- 112 – Jean-Louis MURAT … séducteur …
Dans le cadre de la promo de l’album « Venus » (1993/94) la question est posée à Jean-Louis MURAT : « Etes-vous un séducteur ? » Réponse de l’intéressé : « Chez moi, la séduction, c’est presque une déformation professionnelle. Un artiste est boulimique. Il a envie d’en séduire un, puis deux, puis mille. Les gens attendent d’ailleurs de moi que je fasse la roue. Et comme personne n’est plus lâche qu’un chanteur de variétés, j’obtempère. C’est comme si on testait régulièrement la machine. C’est pathétique et idiot ». Fort de son avantage la journaliste poursuit : « Vos armes ? ». MURAT rétorque : « La stratégie est différente selon que vous voulez séduire une jeune fille, un homme ou une grand-mère. En général, il faut être soi-même à 101%. Le but est de donner aux autres envie de vous prendre, dans tous les sens du terme : prendre en affection, en pension, en pitié ou prendre tout court ». MURAT est un filou. Ses réponses laissent place à toutes les interprétations, y compris : « prendre par derrière ». Je suis convaincu qu’il y a pensé le bougre. Je devine son sourire narquois. Jean-Louis sait parfaitement que pour plaire aux jeunes filles, il est parfois fort utile de savoir amadouer les grands-mères. Le bougnat a le respect des vieilles personnes. MURAT élevé à même le pie des vaches est conscient de cette réalité. Jupon vole au vent, les yeux de l’amant s’y promènent goulûment, mais mère grand est là qui veille au grain. Ah : « Si jeunesse savait … si vieillesse pouvait ! ».
Tous ceux qui approchent MURAT savent que l’homme est avant tout un séducteur. Le 27 mars 1989, dans les colonnes du « Figaro magazine » (n° 13918) sous le titre accrocheur : « L’ange déchu » on peut lire : « A trente cinq ans, sous ses allures romantiques, son physique de séducteur désabusé, Jean-Louis BERGHEAUD dit MURAT, s’inscrit indéniablement dans la nouvelle vague de la variété Française ».
En 1991, à l’occasion de la sortie du « Manteau de pluie » pour « Télémoustique » Jean-Luc CAMBIER titre : « MURAT, le charmeur négligé ». Voilà qui résume bien le personnage.
Cette même année MURAT est interviewé par Solange BORSOTTO. Elle ne s’embarrasse par de préjugé et lui assène : « En homme qui aime les femmes, tu dois être un séducteur ? ». La réponse fuse : « Ca dépend si tu te comportes en DON JUAN ou en CASANOVA. Je ne suis ni l’un ni l’autre d’ailleurs ». La journaliste poursuit : « Et si le cinéma te proposait un rôle de DON JUAN l’accepterais-tu ? ». MURAT déclare : « Oui, pourquoi pas. Enfin non, je préfèrerais ROMEO, même s’il n’est pas vraiment un séducteur. DON JUAN, ça craint. J’aime trop les femmes pour être un DON JUAN ».
Voilà qui nous situe le personnage MURAT… Le « DON JUAN » est celui qui essaie de séduire une multitude de femmes sans problème de conscience. CASANOVA était égoïste. La recherche du plaisir mena son être, pour l’atteindre il était prêt à tout. Ses conquêtes galantes sont nombreuses. Selon lui : « L’homme est fait pour donner, la femme recevoir ». Quant à ROMEO, amoureux de JULIETTE, leur mort réconcilie deux familles ennemies. MURAT s’identifie à un héros romantique … et réfute toute lubricité éhontée.
En octobre 1991, dans les colonnes du magazine « Podium » (n° 237) le chantre Auvergnat déclare : « Non, je ne me trouve pas séduisant, pas beau mais plutôt hyper fade, très proche du bellâtre. Ma mère n’a aucune photo de moi petit, je détestais ça ! La seule, celle de ma première communion, je ne me reconnais pas. Personne ne me reconnaît. A force de projeter une certaine image du »crooner » Français, j’ai peur de l’intégrer, de devenir 365 jours par an, MURAT le chanteur ! Mais c’est vrai, ce que j’aime par dessus tout, c’est qu’on m’aime. Alors je fais tout, un peu comme les enfants, pour qu’on m’aime ».
En mai 1992 pour « Podium » MURAT répond aux questions suivantes : « Tu es beau, on le dit. Es tu conscient de ce potentiel de séduction ? ». Réponse : « Pas du tout. Pour moi, être beau, c’est avoir une gueule. Moi, je suis trop timide, introverti pour avoir du charme … ». Le journaliste insiste : « Est-ce important néanmoins pour toi de séduire ? ». « Réponse : « Ce que j’aime par dessus tout c’est qu’on m’aime. Et avec tout le monde. On a beaucoup besoin d’amour, de sentir l’amour dans le regard des gens ». Enfin : « Et quand on ne t’aime pas ? ». MURAT de répondre : « Si je n’ai pas le temps, je laisse tomber. Sinon je suis assez démoniaque. J’applique la théorie de l’araignée. Je tisse et j’attends que la personne se prenne dans la toile. Et quand elle y est, je m’en vais ! ».
Là aussi la réponse du chantre d’Orcival est révélatrice du personnage. Je l’imagine tissant sa toile, parvenir à ses fins et s’en aller dans un éclat de rire. MURAT est et restera toujours un enfant. La candeur n’exclut pas la cruauté …
En 1993, pour « Télé loisirs » MURAT confie à Véronick DOKAN : « J’aimerais être différent. Je n’aime pas du tout ce que je suis. L’image que je projette ne m’épate pas et celle qu’on me renvoie ne me plaît pas non plus. Alors, je patauge là-dedans tant bien que mal ».
Le 1er décembre 1993 pour « Texto » (n° 1) Benoît SABATIER interroge MURAT : « Tu as toujours une tête de chien battu sur les photos ». Voici ce qu’il nous dit : « De toute façon le sourire ne me va pas, question d’éducation. Je ne sais pas porter les costumes et mon visage ne sait pas sourire. C’est sûrement une histoire d’entraînement. Je devrais peut-être prendre des cours de tenue. Dans notre société, ce sont les méthodes actuelles, la communication basique, toujours avoir un sourire engageant et avenant. On vous demande de jouer les hommes politiques. J’ai des collègues qui le font à puissance 10, notamment chez Virgin, pour arranger le coup. Désolé, pas moi ! ».
En 2005, à l’occasion de la sortie de l’album « Mockba », sur le site « Métal Orgie », une chronique signée Mikki FAJITO a retenu mon attention. Je vous la transcris in extenso : « Avec Jean-Louis MURAT chaque album est le renouvellement d’un jeu de séduction, on résiste d’abord, intrigué ou sceptique. On se dit : « Pas cette fois », pensant que l’œuvre précédente était meilleure. Et l’on succombe, on se livre à MURAT l’amant, à sa pop capiteuse et sophistiquée. Toujours le même homme, mais d’autres appas. Toujours ce même amoureux de l’amour, barde des désirs, mais avec quelque chose de neuf, d’envoûtant« . Eh oui, chez MURAT la séduction se cache jusque dans les mots, les notes de musique. MURAT est là qui surveille nos réactions , qui sourit, fier de ses effets de manche, fier de nous avoir une nouvelle fois surpris …
2011 : « Grand lièvre » est dans les bacs. Le 26 septembre CATNATT (un pseudo ?) rencontre MURAT aux jardins du Marais. Voici le préambule à l’interview : « Le temps a beau passer, les yeux bleus restent toujours perçants, le regard toujours acéré, il n’a quasiment pas changé malgré les rides et les cheveux blancs envahissants ». J’aime à croire que « CATNATT » est une femme …
Le 7 avril 2012, rendant compte d’un concert de J.L.M. (Mythos 2012), Thierry JOLIF pour le Webzine culturel de Rennes écrit : « Ce n’est pas le séducteur un peu lourd qui vient vous chercher, vous prendre par la main, voire vous la forcer. De ces tapineurs qui veulent à tout crin vous faire lâcher votre admiration. Pas de discours entre les chansons, pas de ces exaspérants et populistes « faites du bruit … ». Au contraire. Rien donc qui vient faire obstacle entre les chants poèmes et les auditeurs ». JOLIF de conclure avec cette belle formule : « Un rapace survolant les sommets et dont le vol est un chant d’amour ».
Chez MURAT/BERGHEAUD tout trouve son origine dans l’enfance. Pour « Les Inrockuptibles » le 15 avril 2013 voici ce que déclare le Brenoï à Francis DORDOR : « Au lycée, si une fille me plaisait, je lui donnais chaque matin un poème. Souvent elles le refilaient aux autres mecs qui du coup se foutaient de ma gueule ». Le journaliste d’ajouter : « Séduire par les mots, il a payé pour ». MURAT enchaîne : « La chanson d’amour à la Française a quelque chose de bidon. Sans doute parce que la langue Française est celle de l’amour mais aussi de la diplomatie et que la diplomatie c’est dire le contraire de ce que l’on pense. Voilà pourquoi je ne suis pas un chanteur populaire. Parce que je ne crois pas à la réalité de l’expression amoureuse en chanson ».
Soudain je suis pris d’un doute : Est-ce que séduire serait mentir ???
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Ajout le 11 novembre 2015 …
Le 25 octobre 2015, dans les colonnes du journal « La voix du Nord » MURAT déclare : « J’aime parler à l’oreille des filles. Depuis l’adolescence, j’ai toujours privilégié ça. Une voix chargée de testostérone. L’intention de ma voix c’est charmer, faire jouir même ». Voilà qui est dit et bien dit …
Silhouette des années « 80″, sifflotant l’homme s’en va sur les chemins, le cœur léger
Ajout le 27 mi 2016 …
Sur le net, il n’est par rare de voir des clichés de Jean-Louis MURAT offerts à la vente. cela m’insupporte au possible. Il faut avoir l’esprit vraiment tordu pour demander un autographe à un artiste à seule fin de vendre cet objet le plus cher possible ! Il est vrai que l’argent mène le monde …
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Photo + dédicace : 14,99 euros
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Photo dédicacée : 39,99 euros
- Photo : 7, oo euros.
- Photos : 11, 99 euros (l’unité).
- Photos : 44, 25 euros.
- Photo 49, 00 euros.
- Photo : 51,75 euros.
- Photo : 59, 00 euros.
Ce qui me satisfait c’est de constater que ces clichés en vente depuis des lustres ne trouvent pas preneurs … On se contente comme on peut !
Le 15 avril 2016 le dernier album de MURAT est dans les bacs. Franck LORIOU officie à la photo. Il nous donne à voir un MURAT classieux et détendu malgré « l’ère du temps » qui n’est pas à l’optimisme …
Nous sommes le 27 mai, le prochain rendez-vous de MURAT avec ses fans est fixé au 18 juin pour « Koloko ». Peu ou pas d’information. Mauvais présage ? J’ose espérer que non ! Allez on va terminer par un sourire …
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Salut Didier,
les (superbes) photos illustrent parfaitement cet excellent article…
thank’s
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Hello Didier,
Il te manque peut-être pour cet article, la fameuse interview en voiture avec Pascale Clark (la séduction y avait été fortement et longuement évoquée) et l’interview d’Ardisson de je ne sais plus quelle année où JLM parlait de séduction et faisait rosir une ancienne miss France. Tu les as peut-être dans tes tiroirs…???
JLM me semble depuis déjà quelques années, sorti de la séduction. J’ai l’impression qu’il y a eu une cassure nette avec la crise de la soixantaine, la maladie de son papa. Si la séduction fut peut-être un jeu appuyé et revendiqué tant dans les mots des chansons que les frasques parisiennes dans un passé relativement lointain, l’homme public s’est depuis une dizaine d’années posé et donc aussi détaché de cette dimension-là, qu’on retrouve certes encore un peu dans les textes de ses chansons. Mais qui semble plus être maintenant ancrée dans l’amertume que dans la célébration. Malicieux, JLM s’arrange d’ailleurs à rendre plus séduisante l’amertume que la célébration.
Ainsi dans Babel « tout m’attire » est plus fade que « les ronces » ou « noyade au Chambon »…Et « passions tristes » devient une collection de bons mots d’un dictionnaire personnel sur la misère sexuelle ordinaire. « Tout me paraît vulgaire » scandait-il dans 1451.Cette tendance semble s’être accrue aussi bien dans ses thèmes de chansons qu’en postures médias. Reflet d’un ressenti lié à l’âge ou bien reflet de l’époque? Rien n’est simple chez JLM.
Bises, Didier!
Salut Muse,
tu as raison … je vais rechercher et me mettre au boulot !
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Salut Muse…
Juste un petit rectificatif : « Tout me paraît vulgaire » plutôt dans La Chanson de Dolorès, je pense…
Merci de votre visite … belle égérie de la Muratie …
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Oui, tu as raison Isabelle. J’ai confondu. Merci de la rectification.