- 120 – Le « Jaguar » vole de ses propres ailes …
A l’occasion de mes premiers pas en « Muratie » il n’y a pas si longtemps, je me souviens avoir été intrigué par le « Jaguar » un jeune homme qui, sur le forum non officiel, nous parlait de musique et de son amour pour Jean-Louis MURAT. Il n’intervenait pas souvent mais toujours fort à propos. Pour avatar il avait choisi Bob DYLAN …
Il était bien plus jeune que les autres forumeurs. C’est la première remarque que je m’étais faite. Je le lui avais dit d’ailleurs. Il y a quelques années à Nantes, lors d’un concert de J.L.M., il accompagnait « Cédric » notre renard argenté. Sous le bras il avait son premier album « Made in Détroit ». C’est Cédric qui me souffle à l’oreille que le jeune homme qui écrit et compose est ingénieur et travaille dans l’automobile. Voilà qui mérite le respect … Il me présente Antonin LASSEUR alias « Le Jaguar ». L’intéressé est d’un abord facile. Il ne se prend pas la tête et n’a pas le « melon » … Nous avons discuté quelques minutes. Il me fallait retourner sur Rennes. Antonin s’est perdu dans la nuit Nantaise accompagné de son hôte Nantais … Cédric le bienheureux …
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Le 1er album d‘Antonin LASSEUR (500 exemplaires) …
Antonin LASSEUR (26 ans) : sa maman est médecin, son père fonctionnaire. C’est ce dernier qui l’a initié à l’œuvre de MURAT. L’écoute du « Train bleu » aura été pour le jeune Creillois un vrai coup de massue. Rares sont les parents qui réussissent à inculquer leur propre passion au rejeton. Antonin n’a pas choisi, c’est « le train bleu » qui l’a conduit : « entre Lyon et Genève ». Peut-être une envie d’aller voir ailleurs, de s’échapper des tours de la ville (???). Finalement ce sont « Les jours du jaguar » qui finiront de convaincre Antonin que MURAT est un artiste essentiel …
Vouloir « percer » dans la chanson n’est pas chose facile, aujourd’hui plus encore. Le jeune homme le sait. Il a la tête sur les épaules. Bon sang ne saurait mentir. Profitant d’un voyage professionnel à Détroit « ville de l’automobile » (une de ses passions avec le vélo), Antonin avec l’aide de musicien locaux enregistre un nouvel album (4 titres) dont la sortie est prévue l’avant veille de Noël 2015. Voilà qui fera bien sous mon sapin imaginaire.
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Ep « Spleen et idéal » …
Le 18 mars 2015 à Creil, sa ville natale Antonin chantait en première partie de MURAT, d’où cette première question : « Comment avez-vous vécu ce moment particulier ? ». Réponse : « Depuis 10 ans, j’attendais que JLM vienne jouer dans ma ville. Et j’avais été averti que le programmateur de la Grange à musique cherchait à le faire venir. Jusqu’au moment où ils m’ont appelé pour me proposer la 1ère partie. Ce fut effectivement pour moi une journée très au-dessus de la moyenne. J’avais posé mon après-midi histoire de profiter de chaque minute tout en sachant que le lendemain, il fallait retourner au bureau et remettre mon costume de salarié. C’est pas facile mais ça aide à garder la tête sur les épaules et ne pas se perdre dans l’illusoire. Bref je m’égare. Donc pour cette date, j’ai appris 3 semaines avant que je ne pourrai pas jouer en groupe. Il a donc fallu que je réadapte le set en duo guitares. Nous avons un peu plus répété que pour n’importe quelle autre date. J’ai été juste un peu déçu que la salle n’affiche pas complet. Peut-être parce que c’était en plein milieu de la semaine ? ».
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Antonin et sa guitare sous les feux de la rampe …
J’aime la musique d’Antonin, j’aime son opiniâtreté. J’aime le personnage. Autant de raisons qui m’ont convaincu d’aller à sa rencontre via le net. J’ai bien fait. J’ai reçu bon accueil. Antonin m’a fourni les textes de ses chansons. J’ai lu et relu. Je dois dire que j’ai été surpris de constater que le jeune homme (fort en mathématiques) maniait le verbe avec aisance. Il est doté d’une plume simple mais concise. Antonin ne tourne pas autour du pot. Il nous raconte ce qui fait sa vie. Il nous parle de ses passions. Voilà qui m’a permis de lui poser quelques questions. A la lecture des réponses, l’album j’en suis certain ressemble à son auteur : il est franc et direct.
1 – Le titre « Au clair de lune » … je l’ai lu le 14 novembre … J’ai cru que cela avait été composé la veille … En fait la chanson fait référence au massacre « Charlie » … Le monde est devenu fou ???
« A l’origine, cette chanson est née d’une errance nocturne en voiture à la fin d’un été mais je n’étais pas satisfait du texte. Apres les attentats de Charlie, je me suis envolé pour les USA ou j’ai enregistré ce nouvel EP. Au retour dans l’avion, des vers en lien avec les évènements me sont venus. Un peu plus tard, il m’a paru naturel de citer un passage d’une chanson de Ferré : « les spécialistes ». Je me demande souvent ce qu’il dirait s’il voyait l’état du monde maintenant. Personnellement, je suis très pessimiste pour l’avenir. Je ne donne pas 5 siècles de plus à l’humanité, c’est mon côté punk J ».
2- La petite voiture bleue … C’est parce que tu aimes la course automobile ?
« J’ai effectivement la passion de la course automobile depuis mon plus jeune âge. J’ai eu la chance de faire 2-3 courses pendant mes études. L’automobile et la musique n’ont jamais cessé d’être présentes dans ma vie et ce n’est pas parti pour s’arrêter j’imagine ».
3- Deux fois tu fais référence au père : « Quand j’étais petit garçon/Je voulais faire comme mon père » puis « La tête dans le volant/Sans regarder derrière/J’approche lentement/De la gloire de mon père » … Que vous a appris ce papa médecin ? Comment il perçoit votre quête du graal dans ce monde de la musique ? La voiture bleue ! J’ai tout de suite pensé à la BD consacrée à Michel VAILLANT … tu connais ???
« En fait, cette chanson a été écrite pour un ami dont le père, passionné d’automobile, est décédé tragiquement. Mon ami (son fils donc) a hérité non seulement de cette passion, mais aussi de sa R8 Gordini. D’où « la petite voiture bleue ». C’est ma mère qui est médecin. Mon père lui, travaillait à l’Association des Maires de France. Ce qu’il m’a transmis, c’est la passion pour Murat ». (Pas de réponse pour Michel VAILLANT qu’Antonin n’a pas lu …)
4- Le spleen du bétail … C’est le refus de la société actuelle, avec ses clichés, ses codes, le respect de la hiérarchie, l’avilissement au travail ??? Tu écris : « Chaque jour la même bataille/S’ankyloser dans le travail » …
« Là j’ai envie de te citer BUKOWSKI parce que je n’aurais pas dit mieux : « Comment diable un homme peut-il se réjouir d’être réveillé à 6h30 du matin par une alarme, bondir hors de son lit, avaler sans plaisir une tartine, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se débattre dans le trafic pour trouver une place, où essentiellement il produit du fric pour quelqu’un d’autre, qui en plus lui demande d’être reconnaissant pour cette opportunité ? » Alors oui parfois le matin, les uns sur les autres dans les wagons, on a le working blues, ou le spleen du bétail comme tu veux ».
5 – Tu dis « Ne compter que sur toi même » je pense que tu as raison. Comment tu vis ça tous les jours ?
« Assez mal. Je voudrais ne pouvoir compter que sur moi, me suffire à moi-même, mais finalement je compte beaucoup sur les autres. C’est mon problème. J’en attends trop de mes amis, ce qui fait que je suis souvent déçu. J’aimerais être plus autonome ».
6 – Qu’est devenu « le jaguar » … est-ce qu’il a déjà perdu ses rêves, ses illusions ??? La vie n’est-elle qu’un combat ???
« L’époque du jaguar, c’est la période lycée et cette chanson a provoqué ou du moins mis en lumière une rupture en moi. Il s’est passé beaucoup de choses depuis mais le fond est toujours là. Je pense peut-être un peu moins malheureux mais un peu plus désenchanté encore. J’en ai pris mon parti et je vis avec, comme je peux . « soupirer les choses, mais sans les changer» comme dirait l’autre J ».
7 – Parle-nous un peu de ton actualité artistique ? Après la sortie de ce 5 titres il y a des scènes prévues ???
« Oui après un an de travail (beaucoup trop long) et de galères de l’auto-producteur-amateur du 21eme siècle, cet EP va enfin sortir et là ce qui domine tout de suite c’est que j’en ai vraiment marre de faire tout ça. Je n’ai pas envie de le promouvoir, de me promouvoir. Aujourd’hui, la réussite d’un artiste est peu ou prou liée à sa capacité à savoir se vendre. Je ne suis pas prêt à faire tout et n’importe quoi pour arriver à la lumière. Par contre j’ai envie de faire des concerts, mais ça passe évidemment par le démarchage. On est mal quoi ! Mais comme je suis dans le circuit des artistes en région Picardie, parfois on m’appelle quand ils ont besoin d’un mec local qui chante en français. J’ai par exemple la 1ere partie de Feu ! Chatterton en janvier à Beauvais ou la 1ere partie de L’autre Philippe qui devait avoir lieu le 14 novembre mais qui est reportée suite aux évènements tragiques ».
8 – Je te souhaite tout le succès du monde tu le mérites … J’ai oublié : paroles ou musique … ou prends-tu le plus de plaisir ???
« Difficile à dire. Pour moi les paroles ont une importance cruciale mais ça ne peut marcher que si le rythme des mots et la mélodie soutiennent le vers et le mettent en valeur. C’est donc quand tous les éléments sont réunis que je peux prendre plaisir à chanter! C’est toute la difficulté. C’est pourquoi les vraies bonnes chansons sont rares ».
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Image volée … tellement belle … Le « vrai MURAT » il est là …
Sur la page Facebook du jeune Creillois ce titre : « Au clair de lune » …
Je suis heureux de vous livrer cette page nouvelle. J’ai fait la connaissance d’une belle personne ! Si vous voulez mieux connaître Antonin, si vous voulez l’aider à gravir les marches qui mènent au succès, vous trouverez ci-dessous les liens vers ses pages « Microculture » et « Facebook » …
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