- 143 – Il aime MURAT … Me le dit … Il chante … et vit de presque rien …
Ce jour sur le net, par inadvertance, j’ai fait la connaissance de Jean-Baptiste HAUMESSER. Sur le blog que je consacre à MURAT le jeune homme ferraillait dur avec une Demoiselle. L’objet du délit ? Une citation de Jean-Paul SARTRE ! La Demoiselle prêtant à ce dernier la phrase : « Je est un autre ». D’après mes recherches il semblerait qu’il s’agisse là du titre d’un livre écrit par Maurice ZUNDEL. Quant à SARTRE sur autrui il a écrit : “Autrui, c’est ce moi qui n’est pas moi” et “Je ne constitue pas autrui, je le rencontre”. Je ne cherche pas à m’immiscer dans cette querelle. Je suis persuadé que Jean-Baptiste et la jeune fille sont d’un avis bien plus proche qu’il n’y paraît. Les querelles sur le net dérapent facilement. Je me garde de prendre position pour l’un ou pour l’autre. Je suis certain que les mots échangés ont dépassé la pensée de l’un et de l’autre. Pourquoi cet avis ? Les deux belligérants aiment MURAT. Voilà qui me les rend sympathiques. Je déteste les disputes. Allez on écoute : « Se mettre aux anges » …
Jean-Baptiste ayant par ailleurs pris l’initiative de me contacter pour obtenir des tuyaux sur la discographie de MURAT … j’en profite pour le questionner et lui demande : « Pourquoi MURAT ? ». Voici in extenso sa réponse qui me va droit au cœur : « J’ai découvert MURAT assez jeune, c’était le clip de « Tout est dit », j’avais donc 12 ans … Je n’ai d’ailleurs jamais retrouvé cette vidéo, c’était en plan subjectif il me semble ? Plus tard ce fut la sortie de « Dolores », là j’en avais quinze … on écoutait en boucle « Le Môme éternel » avec des amis …
Je ne pourrai pas tout écrire ici sachant que ceci sera rendu public, une simple chanson peut avoir un pouvoir fou … certaines personnes ne sont plus là … certaines personnes pour qui la musique était tout, la poésie aussi … J’avais donc cette cassette avec « Venus » et « Dolores » dessus, à ce jour, je peux dire que « La fin du parcours » est mon morceau préféré (avec « Le monde caressant » qui suit) tout simplement parce que le plus écouté … « Mustango » m’avait fort impressionné également, c’est au « Moujik … » que j’ai décroché un peu …
Mais, j’ai finalement gagné sur mon retard depuis et je découvre plein de choses merveilleuses, quelques exemples: « Démariés » est un des plus grands morceaux de langue française il me semble … la première moitié de « Toboggan » est absolument superbe, enfin …
L’importance de MURAT est tout d’abord due à l’équilibre unique qu’il a su trouver entre la tradition de chanson en France et ses influences avant tout étasuniennes … Je suis d’accord sur ses analyses concernant la chanson francophone (contre BREL, par exemple), et nous avons, pour ainsi dire, les mêmes amours outre atlantiques (DYLAN, COHEN, YOUNG …);
Etant moi-même auteur-compositeur, je ne peux qu’être touché par l’œuvre d’un bonhomme qui réussit, et depuis tant d’années, cette équation dans laquelle beaucoup ici se sont pris les jambes!
Je suis également admiratif de l’intransigeance du personnage, son côté incorruptible, car tout cela forme un tout, jamais il ne pourrait écrire et chanter tel qu’il le fait s’il avait accepté les nombreuses concessions que l’Industrie a voulu lui imposer tout au long de sa carrière … J’aime sa liberté. J’aime sa voix. (ce que je supporte le moins dans la chanson française, c’est le côté post-Gainsbourien, qui veut que le talk-over soit la seule alternative vocale acceptable) J’aime sa plume. (l’homme qui a écrit- et sans doute sur le coin d’une nappe avec un coup dans le nez- « à l’aise dans le dédale » ne peut être qu’un génial poète!) ».
Voici un portrait du jeune homme …
Il se trouve que Jean-Baptiste est auteur interprète. Son nom de scène : « Le Bâtiment ». Il a 35 ans. Il est autodidacte et m’assure : « Je n’ai d’autre ambition que d’écrire les chansons les plus belles possibles ! J’habite Paris. Je survis pour l’instant, maigre salaire de misère pour la capitale ». Eh oui, la vie de saltimbanque n’est pas facile. Il n’est qu’à voir MURAT pour s’en persuader. Je vous laisse imaginer les difficultés à surmonter pour de jeunes auteurs qui n’ont que le net pour essayer de se faire un nom et gagner quelques subsides. Jean-Baptiste ne m’a rien demandé. C’est ma curiosité qui m’a guidé. Et voilà que je suis tombé sur ce titre : « Montre combien » …
Cela fait des années que Jean-Baptiste essaye de se faire un nom. Ses mélodies ont touché la corde sensible des membres d’une jeune maison de disques de province : « Objet/Disque » pour qui il a concocté un album : « Vous arrivez trop tard » que l’on peut acquérir (frais de port compris) pour une somme inférieure à 10 euros. C’est ce que j’ai fait. Je suis certain de n’avoir pas à le regretter …
En cadeau vous aurez droit à un sampler (édition limitée) comportant des titres de jeunes artistes Français dont certains sont admirables … Je n’en citerai qu’un : « Beau perdant » par « CHEVALREX » …
Jean-Baptiste me précise qu’il a appris la guitare seul, alors qu’il avait 14 ans …
Dans l’un de ses dernières chansons le jeune homme écrit : « Je vis de presque rien » (…) « Je vis de quelques rêves » (…) « Je vis de peu de choses » … Ci-dessous, surement écrit aussi sur un coin de table, un papier griffonné sur lequel apparaît le nom de : « MURAT » ainsi que celui de : « FERRE » … Voilà qui me convient … L’auteur de ce message a pour nom : GONTARD dont Jean-Baptiste me dit : « GONTARD est soutenu, comme moi, par La Souterraine, une nébuleuse au secours de la chanson francophone » …
Merci jeune homme de m’avoir accordé un peu de temps … Toujours sur mon blog vous serez le bienvenue. Vous nous direz la suite de votre carrière … Je vous souhaite le meilleur !
Julie DESLYPPER HAMON autre habitué de mon blog me fait savoir que : « Je est un autre » est une phrase de RIMBAUD, dans la lettre dite « du voyant », envoyée à un ami en 1871″. Extrait : « Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène. » Tout cela me ramène à mon adolescence ! ». Voilà qui est dit …
***
Didier, « Je est un autre » est une phrase de Rimbaud, dans la lettre dite « du voyant », envoyée à un ami en 1871. Extrait : « Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène. » Tout cela me ramène à mon adolescence !