- 129 – Jean-Louis MURAT … belle plume !

Les premiers extraits sonores du nouvel album de Jean-Louis MURAT, j’ai nommé : « Morituri » sont disponibles dès à présent. Comme souvent, le choix du premier single : « French lynx », nous laisse perplexe, voire dubitatif.  Les extraits d’un second titre : « Nuit sur l’Hymalaya«  n’ont fait qu’ajouter à l’inquiétude de certains et aux interrogations de quelques autres.

« Morituri » ne pourra être jugé que sur pièce. Il en va ainsi de chaque nouvel album du sieur MURAT. Souvent la première écoute nous déçoit. Ce n’est qu’après plusieurs réécoutes que l’on goûte enfin aux subtilités du nouvel opus. Je ne m’inquiète pas, ce sera encore le cas cette fois ci. Le 15 avril 2016 n’est plus loin. L’hiver se sera totalement éteint. Les beaux jours seront de retour et peut-être que le « coucou » aura chanté …

Par des chemins de traverse, j’ai pu me procurer l’intégralité des textes des onze chansons nouvelles écrites par MURAT.  Je puis vous assurer que jamais la plume du chantre d’Orcival  n’a été aussi belle, rebelle, incisive, corrosive.  Avant d’y revenir, preuve à l’appui, je ne peux m’empêcher d’évoquer un inédit que nous a offert MURAT en 2015, durant la tournée « Babel » au titre évocateur : « Le martyre des Chrétiens d’Orient » ! Ils ne sont pas nombreux les « donneurs de leçons » qui ont pris fait et cause pour ces victimes de la barbarie. Le 26 février 2016 un article du « Figaro » posait cette question : « Génocide des Chrétiens d’Orient : Où sont passés les défenseurs des droit de l’homme ?« . Oui la question mérité d’être posée. Le silence de certains « bien pensants » est assourdissant et leur enlève tout crédit pour des combats futurs qu’ils auraient choisis. Parler de ces morts d’un autre monde  vous met en danger. Qui plus est le sujet n’est pas vendeur. MURAT fait partie de ces rares artistes qui ont osé transgresser le silence …

(…)

« Si tu veux mourir par Dieu/Si tu veux mourir pour lui

Ou est le châtiment divin, crétin/Dans le martyre des Chrétiens d’Orient ? »

(…)

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« Mourir par » et « pour Dieu » ! Triste privilège ! En une phrase MURAT nous pose l’épineux problème de la ou plutôt des religions. Le ton est grave. J’avoue qu’au sortir de ce postulat assortir le qualificatif « crétin » à celui de « divin » me comble d’aise. Tout le talent de MURAT est résumé là ! Le silence des médias concernant ce titre interroge. HALLYDAY ou BRUEL écrivent ces paroles et on en fait des tonnes. Je trouve cela scandaleux, minable, pitoyable, méprisable.

Mais revenons à « Morituri ». MURAT semble avoir fait le choix d’évoquer ouvertement les problèmes qui depuis des lustres rongent notre société, qui minent notre pays : « France ». Dans « Nuit sur l’Hymalaya » MURAT écrit : « Quelque gloire de France/Sert de risée ». Plus loin il poursuit : « Nous tenons nos chefs au mépris complet ». Enfin il assène : « Tout est d’impuissance et de fausseté ». On ne peut pas reprocher à MURAT d’avoir raison avant tout le monde. En 2006 pour le journal « Elle » le « Brenoï » déclarait : « François HOLLANDE, SARKOZY. Des mecs, à qui, en 14-18, tu n’aurais jamais confié une Brigade. Incapables, d’être chefs, d’aller au feu des sentiments ou au feu physiquement. Tu ne sens pas le courage physique chez ces gens ». Voilà une sentence qui aujourd’hui peut prêter à sourire tellement elle se révèle être perspicace.  

MURAT nous conte aussi joliment ses états d’âme. Il définit ainsi « Le cafard » : « C’est comme un buvard/Qui te boit la joie/Te prépare au pire » et renchérit : « C’te beauté fatale/Pour les gens paumés ». Les mots sont cruels, ils sonnent vrai, ils touchent au réel, ils nous concernent tous. MURAT est quelqu’un de concret qui a les pieds sur terre. Un mot dit est un mot pesé. Rien n’est déclamé qui ne soit pas réfléchi. Pour évoquer les conflits religieux qui conduisent aux attentats terroristes, il préfère s’enquérir auprès de la jument : « Sur la terrasse/Sur les cimes/Où tout bien pesé/On t’assassine/Sur le terrasse/Sous les cimes/N’y a t’il plus de ciel/Pour nous foudroyer/Ces novices ».  Avec « Tous Mourus » Jean-Louis nous dresse un tableau peu amène de nos campagnes, où il ne reste plus que les vieux. Il chante : « La boulange est foutue/Ca ne tient pas/Les braves gens ne viennent plus/On ne sait pas pourquoi ». En évoquant ouvertement tous ces problèmes de société MURAT prend le contre-pied de tout ce qu’il faisait au préalable. Ils ne sont pas nombreux les chanteurs à oser de tels changements de direction. Pour cela « Morituri vaut bien une messe ». Je veux dire par là qu’il faut aller chercher derrière la cuirasse pour y trouver davantage. MURAT nous donne donc à entendre le bruit du canon, ainsi que le ronron des mauvaises nouvelles qui déferlent sur   »BFMTV ». Il nous conduit aussi aux champs, où résonne : « Le chant du coucou » … Il en existe encore ! Il nous donne à humer l’air des prés : « Au loin guettait le taureau/Cornes prises dans la lumière ». Il nous assure en conclusion  : « Ma nature reste fidèle/A ce que j’aimais un jour/Et moi nature/Je reste fidèle/A ton amour ».  

MURAT c’est une œuvre. On y trouve des hauts et des bas. Au bout du compte chacun sera obligé de reconnaître que cet homme avait du talent. L’album à venir nous réserve sûrement des surprises. Certaines seront bonnes, d’autres moins. Je ne suis pas fan de MURAT. Je lui suis reconnaissant, de tout ce qu’il m’apprend sur son pays, lui qui me conduit à « Bagnols »« Chambourguet » puis « Charlanne » … Lui qui nous mène au bout du monde et nous fait découvrir « Arkhangelsk » - « Cordoba » et « Monaco »MURAT qui un jour a changé ma vie,  de m’avoir appris, qu’il : « fallait aimer tout ce qui nous avait fait ». Qu’importe que ce « tout » soit bon ou mauvais. MURAT m’a rendu ma fierté d’être un fils de paysan. A présent que mes parents ne sont plus je me rends compte du bien fondé de tels propos. Le recul aidant, j’ai honte de cette arrogance feinte, empruntée aux « gens de la ville » avec laquelle je m’habillais, alors que j’étais adolescent. Je ne m’en rendais pas compte, ce que faisant, de n’avoir jamais été couvert que d’oripeaux …

« Morituri » ??? Qu’importe au final si les chansons sont belles à l’oreille des gens. On sait déjà qu’elles ne seront pas diffusées.  Au niveau de l’écriture, elles sont d’une beauté à nulle autre pareille, je vous l’assure ! Et vous verrez « braves gens », dans dix ans, vingt ans, il est certain que  les textes de MURAT feront référence. Qu’il est dur dans une société où ne compte que « l’immédiateté » d’avoir eu raison avant tout le monde (on ne vous le pardonne pas) et de continuer dans cette veine.

***

Publié dans : ||le 31 mars, 2016 |4 Commentaires »

4 Commentaires Commenter.

  1. le 31 mars, 2016 à 20:20 Amparo écrit:

    Bon sang ! Jean-Louis a toujours fonctionné à l’instinct ! Merci Didier …

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  2. le 31 mars, 2016 à 20:59 jean marc écrit:

    Merci didier. Impatient d’écouter l’album alors.

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