- 37 bis – Jean-Louis MURAT … et l’idée de la mort … (suite) …
La pochette du prochain album de Jean-Louis MURAT, j’ai nommé : « Morituri » sortie annoncée le 15 avril 2016, est toute de noire vêtue. L’année 2015 a été particulièrement sombre. Le monde dans lequel nous vivons est trouble, les perspectives pour demain ne sont guère réjouissantes. Plus que l’idée de la mort pour lui même, cet album nous parle de la fin d’une époque (celle de l’insouciance), de la fin d’un monde (celui des petites gens de la campagne qu’ils soient paysans, artisans ou commerçants) … Ce n’est pas cette fin annoncée qui pose problème, c’est ce vers quoi nous allons, c’est l’héritage que nous laissons aux générations futures. Demain n’est que questionnements et doutes. Cela fait vingt ans voir plus que, par petites touches dans ses chansons, avec plus de virulence dans ses interviews, MURAT nous annonce des jours difficiles. Nous y sommes. Le pire n’est pas certain. Il nous pend au nez. Le pochette noire de « Morituri » symbolise une époque marquée par l’ obscurantisme religieux. Il est des hommes qui, aujourd’hui, nous ont déclaré la guerre, souhaitant l’hégémonie d’un seul Dieu, celui qu’ils vénèrent. Ce début du 21ème siècle a des parfums de guerre des croisades. Le défi pour les sociétés libre comme les nôtres est immense : comment se défendre sans tomber dans les travers de l’ennemi ? Comment prévenir ce danger mortel, sans donner dans la surenchère ou au contraire en se gardant de tout angélisme. Cela fait tellement longtemps que MURAT nous invite à ouvrir les yeux. Pendant ce temps PAGNY nous convie à « prendre le train … à traverser les plaines » sur une musique de bon aloi. C’est vrai, on peut faire comme les autruches et se dire que : « Tout va très bien Madame la Marquise … ». MURAT n’est pas de cet avis là, il nous le dit dans ses chansons nouvelles. Nul doute que ses prochaine interviews nous éclairerons encore plus sur ses interrogations, ses peurs. Ce n’est pas faute d’avoir été prévenus. Mais comme toujours, nous préférons fermer les yeux, nous boucher les oreilles. Le pire est à nos portes. Ce n’est pas l’étranger. Ce sont les extrêmes. Faute de savoir retenir les leçons du passé, faute de prévenir, nos errements nous jettent dans les bras des va t’en guerre. Il faut dire que la nullité de nos « décideurs » lesquels ne décident d’ailleurs de rien, qui disent une chose et font le contraire ne fait qu’ajouter à la noirceur du tableau. Celui que dresse MURAT de notre société est particulièrement sombre. Il est pour autant réaliste. MURAT n’est pas un bonimenteur. MURAT est ce troubadour qui chante aux hommes de la cour les soucis d’un monde qui court à sa perte.
La pochette de « Morituri » c’est également deux tâches blanches au milieu de la noirceur ambiante. Le cygne est aussi beau dans l’eau qu’il peut être disgracieux hors de l’élément liquide. Le cygne est méchant lorsque l’on n’est pas agréable avec lui ou plus encore lorsque l’on s’attaque à sa progéniture. Il y a là sans doute matière à message. Le blanc c’est aussi un peu d’espoir, il faut espérer que tout n’est pas perdu. MURAT garde foi en l’avenir. Il faut seulement arrêter d’être naïf, cerner les problèmes qui nous guettent et y trouver remède. Se refermer sur soi n’est pas une solution. MURAT n’a jamais été et ne sera jamais un adepte du « Y’a qu’à ! » … de la démagogie … La solution est dans le bon sens qu’il prône depuis des années. Cela lui vaut bien des railleries. MURAT trace son chemin. « Morituri » n’est qu’une étape. Déjà il est ailleurs …
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Extrait de : « Tous mourus » … Album … « Morituri » (2016).
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« Le boucher s’est pendu »
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« Le boucher est mouru »
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« V’là que le paysan s’est noyé »
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« Dans le purin »
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« Le paysan est mouru »
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« Le garde-chasse s’est pendu »
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« On l’a retrouvé nu »
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Le garde-chasse est mouru »
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« Le curé s’est mordu »
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« Le buraliste est cocu »
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« V’là que le curé est mouru »
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« La boulange est foutue »
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« Mais qu’est-ce qui nous a fait ça ? »
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La question vaut effectivement d’être posée : « Qu’est-ce qui nous a fait ça ? ». La réponse ? Eh bien : « C’est nous ! Oui par notre bêtise, notre appât du gain, nos raisonnements à courte échéance, notre manque de vigilance, notre naïveté, notre faiblesse, notre absence de courage … « .
Ci dessous : extrait d’un article paru dans « Politis » n° 1370 signé : Jean-Claude RENARD : » En 2014, ce sont 950 marchands de presse qui ont fermé, avec un risque pour le pluralisme de l’information. Les acteurs du secteur manifestent leur vive inquiétude.
« Trop, c’est trop ! » Les diffuseurs de presse lancent aujourd’hui un cri d’alarme. Il y a de quoi. En 2014, ce sont 950 points de vente qui ont disparu du circuit. Presque 4 % en un an. De fait, combien de kilomètres doit-on parcourir pour trouver son journal dans la semaine, pire encore le dimanche ? On est maintenant passé sous la barre des 26 000 points de vente sur le territoire – contre 29 000 en 2005. À l’évidence, ça s’accélère brutalement. Chaque matin, ce sont trois ou quatre marchands qui disparaissent.
Tel est le cas de Jocelyne DENISOT, qui a tiré le rideau au début du mois, à Dinan. Elle travaillait six jours sur sept, 72 heures par semaine, pour un bénéfice de 700 euros (la commission d’un marchand de journaux se situe entre 14 et 18 % par titre vendu, ce qui en fait une profession de smicards, au mieux). Tel est encore le cas de Marc, dit « Marco la presse », à La Varenne-Saint-Hilaire (94), dans un quartier favorisé, qui a fermé au printemps, après un redressement judiciaire. Sa Maison de la presse de 50 m2, avec ses 2 400 titres, perdait 1 600 euros par mois ».
Ce que nous vivons aujourd’hui est la résultante d’un long cheminement. Ce sont les paysans qui s’en vont … les fermes abandonnées …
Ce sont les services qui n’ont plus cours, devenus non rentables …
A présent ce sont les commerces qui ferment … jusque y compris dans le centre des grandes villes …
Résultat de tout ça ? Une vraie misère sociale ! Une Marine LE PEN qui ne cesse de monter d’abord dans les intentions de vote, à présent dans les urnes … Jusqu’ou ??? La question est posée !
Que Dieu nous préserve du pire lequel n’est pas loin.
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Extrait de : « French lynx » … Album « Morituri » … (2016).
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« Tu sens comme tout de toi/Ne prend plus la lumière
Glisse sans fin vers la rivière/Dans la vie d’ici »
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« Je crois qu’il ne nous reste/Que la peau et les os
Dans la vie d’ici »
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« La vie d’ici » … n’a qu’un temps et celui-ci nous est compté …
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