- 39 – Jean-Louis MURAT … mauvais caractère … ou … posture ???

Le chanteur est un homme public … aujourd’hui plus encore qu’au temps des troubadours. L’image que vous véhiculez va, ou ne va pas, donner aux gens l’envie de venir vers vous, de vous connaître, de vous écouter, de vous aimer … Comment peut-on prétendre exercer un métier public, sensé distraire les gens, et tout faire pour que ces mêmes personnes vous repoussent (???)

Murat à la Route du Rock … 2002

06 JLM Rte du rock 2002

Chez MURAT c’est sa musique et sa voix qui m’ont d’abord attiré puis envoûté. Ensuite ce sont ces mots. Ce n’est qu’après, bien après, que j’ai appris à connaître le personnage. Au début, j’ai ri de ses frasques à la télé. Il dit souvent, pour ne pas dire toujours … la vérité. Il n’y met jamais les formes. Il s’agit sans doute d’un parti pris délibéré. C’est un choix, c’est le sien. Ce que je comprends moins (avec le talent qui est le sien) : c’est ce besoin constant de « casser du sucre » sur tel ou tel de ses congénères. Que Johnny et Renaud soient mauvais on est d’accord (encore que … les goûts et les couleurs … c’est tellement subjectif !) mais qu’à longueur d’interview il passe plus de temps à massacrer « Pierre, Paul ou Jacques » qu’à parler de son travail … je ne comprends pas. Je ne juge pas. Je déplore que l’artiste le plus doué de sa génération donne une image aussi déplorable de sa personne. Un jour, chacun s’apercevra qu’il était tout le contraire du portrait qu’il a bien voulu donner de lui … Un jour viendra ou chacun reconnaîtra ses talents de chanteur, poète et musicien.

***

Dans une interview parue en Janvier 1992, le journaliste Alain GALES nous dresse un très beau portrait de MURAT/BERGHEAUD. La première question posée est tout en malice : « Avec des titres de chansons comme « Suicidez-vous le peuple est mort » (…) « ton attitude franche et ta méthode de travail très personnelle, on ne te prend pas dans « le métier » à Paris, pour une sorte de terroriste, parfois ? Tu donnes l’impression de pouvoir être dangereux … » A ces  interrogations et notamment la dernière …  (en forme d’affirmation),  MURAT  répond : « Je disais hier que j’étais un cobra et ça faisait rigoler, mais je peux être assez … Je suis pas ce genre mélancolique mou-machin qu’on pourrait croire. Quand il faut être une salope, je peux être une salope. Je suis assez  cruel aussi, et violent. Mais je sais bien, tes collègues viennent me voir et pensent qu’ils vont rencontrer un genre de mec en coton. Un mec souffreteux, bien malade de la tête ! Mais non !  » …

Ce à quoi le journaliste embraye : « C’est ça entre autre qui facilite une comparaison avec MORISSEY … » – Réponse : « Lui, je l’aime beaucoup, et depuis très longtemps. Et autour de moi, tout le monde le détestait. Pour moi, c’est l’un des artistes essentiels. Et puis, j’aime bien ce goût de la mortification. Je l’ai un peu ça, j’aime bien me mortifier. Ca me plaît assez … Je déteste qu’on dise du mal de MORISSEY  ! C’est l’Anglais le plus intéressant au niveau des textes. Et puis cette façon de chanter inimitable. Ces deux dernières années personne n’est arrivé à le détrôner, et ce n’est pas  faute d’avoir essayé ». (…) « C’est le roi« . (…) « Il sera là encore dans vingt ans ».

Plus avant dans le texte MURAT  confie : « J’aime assez être de mauvais goût parfois. Je crois que c’est assommant d’être toujours de bon goût, de dire ou faire toujours des choses convenues. Et puis, ça vient aussi de mon ancrage Auvergnat, des personnes âgées du coin, pour qui le bon goût Parisien ou de la variété ne veut rien dire et qu’elle trouvent de mauvais goût. En fait, j’ai vachement de mal à faire la différence entre le bon et le mauvais goût. C’est un peu comme les dissonnances. Le mauvais goût c’est une dissonnance. Dans l’harmonie générale, il faut une dissonnance ».

 

Le 11 octobre 1996, pour le journal « L’Express » le journaliste Philippe CORNET  lui pose crûment la question :

P.C.  : Vous aimez vous fâcher avec les gens ?

JLM : Oui je me fâche beaucoup. Je peux être d’une cruauté invraisemblable. C’est vraiment un défaut. Je suis comme la mûle du pape, jamais quitte : je peux vraiment m’accrocher comme un chien.

Pour « Les Inrockuptibles » (n° 71 de 1996) il déclare à Richard ROBERT  : « Je suis très immoral dans la vie quotidienne mais, au fond, comme les libertins, je suis très moral. Moi, je m’accorde toutes les licences, mais aux autres je demande une morale irréprochable. Je rigole pas avec ça, je peux vraiment être très chiant. Je suis très à cheval sur certains principes : tous les trucs d’honneur, de paroles données. Dans certains cas, j’aimerais bien être John WAYNE ou un PIERREFEU, régler des comptes, donner un gros coup de gourdin sur la tronche, tuer. Je pourrais déclencher une guerre mondiale pour un retard de cinq minutes à un rendez-vous ».

R.R.  : Et si c’est toi qui est en retard ?

JLM : Je préfère encore annuler, ne pas y aller, je ne supporterais pas. Le mec désagréable, quoi (…) J’ai toujours en moi une promesse d’amour. C’est en ça que je peux dire que je ne suis pas si mauvais. Con, peut-être. Mauvais, non. (…) J’ai toujours dit que j’étais un amoureux, que j’aimais être un amant. J’ai pu dire aussi que j’étais un pourri, que je pouvais faire beaucoup de mal. Et que je réclame un droit à l’innocence. (…) Parce que je suis tellement amour qu’on pourrait me considérer comme un « homme facile », comme on dit « femme facile ». C’est ma qualité et mon défaut ».

En novembre 2006 pour « Femmes d’Aujourd’hui » il répond aux questions de Nicolas BALMET :

N.B.  : Quels sont les traits de caractère que vous n’aimez pas qu’on accentue ?

JLM : Le côté prétentieux. Car je suis tout le contraire. Mais souvent on agit à l’inverse de ce qu’on est. Les gens qui me connaissent bien le savent : je suis timide. En fait, j’ai l’arrogance des timides.

N.B.  : Discret et mystérieux sont les mots qui reviennent le plus souvent dans les médias pour vous décrire. Celà vous convient ?

JLM : Discret oui, évidemment. Ténébreux aussi. Il faut ajouter « grande gueule » ou orgueuilleux. Mais ce qu’on ne dit pas c’est que  je suis quelqu’un d’attentionné. Je pense aussi être bien élevé et tendre. Je suis un ami sur lequel on peut compter« .

En 1991 pour le journal « Croque Monsieur » à Solange BORSOTTO  il parle de sa timidité  : « J’essaie de surmonter ma timidité en faisant du bruit, en parlant beaucoup. C’est une façon un peu idiote de cacher une timidité un peu maladive qui, au moment de l’adolescence, me jouait un peu des tours. Mais aujourd’hui, je suis toujours aussi timide ». 

S.B.  : Est-ce que tu fais des cadeaux à la femme que tu aimes ?

JLM : Je ne suis pas trop « cadeaux ». Je crois que quand on fait des cadeaux, on se fait surtout plaisir à soi, ou alors, c’est pour se faire pardonner un truc ».

S.B. : Quel genre de mec es-tu ?

JLM : Je suis un maniaco-dépressif. J’alterne les périodes de sur-activité créative, de maniaquerie, avec des périodes de dépression. Je suis tantôt extrêmement bas ou extrêmement haut ».

En 2001, au cours de la promo de l’album « Madame DESHOULIERES » Serge BRESSAN  lui pose la question suivante :

S.B.  : Franchement, vous prenez du plaisir à évoluer, dans ce rôle de mal-aimé du show business …

JLM : Je veux seulement être vrai. Pouvoir parler bêchage et potager avec les potes du village où je vis … Ne jamais interpréter un personnage. Être un artisan et un troubadour ».

Le 31 décembre 2003 il révèle à Véronique MORTAIGNE : « Je suis un égoïste parfait, je ne parle que de moi, me photographie, me frappe ».

Le 28 août 2003 pour « Match » il déclare : « Mon arrogance cache une terrible absence de confiance en moi« .

Pour « Newcomer » il confie à  Sandra DUPIRE « J’ai beaucoup de mal à avoir un boss. J’aime bien faire les choses moi-même et ne pas avoir trop d’interventions extérieures ».

S.D.  : Doutes-tu toujours autant ? 

JLM : En fait, à la fin de l’enregistrement d’un disque en général, c’est l’enfer. régulièrement après un album, je rentre en dépression. D’un seul coup, tu saisis le gouffre entre ce que tu voulais et ce que tu as fait. Chaque enregistrement est une déception. Une fois Woody ALLEN  disait à propos d’un de ses films : « Comme toujours quand je l’ai écrit, je pensais faire un chef-d’oeuvre, au tournage je me suis dit « je vais faire mieux qu’Orson WELLES », au montage je me suis finalement dit que « ce n’était pas terrible » et quand le film est sorti, je me suis caché tellement j’avais honte ». En musique c’est pareil, pour chaque album tu voudrais égaler le double blanc des « Beatles ». A la fin tu vois le résultat (…) il arrive où tu écoutes ton disque et tu te dis : « ok je ne suis pas plus épais que ça » et pour moi, c’est assez dur à vivre ».

MURAT  n’est pas complaisant avec lui-même. Mais qu’en pensent ses amis, ceux qui travaillent avec lui ???  En 2003, Stéphane REYNAUD déclare au journal « Batteur » : « Ce qui caractérise Jean-Louis c’est la confiance qu’il réussit à susciter. Je trouve chouette qu’un artiste comme MURAT  donne sa chance à des musiciens qui débutent« .

En 2003 pour « Les Inrockuptibles » la belle Isabelle HUPPERT déclare : « Il est contestataire, mais s’il dit du mal de tout le monde, c’est avec ironie, drôlerie, jamais avec aigreur : c’est très salutaire. Il est libre. (…) C’est un jeune homme en colère (une voix tonique et irrévérencieuse). Il est à la fois sédentaire et voyageur ».

Le 4 Septembre 2003 pour « La vie » Yves BIGOT  dresse le portrait de MURAT. Ses premiers propos font référence au disque « Suicidez-vous … ». Voilà donc ce qu’il dit  : « Tricard médiatiquement,  fauché en pleine ascension, il en gardera une amertume, une défiance, qui nourrissent encore aujourd’hui son attitude publique bougonne, difficile. Agressivité liée à une histoire de frustration et d’humiliation chez ce séducteur invétéré, fan de foot et de cyclisme, attentionné et charmant, qui ne parvient pas à accepter la dictature du politiquement correct et de l’imposture sociale. (…) L’ermite du Col de la Croix Morand, trop sincère, trop sensible, trop décalé, pour s’intégrer à l’univers formaté de la variété triomphante, s’ancre plus que jamais dans le camp du rock, celui de la résistance à la mondialisation sauvage, faisant entendre (…) sa voix précieuse et chaleureuse ».

Comment expliquer que MURAT  prenne un malin plaisir à donner une telle image de lui (???) à se « tirer une balle dans le pied (???).

Pour « L’Express » le 1er mars 2004, il confie à Gilles MEDIONI : « Je ne me crois pas aigri, ni prétentieux, mais mon franc-parler me coûte cher. Le show-business me respecte et me déteste à la fois.On ne m’invite pas à la télé, on ne passe pas mes chansons à la radio, on ne me nomme pas aux Victoires de la Musique, et pourtant, j’aimerais que mon travail soit pris en considération. Le show-business, c’est le FLNC ! ».

Pour « Polystyrène »en avril 2005 il déclare à Philippe Schweyer : « Je ne veux plus donner d’interview parce que je ne peux pas dire autre chose que ce que je pense ».

Voilà le drame de MURAT  … Lors de son passage tonitruant sur « Canal + » invité de Stéphane BERN il s’en prend à Charlotte de Turkheim et Jean Roch en des mots peu amènes … C’est le moins que l’on puisse dire. Comme pub … on ne peut faire pire ! Concernant ce passage télé il déclare au « Nouvel Observateur » en juin 2005 : « Après j’ai été malade pendant deux jours. C’était atroce pour moi, ma famille. Ça me fout en l’air. Je suis très vulnérable aux attaques ». 

Dans le même article concernant la promo il révèle :« Il faut faire comme les présentateurs : se croire tellement intelligent quon peut s’autoriser à être con. Facile. Si je dis que FOGIEL  est un crétin ça me prend trois secondes et ça devient l’axe central de mon personnage médiatique ». Angoissé il ne dort pas les nuis précédant un passage télé : « un calvaire ». Il termine : « Je suis père de famille, responsable, mon job c’est de vendre des disques pour faire vivre les miens ».

Pour le journal « Playboy » MURAT  déclare : « Quand tu passes à la télé et que tu gueules comme ça, il faut comprendre : c’est pas possible ! Réveillez vous les mecs ! On est descendu tellement bas que même si on gueule contre la connerie, on le fait en passant par les chemins de la connerie. C’est ce qui se passe quand je vais sur un plateau de télévision. Tu gueules contre la connerie mais tu es obligé de rouler sur la même route. C’est ce qui est terrifiant. Tu essayes de baliser un peu l’affaire, parce que sinon, la connerie va te broyer ou alors tu finis par une OD, ou tu vas braquer une banque et tu les dessoudes toutes jusqu’à ce qu’on vienne te dessouder toi aussi. Moi je suis passé  par des sortes de phases comme ça. C’était où la musique ou gangster ! Je n’ai jamais rien vu de possible dans l’entre-deux ».

Dans le journal « Polystyrène », fataliste il déclare en avril 2005 à Philippe Schweyer : « Je n’ai pas vraiment d’amis. Il y a quelque chose dans ma nature qui fait que les gens ne s’attachent pas à moi. Je suis le mec largué par excellence. J’ai tellement peur d’être apprécié ou qu’on m’aime, que je reste dans un entre-deux un peu con. Ma première chanson écrite commençait par : « Je voudrais être pris pour un autre ou que l’autre soit pris pour moi ». J’aime qu’on m’aime et déteste ceux qui m’aiment. Je n’en suis jamais sorti et je ne suis pas assez intelligent pour comprendre vraiment ça. J’ai un défaut de fabrication hérité de tous les alcooliques et de tous les suicidés de ma famille. (…) Je suis un peu dégénéré, décadent et j’ai des comportements irrationnels que j’ai beaucoup de mal à comprendre. la génétique c’est important ».

Voilà qui est dit sans complaisance …

A Bertrand DICALE le 1er septembre 2006 pour « RFI Musique », il dévoile une autre facette de son caractère : « Je déteste les artistes modestes. La modestie chez les artistes n’entre jamais en ligne de compte dans ce que je pense devoir être un artiste ».

Il est ensuite  invité à répondre à cette question : « Vous sentez-vous à l’aise dans cette époque ? »

JLM : Plus ça va, plus je me rends compte que je suis un mec à l’ancienne. J’ai de plus en plus de problèmes avec les gens. (…) J’ai de plus en plus de mal à me caser, je me retrouve la-haut chez moi comme un pauvre aigle isolé de tous … ».

En octobre 2006 pour « ISA » il répond aux questions de Florence TREDEZ  :

FT  : La qualité que vous préférez chez vous ?

JLM : La fidélité.

FT  : Le défaut que vous détestez ? 

JLM : Mon système nerveux. Je me laisse aller à des colères, je casse, je pulvérise, je disperse, je ventile !

En 2006 toujours, dans le cadre de la promo « Taormina » Florence RAJON pour « Start Up » lui fait remarquer qu’il : « devrait peut-être taire certaines choses » ?

JLM : C’est ma nature.

FR   : On vient aussi vous chercher pour ça ?

JLM : Évidemment … Tous vos collègues, je vois bien qu’ils attendent que je lâche un truc, alors des fois, ok, je balance. (…) A force, ça m’a donné l’image d’un mec un peu désagréable.

FR  : Et vous le regrettez ?

JLM : Oui. Dans la vie je ne parle pas beaucoup : je fais des chansons, je lis des bouquins, je mène une vie d’étudiant. Et puis, arrive ce moment, quelques jours dans l’année où là, je me trouve dans un truc qui me met hors de moi. On m’arrache de mon truc, je me fais chier dans le train, ici il fait chaud … Alors j’y vais à la hache. Ça me nuit énormément. Je pense  que je vendrais plus de disques si j’étais beaucoup plus gentil et cool, mais il y a des efforts que je ne peux vraiment pas faire« .

Il est sincère … à en être pathétique !

 Avant de clore ce chapitre, je vous propose deux extraits d’interview qui nous dévoilent un peu plu le caractère de MURAT. Au magazine « MUSE » en septembre 2006 il déclare : « La médiocrité est ma hantise, mon désespoir mais aussi mon moteur. C’est une ligne médiane. Un milieu qui ne m’intéresse pas. Je veux être un outsider. Je déteste les artistes qui ont des signes extérieurs d’originalité et se comportent comme des employés de banques ! ».

C’est souvent aux journaux Belges qu’il réserve ses interviews les plus sensibles, les plus riches. Le 22 août 2006 pour « La Dernière Heure » il répond aux questions d’Isabelle MONNART et termine par deux phrases qui révèlent tout le personnage : « Contrairement aux apparences, mon gros problème, c’est que je n’ai pas confiance en moi« . (…) « J’espère avoir confiance en moi le jour de ma mort … ».

Pour le 30 août 2006 il répond à cette question de Joëlle LEHER :

JL     : Aimeriez-vous que l’on édite un coffret reprenant vos disques ?

JLM : Non, cela coûterait trop cher et personne ne l’achèterait. Celà dit, quand j’en serai à mon 40ème album, celà commencera à avoir de la gueule. Quand je serai mort on se demandera : « Comment était-il ? Très gentil. Il avait l’air grognon, mais dans le fond il était d’une tendresse extême. Si un seul mot devait me rester, c’est tendre. En être tendre, fidèle en amitié et en amour. « Il voyait la beauté là où les autres ne voient que de la laideur ».

Cette dernière interview est bien plus révélatrice qu’on ne le croit  des arrières pensées de MURAT  … les 40 albums il les espère secrètement … Quant à la tendresse, tous ceux qui le connaissent vous disent que c’est un type FORMIDABLE !

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Jean-Louis MURAT à Spa (2007) évoquant : « Internet ou la liberté de se goinfrer »

jlm spa

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Nous sommes en 2011. Les premiers concerts de la tournée « Grand lièvre » ont déjà débuté. La campagne promo est pour partie terminée. Mais lorsque l’on est chanteur on est toujours en « promo » du personnage que l’on représente, des chansons que l’on porte en soi. Je suis assez content ma foi. JLM a essayé de donner une image positive de lui. L’affiche de la nouvelle tournée par exemple. On y voit un Jean-Louis (beau garçon) … humant l’air de la campagne.

Les interviews nous révèlent toujours quelque traits de caractère de MURAT … du bon et du moins bon. C’est MURAT. On ne le changera plus. Pour « Les Echos » répondant aux questions de Thierry GANDILLOT il déclare : « Je suis capricieux, si une chanson ne me plaît pas elle saute. Les chansons qui manquent de vérité m’obligent à des clowneries ». Parlant de la tournée qui s’annonce le journaliste sussure : « Pas question de chanter forcément les titres les plus attendus ». La réponse de « jlm » fuse : « Les gens se démerdent avec leur attente. je ne suis pas là pour faire plaisir. Mon public sait, que s’il me demande une chanson, je ne le ferai pas ». Voilà qui est dit. Lors d’une interview en « off » vous pouvez dire certaines choses et demander au journaliste à ce que ces paroles ne paraissent pas … « Toute vérité n’est pas bonne à dire » … chez MURAT  il n’y a pas de « off » … Ce qui est dit est dit. Tant pis pour ceux qui ne sont pas contents …

Pour « Nord Eclair » le 25 septembre 2011 sous la plume de Patrice DEMAILLY il fait cet aveu qui reflète sa personalité franche et entière, mais sa lucidité aussi ! « Je vois que mes ventes baissent à chaque album. je vais finir par jouer devant 50 personnes ». Le journaliste ne s’embarrasse pas de fioriture et lui demande : « Pourquoi continuez-vous alors ? » Il répond : « Parce que je ne sais faire que ça. je sais que je serais très à l’aise sur des grandes scènes. J’en ai ras le bol de jouer devant 250 personnes. Une fois, j’ai joué devant 10000 personnes et là, j’étais comme un poisson dans l’eau. Mais sinon, je n’ai jamais fait un zénith de ma vie. Je suis condamné à me produire dans des petites salles, c’est ce qui me déprime le plus ».

Demailly poursuit : « Vous n’arrêterez jamais d’écrire ? ». Il répond :  » Je me fais ch… sinon. Déjà pour moi, la vie c’est sacrément ennuyeux. En plus, si je n’écris pas, je me suicide ».  DEMAILLY le reprend : « Ennuyeuse la vie, vraiment ? ».  J’imagine qu’il (Murat) reprend son souffle, se calme intérieurement pour finir par lâcher : « Je me supporte beaucoup mieux si je sais qu’à la fin de la journée j’ai écrit une chanson ».

En toute fin d’interview l’Auvergnat confesse : « D’avoir un tube ça me tuerait » … Aussitôt DEMAILLY lui rétorque : « N’est-ce pas paradoxal avec votre envie de jouez dans des grandes salles ? ». Je pense que MURAT doit être un surpris d’autant d’hardiesse de la part du journaliste. Je pense aussi qu’il apprécie. Il lui répond donc  : « Mais la vente est dans le paradoxe. Il ne faut pas avoir peur d’eux. je suis constamment dans la contradiction. Je pense une chose et une heure après son contraire. Avec la même conviction. Ma femme ça la rend dingue ! (rires) ».

Pour « Magic » il déclare à Franck VERGEADE : « En concert, les gens se demandent pourquoi il m’arrive de ne pas dire certains mots, mais c’est parce que j’en ai marre de les chanter. Je les zappe parce que je ne m’y reconnais plus ». Voilà qui est fort. Il n’y a que MURAT  pour faire et reconnaître celà … devant ceux qui l’admirent. J’en fais partie et j’ai envie de lui dire : « Chante une autre chanson … tu en as tellement et elles sont tellement belles … !!! ». Mais il ne m’écoutera pas. Je crois qu’il n’écoute personne. Chassez le naturel … il revient au galop. Chez l’Auvergnat on peut parler de triple galop …

Les derniers mots de l’interview de MURAT parue dans « Serge » résonnent dans ma tête …  : « La position d’artiste est l’avant dernière » (…) « En dessous tu as le gangster. Entre les deux c’est très proche ».

Jean-Louis est un papa que ses enfants rendent heureux. Puissent Justine et Gaspard  avoir assez d’influence sur leur père pour réfréner ses envie de tout foutre en l’air … Décidément, la vie n’est facile pour personne. Encore moins pour ceux qui ont du caractère. ceux qui n’acceptent pas de passer sous les fourches caudines du « système » …

Une note d’espoir ??? Oui, la réponse faite à Patrice BARDOT pour « Serge » à la question : « L’an prochain, vous aurez 60 ans, vous y pensez ? » … Ce à quoi il déclare : « Pas du tout. Ta responsabilité quand tu vieillis c’est de prendre une certaine sagesse. C’est le devenir des gens qui m’entourent et que j’aime qui compte avant tout« .

Puisse Jean-Louis trouver les voies de la sagesse !

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Ajout le 10 mai 2016 …

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Il y a déjà trois semaines que « Morituri » est dans les bacs. MURAT a fait le « buzz » en tenant des propos outranciers sur RENAUD et POLNAREFF qu’il traite de « gros cons » … Je suis le premier à regretter ce genre de propos qui dessert l’artiste « incriminant » plus qu’autre chose. A présent, il est acquis qu’il n’y aura pas de tournée « Morituri » … album qui nous annonce : « celui qui va mourir »  ! Le magazine « Magic » n’est plus. Triste nouvelle ! Voilà qui laisse mal augurer des temps qui courent … Et dire que : « Le pire  reste à venir« . MURAT a raison lorsqu’il prédit la fin de tous les artisans …

Dans les colonnes de « Metronews » le 15 avril 2016 MURAT est interviewé par Romain BURREL qui, faisant référence aux insultes proférées à l’encontre de certains « papys » de la chanson Française ose cette question : « La provoc, c’est une façon de faire parler de vous ? ». Nullement déstabilisé le « Brenoï » répond : « Je ne passe pas en radio et on ne m’invite pas à la télé. Et si je n’y vais pas au bazooka, je disparais. Pendant des années, j’ai fait des interviews de gentil garçon. Un papier sur deux n’était pas publié. Le système médiatique est scatophage, il faut lui balancer de la merde à la gueule. La seule chose qui m’intéresse, c’est de vendre suffisamment de disques pour financer le suivant. Mon image publique, je m’en fous« .

Pour autant je continue de penser que les propos démagogiques que MURAT tient à l’encontre de tel ou tel sont contre productifs. Cela ne fait aucun doute. Il est vraisemblable que lors de l’interview accordée par MURAT à VERGEADE pour le compte de « Magic » l’artiste n’était pas sans connaître la situation difficile du magazine. Prémonitoire MURAT  déclarait : « En France on se laisse facilement miner. Compare le tirage de Magic avec ces magazines à la con !  Pour mes ventes d’albums, c’est pareil ! Entre ce que les gens lisent et ce qu’ils écoutent, ce n’est plus possible … Depuis trente cinq ans que je chante, on n’a pas fait de progrès. On va bientôt finir en dinosaure (Sourire)« . Il est difficile d’avoir raison contre tout le monde. MURAT n’a pas fini de l’apprendre à ses dépens. MURAT n’est pas homme à mettre de l’eau dans son vin. Voilà qui ne laisse rien augurer de bon …

Salut l’artiste. Envers et contre tout je te serai fidèle. Je sais que tu n’es pas un homme méchant. Je sais même que tu es bon … J’ai la certitude qu’un jour, certains de ceux qui te dénigrent aujourd’hui … tiendront des propos dithyrambiques à ton égard … Ainsi va le monde qui n’est qu’hypocrisie … Voilà un défaut que MURAT ne supporte pas. Mais là nous en sommes « au chat qui se mord la queue » ! Serait-ce … »Le chat noir » ??? Un titre prémonitoire ??? Il n’est pas interdit de le penser  …

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Ci-dessous le chemin du dictionnaire « muratien » …

http://didierlebras2.unblog.fr/

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Publié dans : ||le 14 août, 2011 |8 Commentaires »

8 Commentaires Commenter.

  1. le 14 août, 2011 à 23:06 Audrey Della Rocca Ricord écrit:

    …..Je n’apprend rien de nouveau, Notre Artiste se définit tel que je l’ai personnellement toujours perçu, et ressenti, c’est un homme charmant, tout est dimpressionnant de charisme et de talent, ses emportements lui appartiennenent et le regardent, point de jugement à ce niveau, l’ariste seul doit prévaloir dans le sujte qui nous concerne nous auditeur

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  2. le 14 août, 2011 à 23:13 Audrey Della Rocca Ricord écrit:

    ….merci encore une fois Didier de cet intérêt qui je l’espère permettra à d’autres d’entrevoir ou de découvrir l’essentiel de ce qu’il faut retenir de cet Artiste, un talentueux auteur et artiste authentique. Bien à toi Didier.

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  3. le 14 août, 2011 à 23:15 didierlebras écrit:

    Salut Audrey
    Tu as raison … pourtant je regrette qu’autant de talent ne soit pas accessible au + grand nombre … Ceux ci ne voyant qu’en Murat une « grande gueule » fort désagréable … alors qu’il n’est que TALENT !

    Dernière publication sur  : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...

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  4. le 15 août, 2011 à 11:48 rhiannon écrit:

    Je l’ai toujours perçu comme çà….une sensibilité à fleur de peau …le besoin de se mettre en scène constamment …c’est le panache d’une timidité maladive ainsi que la prétention et l’orgueil…quand on a reçu des coups …on reste sur la défensive et l’agressivité est une façon comme une autre de se protéger

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  5. le 15 août, 2011 à 20:58 Armelle écrit:

    même ressenti pour moi qui sait ce qu’est la timidité, le manque de confiance en soi, le manque de référence paternelle… ne dit-on pas que la meilleure défense c’est l’attaque?

    et puis il dit, qu’il ne veut pas interpréter un personnage mais être lui-même, être vrai : sûrement la meilleure raison qui fait qu’il ne pouvait être acteur de cinéma!

    tu as raison Didier d’avoir souligné la phrase d’Yves Bigot qui le décrit là parfaitement.

    vivement la suite…

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  6. le 21 août, 2011 à 14:59 Muse écrit:

    Je suis plus critique vis à vis de la violence de JLM.
    Pour moi, il n’a aucune excuse s’il ne traite pas le problème.
    On peut avoir eu un contexte enfantin difficile, violent, être timide, n’avoir aucune confiance en soi, des soucis de santé et malgré tout, lutter chaque jour pour que les choses changent et se donner les moyens pour que la violence ne perdure pas.
    J’en sais quelque chose…
    Et l’art n’est pas suffisant à enrayer certains problèmes, faut parfois l’admettre pour pouvoir ne serait-ce que vivre à peu près normalement, avoir des rapports sociaux plus apaisés, sereins et pouvoir vraiment avancer.

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  7. le 21 août, 2011 à 15:06 didierlebras écrit:

    Salut Muse,

    je me renge à ton avis.

    J’espère surtout que cette violence verbale ne sera pas au RDV de la prochaine promo du lièvre … Que ce dernier ne détale pas sous le courroux du Jean-Louis … Je garde un très mauvais souvenir d’une ITW avec Pascale CLARK qui l’a toujours défendu …

    Dernière publication sur  : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...

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  8. le 21 août, 2011 à 15:39 Muse écrit:

    Hello Didier.
    J’ai un peu cette crainte aussi…Pascale Clark n’a jamais été dupe mais pensait qu’il pouvait sortir de cette logique destructrice. Je le pense également. Maintenant, en a-t-il la volonté??? C’est là où le bât blesse…

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