- 118 Quinto – Jean-Louis MURAT … fait sa publicité … 5ème partie … (suite) …
Avec l’album « Mustango » (1999) MURAT s’ouvre aux autres. L’arrivée de Laure dans sa vie a changé notre homme et sa perception, y compris des gens. Il s’adonne à la peinture. Il prend ses photos lui même ne supportant plus les séances interminables de prises. Par souci d’indépendance (sans doute) il est l’un des premiers artistes à tenir un site internet pour le moins original. Il y parle de son œuvre mais aussi du pays où il vit. Le 28 septembre 1999 sur « France Inter » dans l’émission « La partie continue » il est interrogé sur le sujet …
MURAT utilise le net pour être en relation directe avec ses admirateurs. Nous sommes au début de l’année 1998, la page de garde du site « jlmurat.com » se présente ainsi …
Une carte postale du plus bel effet, au papier granuleux, salue la naissance de « jlm.com » …
Durant près de deux années MURAT et sa bande (CLAVAIZOLLE, BONNEFONT et consorts) sous la férule de LAURE ont donc animé jour après jour ce site internet nouveau pour l’époque. Les vaches y occupent une place privilégiée ainsi qu’en atteste les trois articles qui suivent …
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Les bêtes …
- Le lait des bêtes …
- Les désirs des bêtes …
Les vaches sont partout présentes sur le site de MURAT. Le Brenoï organise même un concours de dessins avec pour thème « les vaches » ! Le vainqueur emportera un disque unique de J.L.M. chantant : « Vous les femmes« . A ce jour le vainqueur ne s’est pas fait connaître, voilà qui permet aux rumeurs de courir … Ci-dessous quelques uns des dessins sélectionnés …
MURAT se revendique de la paysannerie, il n’est pas donc étonnant que sur « jlm.com » il nous conte l’almanach des saisons …
Les articles sont variés et nécessitent un travail de longue haleine. Tout le monde est sur le gril. Sur la page qui suit MURAT nous renseigne sur LUCIA (née à Dubrovnik en 1968) la chanteuse qui l’accompagne sur le duo : « Comme un seul homme » …
Le chanteur d’Orcival nous offre les partitions de certaines chansons dont : « Le col de la Croix Morand » …
MURAT nous dévoile de courts poèmes dont il est l’auteur …
Mais également des poèmes dont les auteurs sont Auvergnats … ci-dessous Gabriel MARC …
MURAT nous fait partager ses lectures du moment …
Il nous fait part des films qu’il affectionne … et de la musique qu’il écoute … Auto dérision ou pas, il prend plaisir à se faire appeler : « Le fils de Ramsès » …
Il nous offre des recettes de cuisine du pays de chez lui dont la fameuse truffade …
Il nous invite également à nous promener entre Pessade et la Croix Morand …
Toutes ces pages et bien d’autres ont été collectées par une admiratrice de l’époque. Elle se reconnaîtra. Au sortir d’un concert MURAT lui avait offert une bien belle dédicace : son auto portrait fait main …
Tout cela a pris fin en 2000 … trop de travail, trop de contraintes pour trop peu de résultats …
En 1998 déjà, il était possible d’acquérir ce que la maison d’édition (C.D.M.) appelait pompeusement une biographie de Jean-Louis MURAT. Ce dossier de 108 pages (vendu 108 francs + 22 francs de port) comprenait des articles de presse savamment recoupés le tout retraçant de façon assez fidèle la première partie de la carrière de Jean-Louis BERGHEAUD alias MURAT … Il était possible d’acquérir ce document en remplissant le bon de commande joint …
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Il reste un vecteur média, sans doute le plus important pour qui veut « réussir » à convaincre le maximum de gens, c’est la télévision. MURAT n’aime pas et n’en fait pas mystère. Il ne s’y sent pas à l’aise. Dire ce que l’on pense n’est pas toujours le meilleur moyen de plaire au plus grand nombre. MURAT refuse d’être : « le robinet d’eau tiède ». Lors de ses premières apparitions sur le petit écran (1988/1989) avec le succès du titre « Si je devais manquer de toi », le playback est de mise … Comme ci dessous sur la « RTBF » où l’Auvergnat partage la vedette avec Julien CLERC …
MURAT déteste donc, pourtant il sait qu’il n’y a pas d’autre alternative. Il fait le « job ». Il participe aux talk show, il est l’invité de BECCARO – SABATIER – ARDISSON – Jaques MARTIN – DRUCKER – FOUCAULT - Laurent BOYER … J’en passe et des meilleurs. Pour les maisons de disque et pour « Virgin » ces émissions en prime time, le samedi soir sont la clef du succès. Il faut s’y montrer sous son meilleur jour. Faire le beau et tâcher de ne fâcher personne. Voilà des choses que MURAT ne sait pas faire, ne veut pas faire. Faire un direct à la TV nécessite des heures d’attente. Tout cela insupporte le paysan qu’il est lequel aime aller rapidement à l’essentiel, ne pas tourner autour du pot. Porter des fringues choisies par « Virgin » ne lui plaît pas. Dans une émission présentée par Laurent BOYER « Fréquenstar » (1990), le chanteur d’Orcival apparaît même quasiment dépenaillé, portant un pull dont le tour de cou part en vrille. C’est peut-être pour se donner un genre, être à contre courant ? En tout état de cause, ce n’est pas du meilleur effet.
En septembre 2004 sur « Canal + » MURAT participe à l’émission « 20 h 10 pétantes » présentée par Stéphane BERN. Il y est exécrable. J’ai revu l’émission, au sortir de là, j’ai une impression de malaise. C’est un véritable suicide médiatique. Il s’en est sorti … vaille que vaille. Il serait dérisoire de penser que cela n’a pas laissé de trace. Il s’est juré qu’on ne l’y reprendrait plus …
Pour que MURAT se sente bien, il faut que l’environnement dans lequel il se trouve soit propice à l’échange, à l’écoute. Dans les studios de télévision MURAT a l’impression d’être agressé de partout. Première condition pour que le Brenoï soit réceptif : qu’il ait de l’estime pour la personne en face de laquelle il se trouve. C’est le cas avec Claire CHAZAL qui plusieurs fois le recevra sur son plateau. En 2009 à l’occasion de la sortie de l’album : « Le cours ordinaire des choses » MURAT reçoit chez lui l’équipe de « TF1″…
En octobre 2005 MURAT est l’invité de NAGUI dans l’émission « TARATATA ». Les deux hommes ne s’aiment pas. Au cours de cette émission MURAT nous sert un magnifique duo avec JEWEL mais refuse l’interview avec NAGUI déclarant : « Je veux bien faire le duo dans l’émission Taratata, mais, l’interview, c’est non. NAGUI ramenant toujours le niveau de l’entretien avec les chanteurs à hauteur de la crétinerie, je n’en ai pas envie ». Voilà on ne pouvait pas être plus clair. Ceci dit, la vérité a un prix et dorénavant MURAT est considéré comme « persona non grata » à la télévision. Ses démêlés avec ses congénères ne vont pas améliorer la chose.
Lors de la sortie de l’album « Toboggan » MURAT est invité chez DRUCKER. Il y chante « Over and over ». On le sent tendu au possible. Il est livide. L’émission terminée ce sera direction l’hôpital … MURAT a tout pour briller devant les caméras de la télé. Il est intelligent, il a une belle gueule, il parle bien, mais toutes ces paillettes, ces faux semblants, pour ne pas dire faux culs l’indisposent. On ne le changera pas. Pour la sortie de « Babel » MURAT n’aura fait aucune télévision. Pour autant, par les temps qui courent l’album s’est assez bien vendu. MURAT peut compter sur un public fidèle. A l’heure où beaucoup d’artistes ont disparus ne vendent plus un seul CD (et non des moindres) MURAT reste une valeur sûre. Pourquoi ? Parce qu’il a du talent, parce que sa plume est à nulle autre pareille, parce que il ne fait rien comme les autres, parce qu’il s’est mis tout le monde à dos ! Et si c’était lui qui avait raison. Tout ce qu’il nous dit depuis des années avec son bon sens paysan se vérifie aujourd’hui dans les urnes. Hélas !
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La conclusion je la laisse à Jean-Louis MURAT qui, en octobre 2014 répond aux questions de Valérie LEHOUX du journal « Télérama » …
Nous voici face à face pour une interview. Vous n’aimez pas trop ça…
Non. Parler de soi, faire la vedette, donner son avis, dire « j’ai pensé qu’il fallait faire ceci ou cela »… C’est dégoûtant. Ça m’intoxique. Il devrait être suffisant de chanter, sans bla-bla autour. Les cuisiniers ne prononcent pas de discours avant que les gens se mettent à table. La promo, c’est la mise en avant, le paraître. Il faut « paraître » chanteur… Vivement que ça s’arrête : plus de disques, plus de journaux, plus de promo. On serait débarrassés ! De toute façon, le système craque de tous les côtés, il va se recomposer et nous devrons travailler différemment. En attendant, nous nous trimbalons les oripeaux d’un vieux monde. En tout cas, si je reste un artiste marginal, c’est parce que je n’ai jamais pu digérer physiquement le phénomène promotionnel.
Il vous rend malade ?
Malade, oui. Cette nuit, je n’ai presque pas dormi. Ce n’est pas naturel de réfléchir sur soi et sur son travail. Ou alors, il faudrait se mettre sur rails, en pilote automatique, et je n’y arrive pas. Je fais des chansons d’incertitude, je ne suis sûr de rien. Si on essaye de coller sur moi un carcan de certitudes, ça ne tient pas, ça déborde dans tous les sens. Tout un fond un peu parano en moi ressort sous forme d’arrogance. Ça me pose même des problèmes relationnels. Je vois bien les dégâts que ça provoque.
Vous faites tout pour, en tenant régulièrement des propos provocateurs, misogynes, misanthropes, homophobes…
Quand je suis face à un journaliste, je suis un peu comme un gamin qui n’est pas en confiance, et qui dit n’importe quoi. Je n’ai toujours pas réussi à contourner cet écueil-là. En ce sens, je ne suis pas pro pour deux ronds.
Paradoxalement, vous êtes devenu un très « bon client » pour les médias : le sale mec qui dit des horreurs …
Peut-être. Je viens d’un milieu où on ne fait pas le malin ; or, faire de la promo, c’est faire le malin, presque au sens étymologique du terme. Laisser le malin prendre possession de soi. Moi, j’ai un côté auvergnat, paysan, taiseux. Je me sens à cheval entre ces deux mondes. Quand je donne des interviews, je me demande souvent : « Pourquoi fais-tu ce métier-là ? »
Pourquoi, alors ?
Parce que j’aime écrire des chansons, enregistrer des disques, monter sur scène, et que pour cela, j’ai signé un contrat dans lequel je m’engage à faire de la promo. C’est curieux… J’ai toujours bien aimé lire les interviews de Proust, même de Céline. Leurs réponses étaient réfléchies ; ils avaient les questions quinze jours à l’avance. Maintenant, vous, les journalistes, ne vous intéressez qu’au débraillé de la personnalité… Et dire que c’est le rock qui nous a en partie menés là, c’est dingue. Aujourd’hui, une sous-musique, qui nourrit la mondialisation, tue le meilleur de ce qu’étaient nos vies. Moi, je suis un sous-produit de la culture américaine : quand j’étais adolescent, à La Bourboule, le salut, c’était Dylan ; comme il existait, tout n’était pas fini, il y avait un avenir. Mais cet avenir est devenu un enfer, un bruit de fond qui accompagne une avalanche continue d’images ; toute cette merde qui nous entoure… On n’arrive plus à respirer.
Valérie LEHOUX est une belle personne. Elle connaît bien le personnage MURAT. Vilipendée par l’Auvergnat elle a su passer outre pour ne regarder que le talent du bougnat …
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Excellent! pas eu la chance de connaitre ce site….je n’avais pas internet à l’époque d’ailleurs c’est à cause ….je dis bien à cause de Murat que j’ai adhéré à cette folie….on devient vite accroc et je ne crois pas que ce soit une bonne chose….Laure est de tous les projets ….c’est une femme épatante ….il a bien de la chance d’être soutenu ainsi…:)
Hello Didier
Il faisait l’Almanach Vermot à lui tout seul.
Ce qui est amusant, c’est que depuis quelques années, tu as des almanachs départementaux en presse.
J’en ai acheté un en Auvergne lors de mes vacances.
Celui consacré au Livradois Forez et Velay. Très sympa d’ailleurs, plein d’anecdotes, de poèmes anciens, de recettes locales, de trucs de jardin.
Pour tranquilliser JLM, il faudrait qu’à chaque album, il se rédige une stratégie de communication publicitaire qui lui permet de savoir ce qu’il veut en dire ou pas. Comme ça, une fois en interview, il la récite et il se tape pas des angoisses au kilomètre, essaie de raccorder les questions des journalistes avec les différents points de sa strat de communication. Et hop, le tour est joué.
Et puis si ça l’ennuie, il leur répond comme Marchais le faisait en son temps: « c’est ma réponse, même si c’est pas la question posée. »
En fait, ce qui l’agace, c’est qu’en télé, il n’est plus dans le contrôle. L’impression donc d’être nu face aux journalistes et pire, peut-être, d’être complètement faible et désarmé face à des pros qui connaissent les ficelles pour tirer les vers du nez de leurs invités.
Après, ça fait partie du métier. C’est comme le bonimenteur de foire, le marchand de bestiaux.
Se programmer ainsi mentalement lui permettrait de vivre la situation mieux psychologiquement et physiquement. Sinon, faut qu’il consulte et fasse ce qu’on appelle les TCC, thérapies cognitives comportementales. Ca marche bien mais faut avoir la volonté de le faire…A moins d’aimer souffrir.
merci Muse, j’ai besoin de ton savoir : QUE SIGNIFIE CRAPOUTCHE ?
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Famille de taiseux Muse….je ne pense pas qu’il serait prêt pour ce genre de séance….il préfère comme tu l’as dit « souffrir » .Bien que ses chansons soient pour lui une sorte de thérapie…une façon comme une autre de s’auto-psychanalyser…
Coucou Rhia!
C’est sûr qu’il faut de la volonté pour traiter le problème en séance psy. Mais sur Clermont, il trouverait facilement des spécialistes de cette technique. Ce qui l’aiderait beaucoup. Y a un moment, où quand tu en es à aller à l’hôpital tellement le malaise est important, faut traiter le problème. Sinon, tu ne vis plus…
L’art ne résout pas tout. Mais j’ai remarqué qu’il est souvent plus difficile pour un homme que pour une femme de faire de la psy. Les hommes ont plus de préjugés sur la démarche. Ils ont peur de se déviriliser, de passer pour psychotiques, même si leur problème n’a strictement rien à voir.
Le nombre d’hommes qui pourraient aller mieux par des séances psy TCC ou EMDR mais qui n’y vont pas, concerne la plupart de nos messieurs. Ca me renverse car ils se font souffrir principalement par peur et préjugés.
Pas évident de parler surtout….je me souviens de ma première séance ….pas pu dire un mot ….au bout de trois …j’ai laissé tomber….l’écriture m’a été bénéfique et aussi la compréhension de la dépression ….j’ai lu beaucoup ….pendant mon anorexie je me souviens avoir lu « le pavillon des fous » de Valérie valère….j’avais l’impression que c’était moi qui avait dicté ses mots ….c’était mon double….je ne sais pas si tu connais Muse….mais elle n’a pas survécu …elle a écrit deux ou trois bouquins que je possède d’ailleurs mais malheureusement elle s’est suicidé à 21 ans….je me uis sentie très proche de cette fille….
Pas évident …
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Coucou Didier,
La crapoutche ça doit être la salade de pissenlits.
Crap en auvergnat, c’est le rocher, outche je ne sais pas. Peut-être demander à Imassu s’il sait. Hypothèse, comme le pissenlit est aussi appelé dent-de-lion à cause de la forme de ses feuilles, peut-être l’auvergnat le traduit en dents de rocher. C’est l’idée de traduction qui me viendrait naturellement. Maintenant, peut-être que ce n’est pas ça du tout…Mais comme JLM donnait ça en salade de pissenlits au lard…
Voilou, Didier. En espérant t’avoir un tout petit peu aidé…
Bizzzzzzzz
Merci Muse de tes bons conseils.
D
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Bonsoir, dommage que ce site n’existe plus, il n’y a pas grand’chose sur le Facebook et encore moins sur le site officiel de Jean-Louis Murat. Il faudrait qu’il s’en occupe tout seul, sans intermédiaire. Il préfère l’écriture, heureusement pour son public, il aime la scène.
Merci de votre attention. Merci de faire aimer ce Blog à vos amis (je ne bénéficie d’aucune pub et n’en veux pas). Bonne soirée.
D
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