- 146 – Le cours ordinaire des choses …
Aujourd’hui 18 juillet 2016, c’est jour de deuil national. Jamais sans doute notre pays n’aura été autant divisé sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. J’ai mes convictions. Je se suis qu’un quidam. Il n’est donc pas utile que je vous les impose. Vous n’auriez d’ailleurs aucun intérêt à y porter. Plus encore, ces paroles ne seraient d’aucune utilité.
Pour autant, je ne peux m’empêcher de faire certains constats. Les médias, y compris ceux du service public ne pensent qu’à l’audience, faire du chiffre … J’emprunte à MUSSET qui écrit : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! ». Eh oui … A force de tirer sur la ficelle elle va bien finir par casser. Si ce n’est déjà fait … Un proverbe Allemand dit : « Tant va la cruche au puits qu’à la fin elle se casse ». Hélas nous n’avons plus le bon sens de nos anciens. Nous ne savons pas davantage retenir les leçons du passé. Nous n’avons pas cette humilité là ! Les médias ne sont pas responsables de tous nos maux. Ils ne font que refléter l’état de déliquescence de notre société qui se pense évoluée. De façon bien maladroite sans doute Jean-Louis MURAT, « le bougon des burons », c’est ainsi que l’a qualifié Olivier NUC, s’en est pris à quelques artistes qu’il a traités de « Gros cons ». Mal lui en a pris ! Il s’est mis tout le monde à dos. Sans doute qu’il n’espérait pas faire autre chose. Pour autant il a raison le bougre ! Aujourd’hui les médias volent au secours de tout ce et ceux qui gagnent de l’argent. C’est le seul critère qui vaille. La productivité …
MURAT, sa prose, sa qualité de jugement, son discernement, son bon sens … de tout cela ils n’en n’ont rien à branler les médias qu’ils aient pour nom « BFM – i.Télé – TFI - A2 ou FR3 – Ces braves gens de la télé va peut être falloir qu’ils pensent à sauver leur tête tous autant qu’ils sont. Nos médias (radios/TV) sont pour la plupart et plus encore ceux publics au bord du dépôt de bilan. Par chance, après les Jeux Olympiques certains ténors qui coûtent fort cher vont libérer la place … Je pense à Gérard HOLTZ et autres anciens du service des sports qui nous bassinent depuis belle lurette. Aux frais de la société encore une fois, tout ce petit monde va prendre la direction de Rio. Pour beaucoup d’entre eux ce sera le dernier voyage aux frais de la princesse. Alors profitez en messieurs ! C’est Alphonse ALLAIS (1854 – 1905) qui écrivait : »Tant va la cruche à l’eau qu’elle se case ». Non, je vous rassure il n’y a pas de faute. C’est à bon escient que j’ai utilisé le terme « caser ». Ce qui est et sera le cas de ces journalistes en vue qui n’ont rien à envier à beaucoup de nos politiques.
Ce jour, 18 juillet 2016, par ces temps de malheur, abasourdi, impuissant, malheureux de tant d’inopérance, j’ai entrepris de relire les derniers albums de MURAT. Une à une depuis : « Le cours ordinaire des choses » (2009) j’ai relu les chansons de l’Auvergnat. Je suis ébahi par la qualité du propos, la justesse des mots, la perspicacité du jugement, qui vaut pour l’instant présent et celui à venir. Comme si MURAT depuis 2009 avait prévu tout ce qui allait se passer aujourd’hui. En parallèle j’en reste coi devant le silence des médias à voir disparaître un artiste tel que MURAT. Pas un mot ou si peu ! Non : « Tout va très bien Madame la Marquise » … Et les radios de nous inonder de : « J’ai embrassé un flic » … qui va se vendre à millions ! C’est à désespérer du monde où l’on vit. J’aime RENAUD et son « Mistral gagnant » … J’aime aussi POLNAREFF et sa « Lettre à France » … Je déteste l’utilisation commerciale qui est faite de ces succès passés, le seul objectif étant de nous resservir la sauce et qu’au bout du compte les « pauvres cons » que nous sommes desserrions les cordons de la bourse … Ce que nous faisons allégrement ! Allez : « Tout va très bien Madame la Marquise … Mais cependant, il faut que je vous dise … »
Nous sommes en 2016 et déjà en 2009 MURAT nous prévenait qu’il y avait le feu à la maison …
Extrait … « Comme un incendie » … (« Le cours ordinaire des choses ») … 2009 …
(…)
« Au royaume/Ou tout fabrique du faux«
(…)
« Le cours ordinaire des choses me va/Comme un incendie ».
(…)
« Gloire d’égouts/Enculade/Maladie de nos aïeux »
(…)
« Le cours ordinaire des choses me va/Comme un incendie« .
(…)
Cette année là, je ne sais les raisons de son choix, MURAT s’est penché sur le cas d’une de ses amies, dont il a préservé l’identité sous le nom de : « Madame D » …
Extrait de … « Ginette Ramade » … (« Le cours ordinaire des choses ») … 2009 …
(…)
« Quand la truie du temps à gueule malade/Viendra vous lécher à minuit
Il n’y aura plus de chanson/Madame D »
(…)
Chantant « La mésange bleue » MURAT s’interroge et nous questionne aussi : « La race humaine vient-elle des cieux ? » Puis affirme : « On perd tout entendement/On pleure comme pleurent les enfants/On sent que vient un dernier été ».
Passent deux années, qui vont nous permettre de faire la connaissance de « Grand lièvre ». Je ne sais pourquoi d’emblée je pense à l’expression : « Prendre ses jambes à son cou » qui au tout départ voulait dire : « Prendre ses jambes sur son col » signifiant : « Se résoudre à partir pour quelque message ou quelque voyage ». C’était se préparer à un déplacement, et comme les bagages se portaient en bandoulière, le terme « col » est tout à fait adapté. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que la notion de vitesse et de promptitude s’est fait jour. MURAT n’a pas le moral. Il l’écrit …
Extrait de … « La lettre de la pampa » … (« Grand lièvre ») … 2011 …
(…)
« Jouir et puis manger me font pertes inouïes/Je ne crains pas l’hiver ».
(…)
Nous voici en 2013. En espadrilles, à vélo, est-ce la bonne tenue pour prendre la poudre d’escampette. Voilà qui vient du verbe ancien « escampe » qui veut dire fuir ! Une fuite en avant ? C’est pas du genre à MURAT qui nous prévient de sa lassitude … Voilà qui ne fait pas des certitudes …
Extrait de … « Amour n’est pas querelle » … (Toboggan ») … 2013 …
(…)
« Que j’eusse aimé l’automne/L’automne ou bien l’hiver
Tout incite à jaser/Pour presque rien ».
(…)
MURAT reste de bon conseil …
Extrait de … « Robinson » … (« Toboggan ») … 2013 …
(…)
« Ami qui va perdre le nord/N’oublie jamais ton azimut ».
(…)
Notre société mène à l’ennui, à la désespérance … S’il n’avait pas été chanteur Jean-Louis BERGHEAUD serait peut-être devenu truand. C’est avec semble t’il quelques scrupules qu’il nous prévient …
Extrait de … « J’ai tué parce que je m’ennuyais » … (« Toboggan ») … 2013 …
(…)
« J’ai tué parce que je m’ennuyais/Dois-je vous le chanter … ».
(…)
Nous sommes en 2014, MURAT nous conduit en pays de « Babel » … Il nous mène en direction du Crest, pays de son enfance, où il a vécu une enfance heureuse et difficile à la fois … MURAT s’est construit sur ces difficultés là …
Extrait de … « Dans la direction du Crest » … (« Babel ») … 2014 …
(…)
« La chanson d’enfance m’est revenue/De sang noir viande crue
Le soleil se lève ensanglanté/Jusqu’aux hanches effrayé
Un pavé humide guide mes pas/Abreuvoir camélias
Pourquoi changer l’ordre des passions/Révolver et chanson
Et n’y puis rien changer« .
(…)
Voilà un constat lucide et froid. MURAT nous prend la main, et nous donne à entendre les confidences faites à : « Long John » …
Extrait de : « Long John » … (« Babel ») … 2014 …
(…)
« Il est temps fuyons/L’île n’est pas déserte John/Retournons au lieu/Ou rien ne nous attend ».
(…)
« Il est temps partons/Sans laisser d’adresse John/Fuyons ce roman/Qui nous mange le temps ».
(…)
« Quittons cet exil/ Que me font les chansons« .
(…)
Incapable de changer le cours des choses, MURAT semble las de bien des choses …
Extrait de … « Les ronces » … (« Babel ») … 2014 …
(…)
« Je ne veux plus chanter/J’ai chanté trop abondamment« .
(…)
« Morituri » nous conte les malheurs de l’année 2015. MURAT n’est pas surpris puisqu’il l’avait prédit. Chez lui, au bistrot du coin, sur le marché du coin, il a l’oreille des braves gens. Il sait leurs soucis, il connaît leurs craintes, il sait leur désespérance. Mieux il comprend. MURAT est un homme bon. Une nouvelle fois il constate, des regrets au fond de la voix …
Extrait de … « Frankie » … (Morituri ») … 2016 …
(…)
« Les gens de mon espèce/Ne trouvent jamais de logis« .
(…)
Voilà des mots qui auront été écrits avant le Bataclan. C’est un MURAT incrédule qui cherche la réponse, non plus auprès de l’homme qui n’est que mensonge, mais auprès de ses amis les chevaux …
Extrait de … « Interroge la jument » … (« Morituri ») … 2016 …
(…)
« Mon Dieu que tu es méchant/Quel malheur pour les enfants
Non tu manques de jugement/Interroge la jument ».
(…)
Sévère, MURAT tance nos responsables, tellement irresponsables, qui ne pensent qu’à eux, qui mentent pour conserver leur place …
Extrait de … « Nuit sur l’Hymalaya » … (« Morituri ») … 2016 …
(…)
« L’esprit religieux/Vient d’un monde faux ».
(…)
« Quelque gloire de France/Sert de risée ».
(…)
« Nous tenons nos chefs/Au mépris complet/Tout est d’impuissance/Et de fausseté« .
(…)
La conclusion de MURAT est terrible, elle ne fait que refléter la réalité d’un pays divisé, pour ne pas dire plus … Plus que jamais c’est de Grand Charles que nous avons besoin et non d’un nain de jardin qui se croirait homme providentiel après nous avoir mené au chaos … Son successeur ne vaut mieux : lui qui se fait couper les cheveux en quatre …
Extrait de … « French lynx » … (« Morituri ») … 2016 …
(…)
« Tu te crois indigène/Mais tout est éboulis ».
(…)
« Tout est vain et cruel/Au temps que tout emporte« .
(…)
Ceci dit, difficile de croire en des jours meilleurs. Après le « Bataclan » c’est Nice … Oui, nous sommes en guerre ! Et moi, j’ai le cafard MURAT aussi …
Extrait de … « Le cafard » … (« Morituri ») … 2016 …
(…)
« J’ai eu le cafard/C’te beauté fatale/Pour les gens paumés ».
(…)
Je reviens en 2009 où MURAT nous chante : « Chanter est ma façon d’errer » …
J’en veux à cette société qui ne sait pas reconnaître les « meilleurs des siens ». Je sais, je ne suis pas le meilleur juge, je ne défends pas d’intérêt particulier, mais le message de MURAT mérite un meilleur écho. Je suis triste que nous ne soyons pas plus lucides …
***
Salut ,en effet certaines chansons de JLM évoquent si « bien » notre société,que celle ci n’a pas « envie » d’écouter Murat…
« Chanter est ma façon d’errer »est sublime en version LIVE sur le double CD de Grand Lièvre !!
Bon été!
Merci à Toi Patrice, bon été également.
D
Dernière publication sur : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...