Jean Louis MURAT … Tristan … 2008.
Ce nouvel album sorti le 31 mars 2008 bénéficie d’une production classique.
- CD boîtier classique – V2/Universal – n° 75306374.
Tracklisting: 1 La légende dorée (4’43) – 2 L’amour en fuite (5’07) – 3 Mousse noire (4’48) – 4 L’hermine (3’36) - 5 Chante-bonheur - 6 Tel est pris (3’23) – 7 Les voyageurs perdus (4’13) – 8 Dame souveraine (3’37) – 9 Il faut s’en aller (3’07) – 10 Marlène (6’07). + 2 titres opendisc : 11 La prière - 12 Au précieux monde sans nom.
- CD promo – V2/Universal – hors commerce – visuel noir et blanc différent de pochette ci-dessus avec les mêmes titres.
- CD boîtier classique – V2 Universal – n° 75306374 – pressage Canada.
- CD promo – monotitre – Tel est pris » (3’09) – sortie février 2008.
- CD promo – monotitre – visuel différent – « Mousse noire » (3’20)
- CD promo – acétate » Mousse noire » (3’20)
- CD promo – acétate « Marlène » (3’02)
- Boîtier collector V2/Universal « Tristan+Taormina » n° 5310344 – sortie le 22 09 2008.
- clip officiel « Tel est pris ».
Ce nouvel opus a été enregistré en Auvergne pendant l’automne 2007 par Aymeric LETOQUART (déjà responsable de l’enregistrement et du mixage de « Taormina » en 2006). De ce disque MURAT dit lui même : « Tristan est un Sancy de tristesse. Il ne s’entend bien que si l’on pense comme moi, que Dieu est une femme ».
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Toujours dans le cadre de la campagne promo, à l’AFP le 26 mars 2008 il déclare : « J’ai tout fait à la maison parce que ce n’était pas possible autrement. C’est la première fois que je fais un disque comme ça : je l’ai enregistré chez moi, je joue de tous les instruments et je chante, ce qui donne sûrement un côté feutré ».
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Pour le « Figaro Madame »MURAT se livre sans concession et répond aux questions de Laurent MEREU/BOULCH. Les questions sont simples et directes, les réponses vives. C’est ce qui m’a plu dans cette interview.
Question : A quel moment avez-vous été le plus heureux ?
JLM : A la naissance de mes deux derniers enfants : ma fille Justine en 2004 et mon fils, il y a 1 an.
Question : Votre dernier fou-rire ?
JLM : Il y a quelques jours, lorsque j’ai dit à Justine : »Il ne faut pas parler comme ça. C’est un gros mot ». Elle m’a répondu : « C’est quoi un petit mot alors ? ».
Question : La dernière fois que vous avez pleuré ?
JLM : L’été dernier à l’enterrement de mon voisin, un vieux paysan que je considérais comme mon grand-père de substitution. C’est un gros chagrin qui m’habite encore »
Question : Quel est le principal trait de votre caractère ?
JLM : L’inconstance, l’impatience, l’instabilité.
Question : Et celui dont vous êtes le moins fier ?
JLM : Je m’emporte facilement. La vie moderne ne me va pas. J’aurais été à l’aise à l’époque du Far-West.
Question : La chanson que vous sifflez sous la douche ?
JLM : Le dernier disque de PJ HARVEY. Une merveille.
Question : Votre truc contre le stress ?
JLM : L’écriture. J’écris au moins 3 heures par jour.
Question : Votre boisson préférée ?
JLM : Le justine. Je l’ai inventé spécialement pour le baptême de ma fille. C’est à base d’anis pur. En gros, tu en bois entre quatre ou cinq, et tu perds connaissance.
Question : Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ?
JLM : Mes histoires d’amour qui se sont toutes terminées. Quand j’y repense, j’ai le sentiment que le meilleur de l’autre et le meilleur de moi-même se sont exprimés.
Question : Que possédez-vous de plus cher ?
JLM : Les penchants de mon coeur.
Question : Votre film culte ?
JLM : La prisonnière du désert de John FORD.
Question : Votre acteur (ou actrice) préféré ?
JLM : John WAYNE.
Question : Votre héros dans la vie ?
JLM : Bonaparte. C’est pour celà que je m’appelle MURAT. L’homme à cheval qui part de rien. Je suis un guerrier frustré.
Question : Vos écrivains préférés ?
JLM : PROUST. Je suis un inconditionnel.
Question : Le talent que vous aimeriez avoir ?
JLM : Avoir plus de mémoire. Quand j’entends DYLAN dire : « J’entends une chanson une fois, je me souviens à vie des paroles et de la musique ». Je trouve ça fabuleux.
Question : De quoi avez-vous peur ?
JLM : De la mort. Elle m’obsède depuis que je suis enfant. J’ai peur de ne pas être prêt au moment de mourir.
Question : Votre mot préféré ?
JLM : Concupiscent. J’éprouve un infini plaisir à le dire.
Question : La phrase qui vous déstabilise ?
JLM : Je ne vous aime plus.
Question : Que détestez-vous par dessus tout ?
JLM : Le monde actuel. Je n’aime pas cette démocratie qui se transforme en tyranie des imbéciles. Cela fait de moi un antidémocrate.
Question : Petit que vouliez-vous faire ?
JLM : Je souhaitais être un conquistador, un cow-boy …
Question : Quel est le prochain rêve que vous voudriez réaliser ?
JLM : Etre un bon père. C’est être un exemple tout en n’étant pas exemplaire.
Question : Votre prochain lieu de vacances ?
JLM : Chez moi en Auvergne. Laure ma femme ne veut pas que je parte. Les vacances loin de la maison, c’est le début des hostilités.
Question : Qu’est-ce que vous aimez que l’on dise de vous ?
JLM : Il a gagné Austerlitz à lui tout seul (grand éclat de rire). Je suis Napoléonien en diable. Appelez-moi Julien SOREL.
Question : Quelles sont les femmes de votre vie ?
JLM : (long silence) Ma mère. Oui, ma mère.
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Le 30 mars 2008, Michel TROADEC, chroniqueur au journal « Ouest-France »présente « Tristan » à ses lecteurs :
« Ce nouvel opus suit celui consacré à BAUDELAIRE. MURAT déclare : « A force de cotoyer ce niveau de langue, il m’est sorti cette fois quelque chose d’intemporel ». Le journaliste poursuit sa chronique : « C’est une langue d’hier qu’il emploie dans ses nouvelles chansons, ce qui donne à la fois un petit parfum suranné et beaucoup d’élégance ». Il précise : « Ce disque ne chante que l’amour. Un amour « en fuite ». Un amour de « voyageurs perdus ». Car l’amour des deux héros de légende ne s’est pas bien terminé. Il y a bien la douce « Chante bonheur » qui illumine un peu ce paysage de brume, mais c’est parce qu’elle a été écrite en pensant à sa fille« . Michel TROADEC termine son billet ainsi : « L’auvergnat a joué seul, guitare basse, batteries, claviers et saxophone« . Murat enchaîne : « J’avais prévu d’aller enregistrer en Irlande, mais avec la fin de mon précédent label, je me suis moi aussi adapté à la crise. Je ne suis pas une pleureuse de show-biz« .
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« PINKUSHION » le 11 avril 2008, nous délivre une critique qui a le don de me réjouir. Je vous la livre donc : « Murat se contente juste d’être un emmerdeur de haute volée. Un artisan bougon à la plume magique ».
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Alain BRUNET pour « Arts et spectacles »procède à l’interview du Brenoï le 12 avril 2008. Une question et la réponse qui suit ont retenu mon attention :
Question : Comment situez-vous « Tristan » dans cette imposante discographie ?
JLM : Je préfère le prochain. Je n’aime pas me retourner.
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Pour « La Dernière Heure » Belge Isabelle MONNARTle 12 avril 2008 parle « amour »avec Jean-Louis MURAT :
Question : L’histoire de Tristan, l’amour sous ces formes là, vous habite depuis longtemps ?
JLM : Je pense que l’amour est une maladie. Enfin, celui que je chante. C’est une addiction. La sexualité est une technique … mais l’amour vécu comme une maladie commence avec Tristan. On a eu la libido façonnée pour ça. Que l’on prenne n’importe quelle série à la télé, n’importe quelle chanson, c’est toujours comme ça que l’amour est abordé. L’adultère aussi. Toutes choses que je connais bien … Je me suis toujours senti très proche de Tristan. Je suis une victime de l’époque.
Question : Vous en voulez beaucoup à Yseult ? Tout ça est aussi un peu de sa faute …
JLM : Elle c’est une salope. C’est elle qui mène la danse. les femmes font le malheur des hommes, et le malheur des hommes irrigue la poésie. Mais Yseult est très fascinante, attirante, mais quelle source d’emmerdements …
Question : Cet album n’est donc pas le 1er volet d’un diptyque ?
JLM : Yseult est déjà en creux. je ne suis pas tendre avec les filles.
Question : ça ne vous est pas égal de penser que les filles ne vont peut-être pas apprécier ?
JLM : Elles aiment bien je pense. Elles aiment les salopards de mon genre (rires).
Question : Vous parlez pas mal de sexe avec des mots qui, pour certains ne l’évoquent peut-être pas, c’est un jeu ?
JLM : Je prends de plus en plus de distance, parce mes enfants – notamment ma fille Justine – écoutent mes chansons. Quand elle m’a demandé ce que c’est qu’un « muscle doux » je me suis dit qu’il fallait que je donne vraiment dans la métaphore …
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Dans le journal « M la musique » on peut lire cette critique : « Tristan est aussi beau que triste« .
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Pour « Le Soir Belge » le journaliste Thierry COLJON interroge MURAT sur le succès « confidentiel » de sa musique. L’Auvergnat lui répond : « Je fais de la musique pour dans un siècle. C’est ma façon de penser à la postérité. Le succès n’apporte que des troubles ».
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Dans les « Inrockuptibles » le 30 avril 2008 Marc BESSE nous livre une critique remarquable …
« Un jour, MURAT ne fera plus de disques, il ne postera même plus de chansons sur le net. Ce jour là, on s’apercevra à quel point on aimait ses livraisons bisannuelles, ses chansons sans prétention, sitôt nées, sitôt enregistrées dans son studio-tanière au milieu des volcans endormis. Et puis, on relira l’ensemble de l’oeuvre. Arrivé à Tristan, on en aura encore le souffle coupé, l’épine dorsale tressaillie. Et on hurlera au génie de Millevaches. L’histoire de MURAT, on la racontera alors aux prosélytes en prenant ce 24ème album comme la pierre angulaire du répertoire. On célébrera l’audace du dernier héritier des trouvères (Tel est pris/La légende dorée), le cabotinage classieux de l’ultime desperado d’un country bluesée à la française (Les voyageurs perdus). La légende parlera de ce mec tout seul, jouant de tous les instruments, refilant ses maladies d’amour aux cordes qu’il gratte, aux cuivres qu’il expire et aux peaux qu’il caresse. Pour l’affaire, il aura mené un dernier duel avec son saxo, sa 1ère muse à la gorge grave qu’il avait abandonnée depuis des caisses pour entrer de vieux vagissements séminaux dans la plus grande élégance roxymusicienne (Marlène). Ces 11 chansons resteront à vie comme celles qu’il a réalisées en solitaire, en osant enfin tout faire lui-même, devant le miroir, comme la première oeuvre de son apogée, la dernière avant une inexorable suite de répétitions de lui-même. Et puis, il y aura cette poésie, que l’on, comparera aux acrobaties de RONSARD bien plus qu’au romantisme trash de BAUDELAIRE : un indélébile savoir-vivre de la langue, en prolongement filial avec la courtoisie des auteurs baladins des 14ème et 15ème siècles, qui aura propulsé MURAT dans des paragraphes entiers des manuels de français pour la préparation du bac.
(…)
Ce jour là nous serons en 2050 et MURAT aura presque un siècle. Ultime coquetterie de râleur éternel : il dira dans ses rares interviews qu’il prépare un disque occitan, pour boucler la boucle de sa colossale odyssée et enfin gagner son fauteuil au paradis des troubadours. Et comme d’habitude, on le prendra pour un dingue … un dingue avec plus de 1000 ans d’histoire de la chanson dans ses veines et plus de 100 disques au compteur ».
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Voilà … tout est dit … Fabuleux MURAT … prochain rendez-vous sur la tournée solo qui suit cet album …
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super ton blog didier
la classe j’aurais pas fais mieux
Sava il es bien ton blog !
Cher Didier, si il passe à Rennes et que tu puisses le contacter, demande une accréditation photographique…Je me ferais un plaisir d’agrémenter de quelques images ton blog… ;p