- 123 – Il aime MURAT … Il chante … Il cherche à se faire un nom : Eric ORBAF …

Après Antonin LASSEUR c’est à Eric ORBAF que je donne la parole. Le faisant je n’ai aucune prétention particulière. Ils aiment MURAT. Ils chantent eux aussi. C’est une façon de partager les mêmes plaisirs. C’est une façon de faire connaissance. C’est s’enrichir. Pour ce qui me concerne je le prends comme tel …

Eric ORBAF …

orbaf

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Tu es né le 29 janvier 1974 en région Parisienne, à Neuilly précisément, ce nom c’est un fardeau ou tu t’en fous ?

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Je conçois le fait que naître à Neuilly-sur-Seine puisse donner à penser que je suis né avec une cuillère en or dans la bouche mais ce n’est pas le cas, j’y suis né tout simplement, dans un local de stockage de coton avec une fenêtre qui offrait un beau ciel bleu, d’après les dires de ma mère. Pour répondre à ta question, ce n’est pas un fardeau. 
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Parle nous de ta formation musicale …
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D’un point de vue théorique, ma formation est quasi nulle. Je me suis construit en autodidacte, guidé par une passion qui remonte à l’enfance. Au plus loin dans mes souvenirs, j’ai toujours chanté. Pour mon quinzième anniversaire, j’ai reçu ma première guitare électrique, j’écoutais en boucle un album d’AC/DC (Blow Up Your Video) et je rêvais de jouer comme Angus Young. Dès que j’ai su enchainer trois accords, mes premières chansons ont vu le jour. Plus tard, j’ai franchi le pas et joué en groupe avant d’être rattrapé par le service militaire. L’armée a été également formatrice, j’y ai connu l’expérience de la fanfare avec laquelle j’ai voyagé en jouant aux quatre coins de la France et de l’Europe.
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Que peux-tu nous dire de l’expérience « Stéréogrammes » (groupe classé post rock) dont tu as été l’un des membres fondateurs ?
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« Stéréogrammes » est né d’une rencontre, une première répétition à trois dans un studio à Montreuil qui laissa entrevoir un potentiel et une envie commune de transformer l’essai. Une fois la formation complète à cinq, nous avons répété chaque semaine et tout enregistré, nous avons accumulé de la matière qu’il a suffit de trier et structurer pour au final enregistrer en live dans un studio de répétition parisien. Cet enregistrement réalisé par mon ami Eric VANTEY, qui n’était destiné au départ qu’à démarcher des dates, a trouvé un écho inespéré et un engouement qui nous a propulsé en bonne place sur la scène post-rock en France. L’expérience fut humainement et artistiquement très enrichissante, fusionnelle, trop peut-être ? Nous avons donné fin 2005 notre dernier concert en première partie d’Explosions In The Sky et chacun a repris sa route, la mienne m’a ramené vers la chanson.
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Fin 2005  le groupe se sépare et tu te décides à chanter seul. Sortent deux albums autoproduits « Ether Focus » (2014) et « Sublime mon époque » (2015). Un commentaire ???
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Je me suis lancé en solo avant « Stéréogrammes », mon premier album « Réconciliation » date de 2001, puis « Rendez-vous » en 2003. J’ai intégré d’autres formations après la séparation (Ohyear, Major Mitchell) et collaboré avec des artistes au gré de mes rencontres, avant de sortir mon troisième album, « Après La Pluie » en 2011. « Ether Focus » est un album instrumental, une musique plus destinée à servir l’image, comme la BO d’un film imaginaire. Quant aux chansons qui composent « Sublime mon époque », elles reflètent mes émotions et réflexions du moment sur le monde qui m’entoure, c’est très instinctif.
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sublime mon epoque 15
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Sur le dernier album il y a une chanson que je trouve fort belle  « Comme tout est beau »  … Tu écris : «  Les susceptibles et les jaloux/Ça fait des vagues, ça fait des trous/Les écrous y en a plein les têtes/Faut délester avant que ça pète » … Tu es aussi pessimiste que ça ???
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J’y vois plus de lucidité que de pessimisme, le constat que certains sentiments tels que la susceptibilité ou la jalousie rendent les individus inaptes à entendre la vérité d’autrui et les conduisent parfois à adopter un comportement destructeur, un manque de souplesse d’esprit et un trop plein d’orgueil, qui nuisent à la communication et au vivre-ensemble. Cette chanson est au contraire optimiste, elle invite à lever la tête et à lutter contre cette tendance destructrice que chacun de nous avons quelque part, à différents niveaux. Notre pire ennemi, c’est sûrement nous-même.
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Dans le même titre plus loin tu emploies le mot pessimisme et t’en rajoute une couche : « Du pessimisme dans la trachée/Ça fait désordre et des regrets/Le monde se tire et c’est tant mieux/De toute façon il est trop vieux ». En interview le chanteur Jean – Louis MURAT dit des choses similaires. Selon toi notre monde serait trop vieux ? Que faut-il faire ???
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Trop vieux dans le sens où les schémas se répètent de générations en générations, l’héritage de l’histoire ne semble pas porter ses fruits, la nouveauté ne trouve pas sa place. Une nouvelle conception du « monde » est souhaitable. Quant aux solutions pour l’avènement de ce renouveau, vaste question?! En se « dénombrilisant » peut-être? Difficile de répondre à ta question sans me risquer aux lieux-communs. Instinctivement, j’imagine un début de réponse dans ce qu’on appelle l’Amour… un mot très tendance aujourd’hui mais qui mériterait de retrouver du sens.
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Autre chanson (2015) « France es-tu là? » … La seule question interloque ! Tu écris : « Le devenir/C’est la question/C’est la confiance/La déception«  … Le constat est terrible !?
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On est déçu lorsqu’on accorde sa confiance, lorsqu’on nourrit des espoirs et qu’au final on est trahi, notamment par la classe politique française qui semble parfois oublier sa fonction première, celle de servir le bien commun. Le « devenir » de la France me semblait un bon sujet à mettre en musique.
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Tu ajoutes : « Toi, tu te tires/En ville de Sion/C’est la prudence/Ton horizon ». Tu estimes qu’aujourd’hui dans notre pays il n’y a plus de place pour les seuls saltimbanques ou pire encore pour les jeunes générations ???
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Cette chanson évoque le processus de mondialisation et ses revers, le nomadisme des élites vers des paradis fiscaux et de celui des peuples dans l’intérêt du marché, de la mutation de la France dans ce contexte. Comme le titre l’indique, je m’interroge. Quant aux jeunes générations dont tu parles, je veux rester optimiste en me disant qu’elles sauront trouver une alternative dans cette course effrénée à la consommation, dans cette marche forcée vers une uniformisation de la pensée… il y a d’autres voies possibles.
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Parmi tes influences tu cites Eric TABARLY, tu peux nous en dire un mot ?
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L’un des héros du 20e siècle! J’éprouve une grande admiration pour cet homme, une fascination pour le personnage, sa vie, son œuvre … il symbolise pour moi l’aventure. Je lui ai rendu hommage à travers une chanson, en interprétant « La mémoire et la mer » de Ferré.
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Tu cites volontiers Léo FERRE …
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J’ai découvert Léo Ferré sur le tard, il m’a fallu du temps pour découvrir son étendue poétique et entrer dans son univers. Par contre une fois plongé dans son oeuvre,  j’y est puisé de l’Or. Il a selon moi écrit et composé certaines des plus belles chansons du patrimoine français. « Avec le temps » me bouleverse au plus profond.
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Tu chantes MURAT et parlant de lui tu dis : « Ce que j’aime chez MURAT ? Avant tout sa poésie et son anticonformisme, les deux piliers essentiels qui font les grands artistes, il cultive sa singularité avec intelligence et cela se ressent dans ses chansons ». Cela vaut bien quelques mots d’explication … 
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Ce que j’aime chez Tabarly et Ferré, je le retrouve chez Murat… ce romantisme qui n’appartient qu’aux poètes. Je le suis depuis Mockba et j’ai été immédiatement séduit. De là s’ensuivit une envie de connaître son oeuvre pour le moins prolifique et le virus ne m’a jamais lâché depuis. Concernant son anticonformisme, il est perceptible au delà de ses interventions médiatiques, il ose l’insoumission et ça donne de bonnes chansons.
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Paroles et musique, tu commences par quoi ?
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Pas de règles! Je peux partir d’une phrase tombée du ciel… deux/trois accords… un début de mélodie… un rythme… et après le travail peut vraiment commencer.
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Ton nouvel album « Grand calme » sort le 29 janvier Il comprend 5 titres. Il est toujours autoproduit. Comment peut-on se le procurer ???
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Sur itunes, spotify, deezer, etc … 
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grand calme
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Les réponses d’Eric qui, hors la chanson travaille pour l’éducation nationale, ne révèlent aucune agressivité excessive par rapport à notre époque. C’est un constat sévère sans plus. « L’ancien » que je suis est bien plus critique dans ses propos, outré que je suis, vis à vis de ma propre génération qui ne laissera à ses enfants, que des miettes et des dettes. Eric est lucide. En ce premier jour de l’année, à ce jeune homme, à ses chansons, je souhaite bonne chance et bon vent … Ci dessous un portrait brouillé entre espoir et désillusion …
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orbaf1
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Publié dans : ||le 3 janvier, 2016 |Pas de Commentaires »

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