- 138 – Jean-Louis MURAT … le provocateur …
Alain DE REPENTIGNY journaliste et critique musical au Québec était présent lors du concert donné par MURAT sur une scène Parisienne devant les caméras d’Arte le 3 mai 2016. Dernier concert de MURAT si l’on excepte le « Koloko » du 18 juin prochain ? Hélas ce n’est pas impossible. Pour les lecteurs de « La Presse.ca » le journaliste Québécois recueille les propos de l’artiste le lendemain de ce live à « La Maroquinerie » ou trop vite MURAT s’est éclipsé. Avant de quitter la salle MURAT jette à l’intention d’un journaliste un « Casse toi pauvre connard » qui n’est pas du meilleur effet. Loin de se dégonfler, le lendemain même des faits, MURAT confie à DE REPENTIGNY son sentiment sur les journalistes : « Il les déteste tous ». Dans une brève interview accordée à « ARTE » MURAT lâche cette phrase tout en provocation : « J’espère que TRUMP va être président parce que TRUMP, c’est le fils des médias. Vous l’avez créé ». C’est vrai, dans la vie on n’a que ce qu’on mérite. Quelle figure plus hideuse en effet que celle du candidat Républicain à la Maison Blanche ? Quelles idées plus abjectes que celles de cet homme, milliardaire, raciste, imbu de sa personne. Dégoûtant personnage pour sûr, qui pense que l’argent lui confère tous les droits. Décidément TRUMP c’est la pire image que l’Amérique puisse donner d’elle-même. MURAT le sait. Pour autant il n’hésite pas une seconde à lâcher cette phrase assassine, au risque d’être pris pour un partisan de ce fou furieux. Encore une fois l’Auvergnat n’en a cure. Au cours de cette campagne promo il dit aussi : « n’avoir que faire de son image publique ». Il le confirme ici faisant référence à TRUMP.
MURAT pense ce qu’il dit. Il a raison. TRUMP, personnage odieux; détestable, est le produit d’une société où le libéralisme à tout crin est roi. Le fort y écrase les petits. Le riche se doit d’être toujours plus riche. MURAT est avant tout un homme de bon sens. Dans tout ce qu’il dit il y a toujours une part de vérité. C’est vrai que TRUMP est le produit d’une société où l’égoïsme est roi. C’est davantage cette société dite « moderne » mais au final tellement rétrograde, qu’il faut mettre en cause plus que les journalistes qui n’en sont que les simples chroniqueurs. MURAT le sait. C’est donc avec beaucoup de mauvaise foi qu’il s’en prend à tous les journalistes. Il est vrai aussi que cette télévision et cette presse avides de sensationnel, cherchant toujours à faire le « buzz », n’ayant aucun souci de la vie privée ou de la présomption d’innocence, peut à bien des égards vous donner le dégoût. En cela MURAT n’a pas tort. C’est sa façon de le dire, ne ménageant personne, englobant tout le monde dans le même sac qui crée la confusion, pire la gêne. C’est vrai MURAT s’en fout. Il persiste et signe. C’est à lui qu’il fait le plus de mal. Il s’agit là d’un comportement délibéré, pas forcément réfléchi, non prémédité. Hors interview DE REPENTIGNY a du évoquer avec l’artiste les évènements de la veille. Loin de se défroquer MURAT a préféré en rajouter une couche. Il aime qu’on l’aime, il aime aussi qu’on le déteste. C’est pourquoi il est parfois détestable. Pour mieux quitter la scène ? Ne pas avoir de regrets ? Partir sans se retourner ? Il est trop fier pour revenir sur ce qu’il a dit. Aujourd’hui ils ne sont pas nombreux ceux qui comme moi lui trouvent non pas des excuses, mais cherchent à comprendre le pourquoi de ce « suicide médiatique » ?
A bien des égards le comportement de MURAT ressemble à celui de DEPARDIEU qui affuble La France de tous les maux. Il n’a pas tout à fait tort non plus. Mais lui aussi est dans la provocation. Les propos de l’acteur sont plus réfléchis que ceux de MURAT. Il y a derrière les critiques acerbes de « notre Obélix » des considérations politiques à peine voilées, à savoir une vraie détestation de notre actuel Président et de ses atermoiements. Chez MURAT ce n’est pas le cas. Il y a autant de « désamour » de SARKOZY chez lui que de son successeur. SARKHOLLANDE ? Ce ne sont que mensonges et promesses non tenues. Leurs boniments nous conduisent droit dans les bras de « Marine ». MURAT ne cesse de nous prévenir de ce danger depuis le début des années 2000. Nous y sommes ! Les braves gens, les citoyens honnêtes, en ont marre. Ils se servent de leur bulletin de vote pour dire leur ras le bol. MURAT ne vote pas. Punk il a été, punk il est resté. Il préfère s’en prendre aux journalistes, ces « témoins » de jours bien sombres où tout va à veau l’eau. Beaucoup de ces journaleux savent que le propos de MURAT traitant ses collègues de « Gros cons » ne visent pas ces deux chanteurs, mais un système qui privilégie le succès facile, la redite, la copie, le play-back, à la nouveauté, au live … Hélas il n’y aura aucun journaliste digne de ce nom à prendre sa plume et oser dire ce que beaucoup pensent tout bas. Chacun cherche à protéger avant tout son propre statut, ses propres intérêts. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Une nouvelle fois MURAT va l’apprendre à ses dépens.
Ce que j’aime chez MURAT c’est sa franchise. Il est d’abord franc avec lui-même. La journée finie il peut se regarder dans la glace. MURAT ne se laisse imposer aucune autre vérité que celle de son ressenti, son bon sens de « paysan ».
Extrait de « French lynx »
(…)
« Tout est vain et cruel/Au temps que tout emporte »
(…)
« Je crois qu’il ne nous reste/Que la peau sur les os/Dans la vie d’ici »
(…)
***
Ajout le 16 septembre 2016 …
A lire dans la partie « commentaire » l’avis de « Mathieu » et la réponse que je lui ai faite … On peut ne pas être d’accord sur tout et rester dans le respect mutuel. C’est ce que j’essaye le plus souvent de faire.
Le 30 juillet 2016 sur le blog de Pierrot, « M » recense les : « Dix bonnes raisons de détester Jean-Louis MURAT ». Bel article qui signe semble t’il la fin d’un longue et belle collaboration avec Pierrot. En toute fin, « M » brillant à bien des égards s’adresse aux admirateurs de MURAT dont je suis. Il n’est pas tendre avec eux. C’est son droit le plus strict. Il égratigne : « Celle qui passe son temps à faire de la psychanalyse sauvage sur les textes de l’artiste » (…) « Cet autre qui pond des articles de trente mille signes où il projette sur son idole ses propres obsessions à coups de phrases interminables » (…) « Celui qui lui cire les pompes à longueur de site tout en se prétendant objectif ».
L’usage par « M » du féminin m’absout semble t’il du 1er choix … Il se trouve que je connais cette personne, totalement désintéressée, qui a un œil bien plus critique sur MURAT que « M » ne semble le laisser entendre. Par ailleurs, je puis vous assurer que cette Dame est avant tout une belle personne. L’adjectif « désintéressée » la qualifie parfaitement. Ce n’est pas rien dans cette époque où peu entreprennent, écrivent ou s’engagent sans esprit de lucre ou de pouvoir si petit soit il … Pour ma part je n’ai aucune prétention surtout pas celle d’être écrivain. Je ne suis qu’un simple scribouillard, qui toujours s’exprime à coups de phrases courtes. Voilà qui semble m’exclure aussi du second choix … Reste donc le : « cireur de pompes » … Si tel est le cas, je me dis que MURAT a botté le cul a tellement de gens « de pouvoir », que je n’aime pas, que je m’en trouve flatté. Peut-être que je me trompe ? Peut-être que je revendique une place que je n’ai même pas « dans la liste de M » ? Que m’importe, je m’en fiche ! Je souhaite à Mathieu le meilleur. Peut-être que son passage chez Pierrot lui aura servi de tremplin ? Pour ce qui me concerne je ne suis à la recherche d’aucun strapontin. Le seul qui m’attende est celui sur lequel je m’assois chaque jour pour y évacuer tout ce qui me pèse …
Que longtemps vive MURAT et son esprit rebelle à toutes les modes, tous les faux semblants, tous les faux culs, les menteurs, les tricheurs qui aiment tellement qu’on leur cire les pompes …
***
Salut Didier,
Accorde-moi quelques remarques sur cet éditorial.
Un détail tout d’abord : toi et moi avons visionné suffisamment d’archives télévisuelles de JLM pour savoir que celui-ci a chanté de nombreuses fois en play-back (parfois même dans des accoutrements douteux). Il lui arrive d’ailleurs encore de le faire lors de ses passages chez Drucker. De ce point de vue, il sait donc se fondre dans le moule quand ça l’arrange.
Sur le fond, maintenant. Il en est de la critique des médias comme de l’antifiscalisme, on peut y trouver à boire et à manger. Ainsi, il y a une légère différence entre la lutte contre la fiscalité d’une Lady Godiva ou d’un Robin des Bois et celle de ces millionnaires qui s’exilent dans des paradis fiscaux pour ne pas payer d’impôts. De même, il y a une différence de couleur idéologique entre la critique des médias telle que la pratiquent les descendants de Bourdieu et celle de Soral et de ses adeptes. Et il y a également une différence – de niveau cette fois – entre la critique des médias d’un Karl Kraus et celle d’un Florent Pagny (et son fameux « Presse qui roule me casse les couilles »). Or, j’ai tendance à trouver que les reproches adressés par Murat aux médias – quoique lui-même se dise lecteur de Kraus – sont souvent plus proches du niveau de Pagny que du pamphlétaire autrichien. Et je trouve cela un peu dommage…
À partir de là, j’ai deux questions à poser, dans deux domaines différents. Vu la fragilité actuelle de la presse (cf. « Magic »), les menaces qui pèsent sur l’indépendance de certains médias (cf. Canal +), l’impopularité des journalistes, la précarité d’un grand nombre d’entre eux, le nivellement par le bas provoqué par certaines mutations technologiques, etc., etc., etc., insulter copieusement tout une corporation est-il la meilleure méthode pour faire avancer le schmilblick ? Je n’en suis pas complètement convaincu.
Autre question, sur un point sur lequel j’avais eu l’occasion, voici quelques années, d’interpeller vigoureusement JLM (et en tête-à-tête) : qu’aurait été la carrière de Murat sans Foulquier, Hexylaine, Paquotte, Bayon, Lenoir, Théfaine, Lehoux, Cassavetti, Fevret, Nuc, Vergeade, Clark, Varrod et quelques autres ? J’ajouterai même : sans Drucker et Boyer qui l’ont souvent invité, avec beaucoup de complaisance et de bienveillance, dans leurs émissions ? Et que serait par exemple ce remarquable blog de référence sans les centaines d’articles de presse que tous ces « cons » de journaleux ont pondu, parfois avec une sincère admiration, sur le travail de Murat depuis plus de trois décennies ? Ces rappels ne doivent pas interdire toute critique ou empêcher les crachats dans la soupe, qui peuvent parfois s’avérer salutaires. Mais ils devraient peut-être induire une certaine tenue, dans la façon de procéder. Car JLM sait bien qu’il peut aussi y avoir du « débraillé » dans la manière de penser…
Bien à toi, Didier.
Salut Mathieu
je suis ok avec toi pour Foulquier et consorts … MURAT n’est que dans la provoc. Je dirai même l’autodestruction … il scie la frêle branche sur laquelle il était assis … Suicide médiatique ??? Sans avoir l’air d’y toucher l’ITW de DE REPENTIGNY est remarquable, elle e dit plus que toutes les autres sur l’état d’esprit actuel de MURAT. PERSO je n’ai rien contre les « journaleux » … je reconnais que j’ai hésité à employer ce propos qui pouvait paraître dédaigneux. J’ai surtout voulu éviter une nième répétition. J’en veux surtout, et je pense que c’est aussi le cas de MURAT, à certains médias « BFMTV3 qui ne sont que dans l’esbroufe, le tape à l’œil, le clinquant, le faux … Leurs reportages incessants et répétés sur RENAUD/POLNAREFF sont édifiants … Ils volent au secours de la victoire, de ce qui amène de l’argent, et ne font qu’amplifier ce succès, ce plébiscite … tout cela aux dépens d’artisans comme MURAT. Dans le journalisme j’aime aussi les artisans, qui ont l’amour des mots. Je leur consacre d’ailleurs une page sur mon blog et je n’ai de cesse de dire que certains ont bien du talent (page 49 : http://didierlebras.unblog.fr/49-ils-nous-parlent-de-jean-louis-murat/ … Merci à toi Matthieu de ton attention. D
Dernière publication sur : Jean-Louis MURAT ... il aime ... il n'aime pas ...