri » panse nos plaies et nous aide à mieux regarder vers  la lumière ».

Pour exprimer mon état d’esprit, qui n’est qu’aveu d’impuissance j’emprunte à Jean-Jacques ROUSSEAU qui, dans « Pensées d’un esprit droit » (1826) écrit : Les peines du temps présent seraient bien peu de chose, si elles ne nous  rappelaient pas le souvenir des plaisirs du temps passé. Nous ne nous plaignons  de ce qui est, que parce que nous regrettons ce qui n’est plus.      

L’avenir du chanteur MURAT s’écrit en pointillé. Il n’est pas certain que MURAT sache encore de quoi demain sera fait ?! De nos jours, pour un artiste, qui plus est en marge du système, vouloir n’est pas toujours pouvoir. J’ose espérer que MURAT continuera d’écrire des chansons. C’est ce qu’il sait le mieux faire. Et le quidam que je suis de citer la Marquise DE LAMBERT laquelle, dans « Traité de la vieillesse » (1732) écrit : Un des devoirs de la vieillesse est de faire usage du temps : Moins il  nous en reste, plus il nous doit être précieux. 

***

Publié dans : ||le 19 janvier, 2012 |6 Commentaires »

6 Commentaires Commenter.

  1. le 20 janvier, 2012 à 15:11 Muse écrit:

    Je remarque de plus en plus un truc, pas spécifique à JLM mais à chacun d’entre nous: plus notre enfance a été traumatisante, plus quelque part on a tendance à s’y raccrocher à l’âge adulte dans les quelques aspects positifs qui nous ont aidés à survivre. Et du coup,on finit par rester de vieux enfants adultes, inconsolables de l’enfance que nous n’avons quasiment pas connue en réalité, grandis trop tôt par différents épisodes difficiles pour ne pas dire douloureux. Que ce soit grandis trop tôt au sein de familles complexes, toxiques parfois ou du fait du contexte existentiel qui fut le nôtre à cette époque. La nature, la vie à la campagne au contact d’animaux, de plantes, aide à supporter des choses très dures, c’est évident. Mais elle ne répare pas pour autant les blessures de l’enfance. L’art peut le faire dans une certaine mesure (au moins apaiser, transcender un peu la douleur). Mais si l’on veut véritablement être honnête, je crois que même l’art ne suffit pas face à l’ampleur de certains drames d’enfance. Un long travail sur soi est nécessaire, avec un accompagnement thérapeutique à certains moments. Et la reconstruction est toujours incertaine. Plus j’avance dans la vie et plus j’en prends conscience.

    Réparer son enfance à travers ses enfants…ça fait partie de l’espérance. Mais je me pose quand même la question de savoir si ça n’est pas une illusion. Je ne suis pas sûre à l’heure d’aujourd’hui, que la transmission du beau puisse bloquer le malheur au sens où même avec les meilleures intentions, nous véhiculons et donnons à voir, à sentir, aux jeunes générations, même sans en avoir vraiment conscience, nos blessures intérieures et la rudesse du poids des drames et des secrets, de la mémoire individuelle et collective qui y sont attachés. Et le système des loyautés familiales, qui régit aussi nos fonctionnements psy, fait que malgré les soins et l’attention que nous pouvons apporter aux jeunes, nous ne pouvons pas garantir (façon assurance vie) nos enfants, petits-enfants, les jeunes générations en général, de tout malheur. Chaque génération se doit de transcender à la fois ses propres souffrances et celles héritées silencieusement le plus souvent et parfois inconscientes de ses ancêtres. Et c’est difficile…On a pas trop de toute une vie pour y parvenir. Mettre des mots, des images, tenter de comprendre le pourquoi du comment de ces douleurs, de ces errances qui parfois se répètent de génération en génération, c’est une façon de retirer la part venimeuse et souffrante de nos vécus mais aussi de l’accepter et de passer à autre chose, imprimer notre propre façon de voir la vie, le bonheur. C’est tout ce qu’on peut faire pour sortir de tout ce fatras ancestral. Et c’est la seule façon il me semble, au moins pour nous-mêmes (et parce que l’on règle peu à peu ses propres problèmes, on les lèguera moins fortement aux descendants), d’aller mieux, de pouvoir vivre chaque étape de vie sans se sentir perpétuellement amputé, décalé, oppressé, submergé. Le journal qu’écrit chaque jour JLM depuis des années doit lui permettre un peu d’exorciser le passé, d’accepter le présent et le futur, par delà les chansons qu’il créée. Mais à le lire dans certaines interviews, je ne suis pas sûre que ça lui suffise.Non plus que le fait de se maintenir sur les terres ancestrales.

    Répondre

  2. le 20 janvier, 2012 à 16:09 didierlebras écrit:

    J’ai déjà employé le mot … remarquable … concernant les analyses de MUSE … c’est encore le cas. Merci. Lisez son commentaire il vous aidera à mieux comprendre MURAT …

    Dernière publication sur  : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...

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  3. le 20 janvier, 2012 à 18:07 rhiannon écrit:

    Sans commentaire….merci Muse….tu as tout dit….

    Répondre

  4. le 1 mars, 2012 à 19:46 Armelle écrit:

    une très belle analyse que le commentaire de Muse!
    je viens seulement de lire ton article Didier, et ça me conforte dans la pensée qu’on est toujours attiré par ses semblables… moi aussi, mon père a disparu et ce dès qu’il a su que ma « germination » était en cours; j’ai donc ressenti certainement le « sentiment d’abandon » dès ce moment là, dans la désespérance que ma mère m’a involontairement communiquée…

    Répondre

    • le 2 mars, 2012 à 0:32 didierlebras écrit:

      Salut Acacia,
      les commentaires de Muse sont toujours un ravissement. On n’est pas d’accord sur toi (notamment sur le côté considéré réac de jlm) … je penche plutôt vers ton analyse … pour en revenir à MUSE je lui ai déjà dit que ses commentaires constituaient un vrai + pour ce Blog consacré à murat ..
      Amitiés.
      Didier.

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