- 104 – Jean-Louis MURAT … vu par Simon VAN DE STEENE … alias Henry SPENCER …
Entre 2006 et 2008, sous le pseudo « Henry SPENCER » un certain Simon VAN DE STEENE fait office de précurseur. A l’écart de toutes les chapelles « Muratiennes » loin des égoïsmes de certains qui considèrent le chanteur d’Orcival comme leur « leur propriété gardée », un jeune homme bien sous tous rapports, tient un Blog où il parle fréquemment de l’œuvre de Jean-Louis BERGHEAUD dit MURAT.
J’ai tenu à faire sa connaissance pour rendre hommage à sa perspicacité. Chez cet énergumène « venu d’ailleurs » le besoin de partager et l’envie de faire connaître le talent de MURAT sont prégnants. Simon ne cherche pas à se faire un nom, encore moins à se mettre en avant, lorsqu’il nous parle de MURAT. Sa plume est concise et directe. Il ne fait pas de fautes, ce qui est le minimum lorsque l’on veut parler d’un poète. C’est donc sur le net, il y a peu que nous nous sommes rencontrés, à mon initiative. Voici ses premiers propos : « Je m’appelle Simon VAN DE STEENE. Henry SPENCER n’est qu’un pseudo (en hommage au personnage d’Erserhead, un de mes films cultes) ». Et de poursuivre : « J’ai passé mes 18 premières années à Beaumont à côté de Clermont. La fréquentation assidue du Festival du Court Métrage me donna probablement le goût de la création et du cinéma. Pour Jean-Louis, c’est le hasard qui me fit rencontrer son univers : stagiaire été en banque, je reçus un jour sur mon bureau un dossier de prêt d’un certain Jean Louis BERGHEAUD pour une ferme à Douharesse avec à l’intérieur le CD du Manteau de Pluie! Plus tard j’ai eu le plaisir de passer un peu de temps avec Denis Clavaizolle, voisin assez proche à Beaumont, qui me raconta toute sorte d’anecdotes autour de son travail et de ses collaborations ».
Voilà une entrée en matière plutôt cocasse.
De sa relation avec Denis CLAVAIZOLLE Simon me déclare : « j’ai eu la chance de passer une demi journée chez Denis, où il me fit découvrir ses instruments, quelques maquettes. Il m’offrit même un déjeuner dans Clermont alors qu’on ne se connaissait même pas! Vraiment un mec super. A vrai dire, nous avions plus parlé de lui, de sa passion de la musique, que de Jean Louis Murat. Il m’offrit quelques disques de lui et Jean Louis (le matelot, par mégarde…) et me raconta quelques anecdotes, comme le fait que Col de la Croix Morand devait faire l’ouverture du film ATLANTIS de Besson, mais que ce dernier qui avait au départ imaginé faire le film avec pleins d’artistes musicaux, c’était rabattu finalement sur Eric Serra. Comment également il avait bossé avec Jean Louis MURAT sur la maquette du disque de Jeanne MOREAU, mais que cette dernière n’avait plus vraiment de voix pour interpréter les titres ».
VAN DE STEENE m’a semblé d’emblée devoir être un nom d’origine étrangère, Hollandaise ou Belge pour ne rien vous cacher. Je dois reconnaître qu’aujourd’hui dans le pays de VOLTAIRE, lorsque l’on est autochtone, on se sent coupable de devoir poser des questions sur l’origine des gens. C’est un comble ! Simon répond à ma curiosité sans ambages : « VAN DE STEENE est un nom flamand, mais mon père qui était de Lille est venu travailler pour Michelin à Clermont et je suis donc né en Auvergne où j’y ai passé les 19 premières années de ma vie. Autant dire que je suis auvergnat pure souche! Tous les week-end en ballade en montagne, à sillonner les forêts, volcans, églises et autres fermes ça marque! ».
En guise de présentation Simon V.D.S. me confie cette photo … Je présume que le jeune homme n’a pas choisi son plus mauvais profil. Mon épouse qui a bon goût n’a pu s’empêcher de dire : « Le bel homme ! ». Il est vrai que comme gendre on peut faire pire …
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La première vidéo qu’il m’ait été donnée de voir signée Henry SPENCER s’intitule : « Sain Jean en plein air ». Voici ce que m’en dit l’auteur : » Je crois que ça fait partie de mes premières vidéos, mais je ne l’ai pas republiée dans ma chaîne Youtube car c’est quelque part une réinterprétation du film de Murat « Murat en plein air » et que je trouve la qualité particulièrement médiocre. J’avais adoré son passage dans l’émission « Montagne » et j’avais vu le film « Murat en plein air » lors de sa présentation officielle à l’ouverture du Festival du Court Métrage de Clermont (1990 ou 91 peut-être ?). Un moment mémorable : il était interviewé par le journaliste de France 3 Auvergne et avait été particulièrement associal sur scène. Du coup le public avait copieusement sifflé le film ensuite. L’été suivant, désoeuvré, j’ai refait le chemin qu’avait emprunté Jean-Louis pour me faire mon propre film autour de Roche-Charles… Les plans sont assez instinctifs, guidés par le sentiment que procure souvent l’été à Clermont : étourdissement, désoeuvrement, contemplation…(il faut simplement que l’ensemble me procure le sentiment général que je recherchais au départ). »
Simon n’est pas tendre avec lui-même qualifiant son travail de : « particulièrement médiocre » … Je vous laisse seul juge …
J’interroge Simon sur les lieux de tournage : « Le grenier vide est dans une ferme sur le flanc opposé à Boslabert mais toujours autour de Roche Charles. Les paysans ont été shootés probablement dans le coin, difficile de me souvenir car j’errais pas mal en voiture toute la journée. La rue étroite ? Je crois que c’était à Champeix ou Montaigut le Blanc ».
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La deuxième vidéo choisie a pour titre : « jeune pluie sur le chardon ». Ci dessous le commentaire de l’auteur : « Chaque année nous avions un grand week end organisé (mes parents, leurs amis et les enfants). Le lieu : ferme de « Bourboulou » qui appartient à un couple d’amis (famille LERNON) de mes parents. Un des frères de ce couple d’amis est paysan sur la commune et la tradition était de tuer le cochon et le préparer ensuite. Cette année là je me suis dit que c’était une bonne idée de mise en images de la chanson « JEUNE PLUIE ». Pas de sentiment particulier sur la mort du cochon (je suis plutôt focalisé sur la beauté des images et si cela fonctionne avec la musique). C’était également un de mes premières vidéos, avec un petit caméscope 8mm et un magnétoscope VHS pour le montage. Autant dire très bricolo comme pour la plupart des mes films, car la technique m’intéresse peu. Alain était le propriétaire de la ferme et il est décédé il y a quelques années. Concernant le calvaire, de mémoire il était dans un champs à quelques kilomètres mais je serai incapable de le resituer ».
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Une vidéo intitulée « Le voyage intérieur » termine ce triptyque. V.D.S. nous livre ses impressions : « L’idée était pour moi de faire quelque chose de plus sophistiqué que ce que j’avais fait avec ST-JEAN, toujours inspiré du film de Murat de l’époque (il avait réalisé une video sur cette chanson J’ai un coeur trop laid, sorti sur la VHS Murat en Plein air). Je n’avais pas le parti pris de faire un film hommage à Murat, mais plus de traduire dans cette vidéo ce que je ressens de l’Auvergne en gardant les partis-pris de réalisations qu’avait utilisé Murat… et c’est assurément assez proche que ce que peut en décrire Murat (c’est sûrement pour ça que j’apprécie ce qu’il raconte). Les statues sont issues du calvaire de St-Bonnet près Orcival (prise de vue utilisée dans la video de Murat). La ferme sans le toit : une ferme abandonnée au pied du Sancy (près du téléphérique). La tête de vache : j’adore ce dessin que j’ai croisé toute ma jeunesse dans les randos en Auvergne. Le sacré : un point commun avec JLM je crois. Je trouve les églises très belles à filmer (lumière, sacré) et dans tous mes voyages à l’étranger, j’ai la lubie de photographier les cimetières toujours différents, exprimant le caractère, l’esprit du pays. Et puis une croix, une statue, ça habille, c’est un magnifique premier plan pour habiller un beau paysage sauvage non ? ».
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Au sortir de ces trois vidéos Simon tient à préciser : « Mes films n’ont pas forcément de messages, mais mon idée de départ est toujours d’exprimer un sentiment que je ressens en mixant des images, des sons, des musiques et pourquoi pas des mots (ne pas trop réfléchir, aller à l’instinct). D’où des films sans acteurs (je suis très mauvais pour ça), plutôt contemplatifs. Comme Murat est un auteur que j’apprécie (textes, musiques, interprétation), cela a guidé en partie un certain nombre de mes vidéos ».
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Avec la vidéo qui suit intitulée « Epitaphes » le sieur Simon s’attache pour la première fois à habiller les mots de Jean-Louis MURAT sur le titre « Vénus ». Voilà qui donne un clip devenu quasi officiel …
J’en profite pour lui poser quelques questions :
Tu aimes te promener dans les cimetières ?
« Oui et c’est sûrement parce que je les trouve très photogéniques. Comme je te le disais dans mon mail précédant, j’ai le réflexe de toujours passer par les cimetières des pays que je visite. Ils sont tous très différents, il s’en dégage une atmosphère toujours particulière. Et puis le cimetière, comme tout ce qui est sacré, c’est le royaume de la lenteur, de la contemplation. Un endroit où l’on prend le temps de regarder, réfléchir, apprécier le silence. Une sorte de refuge dans notre monde moderne où nous restons en surface sans prendre le temps d’apprécier. Le temps du recueillement est absolument nécessaire à la création je crois. Et l’on peut très bien se recueillir en faisant du running par exemple (c’est là qu’émerge la plupart de mes idées) Je conseillerai d’ailleurs à tout le monde de faire un footing par jour : bon pour la santé, bon pour la tête ».
Les grilles du cimetière ??? Tu veux dire par là que nous y passerons tous ???
« Pas forcément. Encore une fois pas vraiment de message prémédité. Disons que là ça pourrait plutôt évoquer l’entrée d’un royaume je crois ».
Cela rejoint le gout du sacré ?
« J’aime que l’on prenne soin des choses. Que l’on réalise chacun des gestes avec précision. L’application est une chose importante et demande un certain temps et une certaine réflexion en amont. C’est peut-être aussi ça rendre les choses sacrées ».
Il y a une épitaphe qui a ta préférence ?
« Comme un tison hardi que Vénus retient… Je pense que cela résume bien l’équilibre ou la contradiction de Jean Louis MURAT je crois. Un Murat caractérisé par une forte personnalité à fleur de peau, engagé farouche à la vérité de la musique et le maintien d’une certaine hauteur de vie, canalisé par un BERGHEAUD plus sage, plus raisonné, consensuel ».
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Avec la vidéo « Romance on the Rocks » Simon s’attaque au poème de MURAT : « 1451″
Pour habiller les mots de MURAT tu choisi des images de Prague la nuit. Pourquoi ?
« Simplement parce que j’étais en week-end là-bas, qu’il a plu pendant trois jours et que je trouvais magnifique l’image des trams sous la pluie. En rentrant en France, je me suis dit que c’était parfait avec les mots de Murat, et que j’imaginais qu’il avait écrit son texte sous alcool dans une sorte d’errance, d’écriture automatique, un peu comme les idées naviguent quand on erre le long des routes ou assis à dans un bar ».
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Suit la vidéo que tu consacres au titre « Cartier BRESSON » …
Parmi tous les clichés que tu as choisis, quel est celui qui a ta préférence ?
« J’apprécie beaucoup la photographie d’une manière générale. J’aime beaucoup le portait des Curie. Je trouve le cadre magnifique, un superbe noir et blanc et une sorte de gravité fascinante dans la posture d’Irene et Frédéric Joliot Curie ».
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Nous voici à Mexico pour la coupe du monde de football, l’occasion pour MURAT de dire sa passion pour ce sport avec ce titre : « Achille à Mexico ». Cette année là il est possible que si le tendon d’achille de Michel PLATINI n’avait pas été atteint la France aurait remporté sa première coupe du monde. Tu t’empares de l’évènement et tu en fais une vidéo sonore et multicolore …
J’en profite pour évoquer avec Simon ce sport qui me passionne … Je devrais parler à l’imparfait … puisque le foot pour « Grands » n’est plus à mes yeux que fric et simagrée …
Tu es fan de foot ?
« Plus du tout. Je ne regarde que du rugby (je trouve que le foot est trop perverti par l’argent, et l’attitude de certains joueurs sur le terrain et en dehors est loin de l’esprit sportif par moment! Mais quand j’étais jeune j’aimais et jouais au foot. j’ai un très grand souvenir des CDM 82 et 86. Je me souviens exactement où j’étais le soir de France-Allemagne 82 et de France-Brésil 86! Alors j’ai été très touché par le texte et le ton donné à Murat pour parler du match contre le Brésil. Je le rejoins sur le caractère quasi mystique de ce moment précis. Quelque chose d’irréel, planant. Une sorte d’univers parallèle alors que le monde réel s’est mis en suspens. La chaleur, l’enjeu, la dramaturgie de la rencontre joue beaucoup là-dedans. J’aime beaucoup cette idée de l’étourdissement que l’on peut connaître à certaines occasions ».
Comment tu as vécu cet évènement ???
« Pour France-Brésil j’avais 15 ans et je regardais le match en famille à Beaumont. A la victoire finale nous sommes partis place de Jaude en 2 CV, tout le monde se baignait dans la fontaine et la fête de la musique battait son plein. Un moment unique. Une communion plus forte encore que celle de la victoire de 98 je crois ».
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Avec cette nouvelle vidéo intitulée : « Mr Toc Trilogy » VAN DE STEENE rend hommage à sa façon à la forêt d’Auvergne …
Une forêt, des chevaux, la nuit, des fresques de vierge sur les murs des églises … C’est une obsession ?
« Tout à fait ! La forêt m’a toujours fascinée. J’adore m’y perdre. Sentir le sous-bois, entendre le craquement des arbres. A ce titre je me suis longtemps passé en boucle Le Troupeau : «je partirais cette nuit sous un ciel peuplé d’étoiles, je n’ai qu’une envie, retrouver mon âme » et bien sûr je suis un grand fan de Frelons d’Asie et cette superbe phrase : « Qu’allais-tu faire à minuit seul dans la forêt…. ». J’ai passé de nombreux réveillons à explorer la forêt (pas forcément seul cela dit!). C’est probablement un des lieux de recueillement les plus privilégiés. Et la forêt on la retrouve partout dans les oeuvres de tout temps : David Lynch, Blanche Neige, etc… ».
« J’ai une phrase de mon grand-père qui résume bien mon état d’esprit par rapport à cela : «Les heures qui s’ajoutent aux heures font les jours, et les jours se transforment en mois. Chaque fois c’est un peu plus de ma chute qui s’accentue et l’anéantissement de mon être qui s’affirme. Mais, comme l’espace limite la forme des corps et leur confère leur véritable identité, ainsi la mort qui limitera ma vie lui donnera sa vraie forme et son grand caractère. »
Pierre POUQUET …
A ma demande Simon évoque ce grand-père : « Mon grand-père maternel (Pierre Pouquet) vivait dans le Limousin (Saint-Germain les Belles). il a un temps vécu au Maroc (cavalerie pendant la deuxième guerre) et été passionné d’art et de sciences. il réalisa toutes sortes d’inventions autour de l’electromagnétisme, était membre du Centre Européen de Recherche sur la Gravitation, a publié un ouvrage sur le sujet donna de nombreuses conférences sur la propulsion magnétique et les théories autour de l’énergie des potentielles soucoupes volantes (une de ses lubies) écrivait des poèmes, des essais, dessinait, était un pianiste émérite qui composait. Bref un touche à tout talentueux mais qui ne se prenait pas au sérieux. Le fait de la cotoyer régulièrement est d’écouter ses histoires fantastiques a sûrement façonné ma personnalité et m’a donné le goût de créer! ».
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Dans une nouvelle vidéo intitulée : « Au-revoir », VAN DE STEENE mélange l’Auvergne (environs de MUROL) et les rues de Prague …
Il s’en explique brièvement : « Un lieu l’Auvergne, un sentiment (au moment de Prague) auxquels j’ai dit au revoir parce que la vie va de l’avant ».
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Tu fais souvent référence à l’œuvre de TARKOWSKI … Tu as de l’admiration pour l’auteur, l’homme ???
« Beaucoup d’admiration pour l’homme et ces créations. C’est quelqu’un qui a su créer sans concession mais avec une intelligence incroyable dans un pays où la liberté de parole était muselée. Je conseillerai à tout le monde de lire son journal (1970-1986) et d’aller voir ou revoir STALKER que je trouve admirable à ce titre! Une leçon de résistance intellectuelle ».
Sur son blog Simon nous offre une vidéo de la maison d’enfance de TARKOWSKI filmée par lui-même …
http://www.dailymotion.com/video/x1e0x1.
Il complète cet hommage par une seconde vidéo : « Quand je rencontre dans la lande » qui mélange l’œuvre du cinéaste et celle de Jean GENET …
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En mai 2007 VAN DE STEENE fait référence à la mort de James DEAN (avec une photo) et les mots de MURAT (paroles que le chanteur juge lui-même avec beaucoup de sévérité) …
Tu es nostalgique du mythe de James DEAN ???
« Pas du tout. Je ne m’y suis à vrai dire jamais intéressé. Mais la photo se prêter bien à illustrer l’idée ».
Tu voudrais mourir en voiture de sport ???
« Non plus !!! Je ne suis pas un grand fan de la vitesse qui plus est. Mais j’aime simplement l’idée de la mort héroïque. Et donc le texte du Murat, qu’il ne faut pas prendre au 1er degré je pense, est vraiment évocatrice pour moi. Je l’interprète plus comme la logique d’une transformation, une mutation pour passer à un état supérieur. Libérer sa créativité et son esprit en osant briser les conventions ».
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Cette interview touche à son terme. Je ne pouvais laisser partir Simon sans évoquer avec lui la discographie de MURAT et notamment les derniers albums dont « Babel » …
Sur ton blog tu consacres une page à « La ronde de nuit » parenthèse peu connue dans l’œuvre de Murat. Pourtant on y trouve toute la richesse du personnage. Cela démontre si besoin était que tu as une perception fine du chanteur d’Orcival. Tu peux nous en dire davantage ???
« C’est sur le CD de Tout est dit que je suis tombé sur le texte de la Ronde de Nuit. Je trouve l’enchainement des mots et des idées magnifiques. Ca m’a fait pensé à l’effort sportif et donc au plus dur de tous, l’ascension d’un col. A quoi peut bien penser un champion cycliste pour oublier la douleur pendant l’effort. Et je me suis dit qu’il pourrait peut-être jouer à cette ronde de mots… (Je crois que j’en ai personnellement rajouté quelques uns dans mon blog, que JLM me pardonne! ».
De 2006 à 2008 tu as approvisionné ce Blog régulièrement. Puis arrêt brusque. Point de non retour. Une explication ???
« Il faut savoir passer à autre chose. Mes enfants sont nés et j’avais d’autres priorités. Et puis l’abonnement payant à Typepad s’achevait… je n’ai pas renouvelé ».
Aujourd’hui, comment perçois-tu le personnage MURAT ??? Tu as toujours la même passion ? Que penses tu des derniers albums et notamment de « Babel » ???
« J’apprécie avant tout l’auteur-compositeur-interprète. C’est pour moi l’écriture qui me touche le plus (textes toujours exigeants, allégoriques…). Et l’interprétation de ces textes qui me provoque la plupart du temps une vraie émotion. C’est cette alchimie qui me paraît assez unique dans le paysage musical. J’aime aussi beaucoup sa façon de se réinventer, de se remettre en cause. Une des raisons qui fait que la source ne se tarit pas ? Quant à Babel, c’est le premier album depuis un certain temps que je prends vraiment plaisir à écouter et réécouter. Il y a la fraîcheur des Delano, les textes qui se recentrent sur l’Auvergne. En tout cas j’adhère beaucoup plus qu’aux précédents Toboggan ou Grand Lièvre, même si eux aussi contiennent quelques pépites. Ces dernières années, Murat me touchait moins, les titres étaient toujours sophistiqués, mais je ne ressentais plus l’âme, l’émotion des années 90 et 2000″.
Une période favorite ? Un titre de MURAT qui a ta préférence ?
« J’ai aimé la période Cheyenn Autumn et Manteau de pluie. J’ai adoré la période Mustango puis le triple vinyl Lilith (en Murat rock totalement libéré). C’est extrêmement difficile de faire ressortir un titre de Murat. Je dirais peut-être Les Jours du Jaguar pour son côté rock et sombre ou Bang Bang pour la dernière phrase sur les petits chats ! ».
Qu’est-ce qui restera de MURAT … sa musique, sa voix, ses esbroufes, son écriture ???
« Je trouve assez frustrant qu’il ne soit pas plus reconnu que cela aujourd’hui. Bien sûr la critique professionnelle l’a toujours soutenu, mais le public n’est pas vraiment au rdv. A chaque fois que je parle de lui autour de moi, l’image est très mauvaise. Sans doute le prix des dérapages médiatiques et du caractère peu formaté de ses titres (dieu merci!) … J’aime sa liberté de parole et son principe de dénoncer le système. Mais probablement le fait-il maladroitement et en dérapant sur des choses auxquelles il ne croit pas lui-même. Je pense que PIAS fait du bon boulot. Le plan de com sur Babel était très qualitatif (les live TV et web, les entretiens de qualité sur France Culture ou avec Laure Adler….) ».
Aujourd’hui, tu es bien installé dans la vie (cadre supérieur chez Danone … je crois) … rien n’est facile pour les jeunes. Est-ce que demain te fait peur ???
« Oui! Pourtant je ne suis clairement pas à plaindre. Mais le fait de changer de job (je viens de quitter Danone après 19 ans), me donne un sentiment de fragilité des situations. Quoi qu’il en soit il est important de se remettre en question tout le temps, de rester sur la brèche. C’est ce qui fait que nous restons jeunes dans la tête et le corps. Doutez toujours pour trouver la vérité et profitez du temps présent même si je le fais très mal en tant qu’insatisfait chronique« .
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L’une des dernières vidéos de Simon V.D.S. mélange les images des DELANO et le texte « Accueille-moi paysage ». Simon s’en explique ainsi : « Je trouvais que ça fonctionnais parfaitement. En tous les cas, c’est exactement ce je prévoyais de faire sur cette chanson : des routes de montagne qui défilent et de l’immobilisme en forêt… »
Plusieurs vidéos officielles des titres de MURAT sont répertoriées sur ce Blog généraliste : « Tout est dit – Le monde caressant – St Ex – Col de la Croix Morand ». Voici ce que nous en dit Simon : « J’apprécie particulièrement celle de la Croix Morand – je crois que c’est là que j’ai accroché avec Murat. Concernant Mademoiselle personne, je ne connais personne qui ait vu ce film…. A priori il ne devait pas être bon pour qu’il ne sorte sous aucune forme … En tous cas j’avais assisté à un bout du tournage lors du concert à Bordeaux fin 1993 au Théâtre Femina, avec Elodie of course. (1ere partie Sylvain VANOT) ». Sur ce blog Simon nous conte ses autres passions. Le jeune homme est éclectique, je vous l’assure. Il est toujours possible d’accéder à ce Blog précurseur et donc injustement méconnu : http://henryspencer.typepad.com/
Merci Monsieur Simon VAN DE STEENE de m’avoir accordé un peu de votre temps. Il y a du MURAT en vous, la sagesse en plus, la folie en moins.
Excellent Didier, je connaissais un peu le personnage…mais cet article donne vraiment envie de pénétrer dans son univers,une personnalité très riche,une création certaine et surtout un contemplatif et un fervent admirateur de cette nature qui représente la beauté face à la laideur du monde…il incite à l’exploration et à la réflexion …j’avoue qu’il me plaît bien ce Mr Simon VAN DE STEENE
Moi aussi il me plaît ce jeune homme … Il est cohérent …
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Merci Didier pour ce joli portrait.
J’aime bien les clips illustrés de Simon. Souvent pleins de délicatesse, issus de cette ruralité sauvage dans laquelle je me reconnais.
Mais je le trouve dur avec lui-même sur son travail de vidéo. Parce que sur le clip officiel du « blues du cygne », il aurait pu faire mille fois mieux que ce qui a été fait.
Contempler la nature, qu’on soit en forêt, en montagne, au bord de mer, permet de se ressourcer et inspire. C’est un cadeau gratuit qui nous est donné à chaque fois, si l’on accepte de prendre le temps d’une balade. Un cadeau est toujours là à nous attendre: beau coucher de soleil, paysages grandioses, animaux, fleurs, baies, randonneurs sympas croisés, champignons…etc.
Et la forêt auvergnate véhicule beaucoup de magie. L’invisible porte, berce, révèle des choses étranges, offre des visions particulières suivant les saisons et la lumière…Pas étonnant donc que tout auvergnat s’y réfère autant.
Simon a eu beaucoup de chance de vivre une telle longévité dans un même travail. C’est devenu rare. La précarité perpétuelle est beaucoup plus l’apanage de notre génération, ainsi que les petits salaires, le déclassement. Et ce sera pire pour les générations suivantes. Il faut donc profiter du moment présent quand celui-ci est bon. Car tout cela peut basculer et disparaître en très peu de temps.
Salut Muse,
ce Simon est un mec bien … Il a des paroles lourdes de sens lorsqu’à la fin lui cadre supérieur, nous parle de précarité des situations … Le travail l’a mené à Clermont (ses parents), le travail lui a permis de faire la connaissance de MURAT … toujours il a saisi les opportunités qui s’offraient à lui … J’aime faire le portrait des gens, j’aime faire parler les autres, recueillir leur témoignage … Un jour je crois que tu passeras à la moulinette « Muse » … Bonne semaine …
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Excellente idée concernant Muse Didier…une bonne personne d’une intelligence rare…
… Toi aussi Rhia …
D
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Voila une belle soirée passée ici à la découverte de Simon, de son univers imagé qu’en fait je connaissais à travers ses vidéos qu’il m’arrive de commenter; son interview est fort appréciable et je constate que l’on partage la passion de nombreux « paysages » en commun, à commencer par celle des forêts et de l’Auvergne…
Il est comme ça des gens de grand talent qui se contentent de rester dans l’ombre, de se faire discrets et ceux là ont ma préférence; cela vaut pour toi aussi Didier!
Les messages d’Armelle sont toujours importants. Je n’y avais pas répondu … c’est par mégarde ! Ce que j’aime par dessus tout chez toi, c’est ta discrétion Armelle. Je pense effectivement que je te ressemble. En attendant le nouveau CD de MURAT je vais me faire discret, donc disparaître … Je n’aime pas les feux de la rampe. J’aime MURAT et ceux qui comme toi l’aiment pour son talent, pas pour se faire valoir. Il y en a trop à mon goût qui trainent ainsi autour de MURAT … C’est pourquoi je vais partir à petits pas …
Amitiés.
D
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